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Région Bretagne

Entre le local et le global

La Bretagne est dans la moyenne des Régions européennes, avec un PIB autour de 90 % de la moyenne. Elle affronte des handicaps essentiellement liés à sa position géographique : c’est une péninsule, éloignée des centres de population et de décision du continent.

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Les Grands Entretiens

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M. Jean-Yves Le Drian

Ministre pour l'Europe et des Affaires Etrangères

Jean-Yves Le Drian

Monsieur le ministre, quelle est votre regard sur la place des pouvoirs locaux, en particulier des Régions, dans le fonctionnement actuel et l’avenir de l’Union européenne ?

Jean-Yves Le Drian. Les collectivités territoriales ont toute leur place dans l’Union européenne, à travers le Comité des régions notamment, mais aussi grâce au rôle des parlements régionaux. Elles sont aussi une véritable force motrice pour l’Europe : grâce aux nombreuses réalisations des coopérations transfrontalières, l’Europe a pour nos concitoyens un visage concret et quotidien ; ils peuvent percevoir à travers elles tous les bénéfices de la construction européenne. Je pense à des initiatives très concrètes comme les parcs naturels transfrontaliers, celui des Vosges ou du Mercantour, ou les tramways transfrontaliers, de Strasbourg-Kehl par exemple qui a été inauguré cette année. Les collectivités territoriales frontalières ont parfaitement compris l’intérêt de dépasser le seul cadre national ; elles ont ainsi initié des groupements européens de collectivités territoriales, par exemple en 2008 l’eurométropole Lille-Courtrai-Tournai, la première du genre. Ce type de coopérations est essentiel pour les 360 000 citoyens français transfrontaliers qui se rendent chaque jour dans un pays voisin.

Par ailleurs, les régions sont des acteurs de premier plan pour relever les défis globaux auxquels l’Europe est confrontée. Je pense par exemple à la lutte contre le réchauffement climatique : il revient aux collectivités locales de mettre en œuvre sur le terrain les objectifs que l’Europe s’est fixée.

Enfin, il ne faut pas oublier que ce sont les régions qui gèrent les fonds communautaires versés au titre de la cohésion. Cela représente une enveloppe de près de 28 milliards d’euros pour la période 2014-2020, principalement dédiée à des projets de cohésion économique, sociale et territoriale, ainsi qu’au développement rural.

Mais il faut aussi avoir une approche pragmatique. La disparité des moyens et des compétences des autorités locales à travers l’Europe rend parfois difficile l’expression de positions communes. De ce point de vue, les regroupements sur la base d’intérêts partagés sont un instrument efficace, comme le fait par exemple la Conférence des Régions périphériques maritimes, dont la Bretagne est un membre fondateur.

En 2015, vous aviez identifié six priorités majeures pour la Bretagne, dont la réussite de la transition énergétique et écologique. Quel regard portez-vous sur ce sujet et l’Europe peut-elle être un partenaire pour aider les territoires dans cette évolution ?

JYLD. C’est évidemment un des grands défis du XXIème siècle, tant pour la Bretagne que pour la France et l’Europe. L’enjeu est planétaire, c’est pourquoi il est crucial de parvenir à des objectifs partagés au niveau mondial. A défaut, les efforts des uns seraient rendus vains par l’inaction des autres. La Conférence de Paris a permis de forger les grandes lignes d’un consensus inédit, mais il faudra faire preuve de vigilance pour que les engagements des uns et des autres soient respectés. La partie est loin d’être gagnée, et l’Europe devra montrer l’exemple. En Europe, comme je l’ai déjà dit, ce sont notamment les autorités locales qui vont traduire en acte ces engagements. L’Union européenne est un partenaire essentiel pour cela, en particulier via les fonds structurels qui soutiennent déjà les investissements en faveur d’une économie décarbonnée partout dans nos territoires. Elle devra le faire encore davantage à l’avenir.

Vous avez également initié un certain nombre de projets pour appuyer le développement économique et social de la Région Bretagne, dont le renforcement de la filière Défense et Sécurité. En quoi le pôle Cyber est-il si exceptionnel ?

JYLD. Effectivement la cyberdéfense et la cybersécurité sont des enjeux majeurs dans un monde toujours plus connecté. Je pense aux capacités d’espionnage, de paralysie de systèmes essentiels pour la vie économique et sociale, ou même de destruction. Plus personne n’en doute, sans que tout le monde n’ait encore saisi l’ampleur des efforts indispensables pour anticiper et prévenir les menaces dans ce domaine. Ma conviction est que la menace a changé d’échelle depuis deux ou trois ans. La France doit être en pointe sur le sujet. Le Pôle d’excellence cyber situé en Bretagne est, à ma connaissance, le premier en Europe à combiner tous les éléments clefs de la réussite : réunir les acteurs publics et privés, militaires et civils, en alliant formation, recherche et industrialisation. Le pôle travaille bien sûr avec d’autres partenaires à travers l’Europe, mais il a vocation à devenir l’un des centres névralgiques du réseau de cyberprotection européen.

Le développement de l’économie maritime constitue un autre enjeu majeur. Comment se situent la France et la Bretagne, dans ce secteur ?

JYLD. Je suis en effet convaincu que la mer jouera un rôle déterminant dans l’avenir de notre pays, et que la Bretagne peut y contribuer. Ce qu’on appelle la croissance bleue est un fait que personne ne peut ignorer car la mondialisation des échanges implique une maritimisation accrue de l’économie mondiale.

Or, la France est une puissance maritime de premier plan ; elle a donc des atouts majeurs à faire valoir dans ce domaine : je pense d’abord à l’étendue de ses espaces maritimes dans chacun des océans du globe, à la présence de ses flottes, à son industrie navale, ou encore à ses capacités de recherche. De la pêche aux énergies renouvelables, de la construction navale au tourisme, de la culture d’algues à la course au large, les opportunités sont infinies.
La région Bretagne est la première région maritime de France. Et pourtant, comme pour le reste de la France, la mer est encore bien loin de représenter ce qu’elle devrait être dans notre modèle de développement. Nous devons donc intensifier nos efforts : dans la recherche avec IFREMER au premier plan, dans le développement des énergies marines sur notre territoire, dans le renouvellement de la flotte de pêche pour limiter la facture énergétique des navires et donner du travail aux chantiers, dans la compétitivité de notre pavillon, dans nos ports.

En Bretagne, le développement maritime fait l’unanimité et je ne doute pas que notre pays tout entier puisse partager une telle ambition pour la France ; elle confirmerait la vocation économique de notre littoral, en métropole comme dans les territoires d’outre-mer.

L’actualité européenne reste dominée par le Brexit. Comment analysez-vous l’impact de cet événement pour l’Europe et pour la France ?

JYLD. Nous respectons la décision souveraine du Royaume-Uni de se retirer de l’Union européenne, même si nous la regrettons. Elle a ouvert une période de doute pour les citoyens comme pour les entreprises. Il est de notre intérêt collectif de mettre fin dans les meilleurs délais à cette incertitude, d’abord en négociant les conditions du retrait puis en instaurant dès que possible le cadre juridique de nos futures relations. En revanche, je ne peux pas aller dans votre sens et estimer que le Brexit « domine » l’actualité européenne : il s’agit évidemment d’un enjeu majeur, auquel nous accordons toute l’attention qu’il mérite. Mais il ne saurait justifier que le travail européen sur les autres sujets s’arrête ou même ralentisse. C’est tout le contraire : l’élection du Président Macron, chacun le reconnaît, a marqué un tournant, un renversement de tendance : désormais une majorité de Français est prête à se mobiliser à nouveau autour du projet européen, pourvu qu’ils s’y reconnaissent et que ce projet réponde aux aspirations de nos concitoyens ; et à l’étranger ce mouvement est salué par tous nos partenaires, croyez-moi ! Nous veillerons sur l’espoir qui est ainsi revenu ; nous avons ces derniers mois fait des avancées majeures, je pense par exemple à l’Europe de la Défense. Nous devons également consacrer notre énergie à construire l’Europe à 27, et le Président de la République fera après les élections allemandes des propositions importantes en ce sens.

