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Fédération de Russie

Les relations franco-russes

La France reste aujourd’hui un partenaire privilégié de la Russie en Europe, et ceci en dépit des sujets sensibles de la politique internationale qui peuvent parfois nous diviser. Les échanges politiques restent dynamiques, ce qui ne peut que contribuer au développement de la coopération économique, financière, commerciale et industrielle.

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Fédération de russie

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Préface

« Les liens économiques croisés franco-russes »

La Russie constitue, avec 143 millions d’habitants, le 9ème marché au monde. Son économie se caractérise par l’importance des ressources en hydrocarbures (2ème producteur mondial de pétrole et de gaz en 2012) et des richesses minières et naturelles (or, nickel, cobalt, diamant, bois, etc.). Les ressources naturelles représentent plus des deux tiers des exportations russes. La métallurgie et le spatial sont également des spécialisations industrielles russes.

Une économie reposant sur les hydrocarbures

La République fédérale de Russie est le plus grand État du monde, s’étendant sur une superficie de 17 millions de km2 et ayant une population de 143 millions d’habitants (2012). En 2012, il était le deuxième producteur mondial de gaz et de pétrole. Selon BP, le pays détient la deuxième plus grande réserve de gaz naturel de la planète avec 32 900 milliards de m3, la Sibérie représentant entre 70 et 80 % de la production totale. Gazprom est le leader russe dans le secteur gazier avec un monopole sur les gazoducs et l’exportation. Le groupe a plus de 430 000 salariés et comme la rappelle la Direction Générale du Trésor, « est présent tout au long de la filière, de l’extraction à la distribution, dispose d’une branche pétrolière et produit même électricité et chaleur ». Dans le domaine pétrolier, la Russie était en 2013 le deuxième producteur mondial avec 5 % des réserves de pétrole avec 12 milliards de tonnes, Samatlor, situé en Sibérie occidental, étant le premier gisement du pays. L’industrie russe s’est spécialisée dans l’armement, la métallurgie, le spatial et le nucléaire, conformément à « l’héritage du complexe militaro-industriel soviétique ».

Des investissements de 12 milliards d’euros

Pour la France et la Russie, le commerce bilatéral représente un enjeu majeur. La France est en effet, selon les années, le 2ème ou 3ème fournisseur européen de la Russie. Les échanges commerciaux bilatéraux ont représenté 18,3 milliards d’euros en 2013. Les ventes françaises ont quadruplé depuis 2000 (7, 7 milliards d’euros en 2013) alors que les importations depuis la Russie ont triplé (10, 6 milliards d’euros).

En 2013, les équipements mécaniques, ainsi que le matériel électrique et informatique (machines industrielles et agricoles etc.) représentaient le quart des exportations françaises, légèrement plus que les matériels de transport (23 % des ventes hexagonales) qui comprend notamment avions, automobiles, locomotives et hélicoptères. Les produits énergétiques (hydrocarbures, produits pétroliers, etc.) sont pré-dominants parmi les importations françaises (85 %).

Les investissements directs étrangers (IDE) sont essentiels pour maintenir un bon niveau d’échanges malgré la récession en zone euro et l’essoufflement en Russie. Avec des investissements de 12 milliards d’euros en stock, la France a investi en Russie dix fois plus que cette dernière en France. Les financements russes ont déjà contribué à la création d’emplois, avec, notamment, la reprise de la fonderie Sambre et Meuse et de Gefco (logistique industrielle) depuis 2010. La coopération spatiale est également fondamentale dès lors que Soyouz est aussi lancé de Guyane et permet aux cosmonautes, astronautes et spationautes de se rendre à bord de l’ISS (International Space Station).

Sources : Direction Générale du Trésor et
Russie 2014 : regards de l’observatoire franco-russe.

 

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la densité des échanges franco-russes

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Deux cultures, traditions et perceptions si proches et si différentes en même temps

Entretien avec S.E. Alexandre ORLOV, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de Russie en France

S.E. Alexandre Orlov a été nommé, le 14 octobre 2008, par Décret du Président de la Fédération de Russie, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de Russie en France. Par Décret du 1er décembre 2008, il est également Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de Russie auprès de la Principauté de Monaco (avec résidence à Paris).

La France à toujours été et demeure, l’un des principaux partenaires européens de la Russie. (source : www.france.mid.ru). Pouvez-vous justement évoquer, de manière générique, l’histoire pluriséculaire de ces relations privilégiées ?

 

Effectivement, nos pays ont derrière eux une histoire commune pluriséculaire, je dirais même millénaire, car elle débute au milieu du XIe siècle, quand la fille de Yaroslav le Sage, la princesse Anne, épousa Henri I, devenant la reine et, après la mort de son époux, la régente de France auprès de son fils Philippe I. Il a fallu pourtant attendre presque sept siècles pour que cette histoire d’amour russo-française connaisse son prolongement après la visite en France de Pierre le Grand en 1717. Depuis ce temps-là, on observe entre les Russes et les Français une extraordinaire affinité spirituelle et culturelle. Presque deux siècles durant, jusqu’à la révolution de 1917, le français a été la langue parlée par la noblesse russe. Il suffit de rappeler que le bilinguisme parfait du grand poète Alexandre Pouchkine lui a valu parmi ses copains de classe le surnom de « Français ». Et dans le roman « Guerre et paix » de Léon Tolstoï, des pages entières sont écrites en français.

Certes, cette histoire a connu des hauts et des bas, comme par exemple la Guerre de 1812 ou la guerre de Crimée de 1853-1856. Mais jamais la rivalité ou la confrontation politique entre nos États n’a su effacer cette attirance, cette sympathie mutuelle entre nos peuples. Les Russes et les Français se sont battus côte à côte lors des deux guerres mondiales et de nombreux monuments en Russie et en France témoignent à quel point cette fraternité d’armes est vénérée et chère à notre mémoire collective. La commémoration du centenaire de la première guerre mondiale l’année prochaine sera une belle occasion de nous souvenir des pages glorieuses de notre passé commun.

Aujourd’hui, « les relations politiques russo-françaises se distinguent par leur densité et leur atmosphère de confiance mutuelle ». Le Président de la République Française, François Hollande a d’ailleurs effectué, les 27 et 28 février 2013, un déplacement officiel à Moscou. Comment, à travers ces échanges, se développent de plus en plus des partenariats entre les entreprises, les universités, les collectivités locales, les administrations, etc., russes et françaises ?

 

La France reste aujourd’hui un partenaire privilégié de la Russie en Europe, et ceci en dépit des sujets sensibles de la politique internationale qui peuvent parfois nous diviser. Les échanges politiques restent dynamiques, ce qui ne peut que contribuer au développement de la coopération économique, financière, commerciale et industrielle tous azimuts. Des projets communs sont tellement nombreux que les énumérer tous pourraient prendre beaucoup de temps. Le dernier en date et aussi l’un des plus médiatisés est la mise à l’eau du premier BPC (Bâtiment de Projection et de Commandement) « Mistral », dénommé « Vladivostok » et construit en France pour la marine russe. Mais on peut aussi évoquer le succès de l’avion moyen-courrier « Soukhoï SuperJet 100 », le projet emblématique de lancement des Soyouz de Kourou, ou les excellents résultats réalisés en Russie par Renault-Nissan et Peugeot-Citroën, et cette liste des réussites industrielles et technologiques n’est pas exhaustive.

Vous avez à juste titre évoqué la visite officielle du Président français en Fédération de Russie fin février 2013, qui a donné lieu aux échanges utiles entre nos Présidents. D’autant plus que pour François Hollande, c’était la Première rencontre avec la Russie. Il faut citer également la récente visite en Russie de l’ancien Premier ministre Jean Marc Ayrault, qui a présidé avec son homologue Dmitri Medvedev le 1er novembre dernier à Moscou le séminaire intergouvernemental. Ce forum, qui se réunit à tour de rôle à Moscou ou à Paris depuis 18 ans, est destiné à évaluer l’état de notre coopération, à stimuler sur le plan politique les projets les plus importants. Aujourd’hui, il serait difficile de citer un seul secteur d’économie où les entreprises russes et françaises ne coopèrent pas. Pourtant, ces dernières années, l’accent particulier est mis sur les technologies de pointe qui sont le gage de compétitivité de nos économies respectives dans le monde moderne.

À cet égard, je peux vous dire que la dernière session du séminaire intergouvernemental a donné lieu à la signature d’une dizaine d’accords bilatéraux portant sur la coopération dans les domaines aussi variés que l’investissement, l’efficacité énergétique, l’agroalimentaire, la recherche appliquée, les télécommunications, l’industrie de défense, la création des pôles de compétitivité ou bien la gastronomie.

Adler District Sochi.

« En 2010, conformément à l’accord conclu, s’est déroulée en Russie l’Année de la France, et en France l’Année de la Russie ». Quel bilan établissez-vous de ce type d’événement ?

 

L’Année France-Russie 2010 avait pour but prioritaire de donner à chacun des deux pays une idée plus moderne et plus complète de l’autre, de conférer une nouvelle impulsion aux initiatives de la jeunesse, ouvrir pour nos jeunes citoyens une possibilité du dialogue, d’une découverte de la langue, de la culture et des traditions des deux pays, créer pour les futurs générations des conditions favorables pour le développement à l’avenir des liens d’amitiés entre nos peuples. Le programme de l’Année croisée était extrêmement varié et riche en manifestations à caractère politique, économique, culturel, scientifique, éducatif et sportif et comportait plus de trois mille événements de tous les niveaux.

Dès le départ, la réalisation de ce projet ambitieux a connu un énorme succès. Plus de 5 millions de personnes ont participé aux initiatives organisées par la partie russe dans toute la France – de Paris à Nice, en passant par Strasbourg et Bordeaux. Tous les Français ont eu la possibilité d’approcher la richesse et la diversité de notre culture. Concentrés sur une courte période, les échanges intenses entre les représentants de l’élite politique, intellectuelle et artistique ainsi qu’entre les jeunes et les citoyens ordinaires des deux pays, de la Bretagne à Vladivostok, ont effectué une véritable « cure de rajeunissement » pour les relations entre la Russie et la France. Une telle interaction étroite et active entre deux cultures, traditions et perceptions si proches et si différentes en même temps a clairement montré que les idées de la Guerre froide avait fait long feu. Dans le monde contemporain, la Russie et la France ont beaucoup plus en commun qu’on ne l’imagine parfois.

Désormais, l’essentiel est de maintenir la dynamique positive de la coopération bilatérale, d’exploiter et développer le grand potentiel de la coopération qui s’est constitué dans plusieurs domaines grâce au succès de ce grand événement, ainsi que de réaliser des projets communs prévus pour l’avenir.

Par ailleurs, progressivement, se développe une des orientations prioritaires de la coopération bilatérale – la lutte contre les nouveaux dangers et menaces (terrorisme, criminalité organisée internationale, trafic de stupéfiants, délits financiers). Comment se réalise concrètement cette ambition ?

 

Le caractère prioritaire de la lutte commune contre les nouveaux dangers et menaces étant reconnu des deux cotés au plus haut niveau, des perspectives encourageantes s’ouvrent pour la coopération dans ce domaine.

Un nouveau format de travail des experts, des ministères et des services concernés a été mis en œuvre en 2013. Vu la nature transversale, la corrélation et l’interdépendance du terrorisme international, de la criminalité organisée transnationale, du trafic des stupéfiants, des crimes financiers et de la cyber-criminalité, ainsi que la volonté d’améliorer l’efficacité de la coopération bilatérale dans la lutte contre ces crimes, Moscou et Paris ont décidé de « réunir » des ministères et services intéressés en un seul Groupe de travail sur cette question.

