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M. Maroš ŠEFCOVIC

Vice-président de la Commission européenne, en charge de l'énergie

« Le défi de la transition énergétique réussi avec les collectivités »

L’Union européenne vient de lancer un nouveau paquet de mesures pour appuyer et mobiliser les acteurs de la transition énergétique. Une révolution industrielle portée notamment par les territoires et leurs élus.

Quelles est la situation de l’Europe en matière énergétique ?

L’Union européenne a une longueur d’avance. Notre méthode pour découpler croissance économique et émission de gaz à effet de serre a porté ses fruits. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis 1990, l’économie européenne a connu une croissance cumulée de près de 50 %, alors que nos émissions de gaz à effet de serre ont baissé de plus de 22 %. Il faut poursuivre l’effort. De nombreux pays nous demandent de partager notre expérience. Dans le même temps, nos industriels, les investisseurs exigent des signaux clairs. Dès lors, nous devons bâtir un cadre législatif qui donne une stabilité et permet d’accélérer la transition énergétique à tous les niveaux.

Que contient le nouveau paquet de mesures récemment adopté intitulé : « Une énergie propre pour tous les Européens – libérer le potentiel de croissance de l’Europe » ?

Ce paquet comprend une réorganisation du marché de l’électricité, mais aussi la promotion de l’efficacité énergétique, la protection des consommateurs, la rénovation des bâtiments, la recherche et l’innovation dans les énergies propres et la compétitivité de notre industrie. Il s’inscrit aussi dans une logique de création d’emplois durables et d’investissement. En mobilisant jusqu’à 117 milliards d’euros de fonds publics et privés par an jusqu’en 2021, il devrait permettre une hausse de 1 % du PIB au cours de la prochaine décennie et créer 900 000 emplois.

Comment la Commission européenne prend-elle en compte les collectivités territoriales dans sa stratégie de transition énergétique ?

J’ai coutume de dire que l’Union européenne de l’énergie ne doit pas se faire à Bruxelles, mais de
façon décentralisée dans nos États membres, nos territoires, nos villes. Grâce à tous les acteurs de terrain : citoyens, entreprises, jeunes pousses, chercheurs… Cette transition, qui n’est pas qu’énergétique, est sans doute l’un des plus grands défis de notre siècle.

Les territoires sont au cœur de cette transformation et de cette révolution industrielle. Plus proches des consommateurs, les élus locaux mettent en place des politiques publiques adaptées aux besoins de leurs administrés. Dans un contexte de décentralisation croissant et de démocratisation de la production d’énergie, leur rôle est primordial.

Les élus locaux répondent-ils présents à l’appel de l’Europe ?

En 2015, nous avons lancé la nouvelle convention européenne des maires pour le climat et l’énergie. Plus de 6 500 signataires se sont ainsi engagés dans la mise en œuvre des objectifs européens sur leur territoire. Plus de 200 millions d’habitants urbains de l’Union européenne sont concernés. Et l’initiative s’internationalise, avec la convention globale des maires pilotée par Michael Bloomberg, qui réunit 7 000 signataires, 119 pays sur 6 continents représentant plus de 600 millions d’habitants.

Notre travail au niveau européen consiste à être un appui et à mobiliser les acteurs. Avec l’aide de la présidence française, nous avons pu signer et ratifier en un temps record l’Accord global de Paris sur le climat. Ma conviction est que la communauté internationale restera imperturbable dans sa lutte contre le réchauffement climatique. Donc l’Europe et les villes, même combat ! Combat contre le réchauffement climatique. Combat pour le bien-être de leurs concitoyens. Mais aussi combat pour l’investissement, la croissance et l’emploi.

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