 

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M. Karl-Heinz LAMBERTZ

Président du Comité européen des Régions (CdR)

La politique de cohésion, principal outil d’investissement et de solidarité dans l’UE, a permis de réduire les disparités régionales, de propager les innovations et de générer de la croissance. Elle doit rester un pilier de l’UE et ne pas être mise en danger par l’impact financier du Brexit ou par la nécessité de financer de nouvelles politiques.

JGDE. Comment votre comité peut-il être un levier pour sortir de la crise européenne ?

« L’Europe ne sortira de la crise que si nous démontrons que nous pouvons obtenir des résultats inspirés par une vision commune. Je suis convaincu que si nous voulons rapprocher Bruxelles des communautés qu’elle sert, que si l’Europe veut rétablir la confiance qu’elle a perdue au fil des ans, elle doit commencer par agir dans ses régions et ses villes. C’est la raison pour laquelle j’entends résolument valoriser le rôle de notre Comité dans l’Union européenne et veiller à ce qu’il devienne le lieu où toutes les régions et les villes peuvent venir s’exprimer ».

Le président Lambertz, membre du CdR depuis 2001 et ancien président du groupe du Parti des socialistes européens du CdR, a souligné combien il importe de préserver et de moderniser la politique de développement régional de l’Union européenne – sa politique de cohésion – et combien il est nécessaire de renforcer la solidarité. « Nous devons bâtir une Europe sociale marquée du sceau de l’unité entre ses régions et ses villes. Sous ma présidence, et alors que des négociations difficiles sur le budget de l’UE sont sur le point de débuter, je continuerai à plaider pour que l’Union déploie une politique de cohésion forte et en accroisse la visibilité. Il serait totalement déraisonnable de l’amoindrir, de la diluer ou de l’assortir de conditions. Une Union amputée de la politique de cohésion n’est pas une Europe que nous pouvons accepter », a-t-il précisé.

Le président Lambertz a déclaré: « L’Europe doit faire preuve d’efficacité dans les domaines qui importent le plus à la population. Il faut donc que le futur budget de l’UE soit un «budget citoyen », adapté aux défis du XXIe siècle. L’Alliance pour la Cohésion est fondée sur la conviction qu’en investissant dans nos communautés, en luttant contre les disparités régionales, et en soutenant l’intégration sociale, la politique de cohésion européenne est l’expression ultime de la solidarité européenne. Il faut que les ambitions européennes soient maintenant assorties d’un budget de l’UE souple et ambitieux, allant de pair avec une politique de cohésion forte pour chaque région et chaque ville.

Le nouveau président du Comité des Régions, Lambertz, s’est fixe comme objectif de mieux intégrer le Comité dans le processus de décision européen. Lors de son discours de prise de fonction pendant la session plénière de juillet, le Belge de 65 ans a affirmé qu’aucune institution européenne ne pouvait, à elle seule, agir sur les nombreuses crises auxquelles le bloc doit urgemment faire face. « Nous devons travailler ensemble. C’est mon intention, et les institutions européennes nous donnent des signes encourageants ». Les institutions ont, par exemple, demandé au CdR de contribuer aux réflexions de l’UE sur son avenir. Lambertz souhaite démontrer la valeur ajoutée des régions aux autres institutions. « Sans ancrage local et régional, sans une dimension territoriale, l’Europe serait un arbre sans terre, incapable de prendre racine, condamné à disparaitre ».

Les régions d’Europe sont en première ligne quand il s’agit de mettre en place les politiques européennes et, pour Lambertz, alors que l’Europe peine à régler ses problèmes, la solidarité autour de la cohésion sociale est plus importante que jamais pour atteindre les objectifs du bloc. « L’UE est significative seulement si ses membres avancent dans la même direction et dans l’intérêt des européens, si elle se donne le moyen d’agir et si elle est inclusive. La politique de cohésion contribue á la solidarité européenne. Dans toutes ses dimensions – économique, sociale, territoriale – elle fait partie intégrante de l’ADN du l’UE. C’est pourquoi remettre en question la politique de cohésion, la réduire, la diluer ou la rendre conditionnelle n’a aucun sens ». Le financement de la cohésion doit rester au niveau actuel, dit Lambertz, parce qu’il crée de l’emploi et permet de financer des projets d’infrastructure, et joue un rôle décisif dans la réduction d’inégalités régionales et la promotion de l’inclusion sociale. Une Union sans politique de cohésion n’est pas l’Europe que nous voulons.

 

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Mme. Corina Creţu

Commissaire européenne

« La politique de cohésion est faite d’abord et avant tout pour les gens, pour améliorer leur qualité de vie. C’est pourquoi je suis heureuse de pouvoir assister au lancement de cette « Alliance pour la cohésion», qui a pour objectif de rassembler les villes et les régions, ainsi que les représentants des PME, des hôpitaux, des écoles et de la société civile au sens large. Plus que jamais, l’Europe et ses 500 millions d’habitants ont besoin d’une politique de cohésion forte », a pour sa part déclaré la Commissaire Creţu.

La commissaire travaille actuellement sur une ‘alliance de cohésion’, en partenariat avec le Comité des Régions et le Parlement. Le but est d’encourager les bénéficiaires de la politique de cohésion à « s’exprimer davantage sur ce qu’ils tirent de cette politique. Je pense qu’il est très important de dire à quel point la politique de cohésion a contribué à améliorer leur niveau de vie et leur bien-être ». L’alliance, qui est coordonnée par le Comité des Régions, est aussi un moyen de « sensibiliser sur la politique de cohésion. ».

Un élément clé de cette alliance est la semaine européenne des régions et des villes qui se tient début octobre à Bruxelles et qui réunira « plus de mille personnes de régions différentes, qui partageront leurs expériences et discuterons de projets portant sur divers thèmes, comme l’éducation, la santé, l’innovation ou encore une économie faible en émissions de carbone. Tout cela donnera un nouvel élan a la politique de cohésion ».

 

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M. Loïg Chesnais-Girard

président du Conseil régional de Bretagne

Loïg Chesnais-Girard

Comment se positionne aujourd’hui la Région Bretagne par rapport à ses concurrentes françaises et européennes (chiffres clés, classements) ?

Loïg Chesnais-Girard. La Bretagne est dans la moyenne des Régions européennes, avec un PIB autour de 90 % de la moyenne. Elle affronte des handicaps essentiellement liés à sa position géographique : c’est une péninsule, éloignée des centres de population et de décision du continent. Cette réalité s’impose à nous, et fait que nous devons souvent fournir plus d’efforts que d’autres Régions pour parvenir aux mêmes résultats. Toutefois nous avons aussi des atouts importants : une population très bien formée, une qualité de gouvernance au niveau des meilleures régions européennes et la meilleure de France (classement QoG de l’Université de Goteborg), un taux de chômage inférieur d’un point à la moyenne nationale, et surtout une tradition d‘ouverture sur le monde certainement liée à notre façade maritime.

Vous reconnaissez-vous dans le principe de « coopétition » qui combine à la fois des coopérations avec d’autres régions tout en assumant une situation de compétition ?

LCG. Il ne sert à rien de nier la compétition entre les territoires. Elle s’exerce en permanence entre les Etats, entre les Régions, et même entre territoires d’une même région, qu’on le veuille ou non. Toutefois, on s’aperçoit vite que si on se limite à la compétition, au final tout le monde est perdant car la concurrence à outrance aboutit à des situations de dumping qui sont préjudiciables pour tous. La Bretagne accorde une grande importance à coopérer non seulement avec les Régions voisines, mais aussi avec les autres Régions d’Europe. C’est notamment pour cela que nous sommes aussi impliqués dans la Conférence des Régions périphériques maritimes (CRPM).

Dans une configuration à 13 régions métropolitaines, la Région Bretagne a-t-elle la taille critique pour faire valoir ses atouts et ses potentiels, notamment en Europe ?

LCG. Le concept de taille critique des Régions n’a aucun sens. Il n’y aucune corrélation en Europe entre taille des Régions et succès socio-économique ou culturel. De plus, la Bretagne est déjà au-dessus de la moyenne européenne avec tout de même plus de 3,2 millions d’habitants. Je pense au contraire que si elle n’est pas accompagnée d’un sentiment d’appartenance et de volonté de faire des projets en commun, une grande taille est en réalité un handicap. La question pertinente n’est pas celle de la taille, mais celle de la différenciation : quels sont les atouts spécifiques d’une région et qu’est-ce qui la différencie des autres ? J’en ai déjà cité en ce qui concerne la Bretagne. Je pourrais ajouter la force unique en France de notre agriculture et de notre industrie agroalimentaire, nos industries maritimes, la singularité de notre vie culturelle et de nos langues, et surtout la force de notre identité et de notre nom : presque tout le monde connaît la Bretagne. Ce n’est pas le cas de toutes les Régions françaises, loin de là, et c’est un atout formidable que nous devons faire fructifier.