La première rencontre du Groupe a eu lieu le 18 octobre 2013 à Moscou. Les experts concernés ont étudié sous tous les aspects les sphères, les formes et les méthodes concrètes de la coopération sur les plans stratégique et opérationnel. Ainsi, nous avons pu établir un dialogue direct entre les représentants des structures gouvernementales non-homologues. C’est très important car cela s’inscrit au-delà de la coopération habituelle limitée par leurs contacts avec leurs homologues.
La rencontre a montré l’utilité et l’efficacité de ce format, ainsi que l’intérêt commun d’approfondir le dialogue sur la lutte contre les nouvelles menaces sur le plan bilatéral, mais aussi dans le cadre des organisations internationales. Nous espérons que le nouveau format contribuera au renforcement des relations entre nos services en ce qui concerne les orientations où nous avons déjà des résultats tangibles (par exemple, la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la criminalité organisée), mais aussi qu’il permettra d’élargir la coopération en matière d’extradition, aidera à mettre en place un nouveau cadre juridique international pour combattre la cybercriminalité, contribuera au dialogue constructif au Premier Comité du Conseil de sécurité de l’ONU concernant les sanctions contre Al-Qaïda et les personnes ou entités qui y sont associées.

Enfin, en 2014, la Russie a organisé les XXIIe Jeux olympiques d’hiver à Sotchi (ville du sud-ouest située au bord de la mer noire). Quelle image souhaitez-vous que l’ensemble des nations qui participeront à cet événement retienne de ces Jeux ?

 

La Russie est fière d’accueillir les XXIIe Jeux olympiques et XIe Jeux paralympiques d’hiver à Sotchi en février 2014. Depuis la validation de la candidature russe par le CIO en 2007, notre pays a investi des ressources financières et humaines importantes dans la préparation des JO censés faire valoir et démontrer à la communauté internationale l’image réelle et positive de la nouvelle Russie en pleine modernisation. Ce grand événement sportif représente pour nous une occasion unique pour, non seulement, mettre en valeur l’attention particulière que l’État russe porte au développement du sport de haut niveau et de la culture physique dans le pays, mais aussi pour faire découvrir au public étranger le potentiel touristique des régions de Russie et, notamment du Caucase du Nord.

Dans des délais relativement courts, nous avons réussi à construire de nombreuses installations sportives ultramodernes, créer un vaste réseau d’infrastructures autour des sites olympiques pour assurer le maximum de confort et de sécurité aux participants et invités aux JO. Certes, ce riche héritage des JO sera ensuite utilisé pour d’autres rendez-vous sportifs à l’avenir, pour l’entraînement des athlètes russes et étrangers, ainsi que pour le développement du tourisme dans cette région de la Russie.

Nous espérons que l’aboutissement de ce projet pourra montrer à nos partenaires étrangers le grand potentiel économique et humain de notre pays, aidera à créer les conditions favorables pour améliorer le climat d’investissement et à renforcer son prestige sur l’arène internationale.

 

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Diversification de l’économie russe

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L’Union des Industriels et des Entrepreneurs de Russie : réalisations et objectifs

Par Alexandre CHOKHIN, Président de l'Union des Industriels et des Entrepreneurs de Russie (RSPP)

L’Union des Industriels et des Entrepreneurs de Russie (RSPP) en tant qu’association d’affaires phare de la Russie depuis plus de 20 ans d’histoire, se fixe comme objectif de protéger et de promouvoir les intérêts des milieux économiques russes sur les échiquiers national et mondial.

 

L’Union des Industriels et des Entrepreneurs de Russie (RSPP), successeur de l’Union Scientifique et Industrielle, autrefois présidée par Arkady Volsky, député du Peuple de l’URSS, naquit en juin 1990 comme organisation non politique appelée à protéger les intérêts communs de l’industrie et de la science dans un pays qui connaissait à l’époque des changements grandioses et rapides (après la désintégration de l’Union soviétique, l’organisation a changé de statut pour devenir celle de Russie).

La RSPP a une vocation double, parce qu’elle agit à la fois comme institution sociale et comme association du patronat russe, ce qui lui permet de protéger au mieux les intérêts de ses adhérents. Elle regroupe aujourd’hui près de 130 associations patronales, sectorielles et régionales. Les compagnies membres représentent toutes les régions et tous les secteurs de l’économie russe qui génèrent la plus grande partie du PIB du pays.

Les sections régionales de la RSPP et les groupements territoriaux d’employeurs membres de l’Union ont pour but de créer des conditions propices aux activités d’entreprise dans les sujets de la Fédération de Russie.

Les Comités et les Commissions de la RSPP sont considérés par les autorités spécialisées comme une plateforme clé pour les débats sur les questions cruciales du développement économique et social.

En tant qu’organisation patronale, la RSPP a l’avantage de posséder des mécanismes formalisés de coopération avec les autorités par le truchement de la Commission tripartite nationale pour la régulation des rapports sociaux et de travail et des commissions tripartites régionales et locales. Les intérêts de la communauté d’affaires sont également assurés par le mécanisme de conclusion d’accords tripartites régionaux par les associations patronales sectorielles et régionales membres de la RSPP.

La procédure d’évaluation de l’effet régulateur est devenue l’une des formes les plus efficaces de coopération entre l’État et l’économie. De nombreux actes « nocifs » à la communauté d’affaires ont pu être bloqués ou sérieusement corrigés grâce à cette institution d’expertise formalisée. Non moins importantes sont les formes de coopération non formelles, dont les rencontres avec des dirigeants du pays. Ce n’est pas un moyen de faire du lobbying en faveur d’intérêts concrets, mais celui de faire connaître la position des affaires, de décrire les risques et de proposer de nouvelles possibilités de développement.

On voit grandir les besoins en organes de règlement alternatif des litiges agissant auprès de la RSPP, ainsi qu’en registres tenus dans l’Union. Par exemple, les candidats au poste de directeur indépendant ou de mandataire professionnel dans les Conseils d’administration des sociétés dont les actions appartiennent au gouvernement fédéral sont sélectionnés parmi les personnes portées au Registre national des directeurs indépendants tenu auprès de la RSPP.

Nous coopérons aussi avec les syndicats. Fin 2013, un Accord général a été signé par les associations syndicales et patronales nationales avec le Gouvernement de la Fédération de Russie pour les années 2014-2016.

Aujourd’hui, la situation économique dans le pays n’est pas facile. En 2013, le PIB s’est accru beaucoup moins qu’attendu, et les prévisions pour 2014 oscillent autour de 2 %. La production industrielle n’a presque pas augmenté et les investissements dans les immobilisations ont régressé.

Dans cette situation, il est particulièrement important de coopérer avec les autorités pour qu’un climat favorable aux investisseurs soit créé dans le pays. Les barrières administratives forment un sérieux obstacle à l’élévation de la compétitivité et de l’attractivité des placements. On enlève certaines barrières, mais d’autres surgissent. Le souhait de la communauté d’affaires de voir diminuer le nombre de contrôles hors plan pour l’ensemble des activités a été entendu, mais des « exceptions » aux lois sont devenues plus fréquentes. Nous allons oeuvrer à ce que toutes questions relatives au contrôle soient réglementées nettement et sans équivoques au niveau législatif, ce qui exige la préparation d’un projet de loi sur le contrôle effectué par l’État et à l’échelle municipale.

Nous coopérons avec le Gouvernement à l’étude de questions relatives à la « desoffshorisation » de l’économie russe. Nous estimons que dans un avenir prévisible notre tâche numéro un consistera à donner la priorité aux mesures d’encouragement dans les lois sur la « desoffshorisation » dont les projets seront étudiés, à redoubler d’efforts pour rendre la juridiction russe plus attrayante, à alléger la charge pesée sur le climat économique.

La priorité des mesures stimulantes et non pas coercitives doit être mise à la base du travail qui vise à assurer la sécurité industrielle et écologique. Depuis de nombreuses années, la RSPP participe activement à la préparation de projets de lois portant modification du Code civil de la Fédération de Russie, à l’ajustement de la législation corporative, élabore et avance des initiatives anti-corruption. À noter que, ces dernières années, le « business russe » est devenu socialement responsable. Les compagnies ne préparent plus leurs rapports non financiers pour la forme.

Le manque de professionnels qualifiés est un vrai problème à l’heure actuelle. Pour le combler, le Président de la Fédération de Russie a pris la décision de créer un Conseil national des qualifications professionnelles. Les fonctions du chef dudit Conseil et celles du chef de l’Union des Industriels et des Entrepreneurs de Russie seront cumulées en permanence.

Une attention particulière est accordée au perfectionnement du système de réglementation technique. Dans ce domaine, la RSPP coopère déjà au niveau supranational avec nos partenaires de Biélorussie et du Kazakhstan. Un Business-dialogue russo-biélorusso-kazakhe a été constitué.

Quelques mots sur les activités internationales de la RSPP. En 2013, un sommet B20 s’est déroulé avec succès sous présidence russe du Groupe des vingt (G20). Des recommandations des milieux d’affaires y ont été formulées pour les chefs d’État et de gouvernement des pays du G20. Déjà, avant l’adhésion de la Russie à l’OCDE, la RSPP a reçu le statut d’observateur au BIAC (Comité consultatif économique et industriel auprès de l’OCDE), ce qui permet aux milieux d’affaires russes de coopérer avec des non partenaires de l’OCDE. Tout récemment encore, le 7 avril 2014, après une interruption dans ses travaux, le Conseil international pour la coopération et les investissements (ICCI) a tenu une réunion à laquelle ont pris part entre autres des représentants de grosses compagnies françaises. Les différents formats de coopération bilatérale connaissent une évolution rapide.

En conclusion, je reviendrai sur les relations économiques franco-russes. La RSPP coopère intimement avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF). Un accord a été signé sur la coopération avec le MEDEF International. Des compagnies françaises importantes participent à la réalisation de nombreux projets emblématiques en Russie. Je crois que le volume des investissements russes en France va grandir lui aussi. Je suis convaincu que la coopération économique mutuellement avantageuse entre nos pays a un potentiel appréciable. J’espère que nous autres, les milieux d’affaires de Russie et de France, saurons éviter la politisation de nos relations économiques.

RSPP
17, quai Kotelnicheskaya 109240 Moscou
Tél. : +7 (495) 663-04-04
E-mail: rspp@rspp.ru

 

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Nous présentons les intérêts de l’entreprenariat russe

Par SERGUEY KATIRINE, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Russie

La CCI de Russie contribue à créer un climat favorable aux affaires et s’inscrit comme un véritable partenaire en matière de développement économique…

Je suis heureux de saluer ici nos collègues et amis français. C’est pour moi une tâche agréable de présenter aujourd’hui la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Fédération de Russie aux citoyens d’un pays où la première institution semblable au monde a été fondée en 1559, à Marseille.

En Russie, la première tentative d’unir les entrepreneurs a été faite par la promulgation, en février 1727, d’un décret impérial qui ordonnait à « un nombre bien déterminé de fabricants… d’arriver à Moscou ne serait-ce que pour un mois, en hiver, pour tenir conseil ». Mais ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’un Règlement de la Chambre d’exportation russe fut approuvé. Peu après, plus d’une dizaine d’organisations semblables sont apparues.

Après la Révolution de 1917, deux Chambres ont été créées dans notre pays, qui devaient fusionner plus tard. En octobre 1991 est née la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Russie, qui existe jusqu’à nos jours.

Elle occupe le bâtiment historique de l’ancienne Bourse, rue Ilyinka. Le Kremlin est tout près, mais se trouver à sa proximité ne signifie pas demeurer à l’ombre. La CCI est une organisation non étatique et non lucrative qui fédère les activités économiques en Russie. La participation à la Chambre est volontaire. Nous représentons et défendons devant le pouvoir les intérêts de l’entrepreneuriat russe. Plus précisément, les intérêts qui ne vont pas à l’encontre de ceux de la société.

