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Grand Paris

Afin de concrétiser les engagements de la communication en Conseil des ministres du 9 juillet 2014, le Premier ministre Manuel Valls a réuni le 13 octobre un comité interministériel pour donner une vision globale au Grand Paris autour d’actions concrètes regroupées en quatre grandes priorités.

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Grand Paris

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Soutenir les projets portés par les collectivités

Entretien avec Sylvia PINEL, Ministre du Logement, de l'Egalité des territoires et de la Ruralité.

Sylvia Pinel, Ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité

« Afin de concrétiser les engagements de la communication en Conseil des ministres du 9 juillet 2014, le Premier ministre Manuel Valls a réuni le 13 octobre un comité interministériel pour donner une vision globale au Grand Paris autour d’actions concrètes regroupées en quatre grandes priorités : les transports, le logement, le développement économique et la gouvernance. Cette nouvelle étape en annonce d’autres : Manuel Valls a précisé qu’un nouveau comité interministériel sur le Grand Paris sera réuni avant l’été 2015, afin de traiter des enjeux sociaux, culturels, sportifs et de transition énergétique. » (source : www.gouvernement.fr)

Pouvez-vous nous faire part de votre vision du Grand Paris en termes d’égalité et de solidarités des territoires franciliens ?

La volonté du Premier ministre, à travers ce comité interministériel, était de faire le point sur le projet Grand Paris dans ses différentes dimensions : transports, aména- gement, logement, développement économique, gouvernance, etc.

Le Grand Paris constitue en effet une formidable opportunité de croissance et d’emploi pour notre pays.

C’est bien sûr d’abord un projet de nouvelle infrastructure de transport en commun qui va améliorer considérablement la vie des millions de Franciliens grâce à un investissement sans précédent de l’État, de la Région et des Départements.

Mais c’est aussi et surtout une occasion unique, avec l’arrivée de ce nouveau métro automatique, de lutter contre les inégalités territoriales très fortes qui caractérisent la région capitale, de faire de cette infrastructure un levier de développement pour des communes qui sont trop souvent restées à l’écart du dynamisme francilien.

Par exemple, Clichy et à Montfermeil, qui sont parmi les villes les plus pauvres de France, vont avec l’arrivée du Grand Paris Express, enfin trouver une réponse concrète au problème d’ enclavement qui est le leur depuis cinquante ans.

Des communes comme Gonesse au nord de l’ Île-de-France vont pouvoir être reliées à la fois au cœur de Paris et à la plateforme aéroportuaire de Roissy, ce qui constituera un atout indéniable pour leurs habitants pour trouver d’ autres opportunités d’ emploi.

Je suis ainsi particulièrement attachée à ce que le Grand Paris profite bien à l’ ensemble des Franciliens, et ne se traduise pas par l’avènement de nouvelles frontières entre la future Métropole et le reste de l’Île-de-France.

Dans ce cadre, un des volets majeurs du Grand Paris concerne la construction de 70000 logements par an, un objectif fixé en 2010. Comment l’État accompagnetil la concrétisation de cette ambition ?

Les Contrats de développement territoriaux élaborés conjointement par l’État et les collectivités ont constitué une première réponse autour des gares du Grand Paris Express. L’État, via ses services déconcentrés, accompagne par ailleurs les projets des collectivités en matière d’aménagement et de logement.

Mais nous devons aller encore plus loin pour lever les freins à la construction, faciliter, débloquer et, si possible, amplifier les projets portés par les collectivités. C’est tout le sens de l’ opé- ration d’ intérêt national (OIN) de nouvelle génération qui a été décidée et dont le portage sera assuré par un nouvel opérateur issu de l’Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP) : le Grand Paris Aménagement.

Sylvia Pinel, Ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité et Michel Teulet, Président de l’Amif, Maire de Gagny, Conseiller général de Seine-Saint-Denis lors de l’inauguration du HAT (Habitat- Aménagement-Transport) le 14 octobre 2014.

Cinq premiers sites prioritaires de construction situés aux abords de futures gares du Grand Paris Express ont été définis. Quelles sont les raisons pour lesquelles ces sites ont été identifiés ? Combien de logements sont alors potentiellement concernés et seront-ils exclusivement à vocation sociale ou alors, pour une part, de statut intermédiaire ou accessible à la propriété ?

Ces cinq premiers sites (quinze autres seront identifiés dans les prochaines semaines) ont été sélectionnés pour leur fort potentiel de construction de logement, à proximité de futures gares du Grand Paris Express ou de pôles de transports déjà existants.
Ils auront vocation à accueillir des logements de tout type (social, intermédiaire, en acces- sion à la propriété), mais aussi des équipements et de l’activité.

L’objectif du Gouvernement est bien de favoriser l’émergence de projets d’aménagement mêlant mixité sociale et fonctionnelle, et répondant aux exigences actuelles du développement durable.
Notre volonté est de concourir ainsi à l’objectif de la construction de 70 000 logements neufs par an (contre environ 40 000 actuellement), sans pour autant assigner à ces sites prioritaires des objectifs quantitatifs démesurés ou qui ne seraient pas étroitement concertés avec les élus locaux.

Afin d’accélérer le processus, ces cinq sites font l’objet d’une opération d’intérêt national (OIN). Quels sont les principaux leviers de ces OIN?

Le principal intérêt de l’opération d’intérêt national est de réunir autour d’ une même table les principaux acteurs. Il ne s’agit en aucun cas pour l’État de faire à la place des collectivités, mais bien de faire avec elles, l’État ayant un rôle de facilitateur, de catalyseur et de garant de l’intérêt général.
Ces OIN seront par ailleurs l’occasion de mettre en œuvre la toute nouvelle procédure intégrée pour le logement (PIL) qui permet de raccourcir en un certain nombre de d’étapes.
À cela, s’ajoutera le bénéfice de l’aide aux maires bâtisseurs, annoncée par le Premier ministre.

Enfin, comment la démarche du Grand Paris s’inscrit-elle dans une volonté de préserver les grands espaces naturels et cultivés de la région francilienne ?


Créer, autour des futures gares du Grand Paris Express ou des principaux pôles de transports déjà existants, de nouveaux quartiers de haute qualité environnementale et sociale participe directement de la lutte contre l’étalement urbain et contre la consommation excessive des espaces naturels et agricoles.

Le Grand Paris de l’aménagement et du logement doit être l’occasion de prouver que la densité peut être synonyme de qualité,
et se traduire par de nouvelles formes d’architectures à l’échelle
humaine porteuses d’ innovation et de cohésion.

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«Le 1er janvier 2016, la Métropole du Grand Paris sera au rendez-vous de l’histoire »

Entretien avec Jean Daubigny, Préfet de la Région d’Île-de-France, Préfet de Paris.

Jean Daubigny, Préfet de la Région d’Île-de-France, Préfet de Paris

La loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPTAM) acte la création de la Métropole du Grand Paris au 1er janvier 2016.

Pouvez-vous évoquer les principaux atouts et faiblesses du territoire francilien en termes économiques, sociaux et environnementaux ?

Avec près de 12 millions d’habitants, un PIB de 612 milliards d’euros et près de 6 millions d’emplois, qui en font la première région économique d’Europe, l’Île-de-France est dans le peloton de tête des grandes métropoles mondiales.

Avec le Grand Paris, il s’agit de contribuer à l’accroissement du rayonnement de la région, en répondant aux défis actuels. Il s’agit de renforcer l’Île-de-France comme territoire de pointe où il fait bon vivre, travailler, résider, se déplacer. C’est aussi affirmer un intérêt soutenu pour sa jeunesse et l’innovation, capable de proposer un projet à chacun dans une société plus solidaire.

Deux enjeux essentiels sont garants de la réussite de ce projet à l’échelle régionale. Le premier est dans sa réalisation : transformer un projet de transport (le Grand Paris Express) en liant ce projet à l’organisation générale de la ville (Métropole du Grand Paris). Comme l’a dit le Premier ministre, il s’agit de passer d’un projet d’infrastructure à un projet d’aménagement global.

Le second enjeu concerne la gouvernance avec la création au 1er janvier 2016 de la Métropole du Grand Paris, et de vastes inter-communalités en grande couronne. Ce projet nécessite l’implication des acteurs concernés à tous les échelons, leur collaboration proche, active et concrète.

Aujourd’hui, concrétiser ce projet, c’est avancer sur le Grand Paris Express, porter les projets d’activités, notamment de recherche et d’innovation, débloquer la situation du logement, valoriser encore l’image d’excellence, particulièrement culturelle, penser un nouveau modèle de ville solidaire et parvenir à une nouvelle gouvernance pour porter cet ensemble.

Dès lors, quelle place doit occuper la Métropole du Grand Paris dans la région Île-de-France ?

La Métropole du Grand Paris constituera le cœur de la région Île-de-France. Son poids démographique et économique lui donnera naturellement un rôle très important dans le développement de la région. Nous construisons un territoire qui, avec la capitale au centre, le positionne plus que jamais comme un acteur mondial dans la compétition internationale avec la création de la Métropole du Grand Paris.

Nous construisons autour de la Métropole des territoires disposant d’une taille importante et d’un réel potentiel (Roissy, plateau de Saclay, Eurodisney…) complémentaire à celui de la Métropole. Elle ne concentrera pas toutes les richesses, et les territoires qui l’entourent lui seront indispensables pour son propre rayonnement et développement. Chaque territoire joue un rôle dans le développement métropolitain.

La Métropole du Grand Paris intégrera cet objectif qui consiste à vivre en parfaite complémentarité avec les autres territoires de l’Île-de-France. Ils s’irriguent mutuellement pour faire la richesse de la région capitale.

Remise du certificat de qualification professionnelle (2 promotion de cuisine mode d’emploi(s), le vendredi 1er janvier 2013) par Jean Daubigny en présence de Frédérique Calandra, Maire du 20e arrondissement et Thierry Marx, Chef étoilé.

Quels efforts sont déployés afin d’ éviter l’ étalement urbain et ainsi conserver la vocation rurale et forestière de l’Île-de-France (région couverte aux trois quarts de terres agricoles et de forêt ; source : saveursparisidf.com) ?

L’Île-de-France est une grande région agricole : céréales, bette- raves à sucre, maraîchage, élevage (le Brie!). Elle garde une grande couverture forestière. La pression foncière qui caractérise l’Île-de-France conduit les acteurs institutionnels (État, Région, Safer) à faire preuve d’une vigilance particulière pour préserver la dimension rurale et naturelle de la région capitale (48% de la superficie francilienne) et forestière (23% de la superficie) face à la tentation de consommation des terres agricoles et de mitage des espaces ouverts dans les communes.

Le Schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF) document opposable issu de vastes concertations, pose des protections claires et efficaces contre une consommation inconséquente d’espaces
ruraux.

État et Région soutiennent l’action de la Safer Île-de-France, qui, au travers de sa connaissance fine de terrain, de son analyse régionale, des outils fonciers dont elle dispose et de ses capacités de médiation territoriale, contribue directement à l’aménagement des grands projets structurant la métropole francilienne, inscrits dans un développement durable du territoire.

La densification du logement en banlieue est une politique qui concilie expansion démographique et respect de l’espace rural.

En juin 2013, dans le cadre du dossier des Cahiers d’administration consacré aux cinquante ans du Conseil économique social et environnemental régional d’Île-de- France (CESER IDF), vous souligniez « qu’en 2012 les services de l’État à Paris et en Île-de-France ont enregistré 49 311 dossiers DALO(1) et DAHO(2) (dont 11 899 pour Paris) ». Quel est aujourd’hui le bilan en la matière, l’objectif de construction de 70 000 logements est-il toujours d’actualité et quel est le rôle du préfet dans cette dynamique ?

L’Île-de-France, région la plus peuplée du pays et à l’importante croissance démographique, requiert un effort particulier. 70000 permis de construire ont été délivrés en 2012, 60000 en 2013. La construction stagne depuis plusieurs années en moyenne entre 42000 et 43000 logements par an. Elle est largement soutenue par la création de nouveaux logements sociaux (25 000 en 2013).

En Île-de-France, 550000 personnes demandent un logement social, dont environ un quart vivent déjà en HLM et 45 700 de ces demandeurs ont été reconnus prioritaires et urgents au titre du droit au logement opposable (DALO).

Un premier comité interministériel (CIM), présidé par le Premier ministre, a été réuni le 13 octobre 2014 et a décidé la mise en place de nouveaux outils destinés à dépasser les blocages pour atteindre l’objectif de 70 000 logements par an.

Des territoires à fort potentiel ont été identifiés : ils feront l’objet d’ une intervention forte de l’État, grâce à des outils d’aménagement rénovés et modernisés, et la mise en place d’une nouvelle génération d’opérations d’intérêt national (OIN) dite multisites. Pour soutenir cet effort, un dispositif d’aide aux maires bâtisseurs est mis en place.

Des mesures ont également été prises pour accompagner la lutte contre l’habitat indigne sur des territoires prioritaires et sécuriser le redressement de copropriétés dégradées, avec notamment la création d’une OIN de re-qualification des copropriétés dégradées à Clichy-sous-Bois.

Mon rôle est de proposer des mesures et de conduire la mise en œuvre des décisions du CIM et de veiller à l’application des dispositions législatives qui favorisent le développement de l’offre de logements sur le territoire régional. Les services régionaux, et notamment la Direction régionale et interdépartementale de l’éhébergement et du logement (DRIHL), mettent en application :

  • l’accélération de la construction de logements, notamment sociaux, formalisée par la signature d’un pacte engageant l’État et l’ensemble des professionnels (promoteurs, bailleurs, aménageurs, etc.) ;
  • l’application effective des nouvelles dispositions créées par la loi du 18 janvier 2013, c’est-à-dire le passage de 20 % à 25 % des obligations de construction de logements sociaux par commune et le quintuplement des pénalités ;
  • le développement de l’offre de logements intermédiaires, favorisée par la création d’un statut spécifique et qui bénéficie déjà, via la loi de finances 2014, d’un taux de TVA à 10% ;
  • l’amélioration de la performance environnementale des constructions ;
  • la réhabilitation du parc existant, dans le cadre du programme national de renouvellement urbain, et aussi par l’aide aux travaux de rénovation énergétique et le renforcement des moyens pour résorber l’habitat indigne et les copropriétés dégradées ;
  • le développement d’une offre pour les plus démunis : dans ce domaine, l’action porte notamment sur la création de logements accompagnés et sur une meilleure répartition des capacités d’hébergement sur l’ensemble du territoire régional.

 

L’action sur le foncier est la base de ces priorités dans le prolongement de la mobilisation lancée en 2013 avec la libération d’emprises foncières mutables, et les listes des terrains soumis à la décote publiées.

Nous travaillons également pour favoriser le recours aux dispositions relatives à la densification en milieu urbain et à la transformation de bureaux en logements.

Je suis très attentif aux problématiques d’accès au logement et d’insertion par le logement. Nous avons renforcé nos dispositifs de relogement des publics prioritaires, et je suis heureux de constater que le nombre de ménages DALO relogés est supérieur au nombre de ménages nouvellement reconnus prioritaires.

Je veille naturellement, dans la programmation des logements sociaux, à la présence de programmes destinés aux personnes aux ressources modestes.

Des efforts considérables sont déployés pour faire accéder au logement des ménages sortant d’hébergement d’urgence, notamment dans le cadre du dispositif d’intermédiation locative Solibail, dans lequel sont aujourd’hui inscrits plus de 3 300 appartements et pour lequel nous allons bientôt relancer un appel à projets.

Les nouveaux outils de gouvernance qui ont été mis en place en Île-de-France sont les instruments de réussite de ces objectifs. Le Comité régional de l’habitat et de l’hébergement, que je copré- side avec le président du Conseil régional, a tenu sa première séance plénière le 12 décembre 2014. Ce Comité a la responsabilité de coordonner les politiques de l’habitat et de l’hébergement sur le territoire régional, d’en définir les objectifs, de répartir l’effort à conduire entre les territoires et de suivre l’application des actions engagées.

Quelles sont les avancées en matière de contrats de développement territorial (CDT ?)

Les contrats de développement territorial ont été instaurés par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris ; ils sont conçus comme des outils de construction des territoires de projets du Grand Paris et articulés autour du futur réseau de transport. Ils constituent des espaces de dialogue et d’élaboration de projets entre collectivités, l’État et les partenaires concernés.

Sur l’ensemble des vingt projets de CDT initiés depuis 2010, quatorze sont validés et entrés dans une phase opérationnelle.

Le 31 décembre 2014 a marqué le terme du délai légal de mise en enquête publique des CDT existants. Pour capitaliser le travail engagé sur des CDT non aboutis, accélérer encore davantage la réalisation de ces projets de territoire et faciliter leur création, une nouvelle formule a été créée : le Contrat de développement d’ intérêt territorial (CDIT). Grâce à une procédure simplifiée, les démarches sont facilitées et accélérées. L’État s’engage ainsi aux côtés des collectivités dans la concrétisation du Grand Paris pour les entreprises et les citoyens.

Une seule illustration, mais si forte : sur les territoires des CDT se situe 40 % du potentiel des 70 000 logements annuels, c’est dire leur importance, et la volonté de l’État.

Visite d’une chaufferie bois (2ème plus importante chaufferie de ce type en IDF – exemplaire car elle alimente 40 000 logements sur le secteur) à Stains – 93 – par M. Daubigny et Huchon dans le cadre de l’adoption le 14 décembre 2012 du schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE).

Enfin, d’ores et déjà, considérez- vous que la Métropole du Grand Paris sera, le 1er janvier 2016, au rendez-vous d’une nouvelle étape de son rayonnement ?

Le 1er janvier 2016, la Métropole du Grand Paris sera au rendez-vous de l’histoire. Partout dans le monde, la globalisation de l’économie s’est accompagnée de la constitution de grandes métropoles ayant vocation à dynamiser le développement économique et social. La France a la chance de disposer avec Paris d’une métropole de taille mondiale et d’une image formidable, d’activités de pointe, de culture et de tourisme. Mais la concurrence est réelle. La rapidité des flux, notamment financiers, nous oblige à renforcer la place de Paris dans cette compétition. La surface limitée de la capitale devenait un frein à son développement. La création de la Métropole du Grand Paris redonne une dimension comparable aux autres grandes métropoles. Le rôle de la Métropole du Grand Paris est double : donner à notre capitale les moyens de jouer son rôle international, mais aussi de locomotive française et européenne,
dans la globalisation de l’économie, et renforcer la cohésion des
territoires qui la composent.

 

(1) Dalo : droit au logement opposable
(2) Daho : droit à l’hébergement opposable

 

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Grand Paris Express

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Le réseau francilien est l’un des plus denses et plus fréquentés d’Europe

Entretien avec Jean-Paul Huchon, Président du Conseil régional d’Île-de-France

En 2011, un accord «historique» État-Région sur le Grand Paris a été conclu. Il prévoit,
notamment, de développer les transports publics dans la région.

Jean-Paul Huchon, Président du Conseil régional d’Île-de-France.

Pouvez-vous évoquer les efforts entrepris depuis l’accord de 2011?

Il faut voir l’accord de 2011 pour ce qu’il est : une étape dans un long combat pour la modernisation des transports du quotidien. Après vingt ans de sous-investissement chronique de la part de l’État, qui a longtemps préféré faire du TGV plutôt que de rénover des trains de banlieue, le réseau francilien avait besoin d’investissements massifs. Il a fallu attendre que les collectivités aient la responsabilité des transports. Ce ne fut le cas qu’en 2006 !

Et depuis, si j’ose dire, nous avons mis le paquet, avec le plan de mobilisation : nouvelles lignes de tramway (100 km de lignes aujourd’hui), prolongements de lignes de métro, renouvellement du matériel roulant, lancement de la modernisation des RER (dont le B, au nord) sans oublier la rénovation des gares et le développement massif de l’offre de bus. C’est un chantier de longue haleine qui continue encore de se poursuivre aujourd’hui, et qui porte progressivement ses fruits. N’oublions pas que le réseau francilien est l’un des plus denses et des plus fréquentés d’Europe.

Que reste-t-il de sarkozyste dans le Nouveau Grand Paris tel qu’il existe aujourd’hui ?