 

Ces dernières années ont été marquées par une série de réformes territoriales touchant aux périmètres, aux compétences ou encore à la fiscalité locale. Envisagez-vous de nouvelles évolutions institutionnelles et territoriales ?

LCG. Ce serait plutôt au gouvernement qu’il faudrait poser cette question. Nous nous réjouissons plutôt de ne pas avoir eu à gérer les conséquences d’une fusion avec une Région voisine, surtout quand je vois les difficultés de mes collègues qui connaissent cette situation. Bien évidemment, la Bretagne a toujours revendiqué pour des raisons historiques et culturelle le retour de la Loire-Atlantique et de Nantes dans le périmètre de la Bretagne. Mais la question du périmètre est secondaire face à celle des compétences et des moyens pour les exercer. Et là, il y a encore du travail car la situation actuelle reste confuse. Pour moi, l’enjeu prioritaire c’est le partage des responsabilités entre l’Etat et les collectivités, plutôt qu’entre les collectivités elles-mêmes. En France, l’Etat n’a pas encore tiré toutes les conséquences de la décentralisation, malgré 35 ans de recul, et ne fait pas encore véritablement confiance aux collectivités. Le mouvement va devoir se poursuivre dans la durée.

Quels sont les principaux enjeux et défis pour la Région (démographie, mutation économique, équilibre social et territorial, transition énergétique et écologique) ?

LCG. La Bretagne est bien évidemment confrontée aux défis globaux qui concernent toutes les Régions : le changement climatique, la révolution numérique, les évolutions du commerce mondial et leurs conséquences sont bien évidemment en première ligne. Cela nous pousse à suivre les bonnes initiatives à travers l’Europe pour nous en inspirer. Mais bien entendu la Bretagne a des défis spécifiques. La démographie en forte progression, le développement asymétrique de nos territoires qui a tendance à se concentrer sur les grandes villes et le littoral, la mutation de notre industrie vers des productions à plus fortes valeur ajoutée.

Pouvez-vous présenter le concept de « Glaz Economie » et son articulation avec la nouvelle stratégie régionale de développement ?

LCG. Glaz est un mot breton : c’est une couleur entre le bleu, le vert et le gris, qui rappelle la couleur changeante de la mer. Elle correspond bien aux fondamentaux de notre économie et aux défis qu’elle doit relever. Le bleu c’est l’économie de la mer, le vert celle de la terre et le gris celle de l’immatériel. L’enjeu est de combiner les trois dans une teinte harmonieuse et en perpétuel mouvement pour nous adapter à un environnement changeant. C’est le fondement de notre stratégie de développement : nous appuyer sur nos atouts naturels pour nous remettre en cause constamment afin de saisir les opportunités.

L’identité historique et culturelle de la Bretagne est unique. Constitue-t-elle un atout et comment est-elle prise en compte dans votre stratégie ?

LCG. Comme je l’ai déjà dit, c’est un atout formidable. Les acteurs économiques bretons l’ont bien compris en développant des produits avec un fort ancrage territorial, y compris pour l’exportation. Et ça marche, car cette identité donne le petit supplément d’âme qui fait souvent la différence dans la concurrence internationale. C’est une force, car savoir qui nous sommes nous permet de nous ouvrir aux autres sans craindre de nous y perdre. La valorisation de cette identité à la fois forte et ouverte est au cœur de notre stratégie.

Entre « local et global », quel est le bon équilibre de votre politique d’ouverture internationale ?

LCG. Il faut parvenir à cultiver les deux avec une même intensité, c’est notre objectif. Mais on s’aperçoit vite que ce qu’on présente comme une opposition est en fait une synergie. Le local c’est la qualité de vie, c’est donc ce qui fait qu’on se sent fort pour s’ouvrir au global. Et en retour cette ouverture au global permet de se développer et améliore la qualité de vie en local. Je pense qu’en réalité, les deux sont indissociables pour un développement durable.

 

 

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M. Jean Hamon

Président du Conseil économique, social et environnemental régional de Bretagne

Jean Hamon

Le CESER n’a pas d’équivalent dans les autres collectivités françaises. Pouvez-vous nous parler de sa singularité et de la valeur ajoutée de cette instance ?

Jean Hamon. Le CESER, ce sont des femmes et des hommes, aux parcours et aux points de vue différents, qui travaillent ensemble pour défricher les enjeux de demain et proposer des pistes d’action aux décideurs politiques. Ces dernières années, j’ai pris l’habitude de dire que le CESER est un éclaireur des transitions. Transition énergétique et écologique, transformation numérique, nouvelles dynamiques territoriales font partie de nos travaux les plus récents. A nous de jouer collectivement pour faire de ces transitions une chance pour la Bretagne !

Vous avez récemment travaillé avec trois autres CESER de l’Atlantique (Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Pays-de-la-Loire) pour produire une étude sur l’innovation dans l’économie maritime et la croissance bleue. Avez-vous le sentiment que le potentiel de ce secteur est sous-estimé et quelles recommandations préconisez-vous ?

JH. Oui il est largement sous-estimé, et pour une raison toute simple : la croissance bleue ne s’arrête pas au littoral ! Au-delà de ce qui se passe en mer ou dans les ports, il existe une « face cachée » de l’économie maritime dans de nombreuses filières telles que l’alimentaire, le numérique et les technologies de pointe, les matériaux, la santé et le bien-être… toutes ces hybridations entre filières font de la mer et des ressources marines et côtières un formidable moteur du développement économique et social régional. C’est le principal message de nos travaux : il faut mieux connaître la richesse et la diversité des écosystèmes marins et côtiers, leur fonctionnement et les enjeux de leur préservation, pour mieux faire connaître l’économie maritime générée par l’exploitation des ressources et tout son potentiel de développement !

Vous avez également travaillé sur les conséquences et les opportunités du Brexit. Pourquoi la Bretagne est-elle particulièrement concernée par cet évènement ?

JH. Le Royaume-Uni est notre plus proche voisin. Et en bons voisins, nous avons de multiples échanges culturels, commerciaux, touristiques, universitaires. De nombreux résidents britanniques vivent dans la région, en particulier dans les communes du centre Bretagne. Un évènement comme le Brexit est une véritable onde de choc pour tous les partenaires de ces échanges, avec des conséquences sur les quatre libertés fondamentales de circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. Nous avons identifié les secteurs d’activités les plus susceptibles d’être touchés, afin d’alerter, d’anticiper et d’être en capacité d’agir collectivement et d’une seule voix dans ce contexte d’incertitude. Là où des barrières se dressent, des opportunités émergent. Alors, oui, imaginons avec nos voisins de nouveaux cadres de coopération.

Vous organisez régulièrement des « Forums Prospective ». Quels sont selon vous les trois sujets majeurs pour l’avenir de la région Bretagne ?

JH. Trois forces sont inscrites dans l’histoire de la Bretagne et la tirent vers le haut : l’ouverture au monde, notamment par la mer, la qualité de vie dans ses territoires, et l’habitude des coopérations, fortement ancrée dans les modes d’organisation. Comme partout, des transitions profondes sont à l’œuvre. Mais ces trois forces donnent à la Bretagne la capacité de réussir ces transitions en ne laissant personne au bord du chemin.

 

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La stratégie économique régionale

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Glaz économie

La stratégie économique régionale à l’horizon 2020 est fondée sur le développement de filières d’excellence autour des atouts spécifiques de la Bretagne. Elle repose sur une dynamique de « projets » visant à engager la Bretagne sur la voie d’une économie renouvelée, compétitive et créatrice d’emplois.

En langue bretonne, “Glaz” désigne une nuance de vert, de bleu et de gris. Le bleu évoque la mer et les innovations technologiques qu’elle suscite, comme les hydroliennes, et le vert le développement de l’agriculture et la préservation de l’environnement. Le gris symbolise le numérique, les nouveaux modèles collaboratifs, la “silver économie”1, mais fait aussi référence à la matière grise, au cœur de l’innovation. C’est enfin un modèle de développement durable, capable de concilier performance économique, progrès social, impératif énergétique et écologique.