La CCI de la Fédération de Russie regroupe 175 Chambres régionales indépendantes qui comptent, à son tour, près de 50 000 compagnies et entrepreneurs individuels. Parmi ses adhérents, on voit plus de 200 unions, associations et autres groupements : boulangers, laitiers, bâtisseurs, agriculteurs, bijoutiers, métallurgistes, constructeurs de machines-outils, tisserands, etc. La Chambre possède 12 agences à l’étranger et 17 représentants d’honneur qui agissent dans une quarantaine de pays. On voit fonctionner sous son égide 72 conseils pour la coopération avec les pays étrangers. Les intérêts de chacun des secteurs clés sont exprimés par 34 comités de la CCI de la Russie et par plus d’un millier de structures publiques d’expertise créées par les Chambres territoriales. Les entreprises de toutes tailles sont représentées dans la Chambre, mais les structures moyennes et petites y prédominent.

C’est le temps qui dicte nos priorités : modernisation de l’économie nationale, création de conditions favorables aux affaires, légifération, perfectionnement du fisc, évaluation de l’effet régulateur exercé sur l’économie par les nouvelles lois, rapports emploi/pouvoir et responsabilité sociale de l’entreprenariat.

Des mesures efficaces s’imposent pour soutenir le « business » russe à l’étranger, promouvoir ses produits et services à l’export, organiser plus souvent congrès et expositions. La formation des spécialistes pour l’économie nouvelle reste un problème brûlant.

Stimuler l’afflux des capitaux en Russie est parmi les tâches majeures de sa CCI. Nous avons récemment créé une structure chargée des questions d’investissement et passons des accords tripartites (Chambre fédérale – administrations régionales – Chambres régionales). On fait participer à ce travail nos agences à l’étranger. Nous soutenons les meilleurs projets dans les régions, cherchons les investisseurs et les « tenons en tutelle ». Plusieurs projets sont déjà au stade « investissements ».

L’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce a apporté, elle aussi, des changements au travail de la Chambre. Conjointement avec le Centre du commerce international, notre structure affiliée, nous réalisons un projet spécial, « La Russie dans l’OMC». Nous surveillons la situation dans le milieu économique et instruisons les entrepreneurs. Pour le moment, les spécialistes en matière de l’OMC nous manquent.

On voit fonctionner aux côtés de la Chambre, des institutions aussi respectables que la Cour d’arbitrage commercial international (ICAC) et la Commission arbitrale maritime (MAC). Pour le nombre des affaires traitées l’ICAC devance les Cours analogues de Londres et de Stockholm, elle emploie 170 juges, dont 65 arbitres étrangers.

Quelques mots sur la coopération franco-russe. Notre partenaire numéro un est la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris. La collaboration avec l’Assemblée des Chambres françaises de Commerce et d’Industrie s’organise. Nous sommes mutuellement intéressés avant tout à l’internationalisation du « business » petit et moyen, au développement des relations interrégionales. De bons rapports sont entretenus avec les CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin. De nombreuses Chambres régionales russes multiplient énergiquement les contacts d’affaires avec les partenaires français. Notre Chambre participe aux travaux du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC).

Pour conclure, je dirai qu’il n’existe en Russie aucune autre structure non étatique qui soit aussi ramifiée que la Chambre de Commerce et d’Industrie. Infrastructure bien agencée, aussi bien en Russie qu’à l’étranger, possibilités d’expertise et de sélection compétente des projets, « brand » universellement reconnu, potentiel élevé de partenariat, spectre immense des services prêtés, tout cela me permet d’affirmer que le système russe des Chambres de Commerce et d’Industrie convient idéalement en tant que « réseau d’appui » pour la croissance nationale et étrangère sur notre marché volatile.
 

 
 

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« TPP-Inform », guide du « business russe »

Par SERGUÉI NEBRENTCHINE, Rédacteur en Chef, Directeur Général de la compagnie « TPP-Inform »

Dans le système de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Russie, la principale compagnie d’information et d’édition est « TPP-Inform » qui marque cette année son dixième anniversaire. Aujourd’hui, elle prétend au rôle d’un guide du « business russe » dans le monde des événements, des partenaires, des idées…

Les grands axes d’activité de la CCI de Russie passent par les supports multiformes aux PME, la protection et la promotion des intérêts de l’entreprenariat national à l’étranger. À la différence de grands leaders du « business russe » tels que GAZPROM, ROSNEFT, RJD, VEB, qui ont la possibilité de couvrir largement leurs activités dans les mass media, ce n’est pas le cas de la petite et moyenne économie. Entre-temps, les entreprises de ces catégories contribuent de façon appréciable à saturer le marché des marchandises et des services, à satisfaire les besoins des citoyens « de rang ».

La compagnie d’information et d’édition « TPP-Inform » travaille en ligne, aussi bien en russe qu’en anglais, édite les médias distantiels « Nouvelles du commerce et de l’industrie » et « Bulletin d’information sur les affaires », diffuse sur Internet les programmes « Intérêt pour les affaires » et « L’heure d’un homme d’affaires », offre les ressources en ligne « Région » et « Guide », publie les imprimés « Guide du business russe », « Le partenaire de la CCI de la Fédération de Russie, « Aide-mémoire du système de la CCI de la Fédération en Russie », « Mercury Club », etc.

L’agence « PP-Inform » recueille, produit et diffuse l’information d’actualité sur les affaires (textes, photos, spots vidéo et audio, etc.), présente évaluations d’experts et opinions intéressantes, estimations et faits portant sur les problèmes clés du développement économique et du « business ». Aux Éditions « TPP-Inform » sortent des magazines et des livres pour dirigeants, aide-mémoires, dépliants et prospectus.


Aujourd’hui, « TPP-Inform » œuvre avec énergie auprès des journalistes et des experts le mieux qualifiés des médias d’affaires spécialisés dans différents secteurs de l’économie. Tous les ans, un Forum des médias d’affaires se déroule à Moscou, la création d’une « Ligue des médias d’affaires » est en cours, on organise un Concours national des journalistes, « Renaissance économique de la Russie ».

Les plans de la compagnie d’information et d’édition « TPP-Inform » prévoient une augmentation du nombre d’éditions régionales du magazine fédéral « Guide du business russe » et de la durée de ses émissions télévisées et radiodiffusées sur Internet, la prestation de services de consulting et de publicité aux fins de la promotion d’entreprises étrangères et nationales.

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«MIR », «DRUG », «PRAVDA » ET « PRAVO »

Entretien avec PATRICE GÉLARD Sénateur de la Seine-Maritime, Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Russie

« Le 1er novembre 2013, le Conseil de la Fédération à Moscou a accueilli la délégation des parlementaires français, présidée par le sénateur, chevalier de l’Ordre russe de l’Amitié, Patrice Gélard. Le renforcement du dialogue interparlementaire, la suppression des visas et le développement des relations interrégionales ont été à l’ordre du jour de cette rencontre avec le groupe des sénateurs russes dirigé par le Président de la Commission des Affaires étrangères Mikhaïl Marguelov »

(source : www.french.ruvr.ru, Anna Karpova)

 

 

Par ailleurs, le 16 novembre 2013, le Président de la République, François Hollande a promulgué la loi autorisant la ratification du traité entre la République française et la Fédération de Russie relatif à la coopération dans le domaine de l’adoption.

Au Sénat vous êtes le Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Russie. Qu’est-ce qui a motivé cette fonction ?

En 1956, je me suis inscrit à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), dit Langues O’. A partir de cette date, j’ai constamment étudié les problématiques de l’URSS puis de la Russie. J’ai ainsi enseigné le Droit soviétique, puis russe, pendant 32 ans, notamment à Sciences-Po et à l’Institut de Droit Comparé de Paris. Cela fait donc plus de 58 ans que je porte un intérêt particulier à ce pays et que j’attache une grande importance à ce mandat de la Haute Assemblée.

Quelle analyse faites-vous de l’essor économique de la Russie depuis une décennie ? Quels ont été les principaux leviers de cette croissance ?

La dynamique de la Russie s’appuie, bien évidemment, sur le pétrole et le gaz. Durant l’ère soviétique, la plus grande partie de l’effort économique se concentrait sur des dépenses que je qualifierais d’impérialistes. Les investissements soutenaient surtout le secteur militaire, la conquête spatiale, etc., stratégie qui allait à l’encontre d’un développement harmonieux. Aujourd’hui, la Russie abrite un tissu d’activités diversifiées, composé aussi bien de grands groupes que de PME-ETI et nombre d’entreprises étrangères conséquentes y sont installées. Ainsi, la France y est relativement bien représentée, avec la présence d’enseignes de la grande distribution comme Auchan, des groupes industriels automobiles (Renault) ou pharmaceutiques, etc.

Comment les parlementaires français se mobilisent-ils afin de renforcer les liens économiques entre la France et la Russie ? Quels sont les atouts de nos entreprises, grandes ou petites, de nature à leur permettre de s’implanter durablement dans ce pays de 143 millions d’habitants ?

Nous travaillons en collaboration avec Ubifrance, l’Agence française pour le développement international des entreprises. Elle organise chaque année un colloque dédié aux échanges économiques entre la Russie et la France, auquel participent de hautes autorités. Nous entretenons également des liens étroits avec la Chambre de Commerce française de Moscou dont le dynamisme permet de renforcer la présence de nos entreprises, notamment celle les PME, dans ce vaste pays. Des efforts considérables ont ainsi été engagés afin de dépasser le cadre d’investissements réalisés uniquement à Moscou et à Saint-Pétersbourg. C’est la raison pour laquelle nous sommes désormais actifs à Vladivostok, à Rostov, à Novgorod, etc. De surcroît, les Français expatriés, près de 10 000 actuellement, ont appris le russe. Lors de rencontres, il est ainsi assez extraordinaire d’entendre nos compatriotes s’exprimer dans cette langue, ce qui n’est pas le cas de leurs homologues étrangers. Cet apprentissage me paraît incontournable et marque la volonté de s’intégrer pleinement. Nos entreprises ne sont pas en Russie pour gagner de l’argent sur une courte période, mais au contraire, veulent développer des échanges économiques et commerciaux, sur une longue durée. En revanche, force est de constater que les entrepreneurs russes ont du mal à s’implanter en France. Des demandes ont été formulées afin de faciliter cette démarche. Chaque année, avec nos homologues du Conseil de la Fédération de Russie, nous essayons de promouvoir et soutenir ce dossier. Je rencontre aussi régulièrement, à ce sujet, l’Ambassadeur de Russie en France, S.E Alexandre Orlov. Graduellement, nous arrivons à obtenir des avancées.

Quelle vision commune partageons-nous avec nos partenaires russes quant au développement de nos sociétés, dans le sens large du terme (économique, social, culturel, environnemental, etc.) ?

Nous évoluons dans un monde dans lequel il est difficile d’identifier l’appartenance à un groupe de pensées. Cependant, je crois que la Russie s’inscrit dans des réflexions économiques, juridiques et sociales plus proches des nôtres que d’autres pays, comme, par exemple, ceux en voie de développement.

L’une des raisons de ces affinités repose sur l’influence de l’église orthodoxe, dont les bases idéologiques sont, en partie, comparables à celles du christianisme d’Europe occidentale, qu’il soit catholique ou protestant. Cela a une conséquence sur la conception du Droit qui, en Russie, est de type continental, c’est-à-dire écrit. Il diffère ainsi du droit anglo-saxon basé sur la common law et l’équity. Dans les années 1990-1995, les Anglais et les Américains souhaitaient d’ailleurs transposer la common law en Russie, mais les Russes ont considéré que celui-ci était incompréhensible. Ils ont préféré se rapprocher du système romano-germanique appliqué en Europe occidentale. Naturellement, nous avons aussi des points communs dans les domaines de l’art, de la culture, etc. En matière d’économie, n’oublions pas que la notion de l’entreprise en Russie est marquée par 75 ans de communisme.

Quelle est la place de l’enseignement de la langue russe en France et pourquoi est-elle si faible alors que, notamment, l’enseignement du chinois progresse significativement ?

Lorsque j’étais étudiant à Langues O’, la formule en vogue voulait que les pessimistes apprennent le russe et les optimistes le chinois.