En toute honnêteté, pas grand-chose ! Le projet initial prévoyait 12 stations pour desservir quelques clusters. Il était plutôt hors sol, assez éloigné des besoins des Franciliens. Nous avions une autre vision de la Région Capitale. Nous nous sommes donc battus pour faire évoluer le projet. Avec Maurice Leroy en 2011, nous nous sommes mis d’accord pour passer de 12 à 72 gares. Avec Jean-Marc Ayrault, puis avec Manuel Valls, nous avons fait un saut : le métro automatique et la modernisation des transports du quotidien ont été reconnus comme les deux faces d’un même projet. L’un ne se ferait pas au détriment de l’autre. C’est tout le sens du projet du Nouveau Grand Paris, qui prévoit aussi l’aménagement de nouveaux quartiers autour des nouvelles gares, pour en faire réellement des lieux d’activité et des lieux de vie.

Comment, avec les collectivités et l’État, vous mobilisez-vous afin de concrétiser ce projet de Grand Paris Express ?

Notre façon de nous mobiliser, c’est d’abord de nous assurer que les financements soient entièrement bouclés. C’est le cas aujourd’hui : j’ai signé avec Manuel Valls, le 16 février 2015, le projet de Contrat de Plan État Région pour la période 2015- 2020. Sur 7,3 milliards d’euros investis, 4,4 milliards seront consacrés au seul Nouveau Grand Paris. Il nous permettra à la fois de financer les nouvelles lignes de tramway, le prolongement des lignes 11 et 14, les tangentielles, la modernisation des RER et le prolongement d’Eole à l’ouest, pour soulager le RER A. Grâce à de nouvelles ressources, nous pouvons maintenir l’effort de la Région sur le long terme.

Les opérateurs de transports ont donc tous les moyens nécessaires pour mener à bien leur travail. Je veille maintenant à ce qu’ils tiennent le rythme, et lorsque c’est nécessaire, j’assume le risque d’interrompre le trafic sur plusieurs semaines, pour que les travaux avancent plus vite. C’est ce qui se fera par exemple cet été sur le RER A.

C’est parce que les financements de l’amélioration de l’offre sont désormais pleinement sécurisés que j’ai pu rouvrir la question de la tarification unique. Les dépenses de transports pèsent parfois lourd dans le budget d’une famille, en particulier pour ceux qui habitent loin et le plus souvent ne l’ont pas choisi. Le pass Navigo, c’est aussi un peu la carte d’identité des Franciliens, le Grand Paris dans la poche. Nous avons donc mené avec les entreprises un travail de conviction et nous sommes arrivés à un accord gagnant-gagnant. Pierre-Antoine Gailly, Président de la CCI Paris-Île-de-France, ne s’y est pas trompé, et je veux le saluer. Les Franciliens gagnent du pouvoir d’achat, les entreprises ont moins à rembourser à leurs salariés, et les TPE, qui sont les premiers employeurs d’Ile-de-France, gagnent de nouvelles marges, puisqu’elles ne sont pas assujetties au versement transport.

Le Francilien

Quels sont les grands axes du plan Île-de-France 2030, adopté en 2013 par la Région, qui prévoit la construction de 70 000 logements par an ? Quels est le concours de l’État dans cette démarche ?

Quand un million de Franciliens souffrent du mal-logement, c’est un combat collectif que nous avons à mener. La Région y prend sa part : sans le milliard d’euros que nous avons investi depuis 2010, 80 % des programmes de logement sociaux n’auraient pas vu le jour. Mais il suffit de voir le dernier bilan de la loi SRU pour constater que tout le monde ne joue pas le jeu, et plus encore depuis les municipales.

Je n’ai pas le pouvoir de contraindre les maires à construire des logements sociaux, seul l’État peut le faire. Aujourd’hui, nous travaillons main dans la main depuis que le législateur nous a confié la co-présidence du Comité Régional de l’Habitat de l’Hébergement, qui devrait jouer le rôle d’autorité organisatrice du logement que nous appelons, avec mes partenaires, depuis longtemps en Ile-de-France.

À côté de l’organisation, il faut agir plus rapidement sur le terrain. Peut-on se permettre d’ attendre que la Métropole et les grandes inter-communalités, dont la première vocation est de construire du logement, soient opérationnelles pour avancer ?

Je veux réussir sur le logement ce que nous avons réussi sur les transports. Je me retrouve donc pleinement dans la création d’un Grand Paris de l’aménagement et du logement, qu’a annoncé le Premier Ministre le 13 octobre 2014. J’en ai d’ailleurs présidé le premier comité pilotage avec la Ministre le 24 février 2015.

La vingtaine de sites a été identifiée avec l’aide des services de la Région et de l’IAU et en pleine consultation des acteurs locaux. Les projets les plus complexes bénéficieront du dispositif d’Opération d’intérêt national « multi-sites ». Ils seront reconnus d’intérêt général et feront l’objet d’une simplification et d’une réduction des délais des procédures.

L’ancien Ministre Maurice Leroy a écrit : « Le Grand Paris sera achevé en 2030. C’est dire s’il dépasse les clivages partisans (le 13/10/14) ». Pouvez-vous souligner la nécessité d’avancer ensemble afin que le Grand Paris figure au premier rang des Villes- monde ?

L’Île-de-France fait partie des quelques régions qui font la course en tête à travers le monde : elle pèse à elle seule 5 % du PIB de l’Union européenne. Elle est un moteur de croissance pour le pays, mais aussi un lieu traversé par des fractures. Il faut donc d’une part investir dans nos atouts et d’autre part nous assurer qu’ils soient accessibles à tous. En luttant contre les inégalités, nous luttons pour la compétitivité.

C’est aussi pour cela que je suis favorable à une candidature aux JO et à l’Exposition Universelle : c’est un formidable accélérateur de développement, et c’est en même temps un projet collectif, dont chacun peut se sentir partie prenante. Sur ce point, nous savons marcher tous ensemble. Et le dialogue, le consensus, c’est une méthode dans laquelle je me retrouve.

Comment vous mobilisez-vous plus largement afin que l’Île-de-France demeure un territoire d’accueil, de partages, de diversité, d’expériences multi-culturelles, etc. ?

La fierté d’appartenance à cette région, je crois qu’elle réside précisément dans cette ouverture, dans cet humanisme, dans cette diversité. Elle a besoin qu’on l’entretienne, qu’on la fasse grandir parce qu’elle nous unit. Or, elle est aussi minée par le sentiment de relégation qui s’exprime à la fois dans certains territoires périurbains, et dans certains quartiers populaires.

Je suis convaincu que c’ est en luttant contre les inégalités qu’on parvient le mieux à faire vivre cette diversité et que c’est en offrant des éléments d’unité, comme le pass unique, que nous pouvons tous nous retrouver.

 

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Le Grand Paris Express, point d’appui de la Métropole

Tribune de Philippe Yvin, Président du Directoire de la Société du Grand Paris

Le Grand Paris dispose d’atouts considérables qui lui permettent de rivaliser aujourd’hui avec New York, Londres, Shanghai, Singapour ou Tokyo. La métropolisation des économies est un phénomène mondial qui contraint ces villes-monde à rester toujours plus compétitives en musclant leur développement urbain, social et économique. Dans ce contexte, le Grand Paris Express apparaît comme l’ossature autour de laquelle l’avenir de la capitale française s’écrira.

Sebastien d’halloy

Le Grand Paris Express, c’est une formidable infrastructure de transports conçue par la Société du Grand Paris pour soutenir le développement de la première région économique d’Europe. Fort de 200 km de lignes de métro automatique et de 69 gares, ce réseau va faciliter la vie quotidienne de 12 millions d’habitants, desservir les banlieues de Paris et soutenir la compétitivité économique des territoires. Cette nouvelle offre de transport contribuera à l’amélioration de la cohésion sociale, en multipliant les opportunités d’échange, de commerce, d’ activité et de rencontres.

PLUS DE 115 000 EMPLOIS CRÉÉS

Le gouvernement a accéléré la feuille de route du Grand Paris Express et a confirmé ses financements. La compétitivité et l’emploi sont au cœur de ces décisions. À terme, l’arrivée de l’infrastructure sur les territoires générera au moins 115 000 emplois en plus de ceux suscités par la croissance naturelle de la région. Cela, en considérant toutes les optimisations rendues possibles par la mise en service du premier métro en rocade de France : des salariés mieux transportés grâce à des liaisons de banlieue à banlieue, des territoires mieux desservis au profit d’un rééquilibrage sensible des activités, de nombreuses opportunités d’investissement autour des 69 gares pour intensifier le développement urbain et la construction de logements.

Le Grand Paris Express constitue aussi un défi technologique pour construire la mobilité du XXIe siècle. Il offrira de nombreux services dit d’ hyperproximité : aide à la mobilité, aide à la vie quotidienne, accessibilité, informations sur l’environnement. On demande parfois à la Société du Grand Paris si elle pourra vraiment y parvenir ? Notre réponse est sans détour : nous le pouvons, et nous allons le faire ! Notre ambition est de démultiplier les possibilités offertes aux innovateurs et aux créateurs qui voudront créer des contenus ou des services.

25 MILLIARDS D’EUROS D’INVESTISSEMENTS

Alors, la Société du Grand Paris (SGP) a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Le coût du Grand Paris Express est de 22,6 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter 2 milliards pour la contribution de la SGP au plan de mobilisation de la Région (Eole, ligne 11, schéma directeur des RER…). Ajoutons également les 55 % du coût du prolongement de la ligne 14 à Mairie de Saint- Ouen, ainsi que sa participation de 450 millions d’ euros pour la réalisation des interconnexions. Le tout représente 25 milliards d’ euros.

Côté recettes et jusqu’à l’extinction des emprunts, quarante ans après les mises en service, la SGP disposera d’ environ 500 millions d’euros par an. Il s’agit de recettes fiscales affectées par le Parlement. Ces 500 millions permettront à la SGP d’emprunter, à compter de fin 2017, auprès de la Caisse des dépôts et consignations, de la Banque européenne d’investissement puis sur les marchés. Pour rembourser ses emprunts, la SGP disposera des ressources fiscales affectées, mais aussi des redevances d’exploitation et des recettes commerciales et publicitaires du réseau.

Le Grand Paris Express représente donc un investissement d’avenir, le point d’appui du futur développement de la Métropole. Notre défi, c’est conforter le Grand Paris comme une métropole de classe mondiale incontournable pour sa qualité de vie et son attractivité en matière d’échanges internationaux qu’ils soient économiques, liés à la recherche et à l’innovation ou culturels.

 

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Encourager de nouvelles mobilités

Entretien avec Sophie Mougard, Directrice Générale du Syndicat des transports d’Île-de-France (STIF)

Le Grand Paris Express représente un défi, car il doit s’insérer dans un réseau déjà dense, mais c’est un des piliers du développement économique du territoire. Les déplacements interbanlieues, les équipements plus performants et les innovations dans les technologies informatiques embarquées seront au cœur du projet.

Quels sont les enjeux du Grand Paris Express en termes de transport, mais aussi de qualité de vie pour les Franciliens ?

La création des nouvelles lignes de métro du Grand Paris Express n’ est pas un projet « hors sol». Le Grand Paris Express s’intègre dans un réseau existant extrêmement dense, qui est lui-même en constante évolution. Les transports sont un pilier essentiel de la compétitivité de la région Île-de-France et de la cohésion de son territoire.

L’enjeu du Nouveau Grand Paris est double : moderniser et étendre le réseau existant, afin d’offrir aux Franciliens des transports en commun agréables et performants. Ainsi, ce sont plus de 200 km de métro qui vont être réalisés, soit l’équivalent du réseau actuel, ce qui permettra à 90 % des Franciliens d’habiter à moins de 2 km d’une gare ou d’une station
de métro.

Par le maillage avec les lignes de métro et de RER existantes, le Grand Paris Express contribuera également à la décharge du cœur du réseau Francilien, car il offrira des itinéraires alternatifs aux voyageurs pour des déplacements banlieue-banlieue sans passer par Paris. Le Nouveau Grand Paris permet enfin la rénovation de l’ensemble des lignes de RER, la poursuite du développement des lignes de tramways, le prolongement des lignes existantes comme le RER E… Pour chacun de ces projets, ce sont les voyageurs qui doivent être au cœur d’ une offre de service de qualité, pensée pour eux, adaptée à leurs modes de vie et favorisant l’inter-modalité. C’ est la première exigence de l’autorité organisatrice de l’ensemble des transports en commun d’Île-de-France qu’est le STIF.

Comment concilier le développe- ment de transports avec le respect de l’environnement ? Quelles seront les avancées dans ce cadre ?

Les évolutions prévisibles de la mobilité d’ici à 2020 (plus de 7 % de hausse des déplacements) confirment la nécessité d’une politique de transport public forte, qui affirme le besoin de changer, non seulement, les conditions de déplacement, mais également, les comportements, tant des institutions que des citoyens. La première réponse aux défis environnementaux d’une région à la densité aussi forte que l’Île-de-France c’est le développement d’une offre de transport encommun de qualité permettant un important report modal.

Dans le cadre du plan de déplacements urbain d’Île-de-France (PDUIF) piloté par le STIF, les actions mises en œuvre aujourd’hui et au cours des prochaines années ont pour ambition de faire croître l’usage des modes alternatifs à la voiture dans une forte proportion. L’objectif est une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre entre 2010 et 2020. Les actions que nous engageons doivent permettre à cet horizon une augmentation de 20% des déplacements en transports collectifs et de 10% des déplacements en mode actif (marche et vélo), tout en réduisant de 2% les déplacements en voitures et autres moyens de transport individuel motorisés. C’est un défi considérable.

Ensuite, les actions du STIF sont multiples : agir pour des moyens de transports moins polluants en développant des lignes de tramways, en acquérant de nouvelles générations de trains et métros moins énergivores, en accélérant le renouvellement des bus vers un parc tout électrique et de bus GNV Bio Gaz, en favorisant l’ usage du vélo (pistes cyclables, programme Véligo de consignes à vélo sécurisées aux abords des gares et des stations), etc.

Quelle forme prendra l’innovation dans les transports de demain ?

Bien sûr, les nouvelles technologies informatiques embarquées permettent d’augmenter la performance du réseau avec l’automatisation des lignes de métro et demain de RER. Au-delà, les voyageurs nous demandent principalement deux choses : Avoir des modes de transport réguliers et ponctuels et disposer d’une information en temps réel, précise, complète et utile, sur l’ensemble de leur parcours. Ce sont donc naturellement dans ces deux directions, auxquelles il faut ajouter l’efficience énergétique, que le STIF doit encourager et développer les innovations. Les nouvelles technologies permettront également l’émergence de nouvelles pratiques de mobilité que le STIF prend en compte.

 

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Moderniser et innover

Entretien avec Christian Galivel, Directeur Général Adjoint en charge des projets, de l’ingénierie, des investissements et de la mission Grand Paris

Le projet du Grand Paris Express représente plusieurs défis que la RATP entend relever avec de nombreuses innovations qui anticipent ce que sera l’usager de demain.

Christian Galivel

Quels sont les axes prioritaires de réflexion de la RATP concernant le réseau du Grand Paris Express ?

Le projet du Grand Paris Express (GPE) mobilise l’ensemble de la RATP. La RATP exploitera la ligne 14 prolongée, épine dorsale du futur réseau. Mi-2014, les travaux de prolongement Nord jusqu’à Mairie de Saint-Ouen ont débuté et nous serons maître d’ouvrage du prolongement au Sud
jusqu’à l’aéroport d’Orly. En tant que gestionnaire d’infrastructures de l’ensemble du futur réseau, mission qui nous est confiée par la loi, nous intervenons dès la conception, en appui de la Société du Grand Paris (SGP), sur la maintenabilité, l’exploitabilité, la durabilité et la sécurité, avec une attention particulière à la qualité des interconnexions entre nos réseaux métro/RER existants et le GPE. Enfin, nous répondrons aux appels d’offres du STIF pour l’exploitation des nouvelles lignes.

Dans ce cadre, comment la RATP peut-elle articuler modernisation de l’existant et innovation techno- logique ?

L’amélioration des réseaux existants est l’ autre enjeu essentiel du Grand Paris et la RATP est, à cet égard, dans une logique d’ innovation technologique permanente. L’automatisation de la ligne 1 a été une prouesse et une première mondiale. Le nouveau métro MP14, commandé dans un groupement avec la SGP et le STIF, est un concentré d’innovations. Plus rapide, économe en énergie, silencieux, ce train fournit un niveau de service plus élevé aux voyageurs.

Enfin, en étant à l’initiative de « Bus 2025 », groupe de travail d’élus franciliens et d’experts, la RATP réfléchit à la place du bus dans l’agglomération à l’horizon du GPE, car c’est un outil de maillage fin du territoire et d’ accession aux autres transports.

Le réseau actuel peut-il encore améliorer ses performances ? Quelle est sa marge de manœuvre ?

Trouver de nouvelles marges de manœuvre dans un réseau centenaire, hyperdense et hyper-fréquenté constitue un défi. Différents paramètres peuvent augmenter encore la performance : fréquence, capacité des trains, régularité. L’automatisation de la ligne 1 et celle à venir sur la ligne 4, de nouveaux trains sur les lignes 2, 5 et 9 ou encore le renfort d’offre sur la ligne 14, qui assure l’intervalle record de 85 secondes, en sont des exemples. Concernant le RER, sur la ligne A, le nouveau train « MI09 » offre déjà 20 % de capacité supplémentaire et les premiers projets issus des schémas directeurs des RER A et B sont lancés, comme celui d’un pilotage automatique sur le tronçon central de la A, ou la création d’un troisième quai à Denfert sur la B.

Comment la RATP va-t-elle prendre en compte, dans les travaux concernant le Grand Paris Express, la notion de développement durable ? Quelles innovations pourraient être apportées dans ce domaine ?

La RATP tient compte des aspects développement durable dans toutes ses actions. J’ai déjà cité les nouveaux trains très performants en termes de consommation énergétique, et le plan « Bus 2025 », qui a pour ambition le renouvellement de nos 4 500 bus par des véhicules électriques ou au bio-gaz… Sur le prolongement de la ligne 14, nous intégrerons le chauffage par géothermie dans les stations et participerons à l’aménagement de la ville en construisant plus de 250 logements sur les nouvelles stations et l’atelier, favorisant mixité et densité urbaine.

Les transports sont de plus en plus connectés. Quels sont les nou- veaux services développés par la RATP pour les usagers ?

Pour mieux valoriser le temps de transport, nous déployons la 3G/4G sur notre réseau dès 2015 sur les lignes 1, A et B. Fin 2017, Paris sera le premier grand réseau historique couvert en très haut débit. De plus, la RATP développe des outils numériques favorisant une meilleure information des voyageurs : application RATP, comptes Twitter, tags NFC aux arrêts de bus…

 

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Faciliter l’accès aux aéroports en transports collectifs

Entretien avec Augustin de Romanet, Président-Directeur Général d’Aéroports de Paris

La création du Grand Paris Express et du CDG Express permettra de réduire la pollution et de renforcer l’attractivité économique des aéroports.

Augustin de Romanet

En quoi le projet du Grand Paris constitue à la fois un défi et une opportunité concernant les accès aux aéroports d’Orly et de Roissy-Charles-de-Gaulle ?

Ce projet de relier les pôles économiques franciliens aux aéroports Paris-Orly et Paris-Charles- de-Gaulle est une opportunité majeure, car il améliorera la desserte des aéroports (Orly avec les lignes 14 et 18, Le Bourget et Charles-de-Gaulle avec la ligne 17), déjà aujourd’hui en partie saturée. Il complètera la ligne directe CDG Express que nous soutenons en parallèle. Se déplacer plus facilement est une opportunité à forte valeur ajoutée pour la région et pour les Franciliens.

Quelles sont les attentes d’Aéroport de Paris concernant les transports ?

Tout ce qui peut fluidifier et simplifier les liaisons entre Paris et les aéroports franciliens est essentiel pour l’attractivité de nos plateformes et le développement économique de l’Île-de-France. Dans un secteur très concurrentiel, cela contribuera à développer une préférence pour la France. De plus, ces nouvelles liaisons désengorgeront de facto les réseaux routiers au bénéfice du développement durable. Nous sommes ainsi fortement investis dans le dossier du futur CDG Express, sans lequel l’exploitation de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle en 2023 ne sera pas possible.

Comment ADP travaille-t-il avec la SNCF et la RATP pour la mise en place d’un meilleur réseau ? Quelles contraintes techniques impose l’intermodalité ?