 

 

Dix filières stratégiques

« La Glaz économie incarne une vision commune de tous les acteurs de la région pour aller de l’avant, conquérir de nouveaux marchés, créer de la valeur ajoutée et des emplois », résume Loïg Chesnais-Girard, nouveau président du Conseil régional de Bretagne. La dynamique vise à accompagner dix filières stratégiques afin de favoriser leur décloisonnement, leur mutation ou leur émergence : alimentaire, naval, santé, numérique, tourisme, biotechnologies, nautisme et matériaux, véhicules et mobilités, défense et sécurité, et, enfin, transition énergétique et énergies marines renouvelables.

 

Sept domaines d’innovation

La Glaz économie définit aussi sept domaines d’innovation prioritaires, qui sont le reflet des activités scientifiques et économiques d’excellence du territoire et répondent à des marchés d’avenir : l’innovation sociale et citoyenne pour une société ouverte et créative, une chaîne alimentaire durable pour des aliments de qualité, des activités maritimes pour une croissance bleue, des technologies pour la société numérique, la santé et le bien-être pour une meilleure qualité de vie, les technologies de pointe pour les applications industrielles, l’observation et les ingénieries écologiques et énergétiques au service de l’environnement.

 

Plus qu’un soutien financier

La Glaz économie se traduit par un effort financier conséquent de la Région et de ses partenaires, en proposant des outils de financement bancaire et de garantie. Les créateurs d’entreprises innovantes peuvent obtenir un prêt d’honneur auprès du fonds PHAR afin de consolider le passage de l’idée au projet. Le fonds BRIT, animé par la Caisse des Dépôts et le réseau Initiatives France, est, lui, destiné à faciliter la reprise de très petites entreprises (TPE) ou petites et moyennes entreprises (PME) en renforçant leurs fonds propres. Enfin, le fonds GOCA, commun aux Régions du Grand Ouest, prend des participations dans de jeunes entités technologiques à fort potentiel de développement. Afin de simplifier les démarches des décideurs, la Région a lancé avec Bpifrance le site « entreprise.bretagne.bzh », qui recense l’ensemble des outils et solutions de financement accessibles en Bretagne.

Pour autant, la démarche de la Glaz Economie ne se résume pas à une politique de soutien financier. La démarche, globale, passe aussi par une gouvernance de l’économie régionale partagée, réactive, et efficace. Elle se traduit notamment par l’intensification des échanges à travers les réseaux de chefs d’entreprises, les laboratoires de recherche et les centres de formation. Quand un entrepreneur désire investir dans la région, il est ainsi invité à rencontrer tous les acteurs de sa filière et les centres de recherche qui travaillent sur son sujet.

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IFREMER

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un institut ancré en Bretagne

Créé le 5 juin 1984, l’Ifremer est l’institut national de recherche dédié aux sciences marines. Il s’appuie sur ses capacités de recherche, d’observation, de surveillance et ses infrastructures expérimentales pour produire des connaissances scientifiques et des savoir-faire sur le milieu marin, notamment en réponse à des problématiques sociétales.

 

 

Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), l’Ifremer est placé sous la tutelle conjointe du ministre chargé de la recherche, du ministre chargé des pêches et du ministre chargé de l’environnement.

A travers une approche systémique, l’Ifremer participe à l’observation du milieu marin à toutes les échelles et à la compréhension des écosystèmes, des processus qui les régissent et des services qu’ils proposent, dans un contexte de changement global.

À ces fins, il conçoit et met en œuvre des infrastructures de recherche et de surveillance du milieu marin, des outils d’observation, d’expérimentation et de surveillance, et gère des bases de données marines. Il opère la flotte océanographique française au bénéfice de l’ensemble de la communauté scientifique.
Une stratégie internationale,
nationale et régionale

L’Ifremer contribue à la stratégie nationale et européenne de recherche et d’innovation, par la production de connaissances fondamentales, par des résultats plus finalisés en réponse aux questions posées par la société et par des innovations technologiques en soutien au développement économique du monde maritime.

L’institut entretient des liens étroits avec les collectivités locales, et particulièrement avec la région Bretagne. Dans le Contrat plan Etat-Région (CPER) en cours, l’Ifremer est concerné :

 

  • pour le domaine de l’observation océanique, par la contribution au programme international de flotteurs Argo et l’hébergement de l’infrastructure de recherche ERIC Euro-Argo ;
  • en matière d’environnement littoral, par la contribution au développement de nouveaux réseaux, déclinaison régionale de l’infrastructure de recherche ILICO ;
  • pour les infrastructures numériques, par le financement d’un ensemble d’outils informatiques dédiés aux données marines de gros volume et à la modélisation ;
  • concernant l’hydrodynamique, par l’évolution du bassin d’essai de l’Ifremer Brest, d’une profondeur unique en Europe (20 m).

 

La Bretagne contribue également aux activités de l’Ifremer via le Fonds européen de développement régional (FEDER), avec l’exemple récent de la rénovation du navire Thalassa finalisée en septembre 2017 ou encore l’acquisition du matériel sismique nécessaire à la flotte océanographique.

De plus, avec le soutien financier du Conseil régional de Bretagne et de deux collectivités territoriales du Finistère, en application d’une décision de l’Etat, l’Ifremer est entré dans une phase de transfert de son siège social de Paris à Brest. L’Ifremer en Bretagne regroupe plus de 50 % des effectifs de l’institut, répartis principalement sur son centre brestois, ainsi que dans plusieurs stations côtières implantées entre l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan.

 

 

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AFPA

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Mme Stéphanie Gicquel-Bui

Directrice du développement services publics de l’AFPA Bretagne - Pays de la Loire

JGDE. Pouvez vous nous présenter l’AFPA Bretagne et son infrastructure?

Stéphanie GICQUEL-BUI. L’AFPA, Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, est aujourd’hui le premier organisme de formation professionnelle au service des politiques publiques et des économies régionales. L’AFPA est membre du service public de l’emploi, et ce d’autant plus qu’au 1er janvier 2017, elle a quitté son statut associatif pour devenir un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC).

Au sein du service public de l’emploi, l’AFPA joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des mutations économiques en contribuant à l’orientation, à la qualification des demandeurs d’emploi et des salariés pour leur permettre d’accéder aux emplois recherchés sur les territoires. L’AFPA se mobilise particulièrement au service des personnes les plus éloignées de l’emploi.

Aujourd’hui l’AFPA en Bretagne, c’est un peu plus de 480 salariés dont 300 formateurs, qui interviennent dans les 9 Centres de formation : Rennes, Saint-Malo, Langueux, Loudéac, Morlaix, Brest, Quimper, Lorient et Auray.

Ces Centres offrent tous une capacité d’hébergement et de restauration pour les stagiaires de la formation professionnelle facilitant ainsi la réussite de chaque parcours.

JGDE. Comment l’AFPA accompagne la collectivité dans ses missions et son développement et quels sont vos atouts pour le faire ?

SGB. L’AFPA est l’organisme public de formation professionnelle au service des politiques publiques et du développement de l’économie.
En Bretagne, l’étroite collaboration de l’AFPA avec la Région Bretagne permet d’adapter les formations au besoin des personnes, et ce, en lien avec les qualifications attendues par les entreprises. La mission de l’AFPA est d’accompagner chaque personne qu’elle accueille vers une insertion rapide et durable dans l’emploi répondant au vœu des élus d’un développement équilibré des pays bretons.

L’ancrage territorial de l’AFPA, avec ses 9 centres de formation, est un facteur essentiel de la réussite des personnes, car la proximité du centre de formation avec les entreprises, et avec les acteurs sociaux et économiques de son territoire, est un véritable atout pour accompagner des parcours efficaces.
Principal opérateur de formation de la Région Bretagne, l’AFPA travaille aussi en collaboration étroite avec les acteurs économiques de la région en contribuant à l’émergence de nouveaux métiers et de nouvelles compétences, en lien avec les branches professionnelles et les entreprises. La Région Bretagne met d’ailleurs en place différents dispositifs permettant d’innover et d’expérimenter de nouvelles formations.