L’enseignement du russe a en effet continuellement diminué depuis 20 ans. Ce déclin est dû, en partie, à une politique de l’Éducation nationale supprimant progressivement les postes à l’agrégation et au CAPES de russe. Dès lors, aucun recrutement de professeur en cette matière n’a été réalisé. Depuis 3 ans, seuls 4 postes ont été mis au concours alors qu’entretemps, on compte une vingtaine de départ à la retraite. Ce déficit apparaît très nettement dans les collèges et lycées de province, ainsi dans la ville du Havre, deux établissements seulement proposent l’option russe. En Allemagne, il est beaucoup plus aisé de suivre cet apprentissage. Nous sommes également très déficients sur notre présence en Russie.

Le Lycée français fonctionne bien en partenariat avec les Russes. Cependant, il manque d’écoles où les jeunes russes pourraient choisir, en 2ème langue, après l’anglais, le français, plutôt que l’allemand et l’espagnol qui se généralisent actuellement. Nombre de pays investissent d’ailleurs aujourd’hui pour l’enseignement de leur langue en Russie, ce que nous ne faisons pas. De même, les universités arrivent à mettre en place des cursus bilingues obligatoires. L’Institut d’État et de Droit de Moscou propose trois langues : anglais obligatoire plus allemand ou français. 90 % des étudiants choisissent l’allemand car, l’été, ils sont invités un mois dans une université germanique. Dans notre pays, les facultés sont fermées à la période estivale. Par ailleurs, des professeurs de ces pays sont régulièrement détachés en Russie pour enseigner dans cette filière alors que nous éprouvons des difficultés à prendre en charge ce type de démarche. Nous devons progresser et c’est l’un des objectifs de notre groupe d’amitié.

De manière plus personnelle, quelle analyse faites-vous des us et coutumes de nos amis russes ?

On ne peut pas comprendre l’âme russe si on ne connait pas 4 mots essentiels. « Mir » signifie le monde, la paix et la communauté villageoise. Quand on vit dans son village, on appréhende le monde entier dans la paix. « Drug » veut dire l’autre, c’est-à-dire l’ami ou l’étranger, un double sens d’ouverture vers son prochain. Enfin, « Pravda » et « Pravo » se traduisent par vérité et droit, deux termes qui s’affirment réciproquement. Si vous ajoutez à cette philosophie l’immensité de ce pays, de ses steppes, de ses forêts de bouleaux, etc., vous commencez à percevoir tout le sens de l’attachement du peuple russe à sa terre.

Le général De Gaulle formait le vœu de créer une « Europe de l’Atlantique à l’Oural ». Les citoyens français et russes peuvent-ils envisager, un jour, de circuler librement entre ces deux pays, sans visas ?

La suppression des visas est un combat que je mène depuis 10 ans, mais en vain pour l’instant. Pourtant, de nombreux pays ont annulé cette formalité, comme la Macédoine, le Kosovo, l’Albanie, etc., qui ne sont pas membres de l’Union européenne (U.E). La situation, qui résulte d’une survivance du passé, est d’autant plus absurde que nous n’avons pas à craindre, dans les deux sens, de vagues migratoires. Il m’a été indiqué que cette compétence n’est pas exclusivement française, mais relèverait de l’U.E. Certains de ses membres y seraient réticents, peut-être les États baltes, l’Allemagne n’y était pas favorable mais aurait changé d’avis. Je crains cependant que le problème de l’Ukraine n’améliore pas les choses. Nous avons raté une opportunité lors de l’année croisée France-Russie en 2010. Nous souhaitions alors que les visas touristiques soient libérés durant la période (3 mois) ; cela n’a pas été le cas et nous le regrettons tous.

Soulignons néanmoins que nous avons progressé dans le domaine de l’adoption à travers la signature, la ratification et la publication d’une convention franco-russe sur le droit de la famille, fin 2013. Deux innovations ont été à ce titre intégrées. D’une part, les enfants russes adoptés par un couple français auront la possibilité d’obtenir la double nationalité à leur majorité. D’autre part, les parents adoptifs ont l’obligation de ne pas oublier d’enseigner à leurs enfants qu’ils sont nés Russes et qu’ils ont ainsi une culture et des valeurs sensiblement différentes de celles qu’ils ont rencontrées en devenant Français. Il s’agit là d’une avancée très importante dans les relations franco-russes.

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Notre vision, c’est une Russie qu’il faut arrimer à l’Europe sur le plan économique

Entretien avec Nicole BRICQ, Ancien Ministre du Commerce extérieur.

Nicole Bricq s’est rendue à Moscou, le 12 avril 2013, pour le 19ème Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe. La ministre du Commerce extérieur a également représenté la France, le 22 juin 2013, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, en présence du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.

 

Au préalable, pouvez-vous évoquer les principales mesures prises par le gouvernement français afin d’encourager les entreprises, notamment les PME, à s’orienter vers l’export ?

 

Si je devais résumer ma politique commerciale, je dirais qu’elle consiste à placer une offre française cohérente et performante face à une demande mondiale bien identifiée. L’un des défauts principaux de nos entreprises est de partir à l’assaut de l’export en ordre dispersé. Je m’efforce donc de fédérer les entreprises autour de quatre familles de biens et services et de les orienter vers les marchés qui leur sont le plus adaptés. Soutien, simplification et accompagnement sont mis en œuvre pour permettre à nos entreprises d’aller là où sont la demande et la croissance. Soutien, avec la Bpi et son volet international, Bpi France export, qui met à disposition de nos entreprises toute une batterie de nouveaux financements. Simplification, avec le rapprochement des dispositifs d’accompagnement à l’export ou le lancement de la bannière commune France International et la première version d’un site internet donnant accès à l’ensemble du dispositif d’appui à l’exportation (www.france-international.fr). Accompagnement, avec le renforcement de la dimension de conseil dans la mission d’Ubifrance, l’augmentation du nombre de chargés de mission ou encore l’ajout d’une dimension d’accompagnement, de parrainage et de coaching dans le mandat des Conseillers du Commerce Extérieur français.

Dès lors, quelle est l’ampleur des relations économiques entre la France et la Russie ? A ce titre, pouvez-vous souligner les bénéfices, pour les investisseurs et les entreprises françaises, de l’adhésion de la Russie à l’OMC ?

 

Les relations économiques entre la France et la Russie sont anciennes, solides et nourries. La Russie doit demeurer un partenaire incontournable de notre stratégie pour nous placer dans la locomotive de la reprise mondiale. Le marché russe n’étant pas toujours simple, l’adhésion de la Russie à l’OMC met aussi à disposition de la France et de l’Europe un levier pour faciliter l’entrée dans un marché russe qui n’est pas toujours simple d’accès.

 

Le 30 septembre 2013, à Paris, vous avez co-présidé, avec Alexeï Oulioukaïev, Ministre du développement économique de la Fédération de Russie, le 20ème Conseil Economique, Financier, Industriel et Commercial franco-russe (CEFIC). Vous avez souligné que : « Notre vision, c’est une Russie qu’il faut arrimer à l’Europe sur le plan économique. Oui, il est possible et même souhaitable pour des PME françaises d’investir en Russie, notamment dans les domaines de la santé, de l’agro-alimentaire ou encore du numérique ». Aujourd’hui, quelles difficultés peuvent rencontrer les entreprises françaises souhaitant s’installer en Russie et comment, avec votre homologue russe, vous mobilisez-vous afin de faciliter cette démarche ?

 

Vous connaissez l’Histoire de la Russie au 20ème siècle. Elle conditionne encore un peu le marché russe, même si les choses changent. Le secteur privé y est peu développé, de nombreuses barrières demeurent dans l’accès au marché et le climat d’affaires n’a pas la simplicité de certains pays où le commerce international est, pour ainsi dire, une seconde nature. Les problèmes de certification locale ou les méfiances de nos entreprises vis-à-vis des délais de paiement pèsent notamment sur le maintien de nos parts de marché. Je mène un dialogue nourri et constructif avec mon homologue russe pour lever ces difficultés. Vous avez aussi évoqué la présence de la Russie à l’OMC depuis 2012 et la nécessité dans laquelle elle est désormais de respecter les règles du marché mondial que nous y construisons.

Réunion Ubifrance.
Quels résultats attendez-vous des travaux du « Club santé Russie » et qui sont les acteurs de ce Club ?

 

Les besoins de la Russie en matière de santé sont très importants. Les autorités russes savent qu’en ce domaine la France est excellente. Le « Club Santé Russie », qui regroupe à l’heure actuelle une quarantaine d’entreprises, essentiellement des PME, avec des compétences allant de la biologie à la cosmétique en passant par la pharmacie et les fournitures de dispositifs médicaux, ont pour fin de capter cette demande en organisant des échanges d’informations et d’expérience, en coordonnant nos entreprises et en identifiant le plus finement possible les besoins locaux. À titre d’exemple, l’expertise du Club a permis d’identifier des attentes dans le Tatarstan en face desquels les entreprises françaises peuvent dès lors placer une offre adaptée.

En matière de transports ferroviaires, comment nos leaders nationaux peuvent idéalement se placer lors de la construction de la ligne TGV Moscou-Kazan, mais aussi dans les projets des grandes agglomérations, notamment le projet de Grand Moscou ?

 

Comme vous le savez, nous possédons des leaders mondiaux dans le domaine ferroviaire, et les autorités russes avaient laissé espérer le lancement prochain d’une étude de prospection pour la ligne TGV Moscou-Kazan. Mais Dmitri Medvedev a annoncé le 16 janvier que ce projet était repoussé. Le temps venu, nos entreprises devront s’y positionner. Nous les y aiderons. Pour ce qui est de ce que l’on appelle « le Grand Moscou », je tiens d’abord à préciser que ce projet n’est pas à l’image du « Grand Paris », auquel on le compare souvent, mais consiste plutôt en une série d’actions de modernisation urbaine. Il y a là de réelles opportunités pour nous, dans le transport, mais aussi dans la construction, domaines dans lesquels nos PME ont un avenir assuré en Russie. J’ajoute que les travaux d’envergure entrepris par la Russie dans la perspective du Mondial de 2018 constituent aussi une chance pour nos entreprises, que ce soit pour les infrastructures sportives, pour les transports, pour l’hébergement ou pour l’aménagement des aéroports. J’ai rencontré M. Sorokine, directeur général du comité d’organisation du Mondial lors de ma visite à Moscou les 31 octobre et 1er novembre derniers afin de lui dire que nous sommes là pour répondre à cette demande. La Russie change, nous devons épouser son mouvement.

Enfin, comment abordez-vous le souhait du Sénateur Jean-Pierre Chevènement, une idée formulée naguère par le Président Charles de Gaulle, de créer un espace de libre circulation « de Brest à Vladivostok » ?

 

Dans son discours devant les étudiants russes du MGIMO au début de l’année dernière, Jean-Pierre Chevènement a eu raison de parler de la Russie comme d’un partenaire incontournable du XXIe siècle, et pas seulement sur le plan économique. Dans la formule que vous citez, il va à la fois plus loin que Charles de Gaulle dans sa phrase aussi célèbre qu’énigmatique évoquant la perspective d’une Europe « de l’Atlantique à l’Oural » : plus loin, parce que Vladivostok, c’est bien plus loin que l’Oural ! Mais moins loin en même temps, parce que la libre-circulation n’est qu’un aspect de l’idée européenne, un commencement dans ce grand rêve que constitue une Europe forte, unie et prospère.

 

 

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Investissements & Grands projets

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Un fonds d’investissement franco-russe depuis le 1er novembre 2013

Entretien avec ODILE RENAUD-BASSO, Directrice générale adjointe du groupe Caisse des Dépôts.

La Caisse des Dépôts est un groupe public investisseur de long terme dont les missions visent le développement économique des territoires. Au service de l’intérêt général, il vient en appui des politiques publiques conduites par l’État et les collectivités territoriales et exerce aussi des activités concurrentielles en France comme à l’international.