Nous travaillons avec la Société du Grand Paris et nos partenaires. J’ai fait du CDG Express, nou- velle liaison entre l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et le centre de Paris, une des priorités de mon action, mais, nous ne sommes pas les seuls à œuvrer en ce sens. En juin 2014 a été créée une société d’études tripartite, CDG Express Etudes, réunissant Aéroports de Paris, l’État, et SNCF-Réseau. Elle réalise aujourd’hui toutes les études concernant ce projet.

L’amélioration des transports peut-elle renforcer l’attractivité et la compétitivité des plates-formes aéroportuaires parisiennes ?

Il s’agit d’ un point essentiel dans l’attractivité de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, mais également de Paris. Je vous rappelle que la première destination touristique mondiale est, à ce jour, la seule à ne pas disposer en Europe d’une liaison ferroviaire directe, rapide et de qualité avec son principal aéroport international. L’enjeu est donc de taille que ce soit pour notre compétitivité, mais aussi pour l’ image de notre pays.

Le Grand Paris est aussi une dynamique économique : comment à cet égard analyser l’apport des aéroports franciliens au développement économique ?

L’activité des aéroports parisiens profite largement à l’économie locale et régionale. Ainsi, en 2010 et selon une étude réalisée par un cabinet indépendant, le BIPE, la valeur ajoutée créée par les aéroports parisiens s’élevait à 29,6 milliards d’euros grâce aux salaires et investissements des acteurs présents sur l’emprise des aéroports parisiens. Cela représentait 1,7 % du PIB de la France et plus de 340 000 emplois, soit 2 % de l’emploi en France.

Le défi écologique sera l’un des éléments majeurs de l’attractivité du Grand Paris. Pouvons-nous rappeler votre engagement dans ce domaine ?

Nous nous sommes engagés, lors du Grenelle de l’Environnement, à réduire de 25 % nos émissions de CO2 entre 2009 et 2015. La part des énergies renouvelables (géothermie, voltaïque, chaufferie au bois), est passée de 4 % en 2011 à 14% en 2013 dans notre consommation interne, elle-même en diminution. Le Grand Paris Express et le CDG Express, à horizon 2024, seront déterminants. Les autoroutes A1 et A3 génèrent d’importantes pollutions. Le renforcement des transports collectifs ne pourra qu’améliorer cette situation.

 

 

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Aéroports de Paris (ADP) prêt pour COP 21

Depuis des années, ADP s’est impliqué dans des politiques volontaristes afin de participer à la lutte contre le changement climatique.

Depuis des années, ADP s’est impliqué dans des politiques volontaristes afin de participer à la lutte contre le changement climatique. La réunion, à Paris, fin 2015, de la conférence mondiale COP 21 nous fournit l’occasion de démontrer la valeur de notre politique environnementale mais aussi de l’exercice de la responsabilité sociale de notre entreprise.

Le benchmark et le classement européen

Dès 2011, ADP demande à l’agence européenne de notation extra-financière, VIGEO, de procéder à une comparaison des performances environnement et RSE entre les aéroports de Paris, Londres, Frankfort, Amsterdam. Sur tous les items, ADP ressort leader de ce panel.

En 2013 et 2014, ADP est régulièrement classé parmi les entreprises les plus performantes au monde et reconnues comme telle par les principaux indices internationaux.
Ainsi, le Global 100 fait d’ADP la seule entreprise aéroportuaire présente dans son classement des 100 entreprises les plus respectueuses des critères du respect de l’environnement et du Développement Durable.

Une politique de réduction de CO2

Nous nous sommes engagés à réduire d’un quart nos émissions de CO2 sur la période 2009-2015. En réalité, fin 2015, nous atteindrons une diminuation de 50% des émissions de CO2 sur les aéroports parisiens.Cette performance est due à une baisse constante des consommations énergétiques ainsi qu’à la mise en place de tous les systèmes les plus vertueux : installations de chaudières à bois et d’énergie géothermique, mise en place d’un système électrique de remplacement des APU (groupes de moteurs diesel destinés à fournir de l’énergie aux avions en stationnement au sol), ainsi nous avons atteint la proportion de 15 % d’énergie renouvelable dès fin 2014.?En Europe, la profession aéroportuaire a mis au point un système de label-lisation de l’empreinte carbone des aéroports ACA (Airport Carbon Accreditation) et nous avons atteint le niveau 3 sur les 4 que comprend ce système.
Pour l’avenir, les projets ne manquent pas : énergie solaire, centrale bio gaz, et plusieurs centaines de véhicules électriques.

Une politique de traitement des déchets

Dès 2015, nous porterons la part de valorisation de nos déchets à 30 %. Nous avons diminué, dans les cinq dernières années, notre consommation de papier de 5 %, malgré la croissance de nos activités et nous utilisons 100 % de papier écologique.

Nous sensibilisons au tri sélectif notre personnel et nous agissons sur nos partenaires, clients et fournisseurs, afin de les entraîner dans cette politique volontariste.

Et l’eau ?

5 % de réduction de consommation d’eau potable par passager entre 2010 et 2015 : voilà notre objectif.

Nous considérons l’eau comme une ressource précieuse, malgré la bonne situation hydrologique de notre région de Paris. Nous avons un système complet, sur chacun de nos principaux aéroports, de traitement des eaux usées mais aussi de traitement des eaux pluviales. Ce dernier système est très utile pendant les périodes d’hiver, afin de gérer au mieux les pollutions dues aux produits de déneigement des pistes et de dégivrage des avions.

Qualité de l’air

Nous réduisons les émissions de CO2 de nos véhicules de transports de 10 %, d’ici à 2015 et nous avons instauré un plan de déplacement de nos employés qui privilégie les vidéoconférences et le covoiturage.

Nous avons diminué, en quelques années, de 10 % le temps de roulage au sol des avions de Paris-Charles de Gaulle, malgré la croissance régulière du trafic. Ceci permet de réduire d’autant les émissions locales de NOX.

Une politique d’insonorisation des logements

Grâce à une taxe payée par les compagnies aériennes, ADP finance l’insonorisation d’environ 4000 logements par an situés autour des aéroports pour un volume moyen de 40 millions d’euros, chaque année. Des logements mais aussi des écoles, des centres sociaux, des équipements de santé.
Ce programme est particulièrement apprécié par les élus locaux et les citoyens riverains.

Un vaste programme de responsabilité sociale

Depuis 10 ans, ADP s’engage aux côtés des collectivités locales sur des programmes de responsabilité sociale et économique, à hauteur de plusieurs millions d’euros, chaque année.

Nous participons à aider nos populations riveraines à accéder à l’emploi sur nos aéroports. À travers des actions de formation, de stages, de remise à niveau sur la langue anglaise, nous aidons 2000 jeunes à trouver un emploi parmi les 110000 emplois directs et les 300 000 emplois générés par nos activités.

Le programme «PAPA CHARLIE» consiste à prêter, pendant six mois, une voiture à ceux qui ont trouvé un emploi, principalement de nuit, mais pas de moyens de transport collectif. Ce service est réservé aux populations riveraines des aéroports et aide 600 personnes par an.

Nous aidons aussi les jeunes entreprises au travers de notre pépinière, installée au centre de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle.

Avec la région Ile-de-France et les partenaires locaux du développement économique, nous manageons un programme «HUBSTART PARIS» qui organise la promotion des territoires autour de Paris-Charles de Gaulle, au travers de la notion de place aéroportuaire et de région économique.

Nous avons aussi créé deux résidences pour jeunes travailleurs et permettons l’accès au logement social à bas prix.

Notre fondation d’entreprise aide, chaque année, une centaine d’actions pour la réinsertion sociale de populations riveraines en difficulté. Elle agit prioritairement pour lutter contre l’échec scolaire.

Au total, ADP prêt pour COP 21

ADP agit depuis longtemps en entreprise responsable.En ce qui concerne les changements climatiques, peu d’activités économiques pourront valoriser des programmes ayant abouti à réduire de moitié leurs émissions de CO2 en 5 ans. ADP répondra présent au rendez-vous mondial de COP 21.

 

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Articuler modernité, confort et urbanité

la réalisation de la Gare de Villejuif pour le Grand Paris Express

La Société du Grand Paris a confié à l’équipe de Dominique Perrault, en charge de la réalisation de la Gare de Villejuif pour le Grand Paris Express, la conception de la gare de Villejuif Institut Gustave-Roussy. L’architecte, lors du Grand Événement 2014 de l’Agence de développement du Val-de-Marne, a présenté les grands axes de son projet.

Au pied de l’Institut Gustave-Roussy sera construite la gare du Grand Paris-Express Villejuif qui sera desservie par la ligne 15 d’ici à 2020. Celle-ci mettra l’institut à 30 minutes de la Défense, et la ligne 14, d’ici à 2024, à 10 minutes de la gare de Lyon.

Cette gare s’inscrit dans l’opération Campus Grand Parc, qui, sur 80 hectares, développe un nouveau quartier autour de l’institut et de Cancer Campus, un parc de recherche et d’innovation dédié à la cancérologie et la santé, au rayonnement international. La conception et le suivi de la réalisation de la gare de Villejuif s’inscrivent dans le respect de la charte d’architecture et de design élaborée avec le concours de Jacques Ferrier, architecte-conseil de la Société du Grand Paris (SGP)

LES DÉFIS D’UNE GARE À GRANDE PROFONDEUR

Axo Ligne Bleue

La gare de Villejuif est, comme celle de Noisy-Champs, emblématique du Grand Paris. Elle possède une particularité géographique. Elle se tient sur un plateau d’où l’on a une vue sur Paris et les paysages alentour.

Dominique Perrault parle d’une équation à résoudre, car il s’ agit de relier le paysage et le profond. La gare descend en effet à 50 mètres en sous-sol. En somme, il s’ agit d’ articuler « modernité avec confort et urbanité ». Cette gare est « un point d’échange, un point de reconnaissance, d’ iden- tité, de spécificité,
de particularité dans ce secteur »
.

La profondeur de l’édifice lui donne une dimension de la cathédrale, où rentrera la lumière naturelle. Si certains parlent d’ouvrage de génie civil, voire d’ouvrage d’ingénieur, Dominique Perrault, lui, parle davantage d’« ouvrage architectonique», car ce projet mêlera imagination technique et imagination architecturale. La gare sera donc composée d’un cylindre de 70 mdediamètre, en béton, d’une épaisseur de 1 mètre. Ce cylindre permettra de superposer plusieurs couches.

LA TRANSFORMATION DE L’ÉPIDERME URBAIN

On retrouve ici la transformation de l’épiderme de notre Métropole, comme lorsque le métro avait transformé le sous-sol de Paris à la fin du XIXe siècle, puisque plusieurs couches vont se superposer. La partie haute, urbaine, accueillera les lieux de transport et d’échange, la circulation douce, les bus, les vélos, mais aussi des commerces. Ces derniers descendront également à des niveaux inférieurs.

De même, l’Institut Gustave Roussy pourrait être relié directement par le sous-sol. Enfin, des galeries pourraient partir de la gare vers le parc. On peut donc parler de couche urbaine, car la ville ne s’arrête pas au niveau des rues, elle descend en dessous.

Ensuite, à partir du marché couvert qui bordera la gare, il sera possible d’accéder au métro rapidement par de grandes rampes jusqu’aux plateformes. Selon l’architecte, il n’y aura « aucune sensation de claustrophobie ;une dimension de confort, un peu uto- pique d’une certaine façon, d’uti- liser la ville dans ses hauteurs, mais aussi dans son sol, dans sa géologie. »

Par un jeu de matière, d’escalator, de polymiroirs, la lumière arrivera jusqu’au plus profond et sera distribuée à tous les étages.

 

La garde Villejuif Institut Gustave Roussy (IGR)

 

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SNCF Réseau au service des transports en Île-de-France

Entretien avec Yves Ramette, Directeur Général Île-de-France, SNCF Réseau

Depuis le 1er janvier 2015, SNCF Réseau s’est substitué à Réseau Ferré de France. En Île-de-France une Direction générale a été constituée, compte tenu des enjeux spécifiques à ce territoire: moderniser l’infrastructure existante et renforcer le maillage du réseau dans le cadre du Nouveau Grand Paris. Yves Ramette fait le point sur les priorités de SNCF Réseau en Île-de-France.

Pouvez-vous nous préciser les métiers de SNCF Réseau et leur lien avec sa Direction Île-de-France ?

Bruno Marguerite

Gestionnaire des infrastructures ferroviaires, SNCF Réseau réalise les travaux de maintenance du réseau existant et les chantiers de développement pour satisfaire les nouveaux besoins, en s’appuyant sur quatre métiers de l’infrastructure : gestion de la circulation, maintenance, ingénierie et projets, et enfin accès au réseau, qui anime la planification capacitaire et la stratégie de développement du réseau francilien.

Tous coopèrent entre eux pour atteindre l’excellence ferroviaire et la performance économique, et la Direction générale Île-de-France a directement autorité sur eux selon une logique d’intégration managériale.

L’Île-de-France constitue une priorité : elle accueille 20 % de la population française et concentre 30 % du PIB national. Ce territoire représente 40 % du trafic national et accueillera 4 millions de voyageurs d’ici dix ans, ce qui montre les enjeux de densité auquel est confronté le réseau ferré.

À cet égard, la demande annuelle de transports collectifs augmente à un rythme soutenu de 2 % : plus que la croissance démographi- que annuelle de 0,7 %. Le projet du Grand Paris apportera une réponse à cette demande de transports de masse et assurera le désenclavement de certains territoires. Eole constitue à cet égard un des projets les plus emblématiques.

La Direction générale Île-de-France contribue à relever ces défis par un pilotage spécifique, en collaboration avec une multiplicité d’acteurs : SNCF Transilien, l’exploitant ferroviaire du quotidien pour les Franciliens ; le STIF, l’autorité organisatrice des transports de la région ; la RATP, notre partenaire sur les RER A et B mais aussi dans l’ingénierie des futurs projets systèmes d’ exploitation ; et bien sur la Société du Grand Paris.

Comment Eole, qui prolongera la ligne E du RER à l’ouest, permettra-t-il le désenclavement du territoire ?

Ce projet, concernant à terme 620 000 voyageurs, est emblématique à double titre ; de par ses objectifs et en tant que laboratoire d’innovations.

Avec Eole, projet déclaré d’utilité publique en 2013, nous entendons relever deux défis. D’abord, apporter un service de capacité supplémentaire de 80 % sur l’axe est-ouest : la mise en service d’Eole conduira, à un transfert du trafic de 12 % sur les lignes de RER A et B, entre les stations Châtelet et Gare du Nord, très fréquentées aux heures de pointe. Autre enjeu : assurer la desserte à l’ouest du Montois, encore pour l’heure largement perfectible pour la dynamisation économique de son territoire, tout en décongestionnant la Gare de Saint-Lazare qui pourra ainsi davantage respirer. À cet effet, la ligne E actuelle sera prolongée de 55 km vers l’Ouest, dont 8 km sous le tunnel d’Haussmann-Saint-Lazare à Mantes-La-Jolie. Les 47 km de ligne existante seront réaménagés avec trois nouvelles gares : Porte Maillot, La Défense-CNIT et Nanterre-la-Folie.

Au-delà de progrès en services de qualité offerts aux voyageurs, le projet Eole nous permet de repenser nos modes d’exploitation de manière innovante pour gagner en performance, que ce soit en fréquence de trains, en régularité des circulations ou en temps de déplacements, le trajet de Mantes-La-Jolie à La Défense allant ainsi passer de 52 à 35 minutes, à compter de 2022. Nous avons ainsi fiabilisé le réseau par une organisation en recouvrement, en concevant deux lignes indépendantes en une : deux branches autonomes fonctionneront ainsi en parallèle sur le tronçon central de Nanterre-la-Folie à Rosa Parks. Ceci permettra d’offrir aux voyageurs davantage de trains dans le sens le plus chargé, tout en évitant qu’un problème rencontré à une extrémité de la ligne ne se répercute sur l’autre extrémité. Nous sommes allés encore plus loin en embarquant un système de pilotage assisté dans le cadre du système d’exploitation innovant NExTEO : l’automatisation du démarrage et du freinage des trains sur la section centrale permettra d’optimiser la courbe de vitesse des trains et de réguler les débits. La RATP ayant déjà développé l’automatisation dans le métro, nos ingénieurs respectifs ont collaboré trois ans pour parvenir à adapter l’automatisation au réseau ferré et à la faire jouer en temps opportun.

Le chantier Eole, qui s’inscrit dans le nouveau Plan État-Région, démarrera à la fin de l’année pour une première mise en service prévue en 2020. L’enveloppe budgétaire dédiée est de 3,3 milliards d’euros (constant 2009), hors coûts d’exploitation et de matériel roulant, après un certain nombre de travaux d’optimisation.

Près de 1.7 milliards d’euros concernent le tronçon souterrain d’Haussmann-Saint-Lazare à Nanterre, livrable dès 2020, et un peu plus d’un milliard d’euros sont affectés à la sections entre Nanterre et Mantes-la-Jolie.

Quel est aussi l’intérêt du projet de Tram Express Nord ?

Nous entrons là dans la logique tram-train avec un système plus léger devant fonctionner comme un métro, sur la base d’un cadencement à l’intervalle.

Ce projet de grande envergure, plus connu sous le nom de « tangentielle nord », est destiné à desservir le nord francilien via une rocade contournant Paris, qui reliera, dans un premier temps, Epinay et Le Bourget. La mise en service est prévue à l’été 2017.

Les déplacements seront fluidifiés et rendus plus agréables grâce à des équipements innovants et aux interconnexions assurées avec les lignes de RER A,B,C,D et E,les lignes de tramways 1 et 8, sans compter les lignes H, J, L.

En quoi est-il aussi essentiel de miser sur les interconnexions ferroviaires, notamment avec le Grand Paris Express ?

Il nous revient d’assurer une bonne interconnexion entre le réseau existant et le Grand Paris Express, via la ligne 15, afin de permettre aux différents territoires de la métropole de mieux se connecter les uns aux autres.

Il s’agit d’ouvrir aux usagers franciliens le choix des univers de déplacement. Entre le milieu des années soixante-dix et aujourd’hui, le trajet moyen des Franciliens est passé de 7,5 km à 10,5 km, du fait notamment de la pression foncière les ayant contraint à chercher un habitat plus distant de leur lieu de travail, payant en temps de déplacements ce qu’ils ne payent pas en foncier. Les usagers expriment, par ailleurs, une attente forte de régularité des circulations.

L’articulation indispensable entre projets de transports et évolution urbaine s’inscrit, ainsi, dans le Schéma Directeur de la Région Île-de-France (Sdrif), voté en décembre 2013.

In fine, la désaturation du réseau existant et l’amélioration de la fiabilité des transports permettront d’augmenter la satisfaction des usagers et contribuera à la productivité de l’économie francilienne.

 

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Habitat durable

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Accroître la production de logements

Entretien avec Jean-Martin DELORME, Directeur de la Direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement en Île-de-France

La Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement en Île-de-France (DRIHL) a été créée en 2010 afin de construire et rénover des logements pour tous et de lutter contre l’habitat indigne. En 2015, dans le cadre d’un dossier des Cahiers d’Administration consacré au logement social en Île-de-France, Jean-Martin Delorme dresse un bilan et les perspectives en la matière, notamment au travers du Grand Paris.

Pouvez-vous présenter la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement ? Quelles sont ses missions ?

Jean-Martin Delorme

La DRIHL a été créée par décret du 25 juin 2010. Sa création manifeste la volonté de l’État d’adapter ses réponses dans le domaine de l’hébergement et du logement à la situation particulière de l’Île-de-France. Notre action s’inscrit dans une stratégie partagée avec
l’ensemble des partenaires, publics, associatifs et privés, et elle est fondée sur deux principes.

Tout d’abord, construire et rénover des logements pour tous. Pour accroître la production et ainsi réduire la pénurie, notamment pour les ménages les plus pauvres, la DRIHL gère le budget en faveur du développement et de l’amélioration de l’offre en Île-de-France.