 

 

Par exemple, le centre Afpa d’Auray, centre stratégique national « nautisme et maritime », agit en Bretagne pour le développement de l’emploi maritime et contribue à la croissance bleue. C’est à la fois un espace de formation, mais aussi d’expérimentation et d’ingénierie de développement des compétences maritimes.
De même, l’Afpa accompagne le développement du « très haut débit » au service de l’économie Bretonne en participant à la formation des salariés des entreprises qui déploient la fibre optique en Bretagne

Le Centre Afpa de Rennes, leader dans la spécialité des réseaux de communication, a développé, avec les entreprises engagées dans le déploiement de la fibre optique en Bretagne (programme MEGALIS), une ingénierie et une offre de formation adaptées aux besoins des entreprises. Avec le soutien financier de la Région Bretagne, de Pôle Emploi et des OPCA (Constructys et FAFTT), l’Afpa a mis en place un dispositif de formation mobile permettant former aux métiers des réseaux de communication à proximité des chantiers et des personnes (Lorient, Brest, Morlaix,…)

 

QUELQUES CHIFFRES CLÉS

En 2016, l’Afpa a accueilli en Bretagne, 11 295 stagiaires dont 6 260 demandeurs d’emploi

  • 5 035 salariés
  • 1 769 jeunes
  • 3 762 seniors
  • 3 614 femmes

85 % ont obtenu la qualification visée, 73 % des stagiaires ont trouvé un emploi dans les 6 mois de la fin de leur formation

 

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ENERGIE

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EMR

une énergie qui coule à flots

Depuis une décennie, la Région Bretagne investit massivement dans les énergies marines renouvelables (EMR), une filière industrielle en plein essor.

2 730 km de côtes (sur les 5 000 km que compte la France), des courants puissants, des vents réguliers, les plus grandes marées d’Europe… La Bretagne dispose d’un potentiel exceptionnel pour tester, expérimenter et exploiter les énergies marines renouvelables. La Région concentre ses efforts plus particulièrement sur l’éolien flottant et l’hydrolien (énergie des courants sous-marins), mais n’oublie pas le petit marémoteur, l’hydrolien estuarien, l’houlomoteur (énergie des vagues) ou encore la thalassothermie (qui exploite l’énergie emmagasinée sous forme de chaleur dans les eaux de surface).

Le recours aux EMR vise à augmenter et diversifier les sources d’électricité d’une région qui ne produit encore que 15 % de ses besoins. Sa principale source d’approvisionnement provient d’ailleurs de l’usine marémotrice de la Rance (240 MW de puissance) en service depuis 1966. L’objectif du Pacte Électrique Breton, signé en 2010, visait donc à l’installation de 3 600 MW d’énergies renouvelables à l’horizon 2020, dont 1 250 MW issus des seules EMR.

De sérieux atouts

Le développement des EMR représente une opportunité de création d’emplois industriels à travers l’émergence d’une nouvelle filière industrielle. Pour y parvenir, la Bretagne dispose de sérieux atouts. Le réseau de PME compétentes s’étend sur l’ensemble de la chaine de production des EMR. Son tissu industriel est fort d’une longue expérience tirée des filières naval, nautisme et offshore (pétrole et gaz). La Région a mis en place un outil de formation initiale et tout au long de la vie performant. Enfin, elle détient la plus forte concentration de chercheurs en sciences et techniques marines de France.

En 2016, une nouvelle feuille de route régionale a été entérinée pour favoriser encore davantage le développement des EMR. Désormais, l’objectif est de disposer de 2,5 GW installés à horizon 2030, et de 3,84 GW d’ici 2050. La Bretagne dispose déjà de quatre fermes-pilotes, de deux sites d’essais et de deux parcs de production sur les différentes technologies des EMR.

 

Modernisation des ports

Le développement de la filière nécessite aussi de disposer d’infrastructures portuaires adaptées. Un vaste programme de modernisation a été lancé
pour rénover les ports de Lorient et de Saint-Malo. La Région investit aussi 220 millions d’euros dans le port de Brest, dont elle est propriétaire, pour construire un polder de 36 ha destiné principalement à l’accueil d’activités (stockage, assemblage…) liées aux énergies marines renouvelables (EMR). La société quimpéroise Sabella y envisage l’implantation d’un site d’assemblage d’hydroliennes dès la fin 2017, pour, dans quelques années, produire chaque année entre 30 et 50 machines.

En attendant, un grand nombre de projets émergent sur l’ensemble du littoral breton. Au large de Paimpol-Bréhat, le site de démonstration d’hydroliennes développées par Openhydro et DCNS a permis de valider les prototypes de 2e génération. D’une puissance de 2 MW chacune, ces machines de 16 m de diamètre, immergées à 40 m de fond, ont été raccordées avec succès au réseau électrique terrestre. Au large d’Audierne, le projet WATTMOR a pour but de tester trois panneaux houlomoteurs aux approches du plateau de Penhors. Dans la baie de Saint-Brieuc, un parc de 62 éoliennes posées est porté par le consortium Ailes Marine. D’une puissance totale de 496 MW, il devrait produire à partir de 2020 l’équivalent de la consommation électrique de 850 000 habitants. A Groix, la société Eolfi porte un projet de ferme-pilote de quatre éoliennes flottantes de 6 MW chacune avant une commercialisation prévue dans quatre ans…

 

 

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M. Christophe Chabert

directeur du développement grand Ouest chez Eolfi

JGDE. Vous êtes Responsable du Développement Grand Ouest pour EOLFI, pouvez-vous nous présenter la société, votre positionnement national et international, vos sites de développement ?

EOLFI est une PME française, développeur dans l’éolien et l’énergie solaire depuis 2004. A partir de 2011, elle a discerné dans l’éolien flottant une réelle opportunité pour répondre aux enjeux énergétiques de la planète. Cette technologie émergeante va permettre de développer l’éolien en mer dans des profondeurs supérieures à 50 m et ainsi décupler les zones accessibles pour l’éolien en mer.

Il sera possible d’installer les futurs parcs plus loin en mer, avec des vents plus forts et des enjeux d’usage réduits. Eolfi s’est concentré sur deux pays particulièrement concernés par cette nouvelle technologie : la France et Taïwan.

JGDE. Quels sont les enjeux de l’éolien marin en France et à l’international ?

Plus de 70% de la planète est recouverte par les océans et plus de 70% de la population mondiale vit proche de la côte. La mer va jouer un rôle majeur dans les enjeux climatiques de demain et l’atteinte les obligations de la COP 21. En mer, le vent est plus fort, plus stable, plus fréquent et plus prévisible. Des avantages fondamentaux pour ancrer cette énergie intermittente dans une logique de transition énergétique.

La France est partie en retard. Là où les pays du Nord de l’Europe installent déjà plusieurs dizaines d’éoliennes chaque année, la France installera son premier parc commercial à l’horizon 2020.

Conscient de ce retard, la France a entamé un tournant ces dernières années pour simplifier ses procédures administratives et accélérer le développement de l’éolien flottant. Avec la mer méditerranée profonde et le plateau continental atlantique en Bretagne, cette technologie est particulièrement bien adaptée aux côtes Françaises. Quatre fermes pilotes, composées de 3 à 4 machines ont été retenues lors d’un appel d’offre de l’état Français en 2016 doté d’un soutien à l’investissement de 300M€. Elles doivent être installées en 2021 et permettre ainsi à la France de concrétiser son rôle majeur dans ce développement.

 

 

JGDE. La ferme pilote de Groix & Belle-Ile, un projet concerté et soutenu par les collectivités et les citoyens. La Bretagne un choix évident ? Et quelles en sont les perspectives commerciales ?

Le projet de Groix & Belle-Ile s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Dès 2008, la région a trouvé dans l’éolien flottant une véritable opportunité pour sortir de sa dépendance énergétique liée à son implantation géographique péninsulaire. Les côtes de Bretagne tombent rapidement à des profondeurs supérieures à 50 m.

Le site de Groix & Belle-Ile a des conditions environnementales océaniques correspondant à 80 % du marché mondial. Son emplacement équilibré et concerté permet de limiter les impacts sur les différents usages, la pêche, bien-sûr, mais aussi le trafic maritime et les activités militaires. Il est aussi situé hors des zones de protection environnementale.

