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Une économie climatiquement neutre d’ici 2050

Kadri SIMSON, commissaire à l'ÉNERGIE

 

Kadri Simson

Notre principal objectif est de passer à une économie climatiquement neutre d’ici 2050.

La Commission européenne, dirigée par le président Von Der Leyen, a clairement indiqué dès le départ que le « Green Deal » européen est la principale priorité de son mandat de cinq ans. Notre principal objectif est de passer à une économie climatiquement neutre d’ici 2050, et le « Green Deal » permet de mieux coordonner notre approche dans tous les domaines politiques et tous les secteurs. L’énergie est bien sûr l’un des domaines qui jouera un rôle crucial dans la transition. Si nous examinons l’économie européenne, nous constatons que la production, le transport et la conversion de l’énergie sont responsables de 75% des émissions. Des efforts considérables ont déjà été déployés pour que la législation européenne soit adaptée aux nouveaux défis en matière de politique énergétique. Le paquet « Énergie propre pour tous les Européens », finalisé en 2019, aborde les trois principales priorités de la politique énergétique de l’UE : la sécurité de l’approvisionnement, l’accessibilité financière et la durabilité.

Le « Green Deal » vise à progresser dans cette voie à travers tous les secteurs d’activité et à mener à bien la transformation de notre système énergétique vers un système qui soit non seulement neutre en carbone, mais aussi plus rentable, plus efficace et plus sûr sur le plan énergétique. En même temps, certaines régions sont confrontées à une transformation encore plus importante que d’autres, et nous devons donc veiller à ne laisser aucune personne ou région pour compte.

Le principe de « l’efficacité énergétique d’abord » est au cœur de l’accord. L’énergie la moins chère et la plus propre est celle que nous n’utilisons pas, donc plus nous pouvons faire pour réduire la consommation d’énergie, mieux c’est. Cette approche est également une bonne nouvelle pour les consommateurs : économiser l’énergie permettra non seulement de réduire les émissions, mais aussi de diminuer leur facture énergétique. Ce principe d’efficacité sera appliqué dans tous les niveaux du processus d’élaboration des politiques de la Commission. Nous nous concentrerons en particulier sur l’amélioration de l’efficacité énergétique de nos bâtiments, grâce à une « vague de rénovation », visant à tripler le taux de rénovation actuel en Europe, qui est au moment actuel insuffisant.
Un aspect crucial est l’inclusion du logement social dans la vague, pour aider à relever le défi de la pauvreté énergétique au sein de l’UE. Nos derniers chiffres indiquent que près de 50 millions de personnes dans l’UE ne sont pas en mesure de chauffer leur maison de manière adéquate. Ce n’est pas acceptable ! L’efficacité énergétique est importante, mais la source de notre énergie l’est tout autant.
Nous devons augmenter la part des énergies renouvelables en facilitant leur intégration dans notre système énergétique. Pour que cela réussisse, nous devons nous diriger vers une intégration sectorielle intelligente. Celle-ci favorisera une plus grande intégration des secteurs de l’électricité, du chauffage et du refroidissement, des transports, du gaz, de l’industrie et de l’agriculture. Nous avons déjà obtenu des résultats impressionnants en matière de dé carbonisation du secteur de l’électricité. En effet, 31 % de l’électricité est produite à partir de sources renouvelables.
Afin de stimuler davantage la dé carbonisation, nous présenterons une nouvelle stratégie pour stimuler les énergies renouvelables en mer. Cette stratégie tiendra compte de toutes les opportunités et de tous les défis, tels que l’impact sur les réseaux et les marchés énergétiques, la gestion de l’espace maritime et les aspects de politique industrielle liés aux éoliennes en mer.
Cela dit, la dé carbonisation de notre système énergétique ne peut pas se faire du jour au lendemain. Le gaz naturel représente toujours près d’un quart du bouquet énergétique de l’UE et aura donc un rôle à jouer à moyen terme. Il remplacera des sources plus polluantes comme le charbon, le lignite ou le schiste bitumineux. Bien que le rôle du gaz dans la transition relève de la décision de chaque État membre, tout comme leur bouquet énergétique en général, l’UE peut et doit contribuer à la dé carbonisation du secteur gazier. A terme, le gaz que nous utilisons en Europe doit être propre. Nous nous employons déjà à créer un environnement où les gaz propres auront une place importante dans le secteur gazier.
L’UE a réussi à diversifier ses sources d’approvisionnement en énergie ces dernières années grâce à des formes d’énergie plus variées et à des fournisseurs différents, mais nous demeurons dépendants des importations. La sécurité de l’approvisionnement énergétique reste cruciale et nous avons besoin notamment d’une infrastructure énergétique moderne, fiable, intelligente et tournée vers l’avenir afin de la préserver.