Elle gère également les crédits de l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah) pour les aides à l’habitat privé. Dans le cadre du Grand Paris, elle travaille, en partenariat avec la Direction régionale et interdépartementale
de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France (DRIEA) à la définition des objectifs de logement sur les territoires concernés. Afin d’améliorer la vie des ménages déjà logés, elle met en œuvre la rénovation urbaine. Pour le parc privé, elle pilote le Programme de rénovation énergétique de l’habitat. Elle a également mis en place une stratégie régionale de lutte contre l’habitat indigne.

Notre second principe est de mettre à l’abri, d’héberger et de loger les plus démunis. Il s’agit de leur permettre d’être aidés en cas d’urgence et de veiller à leur orientation vers les structures les plus adaptées à leur situation.

On constate une très forte augmentation des demandes d’hébergement, et l’État héberge aujourd’hui chaque nuit 63 000 personnes en Île-de-France, dont la moitié dans des hôtels. Afin de favoriser l’accès au logement des personnes démunies, la DRIHL met en place des passerelles entre les services en charge de l’hébergement et ceux qui gèrent l’accès des ménages à l’habitat social ou aux dispositifs transitoires. Nous sommes en charge des dossiers de relogement des ménages DALO (droit au logement opposable).

Pouvez-vous dresser un bilan de vos activités depuis la création de la DRIHL en 2010 ?

Il serait trop long de faire ici la liste des projets menés par les équipes de la DRIHL, auxquelles je tiens à rendre ici hommage. Nos principaux efforts ont consisté à structurer et à professionnaliser le secteur de l’hébergement d’urgence et d’insertion, en mettant en œuvre les services intégrés d’accueil et d’orientation qui, dans chaque département, orientent les personnes vers les structures adaptées à leurs besoins et initient un parcours pouvant les conduire vers le logement.

Nous mettons également en place un accompagnement social pour les familles hébergées à l’hôtel afin de garantir leur parcours d’insertion et augmentons le relogement des ménages qui est déclaré prioritaire et urgent par les commissions de médiation DALO, en modernisant la gestion et le traitement des dossiers pour raccourcir les délais, en mobilisant le parc de logements sociaux du contingent préfectoral réservé pour les mal-logés et en convainquant les autres réservataires de s’acquitter de leurs obligations de relogement.

Nous instaurons des parcours d’accès à l’habitat, notamment par le développement de l’intermédiation locative, mais aussi par la mobilisation de places de logements adaptés et accompagnons les objectifs de construction dans le cadre du Grand Paris afin d’atteindre chaque année le pourcentage de 30 % de nouveaux logements sociaux fixés par le SDRIF. La DRIHL a un site Internet facilement identifiable dans un moteur de recherche et j’invite vos lecteurs à le regarder s’ils souhaitent plus d’ informations sur notre action.

Pouvez-vous dresser un état des lieux du logement social en Île-de-France ?

On dénombre dans la région 1 191 500 logements locatifs sociaux, soit 27 % du parc social français. Ce parc représente 23 % des résidences principales et accueille 24 % des ménages franciliens, soit près de 3 millions de personnes. La part de logements neufs est devenue très majoritaire en 2013, puisqu’elle représente 80 % du total.

91 200 logements locatifs sociaux ont été proposés à la location en 2012 dont 75 000 remis en location et 16 200 mis en service. Le taux de rotation dans le parc social francilien est de 6,4% et 33 % des ménages y habitant bénéficient d’une aide au logement.

Le nombre de demandeurs de logement social s’élève à 550 000 (dont près d’un tiers sont des ménages déjà locataires du parc HLM) ; 65 % des recours DALO se situent en Île-de-France.

Pouvez-vous présenter des contrats de développement territo- rial (CDT) et leur impact en matière de logement ?

Les contrats de développement territorial résultent de la loi Grand Paris. Ils sont fondés sur un projet de développement économique et urbain coélaboré par les collectivités locales et l’État et définissent « … les objectifs et les priorités en matière d’urbanisme, de logement, de transports, de déplacements et de lutte contre l’étalement urbain, d’équipement commercial, de développement économique, sportif et culturel, de protection des espaces naturels, agricoles et forestiers et des paysages et des ressources naturelles.» En matière de logement, la loi précise que les CDT « participent à l’objectif de construire chaque année 70000 logements géographiquement et socialement adaptés en Île-de-France… ».

Les périmètres des CDT résultent d’une démarche volontaire de la part des collectivités concernées et chaque contrat recouvre un bassin de vie important.

Pour les quinze contrats validés, la production annuelle de logements attendus représente, à terme, environ 25 000, soit 36 % de l’objectif régional de 70 000.

Quels sont vos priorités et projets pour les prochains mois ?

Dans les mois qui viennent, la DRIHL sera mobilisée par plusieurs sujets, notamment la contribution à la mise en œuvre de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPTAM) du 27 janvier 2014, et notamment du Comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH) qui sera co-présidé avec le Conseil régional.

Dans ce cadre, il s’agira pour nous de rédiger le diagnostic qui devra précéder l’élaboration du schéma régional de l’habitat et de l’hébergement. Ce document, qui devra être partagé par l’ensemble des partenaires siégeant au CRHH, notamment la Métropole du Grand Paris, est déterminant pour la gouvernance des politiques publiques, puisqu’il fixe non seulement les objectifs à atteindre, mais aussi leur déclinaison territoriale. Il doit également contenir les modalités de suivi et d’évaluation des actions conduites.

Dans le cadre du CRHH, nous mettrons également en œuvre, sur instruction de la ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité, le plan DALO spécifique à l’Île-de- France. Nous nous attacherons également à poursuivre les démarches engagées afin d’ améliorer les conditions d’accueil et d’accompagnement social des familles hébergées à l’hôtel. Enfin, nous renforcerons l’action conduite en direction des élus en faveur du développement de l’offre de logements, en leur démontrant la réalité de l’adage « maire bâtisseur, maire réélu » les chiffres le montrent !

 

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Logement et foncier : rapprocher habitat et travail

Entretien avec Thierry LAJOIE, Président Directeur Général de l’AFTRP

L’Agence Foncière et Technique de la Région Parisienne (AFTRP) pilotera prochainement, sous la nouvelle dénomination de « Grand Paris Aménagement », le plan de mobilisation pour l’aménagement et le logement, annoncé à l’automne dernier par le Premier ministre. Un dispositif destiné à tenir l’objectif de construction des 70000 logements chaque année.

Pouvez-vous nous rappeler les métiers de l’AFTRP ?

L’AFTRP, qui deviendra bientôt « Grand Paris Aménagement », a été créée en 1962 par Paul Delouvrier, d’abord comme pour incubateur, puis pour réaliser le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris. L’agence a été conçue pour créer les villes nouvelles sur un foncier qu’il fallait maîtriser, et aménager les logements et les activités autour du futur RER.

Au fil des années, l’agence a évolué au rythme de ses missions ayant elle-même évolué avec les lois de décentralisation au début des années quatre-vingt qui ont transféré les compétences d’aménagement aux collectivités, puis avec l’application du droit de la concurrence communautaire aux opérations d’aménagement, à partir de 2005.

De sorte que, aujourd’hui, on peut considérer que l’agence exerce trois métiers. D’abord, celui d’opérateur foncier, au sens classique du terme. Puis, ce que j’appelle celui d’ « acteur de la subsidiarité » ; en d’autres termes, un opérateur qui agit là où le marché, l’État ou les collectivités ne peuvent pas le faire. Cela peut être le cas pour les PRU les plus difficiles, pour le portage et la gestion des copropriétés dégradées, ou encore pour les plans de lutte contre l’habitat indigne.

C’est le cas, par exemple, à Clichy-sous-Bois, dans le cadre de l’opération de requalification des copropriétés dégradées dans l’intérêt national (OIN ORCOD), désormais auprès de l’Etablissement public Foncier d’Île-de-France (EPFIF).

Enfin, notre troisième métier est celui d’aménageur urbain. Nous avons la particularité d’intervenir sur un territoire couvrant l’ensemble de la Région Île-de-France, et qui n’a pas vocation à se réduire à la métropole institutionnelle du Grand Paris.

Nous avons également la particularité de regrouper une chaîne intégrée des métiers : foncier, habitat, aménagement. Nous intervenons soit avec mandat de l’État, comme pour une Opération d’Intérêt national (OIN) ; soit dans la sphère concurrentielle, au terme de procédures de mise en concurrence organisées par les collectivités locales pour devenir titulaire de concessions d’aménagement ; soit encore comme un aménageur privé, c’est-à-dire sur initiative propre ou en compte propre.

Vous devez donc rechercher la performance ?

Nous menons actuellement une cinquantaine d’opérations d’aménagement en Île-de-France, produisons du logement et des bâtiments d’activité économique et tertiaires. Nous sommes une entreprise publique performante, évoluant sur le marché concurrentiel, dans un souci de positivité de notre résultat, sans subvention de fonctionnement. Bref, une entreprise publique moderne.

Dans cette logique, comment appréciez-vous la place logement dans la construction du Grand Paris ?

Il y a quelques années, au moment de l’élaboration du nouveau réseau de transports Grand Paris Express, des études avaient montré que ce grand projet d’ infrastructure pourrait générer jusqu’à 200 000 logements neufs autour des 200 kilomètres de son tracé et de ses 72 gares. Le Grand Paris incarnait une grande promesse, avec à la clé des solutions pour accroître la mobilité des habitants, la création de logements dont l’ Île-de-France manque cruellement, en rapprochant lieux de vie et de travail, et une plus grande attractivité économique du territoire.

Petit à petit, cette dimension était passée au second plan, au profit de la construction institutionnelle de la future métropole du Grand Paris et de celle du métro lui-même, aussi complexes l’une et l’autre. C’était sans doute inévitable. Les derniers chiffres de la construction nous rappellent à la réalité : nous construisons davantage qu’hier en Île-de-France mais encore trop peu pour enrayer la crise du logement.

Les raisons en sont multiples, et sans cesse rappelées : un mécanisme grippé de l’offre foncière ; le poids des normes et des procédures ; et les difficultés plus rarement les réticences des élus à produire de nouveaux logements (d’accession libre, abordables ou sociaux) dans leurs communes. Les conséquences sont connues de tous : les franciliens ont de plus en plus de mal à se loger, la part du budget qu’ils consacrent au logement ne cesse de croître. 560 000 ménages vivent ainsi dans une habitation sur-occupée, 8 % des ménages franciliens étant mal-logés. De nombreuses études ont montré que le déficit de logement pesait sur l’attractivité économique de notre région, les entreprises ayant même parfois des difficultés à recruter.

Le SDRIF a fixé un objectif de construction de 70 000 logements par an pour répondre aux besoins actuels de logements des ménages, anticiper les demandes futures, et rattraper le déficit accumulé ces vingt dernières années. Aujourd’hui consensuel, ce chiffre tient compte de l’évolution démographique des flux et des emplois en Île-de-France, mais également des besoins pour préserver et accroître l’attractivité des territoires.

Pour contribuer à l’atteinte de cet objectif, le premier ministre a annoncé le 13 octobre dernier un plan de mobilisation pour l’aménagement et le logement en Île-de-France. Logement et aménagement redeviennent une priorité pour le Grand Paris et nous ne pouvons que nous en réjouir au regard de l’urgence qu’il y a à agir.

En quoi consiste ce plan de mobi- lisation pour l’aménagement et le logement ?

Ce Plan comprend une Opération d’intérêt national multi-sites d’une nouvelle génération, adossée notamment aux réseaux de transports et qui sera pilotée par l’ AFTRP, transformée en Grand Paris Aménagement, avec pour ambition d’augmenter, d’ accélérer, de faciliter et de débloquer la production en Île-de-France. Ce dispositif vise à aider collectivités et élus à réaliser les opérations d’ aménagement qui sortent difficilement aujourd’hui. Rien ne se fera sans leur concours, ni celui des outils d’aménagement des territoires comme les SEM.

Dans un premier temps, une concertation, sous la forme d’ateliers, sera menée sur les territoires pour identifier les potentiels de construction de logement, les projets et les besoins. Les premiers ateliers commenceront en avril.

À l’issue de cette concertation, le plan de mobilisation sera déployé là où cela s’avère le plus pertinent. L’intervention de l’État sera adaptée à la nature des sites et des besoins des territoires : certains sites bénéficieront du dispositif d’Opération d’intérêt national multi-sites ; d’autres bénéficieront du soutien de l’État sans procédure d’OIN, pour accompagner et conforter les projets de développement ou valoriser des démonstrateurs.

 

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Transition énergétique

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« Respecter l’environnement au bénéfice des générations futures »

Entretien avec Christian Terrassoux, Président Directeur Général de Pitch Promotion

Fondée par Christian Terrassoux, la société Pitch Promotion a débuté ses activités de promotion immobilière en France en 1989. A la fin des années 1990 est créé le groupe Pitch Promotion, qui s’est hissé parmi les premiers acteurs sur le marché français dans ce domaine, avec une marque désormais bien établie.

Pouvez-vous nous présenter Pitch Promotion, sa philosophie et son expertise ?

Christian Terrassoux

Le groupe Pitch Promotion exerce son activité autour de 6 pôles : promotion logement ; promotion tertiaire ; valorisations ; PPP / foncière ; logistique et détention et exploitation d’hôtels.

Depuis 2 ans, il livre environ 1 300 logements par an, a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de près de 300 millions d’euros comptabilisés à l’achèvement (normes françaises) et a généré un résultat d’exploitation de 18,5 millions d’euros sur l’exercice clos le 31 mars 2014.

Nous couvrons le territoire national grâce à sept implantations régionales : Paris, Aix-en-Provence, Toulouse, Lyon, Nice, Bordeaux et Montpellier.

A fin septembre 2014, Pitch Promotion employait 250 personnes (y compris le personnel dédié à l’exploitation hôtelière).

Quel est l’intérêt du Grand Paris pour Pitch Promotion ? Quels sont vos objectifs ?

Pitch Promotion intervient depuis de nombreuses années sur le territoire du Grand Paris.

Aujourd’hui le Grand Paris a l’ambition de créer des espaces de vie partagés qui puissent accueillir le plus grand nombre. Le Grand Paris est donc un enjeu important pour notre société notamment dans la production de logements et la construction de bureaux, de commerces, et éco-quartiers.

Notre positionnement dans tous les métiers de la construction immobilière est un atout que nous souhaitons valoriser dans le développement du Grand Paris pour intervenir dans l’aménagement global des espaces. Mais il faut pour cela que le réseau de transports se réalise et que l’organisation territoriale soit stabilisée.

Comment travaillez-vous avec les élus franciliens et les collec- tivités ?

Comme pour toutes les réalisations de notre groupe, nous développons un contact étroit avec les décideurs locaux qui sont les seuls à même définir les stratégies de développement et d’aménagement de leur territoire.

Nos projets sont le résultat du choix des élus locaux pour la qualité architecturale que nous proposons, un élément élément essentiel qui doit guider leur décision, évitant ainsi les surenchères sur les coûts du foncier.

Parlez-nous de votre engagement en faveur de la protection de l’en- vironnement et du développement durable dans le cadre du Grand Paris…

Construire l’avenir ensemble » est plus qu’un engagement pour Pitch Promotion, c’est l’illustration de notre volonté de respecter l’environnement au bénéfice des générations futures.

Ce principe est important tout particulièrement pour le Grand Paris. Nous nous positionnons dans ce cadre comme acteur responsable.

Nos réalisations répondent pour la plupart aux plus hautes certifications environnementales quand elles ne les dépassent pas : haute qualité environnementale, réglementation thermique 2012, bâtiment basse consommation énergétique, BREAM, etc.

Cette démarche s’articule autour de l’optimisation des consommations énergétiques, du respect de la qualité sanitaire de l’air ambiant et de l’eau, de la sélection de matériaux non polluants, et de la conduite de chantiers propres (gestion et traitements des déchets, nuisances sonores, respect des travailleurs et des riverains).

Pitch Promotion veille à l’équilibre économique, écologique et sociétal de ses projets, positionnement qu’il revendique pour le Grand Paris comme pour toutes ses réalisations.

La mixité sociale et inter-générationnelle est au cœur de nos projets, tout comme la qualité de vie de nos futurs clients s’agissant de logements.

Pouvez-vous présenter quelques opérations emblématiques dans l’emprise du Grand Paris ?

Nous sommes présents à Paris et principalement sur la première couronne. A Antony (Haut-de-Seine), par exemple, Pitch Promotion réalise aujourd’hui un vaste écoquartier de 261 logements en accession à la propriété, 82 logements sociaux, 390 m2 de commerces ainsi qu’une crèche.

Dans le sixième arrondissement de Paris, nous restructurons un immeuble de bureaux pour y créer 22 appartements, du studio au 6 pièces duplex dans la résidence « Esprit Sagan ».

Prochainement, nous allons inaugurer « Harmony Adagio », une résidence confortable au cœur d’Alfortville (Val de Marne) et un écoquartier « Paris par Nature » dans le 15ème arrondissement de Paris qui offrira 3 hectares de nature et d’architecture contemporaine. De nombreuses autres opérations seront livrées en 2015 et 2016.

 

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Etre à Pantin et ailleurs … en même temps

Par Eva Samuel, architecte urbaniste

Entre les métros Eglise-de-Pantin et Raymond-Queneau et se faufilant entre l’avenue Jean-Lolive et le canal, les 6,5 hectares du quartier du Port devraient accueillir, à l’horizon 2017, plus de 600 logements, des commerces, brasseries, restaurants, bureaux et de vastes espaces publics jouxtant les magasins généraux réhabilités.

 

Places et squares rythment l’architecture qui accompagne l’horizontalité des flots. Le paysage urbain ainsi dessiné a vocation à s’ouvrir, d’un côté sur l’eau et de l’autre, à créer des perspectives vers les rues grimpant sur les hauteurs de la Corniche des forts. Le nouveau quartier, amarré au bassin de l’Ourcq est une invite à l’ensemble de la ville et au-delà aux communes voisines de Romainville, Bobigny, Paris.

Le site est magnifique, c’est un lieu très poétique tant par son histoire – il évoque un passé industriel qui s’ efface – que par sa situation au bord de l’eau, son paysage horizontal, plat, serein.

Ces qualités particulières ont servi de support au projet en cours de construction aujourd’hui : Newport, un nouveau quartier, qui évoque d’ autres horizons.

Pour cela, il fallait accompagner le canal en valorisant les usages multiples de ses abords et en conservant cette liberté fragile qui lui donne pourtant son caractère : on y fait du vélo, on s’y promène, on s’y assied pour manger un sandwich, on y pêche, on y admire le paysage,
De même, il fallait mettre en scène la cathédrale de béton que constituent les anciens magasins généraux autour desquels le quartier se construit.

Logement et crèche le long du mail – Eva Samuel architecte et associés.

Des architectes de talent ont pris le relais, avec les promoteurs, ils apportent leurs visions, créent des logements de qualité qui profiteront des vues et de l’animation du quartier et apportent avec les différents matériaux la concrétisation des idées.

L’urbanisme ne peut se réduire à une technique qui se traduirait dans un dessin figé. Au contraire, chaque ville, chaque bourg, chaque quartier sont à réinventer en fonction de leurs spécificités spatiales
et humaines.

Il est nécessaire, avant de réaliser quoi que ce soit, de se mettre autour d’une table, de croiser des points de vue qui peuvent être très différents, et de donner les moyens de comprendre comment les enjeux se traduisent dans la spatialité des espaces.

L’urbanisme est un processus qui requiert des approches à différentes échelles et différentes temporalités, pour offrir à chaque lieu un imaginaire et guider progressivement ses transformations.

Par ailleurs, deux opérations de l’agence sont labellisées dans le cadre des Ecoquartiers remarquables :

  • en 2011 à Paris quartier Fréquel/Fontarabie
  • en 2013 à Tours quartier Monconseil

 

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Vers un Grand Paris soutenable sur le plan de l’énergie

Entretien avec Alain VALLET, Directeur à la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE)

Accélérateur des dynamiques démographique et économique, le développement du Grand Paris suppose la mise en œuvre en amont d’une politique ambitieuse en termes d’infrastructures, à même d’assurer sa sécurité d’approvisionnement énergétique. Examiner la soutenabilité énergétique de la Métropole, telle est précisément la mission confiée par le préfet de la région d’Île-de-France à la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE), comme nous l’explique son directeur, Alain Vallet.

Alain Vallet

Pouvez-vous nous rappeler en quoi, mécaniquement, le développement du Grand Paris produira un impact majeur sur ses besoins en ressources énergétiques ?