La prochaine étape est d’installer avant 2030 trois parcs commerciaux de 500 à 600MW. Deux immenses zones potentielles ont été identifiées par la région en avril dernier une au Nord et une au sud, plus au large que la ferme pilote.

Cet avancement très proactif de la région au sein d’une instance de discussion, la CRML, doit conduire à un premier appel d’offre dédié à l’éolien flottant en 2018, échéance indispensable pour éviter un trop grand écart entre la ferme pilote et la suite industrielle.

 

 

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ENEDIS

Fiabiliser le réseau en le rendant « intelligent »

Entreprise de service public, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité, Enedis Bretagne accompagne les territoires dans la montée en puissance de l’électricité d’origine renouvelable et des smart grids.

Entretien avec Bernard Laurans, Directeur d’Enedis Bretagne

JGDE. Quelles sont les principales missions et compétences d’Enedis Bretagne ?

Enedis est chargée d’entretenir, développer, et exploiter les 104 000 km de réseau d’électricité basse et haute tension1 de Bretagne, ce qui en fait l’un des plus longs de France. Elle met le réseau à la disposition des utilisateurs, qu’ils soient clients, producteurs, ou fournisseurs d’électricité. Le premier objectif est de rendre le réseau le plus robuste possible face aux aléas climatiques (vent). Enedis investit quelque 180 à 200 millions d’euros par an, ce qui en fait un acteur économique d’importance dans la région. Ensuite, et dans le cadre de la transition énergétique, ces missions évoluent afin d’adapter le réseau pour accueillir les nouveaux modes de consommation et production et faciliter ces transitions.

JGDE. Quelle est la politique d’accompagnement d’Enedis Bretagne à destination des collectivités ?

Avec 1 700 agents présents sur une trentaine de sites, Enedis Bretagne a su nouer une vraie relation de proximité avec les territoires. Nous soutenons le Pacte électrique breton impulsé en 2010 par la Région et l’Etat dans le cadre de la transition énergétique. Notre objectif visait à trouver des solutions innovantes sur le réseau de distribution, afin de pallier le manque de production locale2.

Depuis, 1 500 MW de puissance en énergies renouvelables (ENR), provenant de 20 000 producteurs d’électricité (surtout d’origine éolienne et photovoltaïque) ont été raccordés au réseau. Les ENR représentent désormais 14 % de la production régionale, avec une part d’autoconsommation qui devrait rapidement augmenter. Le réseau est prêt pour atteindre l’objectif des 30 % d’électricité renouvelable. Pour répondre aux enjeux bretons, Enedis a décidé un déploiement accéléré des compteurs communicants Linky. Ceux-ci permettront aux clients de suivre leur consommation réelle.

Fin 2017, un tiers des foyers bretons, contre 20 % au niveau national, en sera équipé. Les données collectées apporteront aussi des précisions utiles à la politique énergétique de la Région et des collectivités. L’entreprise est enfin sollicitée sur l’implantation et le pilotage des bornes de recharge des véhicules électriques afin que les appels de puissance qu’elles génèrent ne nuisent pas au bon fonctionnement du réseau.

 

JGDE. Enedis Bretagne est en pointe en matière d’innovations. Quels sont les projets les plus emblématiques ?

L’entreprise est le pilote opérationnel de SOLENN (SOLidarité ENergie iNnovation), un démonstrateur de smart grids sur Lorient Agglomération. Grâce à une connaissance fine de leur consommation, 1 000 foyers volontaires participent à des actions pédagogiques de maîtrise de la demande électrique. Ils sont aussi incités à réduire leur consommation en période de contrainte sur le réseau (production insuffisante, incident…) afin d’éviter les délestages. Les enseignements prometteurs tirés de SOLENN devraient ensuite être généralisés à l’ensemble du territoire national.

Enedis participe également au projet SMILE (SMart Ideas to Link Energies), un appel à projets copiloté par les régions Bretagne et Pays de la Loire. L’idée est de concentrer sur quatre départements (dont l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan), l’ensemble des technologies liées en aval et en amont au réseau électrique intelligent, avec le développement des ENR et l’essor de la mobilité électrique. Il s’agit de créer avec les partenaires impliqués dans SMILE (collectivités, industriels, laboratoires de recherche…) une vitrine du savoir-faire industriel en matière de smart grids.

1- HTA : haute tension A (20 000 volts) BT : basse tension (400 volts/230 volts).
2- La Bretagne produit environ 15 % de sa consommation / Bretagne produces about 15% of its consumption.

 

Les chiffres clé d’Enedis en Bretagne

  • 2 millions de clients
  • 20 800 nouveaux clients (2016)
  • 20 000 producteurs d’Energies renouvelables locaux raccordés au réseau de distribution
  • 104 000 km de réseau (47 000 km moyenne tension et 57 000 km basse tension)
  • 138 postes source
  • 600 000 compteurs Linky posés (fin septembre 2017)
  • 180 millions d’euros d’investissements réseau en 2017 (raccordement des nouveaux clients et amélioration du réseau)
  • 1 700 salariés
  • 70 apprentis
  • Enedis est présente sur 30 sites en Bretagne

 

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Transport

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les lignes de force bretonnes

Breton lines of strength

La Bretagne a bâti son économie autour de sa production agroalimentaire, de son industrie de défense et de sécurité, et plus récemment sur sa filière numérique. L’arrivée du TGV à Rennes devrait favoriser encore le poids de ces trois filières.

En juillet 2017 était mise en service commerciale la ligne à grande vitesse (LGV) Paris – Bretagne Pays de la Loire. Fruit d’un investissement de 3,4 milliards €, ce prolongement de 182 km de la LGV Paris-Le Mans met désormais Rennes à 1 h 25 de la capitale. De 15 000 à 30 000 voyageurs par jour devraient emprunter les 30 allers-retours vers l’Ile de France.

L’impact de la ligne nouvelle est également positif sur les dessertes régionales et interrégionales. Davantage de trains régionaux (TER) et fret pourront circuler sur la ligne classique Le Mans-Rennes. A terme, il est aussi prévu d’améliorer la desserte de la pointe bretonne pour mettre Brest et Quimper à 3 heures de Paris.

 

Alimentaire

Première région française d’élevage, la Bretagne fournit 22 % de la production de lait du pays, 58 % de celle du porc et de la volaille et 15 % de celle du bœuf. Les 22 ports de pêche rapportent aussi plus de la moitié du tonnage national de poissons et de crustacés. La Bretagne est enfin la première région agroalimentaire d’Europe, avec plus de 160 000 emplois et un chiffre d’affaires supérieur à 20 milliards d’euros.

Si certaines filières du secteur peuvent souffrir de la concurrence internationale, la plupart ont une capacité d’adaptation remarquable. On assiste notamment à la montée en puissance de la filière biologique. La culture des algues, encore marginale, et leur usage comme matériaux devraient aussi constituer de nouveaux débouchés.

Défense et sécurité

La Bretagne constitue depuis longtemps une composante majeure de la filière française de défense et de sécurité. Plus de 500 acteurs locaux ont une activité totale ou partielle en lien avec le secteur de la défense : marine Nationale, DGA (Direction générale de l’armement), grandes entreprises (DCNS, Thalès), PME de haute technologie… La région bénéficie aussi de la présence de grandes écoles militaires, de centres de formation, d’unités de recherche, de clusters et de pôles de compétitivité impliqués dans les technologies de défense.

La part défense de la filière navale représente 2/3 du chiffre d’affaires et 3/4 des 12 000 emplois du secteur. Outre Lorient, elle est surtout présente dans la rade de Brest, où sont basés les sous-marins nucléaires et la flotte de l’Atlantique. L’électronique de défense se situe plutôt à Rennes, Brest et Lannion. La filière défense et sécurité s’appuie aussi sur un écosystème numérique très importante, qui a permis l’éclosion d’un pôle de cyberdéfense sur le bassin rennais.