 

L’international semble être une dimension forte du Groupe : en 2012, 52 % de ses collaborateurs travaillaient à l’étranger. Concrètement, comment cela se traduit-il ?

C’est un aspect peu connu mais important à souligner. La Caisse des Dépôts est effectivement une institution fortement engagée à l’international notamment du fait de ses filiales. Elle est ainsi présente dans plus de 100 pays par l’entremise de ses filiales opérationnelles et c’est parfois un acteur de référence dans des domaines aussi variés que l’assurance ou l’ingénierie des grandes infrastructures. Pour illustrer cette réalité, on peut rappeler qu’un tiers des effectifs de la CNP officient à l’étranger (1 600 personnes, notamment au Brésil), qu’Egis intervient aussi bien dans le métro de Chennai en Inde que dans la mise en place de l’EPR de Taishan en Chine ou le TGV Tanger-Casablanca au Maroc et que Transdev, dont 57 000 salariés sont à l’étranger, s’est vu renouveler la confiance de Séoul pour l’exploitation de la ligne 9 du métro.

La présence internationale est une opportunité exceptionnelle pour la croissance de nos entreprises et le développement de nos territoires que la Caisse des Dépôts soutient de par ses différentes missions. L’intérêt général, c’est également s’assurer de la compétitivité de notre économie nationale, d’être en mesure d’attirer des capitaux durables et d’offrir de nouveaux relais de croissance à nos entreprises à l’export. Ces actions participent à la création d’emplois pérennes en France.

Aussi, la dimension planétaire du Groupe est une priorité stratégique qui est conduite par nos filiales opérationnelles, mais également pas nos structures d’investissement. Je veux à cet égard souligner le rôle de Bpifrance qui s’est doté d’un dispositif novateur d’accompagnement des PME françaises à l’étranger. Elle apporte également des financements ad-hoc par le biais, par exemple, des Aides pour le développement de l’innovation en collaboration internationale (ADICI).

La Caisse des Dépôts a permis par ailleurs de fédérer des investisseurs de long terme qui partagent nos valeurs d’intérêt général et notre démarche d’investissement patrimonial. C’est ainsi que nous avons mis en place le Club des investisseurs de Long Terme qui regroupe de grandes institutions européennes et mondiales telles que la KfW en Allemagne, la Cassa Depositi e Prestiti en Italie ou encore la Caixa au Brésil et la Banque de Développement chinoise (CDB). Enfin, nous rassemblons au sein de l’Institutional Investors Roundtable (IIR), dont le siège est à Paris, les principaux fonds souverains et gérants d’actifs de long terme qui représentent collectivement près de 5 000 milliards de dollars. Nous développons dans ce cadre des partenariats d’affaires avec ces institutions qui soutiennent directement l’activité économique en France en lien avec nos priorités industrielles. De nouveaux véhicules d’investissements bilatéraux pour les entreprises françaises ont ainsi été lancés avec les Emirats Arabes Unis et le Qatar.

L’international est aujourd’hui un cadre de référence incontournable dans lequel de nombreux segments de notre économie excellent. Toute intervention publique et a fortiori dans une institution comme la nôtre, doit se penser avec une déclinaison internationale pour être pertinente et efficace.

Concernant plus précisément les partenariats avec les fonds souverains, qu’impliquent-ils pour le développement de la Caisse des Dépôts et son rôle d’investisseur de long terme au service de l’intérêt général ?

Les Fonds souverains sont une ressource financière majeure que nous souhaitons voir investir en France au bénéfice de la croissance économique, comme je l’ai déjà souligné, la Caisse des Dépôts bénéficie à cet effet de relations solides et de confiance avec ces institutions publiques de long terme.

Pour illustrer leur importance, il faut rappeler que ces derniers disposent de plus de 6 000 milliards de dollars d’actifs au total (soit 2 fois le PIB français – 2 613 milliards de dollars en 2012) et que ceux-ci sont en forte croissance (en augmentation de 750 mds $ depuis 2012 selon l’étude Preqin 2014 sur les fonds souverains). Ces fonds sont à la recherche d’opportunités d’investissements et la France ne peut rester à l’écart de ces mouvements.

À cet effet, nous avons décidé de mettre en place une société d’investissement dédiée aux partenariats souverains et aux institutionnels de long terme. Avec CDC International, le groupe se dote d’un instrument à même d’attirer, d’orienter et d’investir durablement ces capitaux en France dans un contexte de déclin des flux d’IDE (Investissement Direct Etranger) et de concurrence accrue entre nations pour attirer ces ressources financières stables.

Nous avons dans un premier temps développé des véhicules bilatéraux d’investissements avec Qatar, Abu Dhabi et la Russie. Il s’agit d’une capacité d’investissement additionnelle et complémentaire au service de l’économie française et des relations commerciales avec ces grands émergents. Ces véhicules communs d’investissement seront principalement destinés à soutenir les priorités stratégiques de notre politique économique.Enfin, je veux rappeler que ces pays, alliés économiques de la France, représentent également des marchés d’avenir pour nos entreprises. C’est un élément de souveraineté économique car nous pouvons mieux maîtriser et orienter ces flux dans le cadre d’un dialogue entre partenaires.

 

Métro 9 – Séoul, Transdev.

À propos des relations entre la Caisse des Dépôts et la Russie, quels types de coopération développez-vous et souhaitez-vous développer en Russie ?

Nous avons une actualité importante avec la Russie. En effet, nous avons lancé le 1er novembre à Moscou, en présence de l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault et du Premier ministre Dmitri Medvedev, le Fonds d’investissement franco-russe, conclu entre CDC International et le RDIF (Fonds public Russe des Investissements Directs). Celui-ci aura à terme une capacité d’investissement d’un milliard d’euros pour accompagner le développement des entreprises françaises et encourager les exportations en Russie.

De nombreuses grandes entreprises françaises sont d’ores et déjà présentes dans ce pays, à l’instar d’Alstom, la Société Générale ou encore Renault et Danone. Cependant nous voulons également aider nos PME à pénétrer et croître dans un marché prometteur et qui peut bénéficier de nos savoir-faire et nos expertises dans les secteurs de la santé, l’agro-alimentaire, les transports, ou bien les technologies numériques.

Nous sommes par ailleurs actifs en Russie par l’intermédiaire de notre filiale, la Compagnie des Alpes, qui exploite pour 25 ans la nouvelle station de ski de Rosa Kuthor à proximité du site olympique de Sotchi pour les jeux de 2016.

Enfin, Bpifrance a établi avec son homologue russe FASIE, un mécanisme de financement de l’innovation pour permettre notamment aux jeunes pousses françaises de s’étendre en Russie.
Nous voulons continuer à développer nos relations d’affaires avec la Russie qui est un partenaire important pour notre groupe, aussi bien pour nos filiales opérationnelles que pour nos structures d’investissement.

 

 

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La recette de bons placements franco-russe

Entretien avec KIRILL DMITRIEV, Directeur Général du Fonds russe d’investissements directs (RDIF)

C’est la combinaison d’un certain nombre de facteurs qui permet aux entreprises françaises de créer de nouveaux emplois, stimuler la croissance économique et agir plus activement sur les nouveaux marchés.

L’an passé, en présence des Présidents des deux pays, un mémorandum de compréhension mutuelle a été signé entre la Russie et la France en vue de promouvoir leur coopération dans le domaine des placements directs. Le Fonds d’investissement franco-russe, dont la création vient d’être entamée par le Fonds russe d’investissements directs et la Caisse des Dépôts International, devra servir de nouvel outil à cette coopération.

De nombreuses compagnies françaises travaillent depuis longtemps et de manière fructueuse en Russie. Ici, on peut acheter une Renault de fabrication russe, arriver dans cette voiture vers un magasin du réseau Auchan, y consommer des aliments de la marque Danone d’origine locale et régler tout cela par la carte émise par une banque russe du groupe Société Générale. Ces compagnies et marques ne sont pas simplement présentes sur le marché russe, elles y occupent des positions avancées.

Il est évident que sur le plan stratégique, le marché russe intéresse un nombre beaucoup plus grand d’entreprises françaises. La Russie se classe en sixième position au monde pour le volume du PIB qui frôle 3 billions $. Les revenus de la population, accrus ces dernières années, et la classe moyenne qui a triplé en cinq ans, ouvrent d’excellentes perspectives d’expansion.
Pourtant, ces derniers temps, les risques et l’instabilité ont considérablement augmenté dans le monde. Cela affecte non seulement l’humeur des investisseurs, mais aussi les possibilités de financer les projets. Cette situation confère encore plus d’actualité au travail avec les partenaires qui connaissent bien le marché local, possèdent des ressources et peuvent partager les risques.

C’est justement le modèle de l’investissement direct réalisé conjointement avec des partenaires étrangers qui est devenu le principe fondamental du travail de la RDIF. Dès sa naissance en 2011, où le Gouvernement russe a annoncé la création d’un fonds doté de 10 milliards de dollars, la RDIF a investi ou a réservé pour investissements plus de 7 milliards de dollars dont plus de 1,3 milliard provenaient des capitaux propres du Fonds et plus de 6 milliards étaient fournis par les co-investisseurs. La RDIF a également passé plusieurs accords de partenariat à long terme pour une valeur totale supérieure à 15 milliards.

De tels accords ont été conclus avec la Caisse des Dépôts. La RDIF et la CDC International ont pour but de conjuguer leurs efforts en matière d’investissements communs à long terme. Cela nous permet de centrer l’attention sur les projets et les compagnies qui, par exemple, ont démontré leur pertinence en France et qui peuvent évoluer non seulement en Russie et en France, mais aussi sur les marchés d’autres pays. Le réseau global de fonds co-investisseurs, créé sur la base de partenariats stratégiques, permet de faire participer à une même transaction plusieurs investisseurs mondiaux à expertises variées et confère un effet synergique aux investissements des principaux fonds souverains et de leurs compagnies de portefeuille au profit de nos compagnies et partenaires également.

Nous estimons que les investissement dans le secteur des biens de consommation jouissent actuellement d’un fort potentiel en Russie les investissement dans le secteur des biens de consommation, dans le développement régional et la localisation des unités de production, dans l’élévation de l’efficacité et de la compétitivité des entreprises, notamment, grâce aux projets « out-source ». Notre quatrième stratégie : les investissements dans l’infrastructure.

Nous partageons cette approche avec nos collègues français. Pendant les discussions menées au récent forum économique international de Saint-Pétersbourg, Laurent Vigier, Directeur Général de la CDC International Capital, a constaté que la Russie peut faire le lien entre l’Europe et l’Asie et leur fournir de nouvelles sources de croissance. Il a également reconnu que seulement 20 % des exportations russes ont une composante hi-tech et que cet indice « peut, sans aucun doute, être amélioré ».

 

 

La RDIF coopère également en direct avec des investisseurs stratégiques. Citons, par exemple, le marché conclu avec le groupe Titan, un des fabricants mondiaux de composants pour le matériel agricole, qui se propose de moderniser les actifs acquis en Russie et aussi d’organiser des livraisons non seulement sur le marché intérieur, mais aussi à l’étranger.

La RDIF possède à son actif non seulement des ressources pour investissements, des procédures bien réglées, une riche expertise et le soutien de l’État. Pour réaliser des projets capables d’exercer une forte influence sur le développement du pays, nous travaillons au perfectionnement de la législation et de la base normative. Par exemple, des modifications ont été adoptées, avec un concours actif de la RDIF, dans le but de permettre aux compagnies de prendre, au titre du financement de projets d’investissement, des crédits pour la réalisation de projets d’infrastructure à long terme. Le travail se poursuit en vue de perfectionner les lois sur les concessions, d’optimiser la coopération dans le cadre du partenariat État-secteur privé.