Pour l’heure, l’Île-de-France est déjà fortement dépendante pour son approvisionnement énergétique : elle produit seulement 10 % de ce qu’elle consomme, devant ainsi importer 90 % de l’énergie dont elle a besoin, du fait notamment du fonctionnement de ses centres de traitement de données informatiques (datacenters), en plein essor. Or, le Grand Paris, fort de sa dynamique démographique, pourrait compter près de 13,6 millions d’habitants en 2030, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2011, ce à quoi il conviendra d’ajouter l’arrivée de services et commerces de proximité, accompagnant la construction de logements. Et, en sus des effets attendus de cette dynamique démographique, il sera nécessaire d’anticiper ceux de la dynamique économique avec, à la clé, la création à l’horizon 2030 de près de 1 000 000 emplois dans les secteurs tertiaire et industriel. Autant de personnes dont il faudra assurer le confort énergétique, sans oublier la mobilité, via le développement de véhicules électriques, à recharger, et Le Grand Paris Express ; un réseau de transports en commun de grande ampleur avec 200 km de lignes de métro et 72 nouvelles gares. D’où l’impérieuse nécessité de renforcer et de pérenniser les infrastructures existantes.

Composante stratégique pour l’acheminement et la distribution de l’énergie du Grand Paris, les infrastructures devront ainsi être intégrées dans la logique de son aménagement. Comment concevez-vous cette stratégie ?

Des travaux ont déjà été engagés, en lien avec les énergéticiens, pour anticiper précisément l’évolution des besoins en électricité, en gaz et en produits pétroliers consécutifs à la mise en œuvre du Grand Paris. Un moyen indispensable pour s’assurer de la compatibilité des projets d’aménagement à venir avec la sécurité d’approvisionnement. Et c’est sur la base des premiers résultats de ces travaux que nous avons organisé des séminaires réunissant l’ensemble des parties prenantes, collectivités territoriales comprises. Celui qui avait été organisé en novembre 2013 avait permis d’identifier les leviers pour favoriser cette compatibilité. Parallèlement, la transition énergétique doit être un levier supplémentaire pour atténuer les besoins en énergie, via l’efficacité énergétique, et pour développer la production locale, via les énergies renouvelables, qu’il importe de développer et de favoriser, notamment avec les réseaux de chaleur. La Région Île-de-France dispose des équipements les plus importants et les plus denses qui soient dans toute la France et la DRIEE prend un soin particulier à respecter les procédures dans le souci, notamment, de ne pas réchauffer les ressources en eaux potables.

Trouver l’équipement global idoine en termes d’ infrastructures constitue un travail assez complexe à mener en collectif, dans l’intérêt général, avec la contrainte de devoir anticiper le temps de préparation dans des zones très urbanisées, comme c’est le cas en Île-de-France. Nous mettons en œuvre et pilotons ensuite, avec pédagogie, des stratégies autour des axes forts dégagés avec les entreprises, parties prenantes à l’innovation. Retours d’expériences et échanges créent ainsi une dynamique globale pour avancer dans la réflexion.

Ce travail d’ objectivation et de projection est à la mesure de l’ampleur du travail collectif à mener pour agir sur les leviers d’optimisation des infrastructures, en concertation avec les usagers.

Quels sont les défis à relever pour assurer l’approvisionnement sécurisé en électricité du Grand Paris ?

D’ici à 2030, 19 postes relais doivent être créés, pour sécuriser l’approvision

L’enjeu de l’approvisionnement en électricité du Grand Paris s’exprime avec une acuité particulière, car, contrairement au gaz et aux produits pétroliers, l’électricité ne peut pas être stockée. De fait, la sécurité d’alimentation en électricité s’appuie essentiellement sur le réseau de transport d’électricité dont la structure est unique avec une boucle périphérique insérée dans le réseau national à 400 kV et des « pénétrantes » à 225 kV, permettant la diffusion de l’électricité jusqu’aux postes de transformation, à l’interface du réseau de distribution. Il s’agit donc là d’un réseau stratégique à proximité duquel nous devons collectivement maîtriser l’urbani-
sation pour garantir la continuité et la sûreté de l’alim-
entation.

Or, d’ici 2030, nous estimons à + 30 % notre consommation d’électricité, ce qui représente près de 4 000 MW de besoins en puissance électrique, soit l’équivalent de la puissance développée par quatre tranches nucléaires, pour assurer le fonctionnement des véhicules électriques, des nouveaux datacenters allant accompagner le développement des activités high tech, du Grand Paris Express, et répondre aux besoins des secteurs tertiaire et du résidentiel. Avec Réseau de Transport d’Électricité (RTE) et Électricité Réseau Distribution de France (ERDF), nous suivons de près, et de concert, la mise en œuvre du renforcement de l’infrastructure au fil des nouveaux besoins. Dix-neuf postes-relais devraient être créés d’ici 2030, ce qui suppose de réserver le foncier en les faisant accepter tant par les populations que par les maires des communes. Il importe également de sensibiliser les usagers à la nécessité de maîtriser leur demande en électricité et de les inciter à adopter les bons réflexes. Le réseau intelligent est là pour nous y aider ; je veux parler du compteur communiquant Linky, comme existe le compteur Gazpar pour le gaz.

Comment envisagez-vous la soutenabilité du Grand Paris en gaz ?

Le gaz, qui représente un tiers des consommations finales franciliennes, est facilement stockable et nous disposons de quatre sites de stockage dans la région, avec plusieurs millions de m3 de gaz dans les cavités naturelles, étroitement surveillées. Il convient cependant de souligner que le gaz est appelé à jouer un rôle prépondérant dans la transition énergétique : c’est un levier du développement des énergies renouvelables qui va nous permettre de pallier le caractère intermittent de l’éolien et du solaire et de développer la production du biogaz qui contribuera à nous faire atteindre les objectifs européens de la France. Cette évolution, combinée au développement de nouveaux usages, comme celui du gaz naturel pour véhicules (GNV), reste compatible avec la soutenabilité, grâce aux efforts volontaristes d’ efficacité énergétique. Mais l’infrastructure gazière est ainsi appelée à jouer un rôle nouveau supposant une redistribution des flux, adaptation logistique à la clé, au regard notamment du développement des réseaux de chaleur.

Qu’en est-il de la sécurité francilienne en termes de produits pétroliers ?

La consommation francilienne représente 11 000 tonnes équivalent pétrole (ktep), dont près de 10 000 pour le seul secteur des transports, avec une forte concentration au cœur dense de l’agglomération. L’Île-de-France est approvisionnée via le réseau de pipelines Le Havre-Paris, exploité par la Société des transports pétroliers par pipelines (TRAPIL), laquelle achemine les produits finis vers les dépôts pétroliers franciliens, dépôts dont le nombre est malheureusement passé de 40 en 1990 à une quinzaine aujourd’hui, du fait principalement de la pression foncière en petite couronne. C’est là un seuil qui ne peut être abaissé, sauf à menacer l’équilibre territorial de la logistique et à altérer la sécurité d’approvisionnement de la région. La poursuite de la dynamique actuelle pourrait fragiliser la gestion locale de crise d’approvisionnement pétrolier en Île-de-France, avec un coût socio-économique important : il faut donc désormais s’inscrire dans une véritable logique de conciliation des usages, à laquelle contribuent les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) que nous élaborons autour de ces infrastructures. Il convient également de préserver nos équipements de raffinage et de prévenir les incidents en mettant en œuvre les mesures adéquates.

 

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ERDF se lance dans l’ère de la smart city

Entretien avec Jean-Luc Aschard, Directeur d’ERDF Île-de-France

Avec la mise en place du Grand Paris Express, l’arrivée de la smart city et l’ouverture des données, le monde de l’énergie se complexifie. C’est aussi un moyen pour ERDF en Île-de-France de faire évoluer son métier de distributeur.

Comment ERDF se positionne-t-il face aux projets de smart city à Paris ?

Jean-Luc Aschard

Nous estimons que le réseau électrique est incontournable pour mettre en place un dispositif de ville intelligente. Mais la smart city, ce n’est pas uniquement de l’énergie. Ce sont aussi des échanges de données et plus d’interactions entre la ville, les élus et les habitants. L’électricité était traditionnellement produite dans de grandes centrales reliées à un réseau centralisé ; elle sera de plus en plus répartie sur le territoire, ce qui va faire proliférer des systèmes éco-énergétiques très différents d’une ville à l’autre, d’un quartier à l’autre. La smart city est en tout cas une très belle opportunité de faire évoluer notre métier de distributeur, qui doit être encore plus au service des clients mais également des collectivités locales qui aspirent à jouer un rôle important dans les politiques énergétiques.

Quel savoir-faire va mobiliser ERDF pour la mise en place de cette ville et de ces réseaux intelligents ?

Notre savoir-faire est basé sur notre expérience de conduite et de développement des réseaux de distribution d’électricité. Faire circuler les électrons, c’est notre cœur de métier. Nous visons en permanence la meilleure qualité de fourniture d’électricité (seulement 24 minutes de temps de coupure moyen par habitant en Île-de-France en 2014 !) ainsi que la sécurité de l’alimentation du consommateur final. Nous allons aussi équiper tous les foyers d’un compteur communiquant, le compteur Linky. Il va être installé à partir de fin 2015 jusqu’à fin 2020 sur tout le territoire national et de fait, chez les 6,2 millions de consommateurs franciliens.

Le compteur communiquant est un capteur qui permet de nous donner des informations en temps réel là où les relevés étaient auparavant effectués «physiquement», deux fois par an. Cela va nous permettre d’optimiser en temps réel tous les flux d’informations. Le compteur pourra être consulté à distance sans dépêcher de technicien, ce qui va offrir beaucoup plus de souplesse dans l’évolution du contrat des clients.

ISSY-LES-MOULINEAUX, LA PIONNIÈRE DES SMART CITY

Le quartier IssyGrid, à Issy-les-Moulineaux, est un exemple de ce que la smart city peut offrir de mieux avec tous les composants d’un réseau intelligent. Il y a un réseau de distribution électrique qui communique en permanence entre le client et le distributeur ERDF grâce au compteur communiquant. D’autres outils sont mis en place grâce aux partenariats avec Alsthom, Schneider, Bouygues immobilier, Bouygues Telecom, Microsoft, Steria, Total, EDF et la mairie d’Issy-les-Moulineaux. Les particuliers peuvent désormais piloter à distance leur consommation électrique grâce à leur smartphone. L’éclairage public se module en fonction de l’heure du jour et de la nuit mais aussi par rapport à l’ensoleillement et la fréquentation des rues. Microsoft développe également une plate-forme de Cloud pour intégrer toutes les données utiles ; Total installe des panneaux solaires, dont la production peut être stockée dans des batteries qu’ERDF a installées dans un poste de distribution de quartier complètement équipé de technologies communicantes dernière génération.

Quelles sont les possibilités ouvertes par le big data dans la distribution d’électricité ?

Notre métier « historique » est de gérer un système électrique et d’assurer en temps réel l’équilibre entre ce qui est consommé et ce qui est produit. Demain, nous allons ajouter à cette mission un flux continu d’informations au consommateur final, aux fournisseurs d’énergie et aux collectivités locales. Avec ce compteur communiquant, nous allons rentrer dans l’ère de la donnée à la fois utile pour le client, qui va mieux gérer ses consommations, mais aussi pour le distributeur, qui va être capable de mieux exploiter le réseau de distribution. Ces données peuvent être utiles pour d’autres acteurs comme les collectivités locales pour anticiper et gérer des politiques énergétiques sur leur territoire. Mais attention, les données sont privées et sensibles. Il ne s’agit pas d’en faire n’importe quoi. Nous examinons donc actuellement ce principe de l’open data, comme la plupart des grands opérateurs de service public.

De quelle manière comptez-vous favoriser la mobilité électrique, véritable enjeu pour une smart city ?

C’est un sujet-clé pour l’ensemble des acteurs de cette filière, y compris ERDF. Le nombre de bornes raccordées au réseau d’électricité reste modeste, mais les ambitions sont énormes à l’horizon 2020-2030. Le marché, qu’il concerne l’espace public ou privé, est croissant. La mobilité électrique va avoir un impact sur notre réseau, même si nous avons déjà expérimenté cela avec Autolib’ à Paris. Nous essayons d’accompagner les collectivités locales dans le choix des stations de recharge, notamment au niveau de l’emplacement pour que l’interférence avec les réseaux soit minimisée. Par ailleurs, nous sommes très attentifs à la puissance des stations, qui n’est pas la même selon que la personne souhaitera recharger sa voiture en 8 heures (3kW),en 1h (22kW ou en 30 minutes (45kW), de jour ou de nuit.

Première étape du Grand Paris Express, les opérations de dévoiement de réseaux visent à libérer les futures emprises de chantier et à préparer la phase de génie civil. En quoi consistent-elles ?

Le Grand Paris Express est un très gros chantier qui est en train de démarrer et qui va s’étaler jusqu’en 2025. Il va nécessiter beaucoup de travaux d’adaptation, de modification et de renforcement de notre réseau pour faire en sorte qu’il y ait de l’électricité dans toutes les grandes gares du Grand Paris Express. Les premiers chantiers concerneront la ligne 15 Sud, entre les futures gares de Pont de Sèvres et Noisy-Champs. La première étape consiste à libérer les futures emprises des chantiers et du tracé des voies souterraines. On a identifié environ 400 croisements entre les câbles ERDF et les futurs équipements de la société du Grand Paris. Nous savons où ils se trouvent et nous allons modifier leur implantation pour éviter toute interférence avec les futures installations.

Comment gérer l’accroissement de puissance prévu par la mise en place du Grand Paris Express ?

Nous avons fait un travail considérable avec les services de la Région et de la direction interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) pour évaluer les besoins en puissance de la métropole du Grand Paris et de l’Île-de-France à l’horizon 2030. Compte tenu de l’histoire de la région, de notre expertise et de notre connaissance du terrain, nous avons évalué le besoin à 4 000 mégawatts à l’horizon 2030. Le transport représente 500 MW, les data centers près de 1 000 MW, le développement urbain 1 000 MW et la mobilité électrique 500 MW. Une fois les chiffres sur la table, il faut regarder les grands organes qu’il va falloir développer comme les « postes-source », qui servent à transformer le courant 225 000 volts du réseau de transport en courant 20 000 volts qu’ERDF achemine jusqu’aux postes de quartier. Sur le territorien francilien, il y a 160 postes-sources. On s’aperçoit que pour maîtriser les développements économiques à venir, il va falloir construire une vingtaine de postes sources et en rénover une centaine. Ce qu’il nous faut, c’est anticiper les zones sur lesquelles on a du développement. Installer un poste source, c’est trouver un terrain foncier bien placé en fonction des zones de développement tout en sachant que de nombreuses années se passent entre la décision de construction d’un poste source et le moment ou il va sortir son premier électron.

 

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L’ADEME ÎLE-DE-FRANCE, pour un Grand Paris acteur de la transition énergétique

Entretien avec Joëlle Colosio, Directrice Régionale Île-de-France de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME)

Parce que les enjeux en termes d’efficacité énergétique et environnementale de la Métropole ne peuvent être relevés qu’avec la coopération pleine et entière des acteurs concernés, collectivités locales et particuliers compris, la Direction Régionale Île-de-France de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) favorise les performances de chacun, à travers des actions transversales.

Quels sont les enjeux aux-quels l’ADEME doit permettre de répondre sur le territoire métropolitain du Grand Paris ?

Joëlle Colosio

Le territoire du Grand Paris rassemble l’ensemble des potentiels sur lesquels l’ADEME est amenée à travailler dans le cadre des actions que nous conduisons pour accompagner les territoires dans la mise en œuvre de la transition énergétique. Nos actions s’articulent autour de trois grands axes.

Premier axe: l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables, car l’Île-de-France, dépendante à 90% de son approvisionnement énergétique, constitue un important importateur de ressources. D’où notre politique incitative à la recherche d’efficiences, dans le sens de la sobriété, et notre objectif de faire progresser la part des usages des énergies renouvelables dans le mix énergétique francilien. Sur le Grand Paris, il importe de prioriser les énergies renouvelables, toutes n’ayant pas en effet la même valeur sur ce territoire. La géothermie profonde, puissante ressource locale, mérite d’être privilégiée sur les zones où elle est disponible. En 2014, nous avons accompagné quatre opérations de géothermie profonde, soit 24 108 équivalent logements raccordés et 52 082 tonnes de C02 évitées. Dernièrement, la commune de Villejuif s’est engagée dans le forage d’un nouveau puits, la centrale géothermique allant alimenter son réseau de chaleur urbain. Nous poursuivons et amplifions cette priorisation en fonction des lieux, tout en travaillant sur le potentiel d’énergies fatales, dites encore énergies de récupération, qui doit être la première ressource à mobiliser. Nous nous efforçons ainsi d’intervenir le plus en amont des projets. Pour ce faire, nous mettons à disposition des collectivités notre outil « EnR’Choix ». Il permet de poser un diagnostic et de les accompagner dans l’élaboration de leurs schémas stratégiques de développement énergétique à partir d’énergies renouvelables. A cet égard, la gestion du fonds chaleur constitue un levier d’action important pour nous permettre de substituer les énergies fossiles par les énergies renouvelables, en rendant celles-ci compétitives par rapport aux énergies fossiles.

Notre deuxième axe d’intervention vise les villes et les territoires durables, intervention se déclinant à différents niveaux. Nous favorisons les démarches intégrées d’aménagement et de mobilité. Nous accompagnons des projets de construction et de rénovation du bâti exemplaires en matière d’efficacité énergétique car le bâti consomme 36 % d’énergie en France. L’ADEME travaille également sur les changements de comportement, notamment en matière de mobilité durable, dans l’objectif de recentrer la ville sur la ville, ce qui nous conduit à accompagner des projets de reconversion de friches urbaines exemplaires et d’initier des expérimentations en matière de nouvelles mobilités. Nous nous appuyons sur nos relais que sont les Points Rénovation Info Service et, également, sur des chargés de mission dans les collectivités, certaines d’entre elles se regroupant pour mettre à disposition des administrés un conseiller en énergie partagé (Voir publication ci-dessous disponible sur demande). Par ailleurs, en 2015, près d’une quarantaine de collectivités franciliennes s’engageront dans des projets de territoires à énergie positive pour la croissance verte ; plusieurs d’entre elles sont sur le territoire métropolitain du Grand Paris.

Enfin, troisième axe, et non des moindres: l’ancrage de l’économie circulaire, le Grand Paris constituant un réel creuset puisqu’il génèrera 40 millions de tonnes de déchets de chantier supplémentaire sur dix ans.

Comment contribuez-vous à déployer l’économie circulaire sur le Grand Paris ?

Le secteur du BTP génère une part très importante de déchets. Il s’agira de travailler sur l’ensemble de la palette que l’on peut définir comme œuvrant à la mise en place de l’économie circulaire. Cette palette comprend entre autres l’éco-conception, l’économie de la fonctionnalité, l’écologie industrielle territoriale, les changements de comportements, la prévention des déchets. Il s’agit d’un cercle vertueux centré sur l’approche « cycle de vie » privilégiant l’approche systémique dans une dynamique de préservation des ressources. Par exemple, dans le cas des chantiers du Grand Paris, au-delà du recyclage des déchets, l’innovation portera sur la réutilisation et le remploi des matériaux dans la construction afin d’en augmenter leur durée de vie.

Il s’agit là d’une économie réellement vertueuse puisqu’elle crée de l’emploi local et favorise la modification des comportements, sans compter la création de dynamiques nouvelles entre entreprises et collectivités.

Quelles offres d’accompagnement proposez-vous aux collectivités pour bâtir durablement ?

L’impulsion est donnée par les appels à projets que nous lançons tout au long de l’année pour voir la réalisation de projets précurseurs. La sélection des lauréats est faite par des jurys auxquels participent les services de l’Etat, la Région, souvent co-lanceur et co-financeur des appels à projets, et des experts du domaine.

Pour les particuliers, notre action, plus indirecte, s’amplifie au travers de nos Points Rénovation Info Service, qui s’appuient également sur les plateformes locales de la rénovation énergétique ; de nouvelles structures d’accompagnement de A à Z des particuliers. Deux de ces plateformes à l’échelle de département sont en fonctionnement dans l’Essonne et en Seine-Saint-Denis et une prochaine verra le jour très prochainement sur Paris. Il s’agit là d’un enjeu fort pour démultiplier le nombre de rénovations énergétiques de bâtiment, dont plus de 60% sont en copropriété sur le Grand Paris. En ce sens, l’outil «CoachCopro®» favorise la réussite du projet de rénovation par les copropriétaires.

