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Mme Isabelle BOUDINEAU

Vice-Présidente de la région Nouvelle-Aquitaine, chargée de l'Europe et de l'international, et membre du Comité européen des Régions et du CRPM

Vous êtes la Vice-présidente de la Région Nouvelle Aquitaine, de votre point de vue quel est le rôle des régions dans le futur de l’Europe ?

Le rôle des régions est fondamental dans le futur de l’Europe en effet depuis 2014 ce sont les régions qui gèrent les fonds structurels européens. Il s’agit de la politique de cohésion, ces budgets correspondent à un tiers du budget de l’Union européenne, ce sont des sommes absolument colossales qui concernent tous nos territoires. Il y a vraiment ce contact, cette médiation des régions par rapport aux décisions de Bruxelles ou de Strasbourg et de ce qui se passe sur le terrain.

Puisque nous, nous sommes ceux qui savons le mieux où investir, comment investir et qui il faut aider en fonction de nos grandes priorités régionales.

 

Vous présidez le groupe de travail du comité européen des régions concernant le budget de l’Union, vous êtes également membre de la CRPM, quel est le rôle et la valeur ajouté de ces organisations dans le débat européen ?

 

C’est une valeur ajoutée qui est en grande progression notamment du fait des problèmes d’opinion publique partout en Europe et de la montée de l’euroscepticisme. Je dirais que nous sommes des capteurs pour la Commission, en effet la Commission qui avait tendance à proposer directement au Conseil un certain nombre de propositions qui s’avéraient impopulaires, nous consulte aujourd’hui de plus en plus en amont de la rédaction de leurs projets afin de recueillir notre opinion. Nous représentons les territoires et sommes à même d’exprimer l’opinion des citoyens.

 

Quelle est votre opinion sur les premières tendances du budget proposé par la Commission ce matin ?

 

Alors il y a eu des premiers scénarios annoncés par la Commission début février le 12 ou le 14 février, qui étaient absolument inacceptables. Une pure provocation avec trois scénarios, dont deux qui excluaient un grand nombre de régions de cette politique de cohésion ce qui est déjà une anomalie intellectuelle majeur puisque la politique de cohésion doit être universelle par définition et s’adresser à tous.

Si on commence à détricoter l’Europe en disant vous contribuez mais il n’y a que certains pays qui ont droit à ces aides on se dirige vers une catastrophe annoncée.

Ces propositions étaient tout à fait inacceptables avec même des hypothèses de réduction de 30 % du budget de la cohésion.

Nous avons constaté ce matin que nous revenons à des choses plus raisonnables, on peut d’ailleurs se demander si cette provocation n’était pas un peu sur jouée pour nous annoncer ce matin que finalement ce ne sera que 5%.

 

Ces moins 5% sur le budget de la cohésion sont satisfaisant pour vous ?

 

Bien sûr que non, même 5% de réduction sont absolument inacceptables, nous avons un gros besoin d’investissement dans l’Union européenne et nous avons un gros besoin d’investissement dans chacune de nos régions.

Nous observons que les inégalités territoriales s’accroissent et il faut vraiment que ces disparités soient prises en charge par les fonds de cohésion européens. Ces fonds servent à cela, il nous faut avoir une attention particulière à l’ensemble de nos territoires, et veiller à l’équilibre entre les métropoles qui crées de la richesse et les territoires plus ruraux qui ont besoin que cette richesse se développe sur l’ensemble du territoire.

Nous nous chargeons par exemple du développement économique des PME, elles ne sont pas toutes localisées en Métropole, et ce tissus économique que nous connaissons bien peut être soutenu par ces fonds de cohésion.

Nous pouvons grâce à ces fonds soutenir les petits exploitants agricoles, soutenir la création de laboratoire, lutter contre les inégalités territoriales, cette lutte est fondamentale et la politique de cohésion européenne nous aide à le faire. Nous ne pourrions pas le faire sans elle pas aussi bien !

 

Vous déclariez en octobre de l’année dernière lorsqu’on vous nommait présidente du groupe de travail du comité européen des régions : « nous veillerons à ce que le futur cadre financier pluriannuel préserve les fonds structurels qui irriguent nos régions nos provinces et nos villes »

Comment allez-vous faire ?

 

Oui c’est effectivement un bras de fer qui s’annonce, toutefois nous avons eu ce matin la satisfaction à la suite de l’intervention de nos collègues parlementaires de voir que nous sommes exactement sur la même longueur d’onde. Les députés européens Jan OLBRYCHT et Isabelle THOMAS ont établis des rapports sur l’avenir du budget dans le prochain cadre financier pluriannuel. Nous parlons de 2020 et des sept années qui suivent, qu’elles seront les besoins en budget ?

Leur position, que nous partageons complètement au Comité des régions, est qu’il faut augmenter le budget global de 1,3%.

Il n’y a que comme cela que nous pourrons affronter les nouvelles compétences que l’on se donne, les nouvelles ambitions que l’on se donne. Tout le monde veut plus de solidarité, tout le monde veut que la défense devienne européenne, que l’on accueille plus dignement les réfugiés, que l’on met le paquet sur le plan climat, la sécurité aux frontières. C’est bien nous devons et allons affronter de nouveaux défis, mais ça ne peut pas être au détriment de la politique de cohésion qui a fait ses preuves et qui est d’une absolue nécessité.

On ne peut pas parler de compétitivité, d’innovation et d’égalité des territoires si on commence à piocher dans le budget de la cohésion ou de la PAC en se disant que de toute façon il faut financer les nouveaux défis. Je dis oui aux nouveaux défis mais pas en abandonnant les politiques traditionnelles qui font le cœur et le sens de l’action politique de l’union européenne.

 

Le combat commencera vraiment après le 2 mai ?  

 

Oui et non, le 2 mai sera publié par le commissaire Günther OETTINGER le cadre financier du budget à venir, ce sera en effet le début de la négociation. Mais c’est un document très important et l’on sait que quand il est rédigé, il est difficile de trouver de réelles marges de manœuvre car les états membres ont déjà donné plus ou moins leurs opinions sur le sujet. C’est pour cela que d’ores et déjà nous luttons avant sa publication pour défendre et faire entendre que l’on ne doit pas sacrifier la politique de cohésion.

 

 

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