Pour assurer une cohérence avec l’objectif de neutralité climatique européen et avec le « Green Deal », nous allons revoir le cadre réglementaire des infrastructures énergétiques cette année en proposant de modifier le règlement RTE. Quant à la technologie et à l’innovation, le « Green Deal » déclenchera une forte tendance à la numérisation dans tous les secteurs. Il facilitera la transition vers une énergie propre dans toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement énergétique : la production, le transport, la distribution, y compris les compteurs intelligents à domicile.
Au fur et à mesure que l’énergie se numérisera, nous aurons également besoin de nouvelles règles de cyber sécurité adaptées au secteur de l’énergie. Compte tenu de la variabilité de certaines énergies renouvelables telles que le solaire et l’éolien, nous devons aussi améliorer notre capacité à stocker l’énergie. Notre prochain plan d’action stratégique sur les batteries traitera le besoin urgent de progresser dans ce domaine et celui des autres formes de stockage.

D’autres technologies nouvelles et innovantes qui seront encouragées par le « Green Deal » sont le captage, l’utilisation et le stockage du carbone et l’augmentation de l’utilisation de l’hydrogène, qui est susceptible de contribuer grandement à notre transition vers la neutralité climatique. La concrétisation du « Green Deal » dépendra de la réalisation des investissements nécessaires et de la meilleure combinaison entre financement public et privé. Rien que pour atteindre nos objectifs climatiques et énergétiques pour 2030, nous avons besoin d’investissements annuels supplémentaires estimés à 260 milliards d’euros. L’argent public ne peut à lui seul payer cette facture. En fait, nous devrons nous appuyer principalement sur le secteur privé. En fixant des objectifs clairs à long terme, nous réduisons déjà les risques pour les investisseurs. Les fonds publics peuvent également jouer un rôle important dans l’obtention de soutiens privés et la délivrance de garanties.
Dans ce contexte, la Commission a déjà présenté un plan d’investissement « Green Deal » qui, au cours de la décennie, peut générer jusqu’à 1 000 milliards d’euros pour financer des projets durables.
Dans le même ordre d’idées, la Commission a déjà publié le modèle de transition équitable. Il s’agit d’une série d’éléments visant à encourager les investissements publics et privés nécessaires dans les régions confrontées aux plus grands défis, notamment les régions les plus dépendantes du charbon et autres combustibles fossiles. Cette somme comprend 7,5 milliards d’euros dans le budget de l’UE de 2021 à 2027 pour le Fonds de transition équitable qui s’adresse aux personnes et aux régions les plus vulnérables.

Nos objectifs ne seront pas atteints si les États membres ne se rallient pas à nous. En vertu des règles existantes, chaque État membre a été invité à élaborer des Plans énergétiques et climatiques nationaux pour la période 2021-2030, en précisant comment ils entendent contribuer à la réalisation de nos objectifs pour 2030. Les experts de la Commission étudient actuellement ces plans et en évaluent l’impact cumulatif. Certains éléments nous font encore défaut, c’est pourquoi nous invitons les États membres qui sont retardataires à agir rapidement. Cette étude, dont la publication est prévue pour l’été 2020, donnera une image plus claire de notre situation actuelle et de celle qui prévaudra probablement en 2030. Elle nous indiquera également dans quelle mesure nous pouvons et devons accroître notre ambition, que ce soit individuellement ou collectivement.
Nous savons que la transition vers une économie climatiquement neutre d’ici 2050 sera longue et que le secteur de l’énergie devra y contribuer largement. Toutefois, en unissant nos forces à l’échelle européenne, il est possible d’être plus efficace et plus performant.

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