La Russie est ouverte au partenariat et aux changements. À tous les niveaux. Par exemple, la rencontre annuelle des membres du Conseil international d’experts de la RDIF et des partenaires du Fonds avec le Président de Russie est devenue traditionnelle. Au mois de mai, elle a réuni des investisseurs qui géraient des actifs évalués à plus de 3,6 billions de dollars. De l’avis de ses participants, l’entretien a été sincère et bien étoffé.

À l’heure actuelle, la RDIF examine plus de 60 projets dont la réalisation exigerait plus de 12 milliards de dollars d’investissements. La gamme de secteurs est riche : télécommunications, transports et logistique de transport, industrie chimique, santé publique, infrastructure, commerce en détail, agriculture, logement et services collectifs, transformation de ressources à valeur ajoutée, etc. Certains de ces projets sont étudiés de façon concrète avec nos collègues français. Nous sommes convaincus que les premiers contrats avec leur participation ne se feront pas attendre. Et le travail du Fonds d’investissement franco-russe servira d’un appui sûr au développement des relations économiques entre nos pays.

La RDIF et nos partenaires sont vivement intéressés à investir en France. Pour preuve, l’augmentation des investissements directs étrangers depuis la Russie vers la France qui ont progressé de 75 % dans la période de 2007 à 2013. Bien prometteuses sont les possibilités de faire participer à la réalisation de projets communs des partenaires des pays du Golfe Persique et de la région Asie-Pacifique. La combinaison de nos ressources aux potentialités industrielles, technologiques, intellectuelles et créatives de compagnies françaises permettra à la France de créer de nouveaux emplois et de dynamiser la croissance économique, d’agir plus activement sur les nouveaux marchés.

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Chemins de fer de Russie

10 ans d'accélération efficace à l'échelle du pays et à l'international

L’année 2013 a marqué le Xe anniversaire de la Compagnie des Chemins de fer russes (RJD). Elle est aujourd’hui l’un des plus importants transporteurs au monde avec 85 000 kms de voies et elle est inégalée pour l’étendue de ses lignes électrifiées. Notre réseau ferré couvre 11 fuseaux horaires et déplace annuellement plus d’un milliard de passagers, soit presque toute la population de la Chine.

 

PAR VLADIMIR YAKOUNINE : Président de la Compagnie des Chemins de fer russes (RJD)

 
Notre holding emploie plus d’un million de citoyens russes, la Compagnie des Chemins de fer russes étant aujourd’hui le plus grand employeur au monde. Certaines villes ne sont peuplées que de cheminots qui se chargent du bon fonctionnement sans interruption de nos chemins de fer et ce, jusque dans les contrées les plus reculées de notre pays.

Il n’est pas toujours facile d’estimer la contribution de notre société à l’économie russe. A l’heure actuelle, 43 % du transport de marchandises (y compris les pipelines) et près de 30 % du transport de passagers en Russie, sont assurés par la RJD, ce qui représente 1,6 % du PIB.

La mission majeure de la RJD est d’assurer avec efficacité le potentiel transitaire. La croissance de la compétitivité de la holding à l’échelle globale est assurée par l’élargissement de notre rayonnement international, notamment dans l’augmentation des transports de marchandises entre l’Europe, la Russie, les Pays de la CEI et la région Asie-Pacifique.

Par exemple en 2013, notre société a poursuivi ses développements en coopération avec ses partenaires étrangers, afin d’intensifier le trafic Asie-Europe, en effet la RJD étudie, conjointement avec les administrations ferroviaires et les départements de transport d’Autriche, de Slovaquie et d’Ukraine, la possibilité de prolongement d’une voie à écartement de 1 520 mm entre Cošice (République slovaque) et les villes de Bratislava et de Vienne, évitant ainsi le transbordement de marchandises, ainsi que la mise en place d’une plate-forme logistique internationale à Cošice. Ce projet permettrait de réduire de 14 jours le délai de transport de marchandises entre l’Europe et l’Asie, diminuant de moitié le temps de transport ferroviaire par rapport au transport maritime actuel.

Le Transsibérien, chemin de fer le plus long au monde construit au début du XXe siècle, sera la base de ce nouveau couloir de transport eurasien, qui sera encore plus intéressant grâce à la rénovation de la ligne Khasan-Radjin (RDPC) et de la construction d’un nouveau terminal au port de Radjin.

En 2014, la RJD procèdera à la modernisation du Transsibérien et du trajet Baïkal-Amour, afin entre autre d’augmenter la vitesse de transport et de proposer le trajet allant de l’Est du pays jusqu’au frontières occidentales en sept jours.

En complément de ses activités d’accroissement et d’amélioration des transports, la holding RJD développe de nombreuses activités, notamment dans la mise en place de coopérations avec les plus importantes sociétés de logistique internationales.

En décembre 2012, RJD a acquis 75 % des actions de la GEFCO S.A, un des opérateurs les plus importants d’Europe, permettant la création d’une base logistique en Russie. Cette entrée a permis à GEFCO d’accéder au marché russe avec un chiffre d’affaires consolidé en 2013 de 4 milliards d’euros, soit une augmentation de 10,7 % par rapport à l’année 2012. Le taux d’accroissement des ventes de GEFCO-Russie dépassera 30 %.

C’est l’un des exemples d’investissements russes en France les plus significatifs jamais réalisés.

L’année 2013 nous a apporté une grande satisfaction, en effet nous avons reçu le prix international de construction de tunnels International Tunnelling Awards pour la réalisation de l’artère route-chemin de fer Adler – Alpica Service, un des projets d’infrastructures clés dans le cadre des Jeux Olympiques d’Hiver à Sotchi à taux d’investissement spécifiquement élevés. Depuis février 2014, les sportifs et les touristes du monde entier empruntent et évaluent le résultat de nos efforts en vue de construire des routes et des gares ultramodernes.

En 2013, la Compagnie a poursuivi les préparatifs à la création d’un réseau national de voies à très grande vitesse et à grande vitesse. En Russie, la construction du réseau TGV débutera par le trajet Moscou – Kazan (long de 770 km) où les trains pourront atteindre 400 km/h. Il est prévu de faire participer à ce projet, par appel à la concurrence, des compagnies leaders du TGV. La RJD est intéressée tout particulièrement par l’expérience française dans le domaine du TGV. L’histoire de la construction et de l’exploitation de ces lignes par la SNCF a largement contribué à nous faire comprendre la nécessité de créer un tel réseau en Russie également.

En 10 ans et malgré une instabilité des marchés et une crise énergétique forte de conséquence, la société des Chemins de Fer Russes a investi 4,3 trillions de roubles (95 milliards d’euros) dans le renouvellement de ses fonds propres, dans la modernisation de ses voies et la réalisation de grands projets de développement. La société des Chemins de Fer Russes assure une forte stabilité des transports par rail et garantit de façon durable une efficacité et une qualité toujours croissante.

 

 
 

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Innovations

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Skolkovo en tant que tremplin national de l’accélération innovatrice de la Russie

Entretien avec VICTOR VEKSELBERG, Président de la fondation « Skolkovo »

La fondation Skolkovo est en train de créer près de Moscou un centre d’innovation. Ce projet, surnommé la Silicon Valley Russe, est conçu autour de cinq pôles : énergie, télécommunications, nucléaire, biomédical et technologies spatiales.

 

Au sommet du B20 vous présidez le groupe de travail en charge de l’innovation. Que faut-il faire pour encourager le monde de l’innovation dans le monde ?

L’attention de notre groupe spécialisé est portée aux questions de la formation d’instruments globaux qui servent à favoriser l’innovation et à dynamiser la croissance économique. Notre travail est organisé autour des trois priorités : efficacité énergétique, biotechnologies, technologies informatiques et communicatives. Pour chacune de ces priorités nous concevons des instruments pertinents, aptes à stimuler les découvertes inédites.

Pour favoriser l’innovation à l’échelle mondiale, il faut avant tout baisser les barrières dans la voie de l’acquisition et de la protection des droits de propriété intellectuelle et faciliter pour tous les agents du marché l’accès aux pratiques avancées et technologies bien agencées.

 

Vous êtes président de la Fondation Skolkovo. Comment la décision de créer un centre d’innovations a été prise ? Ne vaudrait-il pas mieux l’installer dans une des cités scientifiques existantes ? Que dire des projets de construction en 2014 et pour les deux années à venir ?

 

La décision de créer le nouveau centre d’innovations « Skolkovo » à partir de zéro, à l’instar de la technopole française « Sophia Antipolis », a été prise pour plusieurs raisons. Avant tout, parce que nous ne devons pas tout simplement bâtir des maisons sur un terrain de 400 hectares situé au-delà de la Route automobile circulaire de Moscou, mais organiser un milieu créatif où habiteraient et coopèreraient entre eux savants, investisseurs, hommes d’affaires, jeunes inventeurs et étudiants. À « Skolkovo », ils pourront s’adonner en toute liberté à la création, échanger l’expérience et procéder en commun à des recherches inédites, faire des découvertes absolument inattendues. « Skolkovo » est un projet pilote dans le cadre duquel sera mis au point le modèle de création de zones d’innovations analogues en Russie.

Les cités scientifiques existantes avaient, à l’origine, une vocation surtout militaire et n’étaient jamais orientées vers la commercialisation de leurs projets. De plus, des cités des sciences telles qu’Obninsk, Doubna, Korolev ne pourraient pas fournir laboratoires et bureaux à tous ceux qui en auraient besoin. À ce jour, quelques 500 compagnies résidentes du nouveau centre d’innovations ont dit leur intention de déménager à « Skolkovo », 30 compagnies importantes y prendront en location des locaux et bâtiront leurs propres centres de recherche. Il y aura donc du travail pour les savants et les promus de l’Institut technologique de Skolkovo (Skoltech).

Dès aujourd’hui, l’écosystème de la cité d’innovations fonctionne, évolue et, naturellement, se construit. L’Hypercube, le premier bâtiment de « Skolkovo », a abrité sous un même toit les innovateurs, nos partenaires clés et les laboratoires de Skoltech. Il est devenu un site de rendez-vous et de dizaines de manifestations d’envergure. Par exemple, les 2 et 3 juin prochains, la deuxième startup-conférence internationale, « Startup Village », y sera tenue. Elle réunira plus de 10 000 participants : savants, entrepreneurs et investisseurs. Avant nous, personne n’a fait rien de pareil. Nous espérons y voir aussi des invités français.

Les années 2014-2015 verront s’achever l’étape de formation du noyau d’infrastructure. On construira le Technoparc, le bâtiment principal du Skoltech, les appartements pour les startups, des ouvrages à vocation sociale (polyclinique, cité des familles). Pour nos partenaires clés seront également construits : le centre d’affaires « Matrix » qu’on appelle entre nous « Matriochka », des éléments de l’infrastructure technique et de transport extérieure et intérieure. Vers 2020, la surface bâtie atteindra 2,6 millions de mètres carrés environ.

 

« Skolkovo », cette « Silicon Valley russe », est organisé autour de 5 pôles : énergie, technologies spatiales, télécommunications, nucléaire et biomédical. Quels autres clusters du XXIe siècle y faudrait-il développer, selon vous ?

 

La Russie a acquis un énorme potentiel intellectuel et matériel dans le développement de ses branches traditionnelles : spatiale, énergétique et nucléaire. Ces trois clusters constituent les priorités du centre d’innovations « Skolkovo ». Les technologies informatiques et biologiques sont des orientations clés nouvelles qu’il est très important d’exploiter aujourd’hui en Russie.

La stratégie de la Fondation Skolkovo ne prévoit pas d’accroissement du nombre de clusters, mais nous estimons que les meilleurs projets conduisant à des percées se situent à la croisée de sciences et que ce sont précisément les technologies inter-clusters qui trouveront des réponses aux grands défis du nouveau millénaire.
 

Vu le succès du projet « Skolkovo » à Moscou, ne pensez-vous pas qu’il faille le dupliquer à l’échelon national pour stopper ou ralentir, peut-être, la fuite de cerveaux à l’étranger ?