Numérique

Berceau historique des télécoms, la Bretagne dispose d’une filière numérique qui figure dans les premiers rangs européens. La région constitue une référence mondiale en matière d’images 3D, de réseaux fixes et mobiles, et d’internet du futur. Avec 10 % de croissance annuelle depuis 20 ans, le numérique pèse désormais 15 % du PIB régional, et emploie 40 000 personnes dans 2 700 établissements. Il s’appuie sur un dense réseau de centres de recherches spécialisés : CNET à Lannion, grandes écoles à Rennes ou Brest, technopôles (Rennes Atalante, Anticipa…). Le pôle de compétitivité mondial Images § Réseaux, créé en 2005, est aussi devenu un acteur majeur du secteur. Enfin, la mise en œuvre du programme « Bretagne Très haut débit », piloté par la Région vise à amener d’ici 2030 la fibre optique à 100 % des ménages bretons. Une décision importante pour un aménagement du territoire équilibré.

 

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M. Jean-Pierre FARANDOU

Président de Keolis

Jean-Pierre FARANDOU

JGDE. Vous présidez Keolis, pouvez-vous nous présenter votre groupe ainsi que ses objectifs ?

Keolis est un des leaders mondiaux de la mobilité du quotidien. Présent dans 16 pays, le Groupe exploite et assure la maintenance de réseaux urbains, péri-urbains et interurbains. Keolis exploite au total une dizaine de modes de transport différents et exporte son savoir-faire en matière de multimodalité dans le monde entier.

Notre groupe a également diversifié ses activités en créant Keolis Santé, devenant ainsi le 1er opérateur de transport sanitaire en France. Nous sommes en effet convaincus du développement de ce segment particulier de la mobilité dans un contexte de vieillissement de la population et de rationalisation de la dépense hospitalière.

La mobilité du quotidien est un facteur clé de l’attractivité et de la vitalité des villes et des territoires. Keolis fait plus que jamais de cet enjeu le cœur de son métier, en considérant que la mobilité sera de plus en plus connectée, autonome, partagée et électrique.

JGDE. Quels sont les accompagnements, les services et les innovations mises en œuvre auprès des territoires ?

S’inscrivant résolument dans une logique de partenariat avec les autorités organisatrices, Keolis est présent sur tous les segments de la chaîne de mobilité et propose aux collectivités des solutions sur-mesure adaptées à chaque type de voyageur et tirant parti de la complémentarité entre les modes. Prenant pleinement en compte les contraintes économiques des autorités organisatrices et la nature spécifique de chaque territoire, nous développons des offres performantes, combinées à une maîtrise des coûts d’exploitation et à une attitude proactive pour développer les recettes commerciales, trouver des nouveaux clients et les fidéliser. Ces dernières années, la mobilité est devenue de plus en plus digitale avec un accès facilité aux informations sur le transport permettant aux voyageurs de comparer les solutions, de se décider le plus tard possible et de réserver le service de leur choix. L’évolution des technologies a parallèlement permis l’essor de nouvelles formes de mobilité relevant de l’économie du partage, comme le co-voiturage, l’auto-partage ou le vélo en libre-service, le développement de transports souples, tels que le transport à la demande ou les VTC, ainsi que l’émergence des véhicules autonomes. En parallèle, les impératifs environnementaux engagent résolument les transports collectifs dans la voie de la transition énergétique.

En toutes circonstances, nous veillons à nous inscrire dans une relation partenariale avec les autorités organisatrices, fondée sur l’écoute, la transparence et la force de propositions.

 

 

JGDE. Votre implantation en Bretagne est importante, pouvez-vous nous présenter quelques-unes de vos références ?

Historiquement présents en Bretagne, où Keolis emploie plus de 2 300 salariés, nous sommes fortement implantés dans l’urbain, où nous exploitons pour le compte des autorités organisatrices les réseaux de Brest, Morlaix, Quimper, Saint-Malo, Rennes et Vitré. Nous y opérons tous les modes de transport : métro automatique, tramway, bus à haut niveau de service, téléphérique urbain, navette maritime, vélo en libre-service…

Keolis est aussi un partenaire de la Région à travers l’exploitation des lignes Rennes/le Mont Saint-Michel et Rennes/Pontivy et du réseau Ilenoo. Kisio, la filiale solutions & services de Keolis, a également développé le système d’information multimodale BreizhGo de la Région, qui permet de calculer son itinéraire de porte à porte. Cette solution innovante prend en compte tous les modes de transport public (bus, métro, tramway, cars, TER, TGV, liaisons maritimes et aériennes) et propose des itinéraires combinant les transports en commun avec la marche à pied, le vélo et la voiture, avec des informations complémentaires sur les tarifs, les parkings relais, les dispositifs dédiés aux personnes à mobilité réduite, etc…

 

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Innovation

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M. Hugues Meili

président de Bretagne Développement Innovation

JGDE. Bretagne Développement Innovation (BDI) est une agence régionale de développement économique et d’innovation. Pouvez-vous nous préciser son rôle et ses missions ?

Hugues Meili. BDI assure l’accélération de la mise en œuvre des axes stratégiques de développement économique et d’innovation en entreprise décidés par l’exécutif régional et son président. En parallèle, nous alimentons les élus sur les tendances des principaux secteurs économiques régionaux et sur la transformation de ces secteurs par l’innovation d’usage et technologique.

JGDE. BDI présente une spécificité : son directoire n’est composé que de chefs d’entreprise. Pourquoi ce choix ?

HM. Déployer cette stratégie au sein du tissu économique breton suppose d’être au plus près des métiers, des marchés, des préoccupations, des attentes et des difficultés potentielles qui le caractérisent et qui rythment le quotidien des entreprises. Cela permet de mettre en œuvre des projets concrets et adaptés aux circonstances et aux priorités. Un directoire composé de chefs d’entreprises issus des quatre départements de la Bretagne, représentant des activités industrielles et de services, à la tête d’entreprises aux tailles et aux antériorités variables, garantit une meilleure inspiration de nos débats et de nos actions.

JGDE. Vous-même êtes issu du monde de l’entreprise, et vous dirigez une entreprise de service du numérique. Vous êtes donc idéalement placé pour observer et accompagner la transition numérique des entreprises. Quel regard portez-vous sur cette révolution et, plus largement, sur la transformation actuelle de l’économie ?

HM. Je dirige en effet la société Niji, qui se place au cœur de la transformation numérique des entreprises en associant les métiers de conseil en stratégie digitale, de design de services, d’interactions et d’interfaces numérique, et de réalisation de solutions technologiques. Cela représente près de 600 personnes au service d’environ 250 clients depuis plus de 15 ans.

Le numérique concerne toutes les entreprises, quels que soient leur taille, leur secteur d’activité ou leur gouvernance. Personne n’y échappe et son impact s’exprime toujours à trois niveaux : la stratégie, le commerce et l’organisation.

Si les grands groupes ont entamé leur transformation numérique depuis plusieurs années, les PME sont souvent en retard en raison d’une plus faible ouverture sur le monde, de bande passante insuffisante, et de capacités limitées d’investissement. En Bretagne, la transition numérique a pu prendre un retard parfois conséquent…

 

JGDE. Dans ce contexte, pourquoi l’ouverture internationale et européenne du territoire est-elle nécessaire pour favoriser le développement des entreprises et de l’emploi ?

HM. Diversité est source de richesse ! Tous les secteurs économiques et toutes les régions du monde sont concernés par ces vagues de mutation très puissantes qui conduisent les entreprises et les filières d’enseignement supérieur à rebattre leurs cartes. Les usages portés par les populations les plus diverses dictent beaucoup de mutations. Les placer au cœur des réflexions et des démarches de conception et de mise en œuvre des produits et services est un enjeu permanent : c’est ce qu’on appelle le « design ».

JGDE. Est-ce pour cela que BDI s’engage aussi fortement pour porter la marque Bretagne ?

HM. La marque Bretagne porte dans ses codes des valeurs clés associées aux hommes et aux femmes du territoire, à ses entreprises, ses associations et organismes en tous genres, touristiques en particulier. C’est une marque qui n’est pas difficile à porter ni à promouvoir car la Bretagne est tout simplement une marque en soi, identitaire et intelligible facilement. Près de 800 acteurs ont fait le choix de l’endosser, de mêler ses couleurs aux leurs et de la faire rayonner. Elle est donc étroitement liée au développement économique et à l’innovation.

JGDE. La LGV Bretagne est aujourd’hui une réalité. Comment le territoire peut-il en recueillir tous les fruits et quel est le sens de la campagne « Passez à l’ouest » que vous appuyez ?