Quels sont vos challenges pour 2015, année charnière en termes d’adaptation au changement climatique, avec notamment la tenue de la conférence Paris Climat COP 21 ?

La signature du Contrat de Plan État-Région 2015-2020, dont le volet transition énergétique et écologique constitue un axe fort pour les six prochaines années, permettra le démarrage d’un nouveau cycle de réalisations majeur. Le rythme de rénovation du bâti sera accéléré avec des actions ciblées en ce sens. Nous commencerons par ailleurs à engager des actions en matière d’écologie industrielle et territoriale. Enfin, notre action portera sur l’accompagnement des territoires engagés dans une programmation « zéro gaspillage – zéro déchets ».

 

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Pour une mutualisation des moyens en région parisienne

Par André Santini, Président du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF), Ancien Ministre, Député-Maire d’Issy-les-Moulineaux, Président du Conseil de Surveillance de la Société du Grand Paris.

Avec la diminution régulière de la consommation moyenne d’eau en Île-de-France, le maintien de l’excellent niveau de qualité et de sécurité atteint depuis plusieurs années par les grands services publics d’eau franciliens coûte cher.

Si l’eau est une ressource gratuite à l’état naturelle, la rendre potable et la livrer à domicile 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à plus de 12 millions de Franciliens nécessite des infrastructures lourdes, en parfait état de fonctionnement. Pour le maintien en l’état de son patrimoine, le SEDIF investit plus de 139 millions d’euros chaque année.

DR – André Santini

Il importe donc de proposer des solutions de long terme. C’est ainsi que j’ai pris la parole dans une tribune, diffusée par les Echos du 27 novembre 2014, pour affirmer le rôle pivot du SEDIF dans la future organisation métropolitaine de l’eau.

J’ai été le premier à demander dès 2008 une mutualisation des moyens en région parisienne, compte tenu de la diminution de la consommation d’eau, de la sur-abondance d’équipements, et des charges croissantes pour maintenir à niveau l’outil industriel. Il faut aujourd’hui concilier une ressource de plus en plus coûteuse, à exploiter avec des exigences normatives et consuméristes de plus en plus fortes. La production d’eau ne peut plus être gérée à trop petite échelle.

Chaque opérateur a-t-il encore les moyens d’assumer seul un penchant naturel à l’autonomie et à la pseudo indépendance : chacun ses usines, ses réseaux, ses équipements, ses procédés de gestion et de contrôle, tout cela est fini.

D’une logique de sécurisation et d’interconnexion des réseaux, il faut passer à une démarche de mutualisation « industriellement intelligente » des ressources et des moyens. Dans son rapport public de février 2011, la Cour des comptes insiste fortement sur le nécessaire regroupement des services publics d’eau par une « réduction drastique » de leur nombre.

J’invite donc les acteurs publics de l’eau de la région parisienne à franchir une nouvelle étape et envisager la constitution d’une structure spécialisée métropolitaine fédératrice plus large, à l’image du SIAAP pour l’assainissement ou du SYCTOM pour les déchets ménagers.

Le SEDIF est un peu le « grand frère » régulièrement sollicité par les autres services de l’eau francilien. Nos usines modernisées et sécurisées en permanence sont au top de la technologie. Plus de 700 millions d’ euros ont été investi dans ce sens dans notre XIVème plan d’investissement 2011-2015.

Au moment où l’on débat toujours sur la modification de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, mais aussi où le schéma régional de coopération intercommunale est en cours de finalisation, les grands syndicats comme le nôtre doivent faire reconnaître l’importance des services urbains que nous assurons, notre rôle majeur comme acteur historique de l’inter-communalité et de la solidarité territoriale, notre rôle de précurseur dans la construction « métropolitaine ».

Ces syndicats ont une longue histoire, ils accompagnent l’extraordinaire développement de la banlieue parisienne, dans un esprit de service public. Pourquoi casser des institutions qui marchent bien et qui ont fait leurs preuves depuis longtemps, ou perturber à l’envi et inutilement leur fonctionnement ? Un peu de pragmatisme de la part des concepteurs de ces textes nous rendrait bien service.

 

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Projets & développements

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Les atouts du Grand Paris face à la compétition des « villes Monde »

Entretien avec Sabine ENJALBERT, Directrice Générale de Paris Région Entreprises

Au Top 5 des régions mondiales, l’Île-de-France affiche déjà la 3ème plus forte concentration de très grandes entreprises, forte d’une économie diversifiée et d’un écosystème hautement performant en R&D et innovation. La dynamique que porte le Grand Paris agira comme un formidable levier d’attractivité et de croissance pour les PME et ETI porteuses de valeurs ajoutées.

DR – Sabine Enjalbert

Comment la Région Île-de-France se positionne-t-elle aujourd’hui au niveau mondial ?

Lorsqu’on observe les classements en matière de compétitivité et d’attractivité, l’Île-de-France maintient son rang en se situant dans le top 5 des régions mondiales parmi des métropoles comme Tokyo ou New York. L’Île-de-France est la première région européenne et la troisième mondiale qui compte le plus de très grandes entreprises sur son territoire, derrière Tokyo et Pékin, mais devant Londres. Elle accueille également la quasi-totalité des grands comptes de l’industrie française (CAC 40), tous leaders mondiaux sur leur marché.

Sa force et sa spécificité résident aussi dans l’extrême diversité de son économie, comptant aussi bien des entreprises leader dans l’aéronautique, les services financiers ou l’automobile, que d’autres à la pointe de secteurs innovants comme la santé, les nanotechnologies, les industries technologiques (IT) ou l’animation graphique 3D.

C’est la région européenne bénéficiant de la plus forte présence de moyens de R&D grâce à un écosystème hautement performant, composé de grands groupes internationaux, de PME innovantes, de start-ups, de laboratoires privés et publics… et elle comprend ainsi sept pôles de compétitivité, 100 000 chercheurs, et le plus grand nombre de brevets high-tech en Europe.

La très grande diversité de secteurs d’activités en Île-de-France est un avantage essentiel pour concevoir ici les inventions de demain, souvent au croisement de différentes disciplines. L’excellence francilienne, par exemple en matière d’optique photonique, trouve des applications dans les questions de mobilité, de santé, ainsi que pour les capteurs dans le domaine de l’énergie renouvelable.

En quoi le projet du Grand Paris favorise-t-il le développement économique des entreprises d’Île-de-France et les investissements étrangers ?

Une métropole mondiale a besoin d’un grand projet collectif, avec un effet d’entraînement à l’échelle nationale et européenne. C’est aujourd’hui en partie chose faite. Le Grand Paris a acquis une notoriété internationale et nos équipes en sont témoins quotidiennement dans leurs activités.

CEA-Neurospin. NeuroSpin est un centre de recherche en neuro-imageri

Le Grand Paris, c’est d’abord la création de son métro automatique. L’Île-de-France dispose aujourd’hui du plus grand projet d’investissements publics dans les transports en Europe, avec 32 milliards prévus. Depuis l’annonce du 6 mars 2013 par le Premier ministre de l’époque, le Grand Paris Express a réellement été mis en route avec l’établissement d’un tracé, un calendrier et des financements. Dans dix ans, l’essentiel du nouveau métro sera réalisé.

Pour toutes les entreprises, qu’elles soient ou non engagées dans la « construction » du Grand Paris (via les marchés publics ou les marchés privés liés aux grands projets d’ aménagement), les bénéfices sont donc réels. Le Grand Paris va agir de façon très positive sur un ensemble de facteurs clés pris en compte par les entreprises lors de leurs choix de localisation.

Les entreprises décident ou non de s’installer, de rester et de se développer sur un territoire selon trois critères essentiels : l’accès à des marchés (clients, fournisseurs, partenaires), la présence de ressources humaines adaptées et enfin, l’existence d’infrastructures de transports et de communication. Sur ces critères, le Grand Paris Express aura un impact réel : amélioration des temps de transport, meilleure liaison avec les aéroports, nouvelles opportunités d’implantation dans une Métropole élargie, un effet d’image…

Pour ce qui est de la main-d’œuvre, le Grand Paris Express (GPE) élargira le bassin d’emplois. Un nombre plus important de salariés pourra accéder à un site donné. De plus, l’aménagement de quartiers urbains mixtes permettra la construction de logements neufs de qualité et à prix compétitifs, à proximité des entreprises. Et en ce qui concerne les logements universitaires, le territoire de la culture et de la création d’une part, et Paris-Saclay d’autre part, affichent des objectifs ambitieux.

Comment faire du Grand Paris un atout face au dérèglement climatique ?

Dernier aspect essentiel pour les entreprises et leurs salariés : le développement durable. Le projet du Grand Paris se veut exemplaire en la matière. Objectif : répondre aux changements climatiques et aux besoins énergétiques de demain avec la densification (ou « intensification ») des zones urbaines existantes, la création de nombreux écoquartiers, la préservation des espaces naturels et des terres agricoles. Dans la construction du Grand Paris Express (GPE), la Société du Grand Paris (SGP) place les enjeux environnementaux comme centraux et ceux-ci sont pris en compte dès la conception du projet. Les principes de sobriété énergétique sont des éléments clés du cahier des charges des futurs métros et gares du Grand Paris ; pour chaque site de maintenance ou de remisage des rames, le recours aux énergies renouvelables et à la réutilisation des eaux usées issues du lavage des trains sont étudiés. À travers cette exigence, l’enjeu est de faire avec le projet du Grand Paris la démonstration de l’excellence des savoir-faire de la ville intelligente et propre de demain. Les grands leaders internationaux des Smart Cities en saisissent l’opportunité : Cisco, Oracle, Bosch ou IBM souhaitent valoriser leurs expertises. Mais ils ont aussi besoin de travailler en partenariat avec les PME d’Île-de-France – qu’elles soient nées ici ou issues d’autres régions internationales -, car leur flexibilité et leur capacité d’innovation sont incontournables pour construire le projet du Grand Paris.

Le Grand Paris est un formidable projet pour répondre aux nouveaux défis de la région capitale et les entreprises ne s’y trompent pas. Signe de cette confiance : depuis un an, la quasi-totalité des études sur l’attractivité des métropoles mondiales affiche des résultats positifs pour l’Île-de-France.

CHIFFRES CLÉS DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE

  • Population : 12 millions d’habitants (01-01-2013)
  • Surface : 12200 km2
  • Immobilier d’entreprise (surface disponible) : 52 millions m2 (2013)
  • Importations : 131 milliards € (2013)
  • Exportations : 77 milliards € (2013)
  • Entreprises : 892 000 (2013)
  • Emploi : 6 millions de personnes actives (2013)
  • PIB : 612 milliards €/PIB par habitant : 51 000 €
  • Effectif R&D : 153 000 (2012)
  • Dépenses R&D : 18,5 milliards € (2012)
  • Des infrastructures de transport de premier ordre :
    – Trafic aérien : 92,7 millions de passagers (2014)
    – Train : 19 millions passagers (2013)/7 gares TGV • 18 universités/étudiants : 648 000 (2013- 2014)

La ligne, T3, surnommée

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Élus et Territoires, au cœur du Grand Paris

Entretien avec Pierre BÉDIER, Président du Conseil général des Yvelines

Dans quel cadre institutionnel doit selon vous s’inscrire l’avenir du Campus de Paris-Saclay ? Quels arguments font d’un pôle métropolitain auquel les Conseils généraux des Yvelines et de l’Essonne pourront adhérer, la bonne échelle pour développer le projet du plateau de Saclay ? Vous avez prôné une telle solution, face au projet de l’État de créer une grande inter-communalité, à cheval sur deux départements ?

 

CT – Pierre Bédier

Les inter-communalités n’ont de sens qu’avec l’assentiment des élus locaux. Ce sont ces derniers qui les font vivre. Or, la loi MAPTAM a engendré des inter-communalités démesurées et rarement concertées. Pour Saclay, il a été prévu la plus grande inter-communalité d’Île-de-France (800 000 habitants) après la Métropole du Grand Paris.

Dès son annonce, la quasi-totalité des élus locaux avons estimé que la création d’une telle inter-communalité était inefficace.

Les agglomérations du territoire ont déjà l’habitude de porter ensemble des projets structurants. La CAVGP, la CASQY et le Conseil général travaillent ainsi par exemple actuellement de concert et de manière efficace à l’accueil des laboratoires de l’école des Mines au sein du futur centre de développement de Safran à Châteaufort. Le nouveau périmètre intercommunal tel qu’il était envisagé n’aurait apporté aucune plus-value à la bonne marche d’un tel projet. Au contraire, véritable mastodonte administratif, il aurait davantage pénalisé par des lourdeurs et des coûts exorbitants sans libérer les énergies et créer de dynamiques territoriales.

Bien au contraire, à l’heure où l’enjeu est de convaincre le monde économique de la réalité du cluster de Paris-Saclay par la mise en œuvre immédiate de projets opérationnels, une telle fusion aurait eu l’effet inverse.

Heureusement ce projet a été remisé.

En revanche, nous avions suggéré la création d’une instance de concertation entre les élus de ce territoire, qui pourrait prendre la forme d’un pôle métropolitain, comme il est actuellement à l’œuvre dans le Nord des Yvelines en Seine Aval.

Car ce dont nous avons besoin est un organe au sein duquel nous pourrons partager une vision commune de notre développement, mais sans administration et sans nouvel impôt. Telle est ma vision du devenir de la gouvernance de Paris-Saclay.

Comment analysez-vous l’apport, pour les Yvelines, du Grand Paris Express ? Quel sera l’impact, en particulier, de la future liaison entre la gare Saint-Lazare à Mantes-la-Jolie ?

La réalisation au plus vite du prolongement du RER ÉOLE à l’ouest de Paris est une priorité absolue pour le Département. En effet, le territoire de Seine Aval qui s’étend de Poissy à Mantes, subit actuellement des mutations économiques profondes.

Après avoir connu son âge d’or pendant les 30 Glorieuses, époque durant laquelle il était le territoire le plus riche du département, il a été frappé de plein fouet par la désindustrialisation. Un seul exemple suffit à illustrer ce phénomène : l’évolution de l’emploi dans les usines automobiles. Dans les années 70, les usines de Renault à Flins ou de PSA à Poissy employaient près de 20 000 salariés chacune, contre quelques milliers aujourd’hui. Ces destructions d’emplois industriels ont été partiellement compensées par des emplois de l’économie résidentielle. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette « déspécialisation » de Seine Aval. Dans un contexte de concurrence territoriale croissante, notamment avec la métropolisation des territoires, il était et il est nécessaire de réagir. Car la Seine Aval a surtout besoin de nouveaux projets, qui relanceront son attractivité économique. C’est tout l’enjeu du prolongement du RER ÉOLE à l’ouest. Car je le rappelle, à l’origine, ÉOLE était l’acronyme de Est Ouest Liaison Express. Or le RER E est aujourd’hui une liaison entre l’Est et le centre de Paris. Sa partie Ouest n’a jamais été réalisée.

Je ne peux donc que me féliciter de la voir aujourd’hui réactivée. De cette importante infrastructure naîtront de nombreux projets de développement. Le transport étant souvent l’élément déclencheur à tout développement.

Dans le cadre de la liaison entre Versailles et le plateau de Saclay, quels éléments plaident en faveur d’ un métro enterré et notamment d’une gare à Saint-Quentin ?

Concernant la ligne 18 du Grand Paris Express, je souhaite que les conséquences du tracé par la variante directe Saint-Quentin Est-Satory soient examinées. Ce nouveau tracé remet en effet en question la capacité à mobiliser le tissu urbain mutable du secteur de l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui ne sera plus desservi par une gare. Il nécessite également une nouvelle réflexion sur la réorganisation globale des mobilités de ce quartier de la ville nouvelle dépourvu de toute offre de transports collectifs capacitaire.

Partie prenante des pôles de compétitivité System@tic, Mov’eo et Advancity, Saint-Quentin-en-Yvelines développe aussi des projets innovants en matière de mobilité durable. Les Yvelines, aux portes de Paris, ont un tissu industriel et innovant, mais aussi un tissu rural centré sur des activités traditionnelles. Comment, dans la dynamique du Grand Paris, voyez vous évoluer cet équilibre au cours des années à venir ?

La volonté du Conseil général est de positionner le département comme territoire de « l’innovation industrielle ». Le département y consacre ainsi chaque année près de 10 millions d’euros.

Parmi les nombreux projets que nous soutenons, il est à noter ceux :

  • les projets de recherche de l’Institut de recherche sur la mobilité du futur VEDECOM (subvention de 4,5 millions d’euros pour les 3 prochaines années, 10 millions d’euros sur les 20 prochaines années) ;
  • l’implantation de l’IFSTARR (2,5 millions d’euros pour leur première implantation en 2009) ;
  • l’accompagnement financier pour l’implantation de l’école ESTACA à Montigny-le-Bretonneux et les laboratoires de l’Ecole des Mines Paritech au sein du pôle que Safran développe à Châteaufort.

 

Ensuite, pour appréhender pleinement les enjeux de développement du département des Yvelines, il faut garder en mémoire le fait que, si, la Vallée de la Seine et le territoire de Versailles Saint-Quentin concentrent 90 % de la population et des emplois, ils n’en représentent que 10 % de la superficie.

L’appui au développement de la partie rurale de notre territoire doit donc être considéré comme un enjeu stratégique majeur pour le Conseil général.

C’est en effet sur la qualité de vie de sa partie rurale que le département fonde depuis des décennies son attractivité.

Le risque de voir émerger une région capitale à plusieurs vitesses, avec la Métropole du Grand Paris, des inter-communalités puissantes en frange urbaine et un territoire rural laissé pour compte, est évident.

L’appui au développement du territoire rural est à ce titre l’objectif prioritaire du Conseil général.

En quoi tout en participant aux développements du Grand Paris, le Département continuera à participer activement à l’aménagement des zones rurales, en apportant son concours en matière d’ingénierie territoriales aux petites communes, comme le prévoit la future loi NOTRe ?

Tout à fait. C’est pourquoi, j’ai souhaité que le Département des Yvelines, pour assurer sa mission de solidarité territoriale, renforce son accompagnement aux communes rurales en créant l’Agence d’ingénierie départementale IngénierY’, dont l’ensemble des prestations seront gratuites pour les collectivités adhérentes. L’agence a pour mission d’ accompagner ses adhérents dans la réalisation de leurs projets en assurant selon les cas les études nécessaires, l’assistance à maîtrise d’ouvrage ou la maîtrise d’ouvrage déléguée pour des opérations d’aménagement, des travaux de voirie, d’assainissement et de réseaux divers et des opérations de construction d’équipements publics et de logements.

Enfin, j’estime indissociable le développement de la partie rurale du département et l’aménagement numérique du territoire.

Le Conseil général a décidé de soutenir le déploiement du Haut et du Très Haut Débit en zone peu dense par un investissement massif dans les années à venir. Le développement du numérique est en effet un enjeu d’attractivité territoriale fondamental.

158 communes et environ 100 000 abonnés seront ainsi concernés. Avec l’aide de l’Etat (Fonds pour la Société Numérique), de la Région et des collectivités concernées, un réseau d’initiative publique sera développé dès 2015. Piloté par un Syndicat Mixte Ouvert que je souhaite créer, il permettra d’améliorer l’accès aux services numériques des populations concernées, soit par le raccordement de la fibre jusqu’à l’abonné, soit par de la montée en débit là où cela s’avère économiquement et techniquement plus pertinent.

 

 

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S’affirmer comme un écosystème de rang mondial

Entretien avec Pierre Veltz, Président Directeur Général de l’Établissement public Paris-Saclay

Le Titre VI de la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris fixe les dispositions de la création d’un pôle scientifique et technologique sur le plateau de Saclay. L’établissement public de Paris-Saclay (EPPS) a vocation de développer un cluster favorisant la création d’emplois, de richesses, de valeurs nouvelles en optimisant les synergies entre tous les acteurs, publics et privés.

Pouvez-vous évoquer les trois principales missions développées par l’EPPS ?

