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M. Frédéric CHEREAU

Maire de Douai

Frédéric Chereau

Action Cœur de ville est né du constat, porté au départ par les maires, d’une lente désertification commerciale des villes moyennes, aggravée depuis une dizaine d’années.

Trois causes expliquent ce phénomène. Les deux premières, le développement de grandes surfaces commerciales en périphérie et la périurbanisation de l’habitat, sont déjà anciennes. Ce double mouvement centrifuge a fragilisé souterrainement les villes moyennes depuis plusieurs décennies.

Un troisième phénomène, plus récent, a soudain mis au jour ces fragilités. Depuis une quinzaine d’années, l’économie numérique concentre la valeur ajoutée dans les métropoles et dématérialise une part de plus en plus importante du commerce –sans doute plus de 10% en 2019.

Alors qu’une ville moyenne sur 10 seulement connaissait au début du siècle un taux de vacance commerciale supérieur à 10%, c’est désormais le cas d’une ville moyenne sur deux. Des villes prospères, touristiques ou en croissance démographique, qui pouvaient se croire à l’abri, sont touchées aujourd’hui par le phénomène.

Alerté par les maires, constatant la mise en place d’initiatives locales de plus en plus nombreuses, l’Etat a dévoilé en février 2018 son plan national « Action Cœur de ville », destiné à redynamiser les villes moyennes françaises. 222 d’entre elles ont ainsi été sélectionnées pour entrer dans ce plan quinquennal de développement (2018 – 2022).

Largement concerté avec les élus locaux et leurs associations, ce plan se fonde sur un double principe de transversalité.

La réponse à la crise doit aborder l’ensemble des paramètres d’attractivité des cœurs de ville. Si la désertification commerciale est le symptôme le plus visible, un plan de revitalisation de cœur de ville doit interroger de manière systémique l’habitat, les mobilités, les services publics et privés, le cadre de vie et l’animation.
Les projets doivent ensuite associer l’ensemble des acteurs concernés. Au cœur du dispositif, commune centre et agglomération ont vocation à travailler en binôme, ne serait-ce que pour fixer en commun les règles de cohabitation entre commerce de centre-ville et zones extérieures. Un outil nouveau, l’Opération de revitalisation de territoire (ORT), permet en effet à un maire d’opposer son veto à une installation commerciale en périphérie.

L’Etat intervient en appui de l’initiative locale, à travers une panoplie d’acteurs opérationnels, réunis autour de l’institution préfectorale : délégation départementale des territoires et de la mer, Caisse des dépôts et consignations, Etablissement public foncier (EPF), Action logement, Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah), Etablissement public national d’aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (Epareca)…

 

C’est avec la ville comme partenaire que le Furet du Nord, présent à Douai depuis trente ans, vient d’inaugurer son plus beau magasin, en plein cœur de ville dans un immeuble de style Eiffel. Ancienne friche emblématique de la rue de la Mairie, l’immeuble a été racheté et réhabilité par la ville (1.7M€) qui le loue désormais à l’enseigne culturelle – photo André Jacquart

 

 

Le financement de l’Etat, qui avoisine les 5 milliards d’euros, s’adresse aux opérateurs privés tout autant qu’aux collectivités et prend des formes multiples : soutien à l’ingénierie ou à la réalisation d’études (Caisse des dépôts, EPF, Epareca), prêts bonifiés à destination des collectivités (Caisse des dépôts) ou des particuliers (Action Logement), aides directes aux collectivités (Fonds de soutien à l’investissement local) ou aux particuliers (Action Logement, Anah), portage foncier (EPF et Epareca, désormais autorisé à intervenir en centre-ville dès lors qu’un périmètre d’ORT a été défini). L’Etat a également mis en place un dispositif fiscal spécifique, le Denormandie dans l’ancien, qui encourage la rénovation en secteur ORT.

A ces financements permanents s’ajoutent des appels à projets ponctuels, comme l’appel à manifestation d’intérêt « Réinventons nos cœurs de ville », qui permet d’offrir une visibilité nationale à des projets de rénovation emblématiques.

Au trinôme commune-agglomération-Etat s’associent généralement les structures consulaires, les associations de commerçants, la Région et le Département. Les Régions peuvent apporter un complément déterminant aux projets Action cœur de ville, en mobilisant les fonds européens sur les investissements les plus lourds et les plus emblématiques, pour lesquels le Fsil ne saurait suffire.

Une vision européenne est d’ailleurs attendue sur un enjeu qu’affrontent en réalité tous les pays d’Europe, même si la France, qui a fait plus que d’autres le choix d’un urbanisme extensif, est particulièrement touchée !

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