 

« Skolkovo » est le premier projet anti-émigration en Russie dans le cadre duquel plus de 13 000 nouveaux emplois ont déjà été créés pour les spécialistes hautement qualifiés. Nous voulons bâtir une cité des sciences et des connaissances où voudraient retourner nos savants émigrés, pour qu’ils puissent mieux organiser la production dans leur propre pays et aider l’économie nationale à emprunter la voie des innovations.

Je suis fermement convaincu que les dimensions de notre pays exigeront plus d’un « Skolkovo » et qu’il faut obligatoirement dupliquer ce projet dans les régions. « Skolkovo » doit devenir un point de concentration et de dissémination de connaissances, de technologies, de professionnels.

Le modèle de gestion opérationnelle des processus d’innovation à « Skolkovo » est dimensionné et reproduit déjà auprès de certaines écoles supérieures et cités scientifiques. Par exemple, le centre « Skolkovo » coopère étroitement avec Troïtsk, Doubna et Zelenograd.

 

Quels volets du projet « Skolkovo » sont, d’après vous, les plus attractifs pour les investisseurs étrangers, notamment français ?

 

L’économie russe attire des investisseurs à différents profils de risque et qui ont une focalisation industrielle variée. La coopération avec les partenaires locaux offre de larges possibilités pour les investissements de portefeuille et stratégiques dans les hautes technologies, l’enseignement, la santé publique, l’infrastructure et le développement des régions. Par exemple, la Fondation Skolkovo coopère intensément avec la société de capital-risque française « Sofinnova » dont le partenaire gérant Antoine Papiernik est membre du Conseil d’administration de la Fondation.

 

Il existe déjà un grand nombre de sociétés françaises à « Skolkovo ». Ne pouviez-vous pas en rappeler quelques unes ? Un grand industriel français fait d’ailleurs partie du Conseil d’administration de la Fondation. Quels autres représentants du high-tech français pourraient être domiciliés à « Skolkovo »?

 

Les compagnies françaises participent activement à la réalisation du projet « Skolkovo ». Parmi les partenaires clés de la Fondation on voit « Schneider Electric », EADS et « Alstom. Aucun autre pays n’y est représenté aussi largement.

Le travail de « Schneider Electric » à « Skolkovo » est axé sur la création de réseaux intelligents (smart grids). La compagnie adapte aux besoins locaux ses solutions innovantes dans le secteur énergétique. Elle crée déjà de tels réseaux, conjointement avec la société « Réseaux russes », pour approvisionner « Skolkovo » en électricité.

« Alstom » participe au projet en partenariat avec la compagnie « Transmashholding » qui construira à « Skolkovo » un centre R & D important qui occupera 25 000 mètres carrés. « Alstom » en prendra en location une partie pour son centre de recherche où 160 savants et ingénieurs s’occuperont de la conception de technologies nouvelles pour les che- mins de fer et le transport urbain, ainsi que pour la production d’électricité. Sur le plan pratique, un poste électrique souterrain, « Soyouz », est déjà lancé. Il exploite des solutions avancées de « Schneider Electric » et d’ « Alstom » pour alimenter en électricité les bâtiments et d’autres ouvrages du centre d’innovations « Skolkovo ».

La coopération avec le groupe aérospatial européen EADS a suivi un autre chemin en mettant l’accent sur la création, dans le cadre du projet « Skolkovo », de startups franco-russes qui préparent des percées technologiques. Par exemple, l’une de ces startups,

la compagnie « Datadvance», a créé un logiciel exploité déjà par EADS dans la construction d’aéronefs. Ce logiciel permet de réduire de 10 % la durée des travaux d’étude et d’abaisser notablement les coûts. « Datadvance » exécute aussi des travaux d’étude pour les compagnies de construction automobile russes « AvtoVAZ » et « KAMAZ».

C’est vrai, Martin Bouygues, copropriétaire du groupe industriel français éponyme, fait partie du Conseil d’administration de la Fondation Skolkovo depuis 2010 et prend une part active à la réalisation du projet.

En France, les branches traditionnellement fortes sont l’aéronautique, les biotechnologies, la médecine, les nanotechnologies. Nous invitons à participer au projet « Skolkovo » les startups et les grandes compagnies françaises, ainsi que les entreprises de taille moyenne.

 

Envisagez-vous la mise en place d’une feuille de route pour les partenariats entre clusters russes et pôles de compétitivité français ? Quels sont ceux qui existent déjà ?

 

La Fondation Skolkovo étend sa coopération avec la France dans différents domaines. À noter que le projet de construction de la cité a été élaboré à l’atelier d’architecture français « AREP » et que les architectes de « Valode & Pistre » sont auteurs du projet du bâtiment du Technoparc. Comme je l’ai dit plus haut, au cours des trois années d’existence de « Skolkovo », plusieurs accords significatifs ont été signés avec des partenaires français « Alstom », « Schneider Electric » et EADS. L’accord tripartite entre la Banque pour le développement et les relations économiques extérieures (VEB), « Skolkovo » et « Bpifrance Financement », signé le 31 octobre 2013 à Moscou dans le cadre du forum « Innovations ouvertes », est appelé, lui aussi, à simplifier la participation de startups françaises au projet.

Quant à la coopération avec les pôles de compétitivité, elle est particulièrement intense avec la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Par exemple, l’année 2012 a été marquée par la signature d’un accord avec la fondation « Sophia-Antipolis » et la visite d’une délégation de « Skolkovo » effectuée pour prendre connaissance des clusters d’innovation de la région. Déjà en avril 2013, un accord a été signé avec le cluster aérospatial « Pegase ».

Nous comptons beaucoup sur nos partenaires français qui pourraient nous aider à remplir d’un contenu concret les accords existants, ainsi qu’à étendre les relations entre les clusters de « Skolkovo » et les pôles de compétitivité en France (par exemple, avec le cluster des technologies médicales « Euro-biomed », le cluster de l’efficacité énergétique « Capenergies »).

 
 

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Constructions mécaniques

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SOYUZMASH réunit ceux qui créent l’avenir

Entretien avec VLADIMIR GOUTENEV, Premier Vice-président du Comité de l’Industrie de la DOUMA d’État, Premier Vice-président de l’Union des Industries Mécaniques de Russie

Vladimir Goutenev préconise de ne pas admettre que des facteurs politiques continuent d’affecter négativement le business franco-russe. Explications…

 

Veuillez bien nous parler des objectifs essentiels de  SOYUZMASH en tant qu’organisation sociale et participant actif au processus de renouvellement du parc machine des entreprises industrielles.

Nous sommes convaincus que le secteur secondaire est la ressource principale du développement socio- économique de la Russie, de la création de nouveaux emplois high tech dignement rémunérés.

Donc, l’axe stratégique des activités de notre organisation passe par le lobbying, pratiqué dans le respect de la loi, des intérêts de l’industrie nationale, avant tout, des constructions mécaniques, son noyau technologique.

Aujourd’hui, nous avons une tâche ardue : devenir compétitifs dans l’arène mondiale toute en modernisant la production traditionnelle. La substitution à un rythme prioritaire des importations acquiert elle aussi une importance particulière.

Jouissant du prestige de l’Union, de ses potentialités de légifération et d’expertise, nous affrontons avec énergie et obstination les problèmes systémiques du développement industriel dans les domaines législatif, technologique, humain, international et autres.

Par exemple, il s’est formé tout un domaine de travail législatif où l’Union sert d’un fort appui à la promotion des initiatives de l’État. Cela concerne les projets de loi stratégiques relatifs à la politique industrielle, à la planification stratégique par l’État, aux principes du partenariat publique/privé, etc.

D’autre part, dans certains domaines, nous jouons le rôle de générateur d’idées pilote, d’initiateur dans la formation du milieu d’avenir. Il suffit de rappeler qu’en 2013 nous avons soumis à la Douma d’État 56 projets de loi liés, pour la plupart, aux problèmes du développement industriel.

Par exemple, nous avons défendu dans une large mesure les volumes prévus de financement budgétaire et même les faire augmenter dans la recherche, les constructions navales, l’automobile, la construction de moyens de transport, la production de composites, l’industrie des métaux rares et des terres rares.

Grâce aux modifications apportées au Code budgétaire de la Fédération de Russie, nous avons restitué les bases légales du soutien par l’État des fabricants de voitures de tourisme et de motocyclettes en soustrayant leur production au droit d’accise.

L’Union lance des initiatives dans la solution de problèmes aussi brûlants que la substitution d’importations, la reprise du programme des crédits préférentiels pour l’achat de voitures, la protection des fabricants nationaux de matériel agricole contre les importateurs malhonnêtes, et dans d’autres domaines.

Notre organisation contribue de façon substantielle à la solution du problème des cadres et à la formation de la jeune génération innovante.

Par exemple, selon les résultats des appels d’offres publics du Ministère du Travail, l’Union a élaboré plus de 30 normes professionnelles. Cela signifie que la certification des spécialistes sera réalisée conformément aux exigences émises par la production.

Un travail est mené dans un esprit de suite en vue d’intégrer la formation professionnelle à la production en élargissant le programme des stages pour étudiants des écoles supérieures techniques auprès des usines de constructions mécaniques.

L’Union crée des conditions de base préalables à la formation d’une génération innovante de jeunes spécialistes en organisant des conférences annuelles science-pratique « L’avenir des constructions mécaniques » auprès de l’Université technique d’État Bauman de Moscou, le forum international traditionnel de la jeunesse « Les ingénieurs de l’avenir » et le concours « Commande pour les innovations ».

L’an passé, nous avons organisé pour la première fois un mouvement pour les Olympiades scolaires de sciences techniques et naturelles en vue d’y augmenter la part des composants liés au développement industriel. Plus de 100 000 participants, près de 20 écoles supérieures et plus de 10 entreprises industrielles y ont pris part.

L’Union étend énergiquement la coopération internationale, accordant une attention primordiale au partenariat avec les États avancés sur le plan technologique. Parmi eux, la Suisse, l’Allemagne, la France, l’Italie, la République Tchèque, ainsi que la Chine, le Brésil et la Corée du Sud, pays dynamiques.

 

 

L’Union des constructeurs de machines de Russie coopère avec la Fédération des Industries Mécaniques de France. En quoi cette coopération est utile à l’Union, quelles préférences elle en attend pour ses entreprises ?

 

Effectivement, en novembre 2013, un Accord de coopération a été passé entre l’Union des Industries Mécaniques de Russie et la Fédération des Industries Mécaniques de France. La FIM est une organisation sectorielle très importantes qui regroupe plus de 30 associations. Les grands axes de ses activités sont les innovations et le développement international.

L’utilité réciproque de la coopération entre ces deux grandes organisations profilées de constructeurs de machines est évidente. La Russie met en oeuvre des plans grandioses de réarmement technologique et technique de ses entreprises industrielles, raison pour laquelle la participation de compagnies françaises à la conquête du marché russe des équipements high tech sera extrêmement utile aux deux parties.

Dans le contexte d’une vive concurrence, la France reçoit la possibilité de s’incruster plus activement dans notre marché, non seulement comme fournisseur, mais aussi comme partenaire dont des unités de production se trouvent sur le territoire de notre pays.

Quant aux entreprises membres de l’Union, elles reçoivent la possibilité d’emprunter à leurs collègues français tels ou tels procédés d’organisation du business. Les premiers contacts avec la FIM ont déjà généré des idées intéressantes qui concernent, notamment, le soutien aux petites et moyennes entreprises, aux centres d’exploitation collective du matériel, la création de bibliothèques intelligentes, etc.

L’industrie électronique russe a reçu, elle aussi, pas mal de préférences de cette coopération. Notamment, devant la compagnie « Roselektronika », membre de l’Union, groupement des plus importants de fabricants russes de composants électroniques, qui s’ouvrent de nouvelles possibilités de marketing pour faire participer de nombreuses PME de France à la réalisation de contrats pour la livraison d’équipements divers.