Pierre Veltz

L’avenir de notre pays passe par sa capacité à ancrer les activités de pointe, à l’amont des chaînes de valeur mondialisée. Cet ancrage repose largement sur la qualité des « écosystèmes » attirant et fixant les talents. L’ambition de Paris-Saclay est de s’affirmer comme l’un de ces écosystèmes de rang mondial, fondé sur des interactions denses et fluides entre l’enseignement supérieur, la recherche, l’industrie. Il se trouve en effet que le plateau de Saclay, avec les vallées adjacentes, a concentré depuis un demi-siècle un ensemble exceptionnel d’universités, de grandes écoles, de centres de recherche publics et privés, et d’entreprises technologiques de premier plan, grandes, moyennes et petites. Le défi étant aujourd’hui de créer entre tous ces acteurs davantage de synergies et de coopérations. Le territoire de l’EPPS couvre grosso modo les quatre inter-communalités riveraines du plateau : Versailles Grand Parc, Saint-Quentin-en-Yvelines, Europ’Essonne (autour de Massy) et la Communauté d’agglomération du plateau de Saclay (CAPS, autour de Palaiseau). L’ensemble regroupe 650 000 habitants. On y trouve le grand pôle d’entreprises de Saint-Quentin, mais aussi les parcs d’activités majeurs de Velizy-Villacoublay, de Courtabœuf, le pôle tertiaire de Massy (300 000 emplois au total). Le territoire regroupe ainsi 15 % de la R&D privée française. En termes d’enseignement supérieur et de recherche, le potentiel est également considérable. Le regroupement de 19 établissements au sein de l’université de Paris-Saclay, décidé par décret fin 2014, crée un ensemble sans équivalent en France : 60 000 étudiants, 11 000 chercheurs, dans 300 laboratoires. L’EPPS, sur ce vaste territoire, a une triple mission : d’aménageur, d’appui aux maîtres d’ouvrages pour les grands projets immobiliers, et d’animation générale du développement.

Quelles sont les raisons pour lesquelles, par exemple, l’École centrale de Paris (ECP) a choisi de s’implanter dans le cadre de l’alliance Centrale-Supélec sur votre territoire ?

Institut Mines – Telecom

L’enseignement supérieur et la recherche sont déjà très présents sur le plateau, avec des organismes importants comme le CNRS (13 % de ses effectifs nationaux sont à Saclay), le CEA, l’INRA, l’INRIA, des grandes écoles (HEC, Polytechnique, Supélec, ENSTA..) et deux universités (ParisSud et Versailles Saint-Quentin).

Pour former la nouvelle université de Paris-Saclay, de nouveaux établissements vont se joindre prochainement à cet ensemble : Centrale, l’Institut Mines Télécoms, l’ENSAE, l’ENS3 de Cachan, AgroParisTech, la faculté de pharmacie de Chatenay-Malabry. Ces établissements ont en effet considéré qu’ils n’avaient pas d’avenir en restant isolés.

Pour être visibles et pour s’intégrer pleinement au développement de plus en plus interdisciplinaire des sciences et des techniques, ils ont besoin de participer à un ensemble plus vaste, à l’image des grands pôles mondiaux de référence. L’occasion est historique, en particulier, pour mieux fédérer les grandes écoles, de taille sous-critique, et pour dépasser la coupure avec l’université, riche d’un incomparable potentiel en recherche de base.

La biologie permet des interactions entre les sciences du vivant et les mathématiques, la physique, la chimie, etc. ; […] une spécificité sans doute unique en France et rare en Europe. Comment ce potentiel irrigue-t-il les développements, en recherche et technologie, des grands groupes présents sur le plateau de Saclay ?

Le projet universitaire proprement dit n’est que le premier étage de la fusée. Le deuxième enjeu est en effet de promouvoir, à partir de ce formidable rassemblement de compétences, la création d’emplois et d’entreprises nouvelles. Chacun sait que le passage du laboratoire au marché n’est pas le point fort de la France.

De multiples dispositifs sont donc créés à Paris-Saclay pour densifier les liens entre les entreprises et le monde universitaire. L’accueil de centres R&D d’entreprise sur le campus est l’une des voies. Thalès, Horiba, Danone, Air Liquide, Alcatel-Lucent sont déjà présents. EDF rassemble sa recherche à côté de polytechnique. Safran installe sa R&D à Châteaufort. Une autre voie est la création de centres mixtes, où chercheurs du privé et du public coopèrent directement, dans les mêmes locaux.

Citons System’X, sur l’intégration logicielle de systèmes, divers projets concernant l’efficacité énergétique, le photovoltaïque du futur, avec Total, Air Liquide, EDF et d’autres, un projet autour de l’automobile du futur et de la mobilité décarbonée, avec Renault, PSA, Valeo et d’autres. Le croisement des filières et des disciplines est une constante.

C’est vrai pour la santé, avec les nouvelles relations entre sciences du vivant et sciences physiques, mais aussi pour l’énergie, les mobilités, l’alimentation, la sécurité, le climat. Paris-Saclay, ainsi, n’est pas un cluster spécialisé, mais ses compétences sont mises au service de tous les grands défis sociétaux.

« Pour réaliser le Campus Paris-Saclay, nous sommes ainsi obligés de solliciter la révision de 6 PLU (plan local d’urbanisme). » Des réflexions et des actions visant à simplifier ce type de démarche ont-elles été engagées ?

Une perspective nocturne du quartier de Moulon / Campus urbain.

Nous travaillons sur divers sites. Le plus important est celui que nous appelons le « campus urbain », sur la frange sud du plateau, entre Polytechnique et le CEA. Pourquoi « campus urbain » ? Parce que le choix essentiel, partagé avec tous les acteurs, est de promouvoir la mixité des fonctions, en mettant les entreprises à proximité directe des centres d’enseignement et de recherche de l’université, en construisant de très nombreux logements pour les étudiants et les jeunes chercheurs, mais aussi en accueillant des quartiers d’habitation pour les familles. Cette mixité est le seul moyen de créer de la vie, d’attirer des commerces, des services. Ce campus urbain se développe ainsi sur deux grandes ZAC, avec un programme total d’environ 1,7 millions de m2 nouveaux répartis en trois tiers (académique, économique et résidentiel). Il a fallu pour cela modifier les PLU des communes concernées, et il est vrai que réaliser une telle opération dans un cadre des PLU communaux n’est pas toujours simple. Plus généralement, la complexité des procédures (l’empilement des enquêtes publiques par exemple) est mal adaptée à ce type de projet. Et ces consultations superposées sont mal comprises par les habitants.

À l’horizon 2030, comment imaginez-vous le plateau de Saclay, en termes d’excellence scientifique et économique, mais aussi sociale, urbanistique et environnementale ?

Les défis de l’environnement, des transports, de la qualité résidentielle ; sont complètement imbriqués avec ceux de la science et de l’économie. En 2030, le plateau sera desservi par une nouvelle ligne de métro, absolument indispensable, reliant Orly à Versailles. Les ensembles urbains nouveaux qui auront émergé (le campus de la frange sud que je viens d’évoquer, mais aussi de nouveaux projets que nous lançons actuellement, comme à Satory, sur la commune de Versailles, ou à Trappes) seront très différents des « villes nouvelles ».

Ils seront de taille beaucoup plus modeste. Ils concilieront la compacité urbaine et la présence très forte de la nature, en leur sein et à leur proximité immédiate (grâce à la sanctuarisation de la zone agricole, naturelle et forestière du cœur du plateau). Ils seront très innovants par leur gestion écologique, énergétique et numérique. L’ambition de Paris-Saclay est aussi d’être un laboratoire pour de nouvelles façons de vivre la ville, la nature, de travailler, de se distraire, en connexion directe avec les autres pôles du Grand Paris et le monde entier.

 

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L’offre la plus diversifiée la plus importante d’immobilier tertiaire d’Europe

Entretien avec Hugues Parant, Préfet, directeur général de l’Établissement public d’aménagement de La Défense Seine Arche

Hugues Parant a rejoint le corps préfectoral en 1982 et a notamment été Préfet de la région Provence-Alpes—Côte d’Azur de novembre 2010 à juillet 2013. Auparavant, entre 1989 et 1993, en charge des bureaux américains de la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale), il avait pour mission de convaincre les entreprises américaines de s’implanter sur le territoire français. Entre 1993 et 1998, il a également été Directeur national du Tourisme (source : www.epadesa.fr)

Vous avez été nommé, le 27 septembre 2013, à la tête de l’Établissement public d’aménagement de la Défense Seine Arche (Epadesa). Cette nomination a pris effet le 7 octobre 2013. Pouvez-vous nous présenter le site de la Défense Seine Arche à travers son rayon- nement en Île-de-France ?

DR- Hugues Parant

L’Epadesa a pour mission deconduire deux opérations d’intérêt national (OIN) continues. La première a donné naissance, dès 1958, au premier établissement public d’aménagement de France, l’Epad (la Défense), tandis que la seconde, sur la commune de Nanterre, crée en 2000 l’Epasa (Seine Arche). En 2010, ces deux établissements ont été regroupés pour former l’Epadesa.

Dans ce cadre, notre domaine d’intervention couvre 600 hectares dont 200 sur la plateforme historique de la Défense et 400 en milieu plus diffus avec beaucoup de friches ferroviaires, routières et industrielles sur Nanterre. Le slogan « de la Seine à la Seine » marque le fait que le début de ce territoire se situe à la limite de Courbevoie et Puteaux, orienté visuellement vers Neuilly, et qu’il va, à l’opposé, jusqu’au bord de Seine à Nanterre. La place internationale de cet ensemble Défense Seine Arche, nommé de plus en plus Paris la Défense, repose sur sa position de premier quartier d’affaires européen par sa dimension. Il abrite en effet 3,6 millions de m2 de bureaux, ainsi que des logements.

Paris est le premier pôle d’emplois de l’Île-de-France, mais si nous prenons en compte les seules activités tertiaires, la Défense passe de la deuxième position à la première en la matière. Il s’agit d’une concentration assez exceptionnelle de centres de décision avec 400 entreprises, dont 170 étrangères, très liés historiquement avec le « triangle d’or » de Paris (8e arrondissement ; Champs-Élysées). À cet égard, dès 1958, on savait que l’avenir serait au regroupement et à la rationalisation des espaces. Or, il était impossible de construire des immeubles de grande hauteur dans le quartier central de Paris. La décision a alors été prise de mettre en place ce quartier d’affaires, le premier du genre en Europe. Aujourd’hui, nous assistons d’ailleurs au transfert des centres de décision (présidence et direction générale) depuis Paris vers la Défense, une démarche déjà effective pour des grands groupes comme la Société Générale, AXA, Areva, Total, etc.

Quelle est la place de la Défense Seine Arche à l’échelle du Grand Paris ?

©EPADESA – Carole Barriquand-Treuill

Il n’existe pas de « Métropole monde » sans une capacité d’accueil d’investissements internationaux dans des grands ensembles immobiliers de bureaux et, par ricochet, de grands locataires de ces structures. Dans les vingt ans à venir, nous savons que les enjeux seront considérables dans notre secteur. Le site de la Défense Seine Arche, avec ses 3,6 millions de m2 de bureaux, représente donc un atout considérable pour la visibilité et l’attractivité de la Métropole du Grand Paris.

À titre de comparaison, le quartier d’affaires de Londres, Canary Wharf, dispose de 1,5 million de m2 de bureaux et il a été essentiellement bâti autour de la finance ; Francfort est dans la même logique. Pour notre part, nous avons non seulement une diversité au niveau de l’origine des investissements, 40 % proviennent de l’étranger, mais surtout une diversité des secteurs d’activités et de taille d’entreprises : 25 % de notre portefeuille de bureaux sont dédiés à la Banque (contre 80 % à Londres et Francfort), 25 % à l’énergie et la pétrochimie, 10 % au secteur public avec la présence de grandes administrations et 15 % aux assurances.

De surcroît, 12 000 étudiants (écoles d’ingénieurs, de commerces, etc.) sont aussi présents sur la plateforme de la Défense et la quatrième université française se situe à 2 kilomètres : un environnement qui n’existe pas ailleurs. Ces atouts seront particulièrement importants dès lors qu’ils s’intègreront, plus encore, dans une stratégie à vocation mondiale d’attractivité et de visibilité de la Métropole parisienne.

Combien de personnes viennent y travailler chaque jour ? Quels sont les temps et les distances de parcours en moyenne et quels moyens de locomotion sont utilisés ?

180 000 salariés se déplacent quotidiennement vers notre site dont 160 000 à la Défense et 20 000 sur le territoire de Seine Arche.

Tous les grands sites européens se sont construits autour de leurs capacités de connexions et de transports. Londres a d’ailleurs sauvé Canary Wharf lors des Jeux olympiques grâce aux lignes de métro réalisées à cette occasion. En Asie, les grands centres tertiaires qui se créent le sont après la réalisation de lignes ferroviaires, routières ou d’aéroports. Les infrastructures précèdent aujourd’hui les zones tertiaires. Tel n’a pas été le cas à la Défense puisque toutes les opérations ont été menées simultanément et ont permis de créer un lieu de connectivité extraordinaire. Le site est en effet desservi par le RER A, la ligne 1 du métro et L de la SNCF, le tramway T2, 12 lignes de bus. En 2020, nous bénéficierons du prolongement du RER E, Eole et, en 2025, du Grand Paris Express.

La Défense est le deuxième hub de transports de l’Île-de-France. Demain, la jonction des trois hubs (la Défense Grande Arche, gares de Nanterre-Université et La Folie à Nanterre) nous positionnera comme le premier hub francilien. Aujourd’hui, 85 % des salariés utilisent les transports en commun ; 50 % de l’ensemble des salariés (70 % de cadres) mettent moins de 45 minutes pour se rendre à leur travail (30 minutes pour la moitié d’entre eux). Deux tiers des salariés viennent de Paris, des Hauts-de-Seine ou des Yvelines. Les personnes dont le temps de parcours est supérieur à 45 minutes sont celles qui ne peuvent pas se loger dans la périphérie de la Défense. Nous devons donc leur offrir certaines facilités qui feront l’objet de tous nos nouveaux développements, notamment la construction de logements sociaux.

Quels sont les grands projets sur le site de la Défense Seine Arche qui facilitent déjà les déplacements des usagers ?

Durant ces cinq dernières années, la gare de Nanterre-Préfecture a été entièrement rénovée (2011), la ligne 1 du métro a été automatisée permettant une fiabilité de 100 % atteinte en 2013. Le programme de modernisation des rames du RER A, à deux étages, entre 2011 et 2017 s’accélère et, à échéance, nous aurons une augmentation de capacité de 30 %. Le prolongement du tramway jusqu’au pont de Bezons en 2012 a simplifié les trajets le long de la Seine. En 2015, la gare multimodale de Nanterre-Université sera opérationnelle avec des liaisons RER A et Transilien.

Nous construisons d’ailleurs autour le projet « Cœur de quartier» qui sera le lien entre cette gare, l’université et Nanterre. En 2020, Eole concernera la gare de Nanterre La Folie, en cours de réalisation, et celle de l’Arche de la Défense. En 2025, le Grand Paris Express arrivera par le Sud et, en 2027, il sera raccordé à Roissy-Charles de Gaulle via un changement à la gare Saint-Denis Pleyel. Ce réseau pourra ainsi être comparé à ce qui se fait de mieux dans le monde.

En matière d’édification de bâtiments, quels sont les projets majeurs ?

Un chiffre peu connu : 20 000 personnes habitent sur la plate-forme de la Défense depuis son origine et 2 000 au niveau de Seine-Arche. Depuis 2008, chaque année, nous avons contribué à la production de 400 logements sociaux, étudiants ou libres. Sur la plateforme, bien que la configuration soit compliquée, nous étudions la possibilité de transformer des bureaux en logements. Dès lors que ces bureaux appartiennent à des propriétaires privés, nous nous mobilisons afin de leur fournir tous les instruments et les éléments de réflexion relatifs à une rénovation lourde de la tour dans laquelle ils ont investi.

Ils sont ainsi en mesure de calculer l’intérêt économique entre la production de nouveaux bureaux ou celle de logements à la place des bureaux qu’ils possèdent déjà. Nous avons une problématique de développement massif de logements. C’est la raison pour laquelle, au niveau des Terrasses de l’Arche, en regardant vers Nanterre, un ensemble mixte de bureaux et de logements a déjà été construit.

Mais surtout, autour de l’Arena Nanterre la Défense et de la future gare des Groues (Nanterre La Folie), nous avons 70 hectares d’aménagement programmé sur lesquels, dans un premier temps, seront réalisés 5000 logements. Nous irons au-delà si nous parvenons à acquérir du foncier à des tarifs compétitifs.

De plus, au niveau des Jardins de l’Arche, 250 logements seront livrés fin 2016 ; 500 nouveaux seront également construits à proximité des tours Aillaud en reconfigurant les espaces publics, notamment en faisant disparaître la disgracieuse « muraille » de parkings qui longe le boulevard.

Trois mille logements, dont 40 % à vocation sociale, ont aussi été livrés sur l’Espace Nanterre Seine Arche depuis 2010. Contrairement à nombre de sites dédiés aux affaires, la Défense s’inscrit ainsi dans un tissu urbain qui présente toutes les typologies de logements dans un rayon de 4 kilomètres autour de l’Arche.

Enfin, comment comptez-vous participer à la réussite de la Métropole du Grand Paris et comment imaginez-vous la Défense Seine Arche à l’horizon 2030 ?

Pendant cinquante-et-un ans, la Défense a suscité autant d’enthousiasme que d’hostilité, je pense en particulier à « l’aversion » des Français pour les immeubles de grande hauteur. Aujourd’hui, nous entrons dans une ère nouvelle. L’inscription de la Défense Seine Arche au projet de Grand Paris est une chance pour ce site, mais aussi pour la Métropole qui peut ainsi mettre en valeur internationalement ses atouts les plus visibles.

Pour réussir cette ambition nous devons nous mettre en réseau avec les grands centres tertiaires franciliens afin de valoriser auprès des investisseurs internationaux nos complémentarités et surtout, l’offre la plus diversifiée et la plus importante d’immobilier tertiaire d’Europe.

 

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Le premier contrat de développement territorial (CDT) signé en Île-de-France

Entretien avec Jean-Yves Le Bouillonnec, Député, Président de la Conférence territoriale de la Vallée scientifique de la Bièvre

La Vallée scientifique de la Bièvre est une maille de la métropole parisienne. D’une superficie égale à celle de Paris, elle réunit près de 600 000 Franciliens, à la charnière entre Paris et Saclay et entre Seine-Amont et Val-de-Seine.

Pourriez-vous nous décrire la Vallée scientifique de la Bièvre ?

Jean-Yves Le Bouillonnec

La Vallée scientifique de la Bièvre (VSB) n’est pas un territoire institutionnel.

C’est une géographie et le cadre d’une dynamique de projets initiée en 1997, avec l’École normale supérieure de Cachan, alors dirigée par Bernard Decomps, et le Conseil de développement du Val-de-Marne, présidé par Dominique Giry.

La démarche vise à exprimer et à valoriser les potentialités d’un territoire où les activités scientifiques et technologiques occupent une place importante, en continuité avec les quartiers universitaires parisiens et en lien avec le pôle d’Orsay-Saclay.

La Conférence territoriale de la Vallée scientifique de la Bièvre (CT VSB) a été créée en 2003 pour faciliter un travail commun entre élus des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne autour des projets portés par les collectivités et les acteurs scientifiques et économiques de la Vallée scientifique de la Bièvre.

Quels ont été les objectifs qui ont conduit à l’établissement du contrat de développement territorial (CDT) Campus Sciences et Santé ?

Avec le projet du Grand Paris et les stratégies économiques qui le sous-tendaient, avec l’ouverture d’espaces de projets nouveaux, rendus possibles par l’arrivée prochaine du métro Grand Paris Express, avec la volonté exprimée par l’État d’appuyer des démarches en mesure de renforcer le développement et le rayonnement international de la métropole parisienne, les élus de la Vallée scientifique de la Bièvre, dans le cadre de la Conférence territoriale, se sont attachés à définir et à promouvoir la contribution de leur territoire.