 

Que pensez-vous des relations commerciales et économiques franco-russes dans leur ensemble ? Veuillez bien nous citer des exemples de coopération entre les entreprises françaises et russes dans le domaine des constructions mécaniques.

 

La France est parmi les partenaires commerciaux et économiques prioritaires de la Russie. Notre pays est pour elle le troisième débouché d’exportation après les Etats-Unis et la Chine. La France vient en troisième position pour les investissements directs dans notre économie. La Russie compte quelques 470 entreprises créées avec participation du capital français dans les secteurs les plus différents : transports, énergie, agro-industriel, pharmaceutique, industrie alimentaire, etc.

Et aussi, naturellement, dans les constructions mécaniques. Il suffit de rappeler que c’est avec la France que « Rosteh », un des groupes russes les plus importants, maintient les relations de partenariat les plus larges dans l’arène internationale.

Aux termes de contrats signés, on procèdera en Russie à la fabrication de caméras thermiques conjointement avec la compagnie « Thales », ainsi qu’à la conception, à la fabrication et à la maintenance de systèmes de navigation laser en coopération avec le groupe français « Safran ».

Le partenariat entre « Rosteh » et le groupe « Renault-Nissan » dans la réalisation d’un programme production-investissement à l’usine automobile russe « AvtoVAZ » a marqué un pas important dans cette direction.

On peut également citer des exemples de coopération dans la fabrication de machines pour l’industrie atomique. Il s’agit du projet de la joint-venture « Alstom – Atomenergomash » de fabrication de turbines lentes pour centrales nucléaires. Dans la construction de moyens de transport, ce sont la participation d’« Alstom » au capital de « Transmashholding » et la coproduction du matériel roulant pour chemins de fer qui sont concernées.

Dans l’industrie électronique, bien prometteuse est la coopération avec la compagnie française « Alcatel- Lucent » à la réalisation du projet « Pulsar ». Il s’agit de créer, dans le cadre de l’entreprise moscovite « Pulsar », un centre recherches-développement qui sera entièrement intégré au réseau global de la compagnie française des centres spécialisés dans le domaine des technologies sans fil situés en Chine, en Inde, en Espagne, en France, en Allemagne, en Roumanie, aux États-Unis et au Canada.

Dans l’ensemble, le partenariat franco-russe privilégié a un potentiel appréciable dans un spectre très large de domaines dont l’Espace et les armements sont les plus « délicats ».

 

 

Quels sont les grands axes et les secteurs principaux du partenariat entre les entre- prises de SOYUZMASH et la FIM ?

 

La clause principale de l’Accord de coopération entre nos organisations prévoit la coordination des efforts réciproques dans le but d’un développement innovant des constructions mécaniques et des industries connexes. C’est la ligne générale de notre partenariat.

Des entreprises pilotes de presque toutes les branches de constructions mécaniques de Russie adhèrent à notre Union. Parmi les principaux domaines d’activité de la Fédération des Industries Mécaniques on peut citer la fabrication d’équipements, de machines-outils, d’instruments d’optique, d’instruments de mesure et d’outillage. C’est ce qui détermine le format, les orientations et les secteurs de développement du partenariat entre SOYOUZMASH et la FIM.

L’effort principal sera, naturellement, axé sur la réalisation de projets high tech communs dans les secteurs stratégiques : l’Espace, l’aéronautique, l’automobile, les moyens de transport, le matériel énergétique, le machinisme agricole…

Mais je pense que nous ne manquerons pas non plus de prêter attention au développement, par exemple, d’une branche relativement jeune dans notre pays qu’est la prestation de services de formation. Car la France est un leader pour le nombre des accords de double diplôme passés avec des universités russes. À ce jour, il y en a plus de 100 dont 30 dans le domaine des sciences exactes, ce qui nous intéresse particulièrement. A noter que de nombreuses écoles supérieures techniques russes, dont la célèbre Université Bauman, sont membres de notre Union. Il existe donc une base pour étendre une telle coopération.

 

Quels obstacles empêchent l’établissement de nouvelles relations de partenariat ? Les barrières administratives, les modes de règlement, l’harmonisation des normes ?

 

Malheureusement, de tels obstacles à la réalisation des projets communs demeurent. Ce sont les barrières administratives trop élevées, la lenteur des procédures juridiques, le problème de l’harmonisation des normes, l’incertitude de la stabilité des prix des ressources énergétiques, du bail de la terre, des services collectifs…

À mesure que la législation russe se perfectionne et grâce à l’adhésion de la Russie à l’OMC, ces obstacles deviennent moins nombreux. De plus, comme le montre l’expérience d’un nombre impressionnant d’entreprises franco-russes, ils sont bien franchissables, surtout avec le soutien de la part d’organisations aussi puissantes que l’Union des constructeurs de machines de Russie et la Fédération des Industries Mécaniques de France.

L’essentiel que nous ne devons pas admettre, c’est l’impact pernicieux des facteurs politiques sur nos ambitions communes.

 

22/1, bât. 1 rue Pokrovka, 101990 Moscou
+7 (495) 781-1104
office@soyuzmash.ru
www.soyuzmash.ru

 
 

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Culture

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Le lien entre les hommes passe par la culture

Par MIKHAÏL CHVYDKOY, Représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour la coopération culturelle internationale

Du théâtre aux fonctions officielles

Historien du théâtre et critique dramatique de profession, lorsque je fréquentais assidûment l’Institut d’art dramatique, je n’imaginais pas que je pourrais un jour me destiner à la carrière de fonctionnaire. Dès 1967, je commençais à travailler à la radio, écrivant différents scénarii et animant des programmes de toutes sortes. Et cela jusqu’en 1997, date à laquelle Boris Eltsine, Président de la Russie, m’a nommé premier directeur de la chaîne de télévision russe « Culture ». Ma collaboration à la TV date cependant de 1968. Cette année-là, le drame télévisé « Tournoi de Chevalerie », consacré à Corneille et à Racine, a été projeté sur le petit écran. J’étais l’un des auteurs de cette pièce. Par la suite j’ai enchaîné les prestations avec notamment, des téléfilms sur Peter Brook, Peter Stein, Youri Luoubimov, etc. De 1973 à 1990, tout en faisant partie de la rédaction du magazine « Théâtre », je rédigeais de nombreux articles pour plusieurs journaux et revues. Je jouissais d’une certaine notoriété publique, ce qui me permettait, lorsqu’on me proposait un poste bureaucratique, de poser aux employeurs une seule condition : la possibilité de me livrer à des activités créatrices et pédagogiques. La législation russe le permet, et cette demande était toujours satisfaite. Je ne profitais pas de mes fonctions administratives pour devenir une personne publique, mais c’est parce que j’en étais déjà une, qu’on m’invitait à travailler dans des organes du pouvoir.

Une coopération culturelle internationale

Par un étrange concours de circonstances, le département de la Culture du ministère des Affaires étrangères russe a été supprimé après la réforme administrative de 2004. Il supervisait la coopération internationale dans les domaines de la culture, de l’enseignement, des mass media, du sport, etc. Vers 2008, après la suppression de l’Agence fédérale pour la culture et le cinéma que je dirigeais, il est devenu clair que la Russie devait redoubler d’efforts pour présenter au monde une image positive. C’est alors qu’a été créé le poste de Représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour la coopération culturelle internationale. Celui qui l’occupe doit coordonner les efforts de divers départements, depuis ceux du ministère de la Culture, jusqu’à ceux du ministère de l’Education et de la Science, dans la matérialisation de grands projets internationaux tels que les Années croisées qui ne concernent pas seulement la culture. Ainsi, l’Année croisée France-Russie a connu un vif succès en 2010 et a été suivie des Années croisées Allemagne-Russie, Pays-Bas-Russie, etc. Nous organisons aussi des Années thématiques et des Saisons culturelles dans les domaines du théâtre, de la langue, des belles-lettres, des arts visuels. En février 2014 a débuté l’Année croisée Grande-Bretagne-Russie.

Tout cela n’est qu’un élément de ma fonction. La coopération humanitaire dans l’espace post-soviétique y tient également une place particulière. Je ne surestime nullement mon rôle dans ces processus. Mon seul mérite est d’avoir gardé, dans mes agendas personnels, les numéros de téléphone de mes amis de différents pays du monde, dont certains sont inscrits depuis 40 ans. Ce qui me sert de base de travail.

 

Une programmation équilibrée entre l’ancien et le nouveau

Le plus précieux dans les relations entre les pays et les peuples, réside dans la confiance et la voie la plus courte entre les hommes passe par l’art et la culture. C’est précisément à cela que l’on doit l’importante réussite des Années croisées et thématiques et des grandes manifestations culturelles internationales telles que le Festival théâtral Tchekhov en Russie ou le Festival international du Film à Cannes. Les Foires et les Salons du Livre revêtent également un sens particulier, car les Européens se focalisent à bien des égards sur la littérature. D’ailleurs, tout pays a ses symboles culturels. Je suis convaincu qu’un rôle majeur dans notre coopération avec la France revient aux contacts solides noués entre le théâtre Bolchoï et le Grand Opéra, entre les musées de l’Ermitage et ceux du Louvre. Mais, outre les symboles historico-culturels, il existe aussi un art contemporain, avec une foison de jeunes peintres, écrivains, compositeurs et cinéastes, tous de talent et nous devons nous surprendre les uns les autres en les mettant en avant. C’est pourquoi, en composant les programmes des Années croisées, nous respectons des proportions raisonnables afin de programmer à la fois des célébrités et des jeunes en devenir, ce qui nous permet de nous stimuler réciproquement à la fois par le connu et la nouveauté.

En ce sens, l’Année de la culture russe à Monaco prévue pour 2015 ne fera pas exception. Les Monégasques ainsi que les autres habitants de la Principauté sont experts en matière d’art exécutif et visuel, ce dont nous allons tenir compte. Ils apprécient le ballet et la peinture et d’éminents hommes de lettres, compositeurs et cinéastes ont travaillé là-bas. Beaucoup de Russes vivaient à Monaco et sur la Côte d’Azur depuis deux siècles, et on y observe une certaine tradition dans la perception de l’art russe. Ce qui explique les succès de la Semaine de l’art russe à Cannes et des festivals ayant eu lieu dans d’autres villes du littoral.

Affirmer les valeurs des Lumières

Mes activités professionnelles étaient liées avant tout au théâtre britannique. Je m’intéressais d’abord au drame bourgeois anglais du premier tiers du XVIIIe siècle, puis à l’oeuvre de Thomas Eliot et à celle de Georges Bernard Shaw ; écrivais sur la dramaturgie anglaise des « fâchés », sur Harold Pinter, John Osborn, Tom Stoppard, etc. Pour cette raison, c’est le siècle des Lumières qui m’attirait le plus. « Le Paradoxe sur le comédien » de Diderot est un chef-d’œuvre, et celui qui ne l’a pas lu, ne comprendra jamais l’art de la comédie. Par les caprices du sort, je me suis rapproché de Jean-Louis Barrault et de Madeleine Renaud, de Peter Brook et de sa famille, ainsi que de Houellebecq. La France reste pour moi celle de la grande révolution française et de ses immortels principes humanistes et celle du grand roman français qui s’étale de François Rabelais à Marcel Proust. Ce n’est pas peu !

Il me semble qu’aujourd’hui, la Russie comme la France, tout comme le monde, ont besoin d’affirmer les grandes traditions de l’humanisme. On parle trop souvent du déclin de l’Europe, de la mort des valeurs européennes. Je suis convaincu que ce n’est pas tout-à-fait exact, bien que la tolérance et la démocratie y prennent parfois des formes bizarres. Je voudrais que nous jetions un regard plus attentif sur notre passé commun et que nous essayions d’y puiser le plus précieux, ce qui, au fil de l’histoire, nous rapprochait et n’est, à ce jour, point dénué de sens.

 

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