Ainsi, quand l’État a proposé la conclusion de « CDT » autour des sites majeurs du Grand Paris, nous avons proposé l’élaboration d’un CDT en Vallée scientifique de la Bièvre, comprenant notamment les opérations conduites à Bagneux, sur les Mathurins, libérés par le départ de la Direction générale de l’Armement, et à Villejuif, avec la ZAC Campus Grand Parc, adossée aux projets scientifiques et économiques de Gustave Roussy (Cancer Campus) et de l’université Paris Sud. Le CDT a été signé le 28 octobre 2013.

C’est le premier CDT signé en Île-de-France. Dans le même temps, les élus ont approuvé avec l’État un schéma de développement territorial (SDT) pour inscrire le contrat dans la perspective de développement plus globale définie à l’échelle de la Vallée scientifique de la Bièvre.

Cette dualité CDT/SDT a été par la suite dupliquée sur d’autres territoires.

Ayant eu la possibilité d’engager et de mener à bien ces processus très en amont, la Conférence territoriale, avec l’État, a concouru à en définir l’esprit :

  • élaborer une ambition conjointe,
  • tracer un chemin de mise en oeuvre,
  • identifier l’ensemble des politiques publiques qui doivent être mobilisées dans cet objectif,
  • convenir d’un certain nombre d’actions permettant d’enclencher les processus opérationnels, etc.

 

En Vallée scientifique de la Bièvre, comme pour les autres CDT, il a été décidé de ne pas faire jouer les clauses qui auraient fait du contrat un document contraignant en matière d’urbanisme, pour privilégier l’outil contractuel, cadre d’une dynamique partagée.

Que vont devenir les CDT avec la création de la Métropole du Grand Paris ?

Le principe des CDT est d’embrasser l’espace d’un grand projet et d’associer l’ensemble de ses protagonistes.

La formule, dès lors, permet de dépasser les structurations institutionnelles. Le CDT de la Vallée scientifique de la Bièvre associe deux Communautés d’agglomération et huit villes.

Dans le chantier institutionnel de la Métropole, qui va se réaliser sur plusieurs années, avec encore de nombreuses incertitudes, les CDT acquièrent aujourd’hui une valeur supplémentaire.

Ils constituent des cadres permettant d’assurer la continuité indispensable au portage des projets du Grand Paris.

Avec le projet du Grand Paris Express – extensions des lignes de métro 11 et 14, créations des lignes 15, 16, 17 et 18 – qui viendra intégrer et structurer la zone urbaine dense de l’agglomération parisienne, les CDT concourent à donner tout son sens à l’ambition d’une Métropole parmi les premières « villes-mondes ».

Lundi 28 octobre 2013 – Signature des SDT (Schéma de développement territorial) et CDT « Campus Sciences et Santé ».

 

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Les contrats de développement territorial : le Grand Paris des projets

Entretien avec Jean-Sébastien Lamontagne, Directeur de cabinet du Préfet de la Région Île-de-France, Préfet de Paris et Simon du Moulin de Labarthète, Chargé de mission CDT auprès du Préfet de la Région Île-de-France, Préfet de Paris

Les contrats de développement territorial (CDT) constituent l’outil de déclinaison territoriale des objectifs du Grand Paris, à travers l’élaboration de « projets de territoire » autour du tracé du Grand Paris Express (GPE), en associant les collectivités territoriales et l’État.

Pouvez-vous, de manière générique, nous rappeler la vocation des contrats de développement territorial (CDT) instaurés par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris ?

Jean-Sébastien Lamontagne

Jean-Sébastien Lamontagne : Les CDT ont été conçus pour accompagner territorialement la mise en œuvre du Grand Paris, à commencer par la mise en œuvre du réseau de transport du Grand Paris Express (GPE). L’État soutient ainsi l’élaboration de véritables « projets de territoire » par les collectivités locales, qu’il s’agisse des communes ou des Établissements publics de coopération inter-communale (EPCI). À l’origine, la démarche a été proposée aux territoires situés tout au long du tracé du futur Grand Paris Express (GPE), notamment autour des sites d’implantation des futures gares. Il s’agissait donc clairement de soutenir la dynamique attendue de la mise en œuvre progressive du Grand Paris Express, en incitant les collectivités locales à prévoir l’aménagement autour de ces gares, mais aussi les logements qui doivent logiquement accompagner ces gares pour faciliter les déplacements des franciliens.

Dans ce cadre, combien de CDT ont depuis été signés ? Combien de Franciliens sont ainsi concernés ?

Simon du Moulin de Labarthète : 21 démarches de CDT ont été engagées depuis 2010, et 15 d’entre elles sont aujourd’hui signées ou validées. Le processus d’élaboration d’un CDT passe en effet par une phase de diagnostic et de mise en commun des projets portés par les différentes collectivités. Une fois validé, le projet de CDT est encore soumis à une enquête publique, mais aussi à l’avis de l’autorité environnementale, et du conseil régional qui s’assure, notamment, de la compatibilité du projet avec le SDRIF. Ce n’est qu’à l’issue de cette phase de maturation, qui prend généralement un à deux ans, que le CDT est signé.

Simon du Moulin de Labarthète

Globalement, les 21 CDT engagés concernent 38 % de la population francilienne, soit 260 000 habitants en moyenne par CDT. Les CDT ne couvrent pas l’ensemble de l’Île-de-France : il s’agit d’une démarche volontaire proposée aux collectivités, et ciblée sur les territoires situés autour des futures gares du Grand Paris Express.

J.S.L. : L’enjeu est aussi de positionner les CDT sur les territoires dotés d’une forte envergure métropolitaine. Sont ainsi concernés les zones aéroportuaires de Roissy-Charles de Gaulle et d’Orly, ou encore des secteurs dynamiques au niveau de la recherche et de la valorisation industrielle comme le plateau de Saclay.

Dès lors, pouvez-vous évoquer la diversité des priorités et des objectifs fixés dans ces CDT ?

J.S.L. : Au départ, les CDT offrent un cadre sensiblement identique : logement, aménagement autour des gares, et projets portés par les acteurs des territoires qui viennent s’agréger. Mais au fur et à mesure de leur élaboration, certaines dominantes peuvent apparaître et permettent de déboucher sur ce que nous appelons des « signatures territoriales ». Il arrive alors que le nom du territoire puisse s’effacer derrière cette nouvelle signature territoriale : par exemple, le CDT de Plaine commune, du nom de l’intercommunalité qui le porte, est progressivement devenu le CDT « territoire de la culture et de la création ».

S.d.M.d.L. : Les CDT ont en effet permis de développer des signatures territoriales spécifiques. Il ne s’agit pas d’une hyper-spécialisation, mais plutôt d’une forme d’identité économique qui permet de dessiner une carte des « grandes compétences » du Grand Paris, facilement identifiables pour les acteurs économiques, notamment à l’international. Le pôle aéronautique du Bourget, incluant Roissy, s’inscrit ainsi dans des problématiques aéroportuaires, de logistiques et de tourisme d’affaires. À l’Est, le projet de « ville durable » comprend un ensemble de trois CDT afin de développer des activités telles que l’efficacité énergétique des bâtiments, les mobilités moins polluantes, les éco-quartiers, mais aussi l’innovation à travers le concept de Smart-grid (réseau de distribution d’électricité « intelligent »). La cité Descartes est le centre de gravité de cette ville durable avec 1 500 chercheurs, publics et privés (Écoles des Ponts et Chaussées, école d’ architecture, regroupement des formations en urbanisme, etc.) présents sur ce secteur. L’objectif est d’accélérer les innovations, les créations d’entreprises et la transformation industrielle. Au sud, sur le territoire des communautés d’agglomération Val-de-Bièvre et Sud-de-Seine se développe un CDT « Campus, Sciences et Santé » avec notamment l’institut Gustave Roussy. À l’ouest, le plateau de Saclay a vocation à devenir un pôle universitaire de grande ampleur. Il abrite déjà des établissements prestigieux ; plusieurs écoles ont décidé de s’y implanter (École centrale, etc.). Au niveau de la Défense, l’accent est davantage mis sur les services financiers et l’accompagnement des entreprises.

Signature du CDT Boucle Nord des Haut

Quels sont les objectifs en matière de logements ?

J.S.L. : Les CDT représentent globalement entre 30 % et 35 % de l’objectif des 70 000 logements qui doivent être construits chaque année en Île-de-France. L’État, par sa signature, veille à ce que chaque CDT contribue à cet effort, qui est un objectif fort porté par le Gouvernement. Il s’agit de saisir les opportunités constituées par l’arrivée des futures gares du Grand Paris Express.

S.d.M.d.L. : Cet objectif a été traduit en outil opérationnel à travers la territorialisation de l’offre de logements (TOL). Elle s’applique à toutes les villes d’Île-de-France, y compris donc celles qui s’engagent dans un CDT. Dans les CDT, les communes s’engagent à respecter la TOL avec, souvent, un effort particulier à réaliser dans les quartiers accueillant une gare du GPE. La Direction régionale de l’équipement et de l’aménagement (DRIEA) a élaboré un dispositif qui définit l’effort à produire pour chaque territoire ; ceux qui disposeront de gares devront donc engager une dynamique de densification urbaine.

Quelles sont ou pourraient être les initiatives locales, innovantes, privées ou publiques, etc. ?

S.d.M.d.L. : Il existe en effet certaines initiatives privées, qui peuvent être reprises dans le « projet de territoire » qu’est le CDT. Par exemple Immochan prévoit un investissement privé très important au titre du projet « Europacity », conçu pour être un centre commercial et de loisirs d’un nouveau genre, sur le triangle de Gonesse. Les acteurs économiques privés deviennent donc des interlocuteurs incontournables dès lors qu’ils portent des projets structurants pour les territoires. Bien entendu, les groupements d’entreprises comme les chambres consulaires, les pôles de compétitivité et des syndicats d’entreprise comme le CAREP (Carrefour des entreprises de l’Est parisien) sont aussi des partenaires pour l’élaboration des CDT.

J.S.L. : Il convient aussi de relever que les CDT sont davantage conçus comme des contrats d’objectifs, plutôt que de moyens. Autrement dit, ils constatent la volonté, à un moment donné, d’un certain nombre d’acteurs de doter leur territoire de grands équipements et de réaliser des projets. Les CDT s’efforcent alors d’articuler ces projets dans une démarche globale et prospective, dans une vision de moyen terme à l’horizon de quinze ans. Pour les collectivités locales, cette démarche permet de se regrouper, de se fédérer et parfois de se structurer dans le cadre de nouveaux périmètres territoriaux. C’est en cela que l’action des CDT peut contribuer à concevoir les territoires de la future Métropole du Grand Paris, ou encore les futures inter-communalités qui seront issues en grande couronne du Schéma régional de coopération inter-communale (SRCI).

Les CDT, un levier pour le SRCI ?

S.d.M.d.L. : En petite comme en grande couronne, les CDT ont pu participer à la création d’une certaine porosité entre certaines communes qui, jusqu’alors, ne travaillaient pas beaucoup ensemble. Ce regard collectif sur les secteurs à enjeux contribue à sortir de la logique du « chacun pour soi ».

J.S.L. : Cette démarche a en effet rendu possible des coopérations, en dépassant parfois certaines frontières administratives, par exemple entre départements voisins. En ce sens, les CDT peuvent ouvrir la voie à de nouveaux périmètres de coopération inter-communale, même s’ils n’ont pas été conçus à cet effet. La loi MAP-TAM du 27 janvier 2014 a d’ailleurs explicitement prévu de « prendre en compte » les CDT pour la définition des territoires de la future Métropole du Grand Paris…

Enfin, comment aujourd’hui ces CDT se concrétisent dans les faits ? Quels premiers chantiers ont été mis en œuvre ?

Vue aérienne de la frange sud du plateau de Saclay avec au premier plan « Le Synchrotron Soleil ».

S.d.M.d.L. : Les réalisations les plus significatives concernent sans doute le Grand Paris Express, avec les acquisitions de foncier et les mises en chantier opérées par la Société du Grand Paris (SGP). Le 28 octobre dernier, la SGP a ainsi racheté des terrains à Créteil pour la future gare Créteil l’Échat qui, notamment, sera reliée à Orly.

J.S.L. : Rappelons que la démarche des CDT a été initiée en 2011, et que les premiers CDT signés l’ont été en 2013, tandis que d’autres le seront encore prochainement. Nous sommes donc encore dans une phase d’amorçage. L’horizon temporel des CDT étant celui des quinze années à venir, les résultats ne peuvent survenir du jour au lendemain. Au fur et à mesure de la réalisation des grands projets qui incarnent le Grand Paris, la déclinaison prévue autour des gares se concrétisera. Tous les services de l’État sont mobilisés à travers les CDT, sous la coordination du Préfet de la Région Île-de-France, Préfet de Paris.

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« Ce qui est vrai à l’échelle de Paris l’est également à l’échelle de la métropole »

La Maire de Paris, Anne Hidalgo, croit à une Métropole solidaire et attractive pour lutter contre les inégalités territoriales.

Le périmètre de la Métropole du Grand Paris regroupe, de façon obligatoire, Paris et les 123 communes des 3 départements de petite couronne, soit 6,7 millions d’habitants. Elle verra le jour le 1er janvier 2016. La Maire de Paris, Anne Hidalgo, croit à une Métropole solidaire et attractive pour lutter contre les inégalités territoriales.

UNE MÉTROPOLE SOLIDAIRE, DYNAMIQUE ET EFFICACE…

Anne Hidalgo

Anne Hidalgo a été élue Maire de Paris le 5 avril 2014 par le nouveau Conseil de Paris, la 1ère femme à accéder à cette position. Le Conseil a également élu les 21 adjoints qu’elle a choisis pour l’aider dans son mandat. A cette occasion, après avoir souligné qu’elle serait la Maire de toutes les Parisiennes et de tous les Parisiens dans la diversité de leurs convictions, de leurs parcours et de leurs origines, son discours d’investiture a ainsi souligné sa priorité : « […] D’ ici le mois de juin (2014), je lancerai une mobilisation générale de l’ensemble des acteurs du secteur en vue de ce qui est d’ores et déjà le combat décisif de la mandature. Avec 10.000 nouveaux logements par an, nous permettrons à chaque Parisien de trouver sa place et d’avancer à son rythme au sein de notre ville. La solidarité sera au cœur de mon action. […] La lutte contre l’exclusion constituera une grande cause de la mandature dans laquelle les associations et les parisiens s’impliqueront. Les familles se verront proposer des logements plus adaptés; plus de 5000 places de crèches seront créées; les enfants accéderont à une éducation de qualité et à des activités éducatives ; nos aînés pourront demeurer dans le quartier où ils ont longtemps vécu ; les personnes en situation de handicap évolueront dans une ville accessible; les plus vulnérables se verront proposer un hébergement. »

En rappelant que le progrès a vocation à être partagé, Anne Hidalgo précise qu’elle n’acceptera aucune forme d’exclusion économique, éducative ou culturelle et qu’elle se battra pour la sécurité et la tranquillité des Parisiens. Bien entendu, elle entend également relever le défi écologique car elle ne conçoit pas le progrès de sa ville sans une vraie transition énergétique et environnementale. Dans ce contexte, la Maire de Paris souligne alors que : « ce qui est vrai à l’échelle de Paris l’est également à l’échelle de la métropole. En faisant le choix d’un destin commun avec tous nos voisins, nous nous donnerons les moyens de construire une métropole solidaire, dynamique et efficace. Paris prendra toute sa place dans la responsabilité collective qui nous impose de nouveaux devoirs et de nouvelles ambitions, en dépassant les clivages politiques traditionnels pour s’attacher avant tout aux projets. Je m’investirai personnellement pour que se concrétise, en matière de logement et de lutte contre la pollution, notre obligation collective de résultats. Cette efficacité démocratique demeurera notre maître mot au cours des six prochaines années. Je m’appuierai d’abord sur un dialogue permanent avec […] les élus d’arrondissement, mais également les responsables associatifs, les représentants syndicaux, les organisations laïques, les autorités religieuses, les intellectuels, les artistes, les sportifs et tous ceux qui sont dépositaires d’une part de Paris seront toujours les bienvenus à l’Hôtel de Ville. »

…POUR LUTTER CONTRE LES INÉGALITÉS TERRITORIALES

Le 1 juillet 2014 Anne Hidalgo a tenu à se féliciter du vote unanime de Paris Métropole pour l’entrée dans la préfiguration de la Métropole du Grand Paris : « C’est une étape importante et un message clair de la volonté des élus locaux de construire la Métropole. Je suis profondément décentralisatrice, et c’est dans ce mouvement que je souhaite, avec mes collègues Maires et Présidents d’Exécutifs m’investir dans la période qui s’engage. En acceptant de modifier l’article 12 de la loi MAPTAM (ndlr : Modernisation de l’Action Publique Territoriale et d’Affirmation des Métropoles), le gouvernement de Manuel Valls a fait preuve d’ouverture et de pragmatisme. Nous nous en sommes saisis. Ainsi, les objectifs de notre feuille de route, sur la question des territoires, font aujourd’hui consensus au sein de Paris Métropole. […] A présent, il est temps de construire notre vision politique du Projet Métropolitain. Sur le logement, le développement économique ou l’environnement, je crois à la capacité des élus locaux à s’accorder autour de projets, donnant tout son sens à la Métropole solidaire et attractive que j’appelle de mes vœux et pour lutter contre lesinégalités territoriales.»

INVENTER L’URBANISME DU XXIe SIÈCLE

Le 3 novembre 2014, Jean-Louis Missika, adjoint à la Maire de Paris en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité, a tenu un discours à l’occasion du lancement de l’Appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris ». Il a ainsi précisé que : « pour inventer l’urbanisme du XXIe siècle, il faut faire autrement. Faire autrement, c’est utiliser plus de matière grise pour consommer moins de matières premières. Quelques chiffres: chaque année, 2 milliards de tonnes de métaux sont consommés dans le monde, soit 20 tours Eiffel par heure ; l’équivalent du volume d’une piscine olympique est consommée toutes les 15 secondes en béton. Faire autrement c’est donc amplifier l’horizon des constructions possibles grâce au réemploi : transformer du béton préfabriqué, des plaques de plâtre en fondations ou isolants acoustiques. C’est sélectionner les bons matériaux parmi les 100 000 qui s’offrent aujourd’hui aux ingénieurs. C’est tendre vers le zéro déchet ; en France, le BTP génère 260 millions de tonnes de déchets par an ; 93% proviennent des démolitions et des réhabilitations; 90% sont inertes. Une métropole comme Paris ne peut se permettre de telles proportions. San Francisco prouve que le « zéro déchet non recyclé ou composé » n’est pas une utopie, puisque la ville atteint déjà les 80% et vise les 100% en 2020. Le réemploi est par ailleurs un système économique viable : 10 000 tonnes de déchets inertes génèrent 1 emploi pour les enfouir, 3 emplois pour les incinérer et 31 emplois pour les trier en vue du recyclage ou du réemploi. A travers ces exemples, et d’autres qui concernent l’énergie ou le rôle de l’architecte, Jean-Louis Missika donne la mesure du type de projets concernés par l’appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris ».

Les 23 sites sélectionnés, répartis dans tout Paris et couvrant 9 arrondissements, forment une palette représentative des défis auxquels Paris fait face. Ils sont de taille, d’époque et de type radicalement différents, aussi bien situés dans le cœur historique de Paris qu’en bordure de périphérique. L’Adjoint au Maire précise que : […] Nous n’attendons pas des innovations hors-sol, mais au contraire des innovations qui soient les réponses logiques aux caractéristiques de chacun de ces sites. J’insiste sur le fait que les groupements doivent être les plus « pluriels » possibles. […] A travers cet appel à projets, nous voulons relier le monde « classique » de la fabrication de la ville et l’écosystème de l’innovation, tous deux très riches à Paris.

Fin 2014, Anne Hidalgo donnait « carte blanche » aux urbanistes, architectes, chercheurs et investisseurs en lançant l’appel à projets « Réinventer Paris. ». 815 équipes ont répondu présent et étaient réunies, le 16 février 2015, à l’Hôtel de Ville.

Jean-Louis Missika a rappelé l’engouement suscité par cet appel à projets, bien au-delà des frontières nationales : « Du Brésil à Singapour en passant par le Nigéria, le Liban, la Chine, la Corée du Sud, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas, des professionnels de tous les continents ont eu envie de se joindre à notre démarche pour imaginer de nouvelles façons d’habiter, de travailler ou de s’amuser à Paris. »

 

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