HM. La LGV est un lien fluide et rapide entre la Bretagne et Paris. Elle ne doit pas être vue uniquement comme permettant aux Bretons de « monter à la capitale », ou aux touristes de venir découvrir nos paysages et notre qualité de vie. Elle doit aussi susciter chez les décideurs l’envie de « délocaliser » en Bretagne. Des pans entiers de leurs équipes sont au cœur de leurs enjeux de mutation, par exemple dans le numérique. Ils trouveront en Bretagne un tissu de formations et d’expertises riche et varié, et une réelle qualité de vie, tout en restant connectés aux centres de décision franciliens. La campagne « passezalouest » affiche clairement une dimension de marketing territorial économique, et il est normal que BDI en soit un appui majeur.

JGDE. Vous défendez le croisement des filières d’excellence. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

HM. Les mutations sociologiques et technologiques décloisonnent les territoires, les peuples et les filières économiques traditionnelles jusqu’ici organisées comme de grands silos étanches. Et de grandes causes sociétales et environnementales, comme les transitions écologique et énergétique, créent des défis communs. Ainsi, les filières historiques de l’automobile, du ferroviaire ou du transport collectif routier évoluent vers les nouvelles mobilités qui ont besoin du numérique, embarquant au passage de nouvelles motorisations électriques propres et de nouvelles technologies de stockage de l’énergie ou de recharge électrique connectée.
De même, les progrès faits en matière de matériaux plus légers, plus flexibles ou plus résistants dans l’univers de la course au large et de la voile de compétition, alimentent les univers de la construction automobile et de l’aéronautique.

L’apport du numérique pour l’agriculture est décisif : il favorise une agriculture éco-responsable, de précision, traçable, avec des origines de production à forte dimension qualitative et un réel potentiel de monétisation. C’est aussi le cas dans l’agroalimentaire, tant sur le volet industriel de fabrication, de conditionnement et d’expédition, que sur le volet commercial de mise en marché et de distribution.

JGDE. L’actualité européenne est en partie dominée par le Brexit. Comment analysez-vous son impact pour la Bretagne ?

HM. Tout en respectant la décision prise par référendum, le Brexit est une mauvaise nouvelle pour le peuple et pour l’économie britanniques car il risque de les isoler progressivement du monde au moment même où le brassage culturel, la transversalité d’usage et les modèles économiques composites prennent le dessus… Certaines entreprises bretonnes pourraient être impactées négativement par une moins grande mobilité des biens et des personnes, mais je crois surtout à une opportunité pour la Bretagne de valoriser ses proximités géographiques et de « morphologie de territoriale » avec la … Grande-Bretagne ! A nous d’étendre ces proximités touristiques et culturelles historiques vers l’enseignement supérieur et l’économie, la recherche et le développement, et l’innovation. Cela fait partie de la stratégie régionale de développement économique et d’innovation en entreprise, à l’accélération de laquelle BDI contribue.

 

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M. Pierre Karleskind

Président du TECHNOPOLE BREST IROISE

JGDE. Vous êtes le Président du TECHNOPOLE BREST IROISE pouvez-vous nous présenter votre association (son histoire, sa composition, votre mission) ?

Pierre Karleskind. Tout est parti de la volonté de diversifier notre économie en s’appuyant sur ses spécificités, notamment dans le domaine de la mer. Une volonté basée sur la certitude qu’en créant un espace de rencontres entre chercheurs et entrepreneurs, en ouvrant les horizons de chacun sur ceux de l’autre, alors des synergies naîtraient. C’était à la fin des années 1980. Mêlant l’aide aux projets innovants, la réunion des acteurs scientifiques et économiques locaux, et la promotion, en France et dans le monde, des compétences brestoises, la démarche technopolitaine a contribué à bâtir un édifice solide, reconnu dans le monde pour l’excellence qui s’y développe, et qui prouve au quotidien la pertinence de son action, scientifiquement et économiquement parlant.

JGDE. Pour quelles raisons le Groupement CAMPUS MONDIAL DE LA MER a-t-il été créé ? Quels sont les enjeux et la motivation de cette démarche ?

PK. La communauté des sciences et technologies de la mer de la pointe bretonne est dans le top 10 mondial. Que ce soit en termes d’effectifs de chercheurs, d’équipements scientifiques, de rayonnement ou de production scientifique. Notre ambition est d’en faire l’une des toutes premières places. Les enjeux économiques pour notre territoire sont donc considérables. Le concept de « Campus Mondial de la Mer » est porté par la certitude partagée par tous les acteurs, qu’ensemble nous pouvons faire mieux que la simple somme de nos individualités.

JGDE. Pouvez-vous illustrer par quelques actions concrètes déjà mises en œuvre ?

PK. La Sea Tech Week, semaine des sciences et technologies marines, rassemble tous les 2 ans à Brest plus d’un millier de participants, dont de nombreux partenaires internationaux. Son organisation est opérée par Brest métropole et repose sur une démarche collaborative de l’ensemble de l’écosystème. La prochaine édition aura lieu du 8 au 12 octobre 2018 sur le thème des bioressources marines.

Depuis deux ans nous organisons un Ocean Hackathon, un événement de 48 heures non-stop. L’objectif est de faire émerger de nouveaux usages des données numériques fournies par les acteurs du Campus mondial de la mer. Les projets issus de ces 48 h peuvent être ensuite accompagnés dans leur développement par l’écosystème local de l’innovation.

 

 

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M. Vincent Marcatté

président de l’Institut de Recherche Technologique b<>com

JGDE. Vous présidez l’institut de recherche technologique b<>com. Quelles sont les spécificités de cet Institut ?

Vincent Marcatté. b<>com est un Institut de Recherche Technologique (IRT), un modèle unique qui permet à des acteurs privés, petits et grands, et à des acteurs académiques de travailler ensemble au sein d’un même lieu. Nous sommes implantés sur un campus de 6000 m² à Rennes mais aussi à Brest, Lannion et Paris.

Il et basé sur la mise en commun de moyens humains, financiers et techniques pour aller plus vite et plus loin ensemble sur la base d’une vision et d’une stratégie co-construite pour maximiser le développement des connaissances, l’impact économique et les revenus associés. Un IRT se base également sur un partenariat public-privé où chacun, Etat et collectivités territoriales comme les membres industriels, partage les risques et contribue à l’effet de levier.

b<>com est par ailleurs unique en France car c’est le seul IRT à adresser les sujets essentiels à la transformation numérique de la société : les réseaux et la sécurité (5G, Internet des Objets, etc.), l’immersion et l’interaction avec les contenus (réalité virtuelle, réalité augmentée, intelligence artificielle, etc. ou encore la e-santé (chirurgie connectée ou chirurgie augmentée).

C’est aussi un formidable outil d’excellence, de rayonnement et d’attractivité pour la Région Bretagne grâce à notre visibilité mondiale.

JGDE. Vous êtes par ailleurs directeur de l’Open innovation chez Orange Labs. Quelle est la plus-value de b<>com par rapport à ce qu’un service de R&D pourrait développer tout seul dans une entreprise privée ?

VM. b<>com représente le meilleur de l’intelligence collective. Il permet d’attirer des talents qui ont des profils et des expériences variées et diverses venant d’organismes académiques, de startups, de PME ou de grands groupes ce qui permet à b<>com d’inventer et de valoriser des technologies « out of the box » qu’Orange n’aurait pas été à même de réaliser seul de son côté.

b<>com est également agile, rapide et sait aligner des moyens adaptés pour prendre une place dans la compétition mondiale. Ce mode de fonctionnement de type start-up permet d’être efficient pour la recherche et l’innovation.

JGDE. Dans votre secteur d’activité, existe-t-il des coopérations européennes ou l’échelon international est-il avant tout un espace de concurrence et de compétition ?

VM. On parle de « co-opétition ». C’est à la fois de la coopération puis de la compétition. Travailler ensemble à l’international est incontournable pour préparer les futurs standards de la 5G, de la vidéo et de l’audio immersifs ou encore des échanges de données médicales.
b<>com est aujourd’hui un acteur reconnu dans les projets européens du programme H2020 et nous avons des partenariats avec les plus grands centres de recherche mondiaux à commencer par les fameux Fraunhofer allemands. Ensuite c’est à chacun d’être subtil et habile pour valoriser au mieux ses actifs au niveau international pour développer son impact économique.

JGDE. Pouvez-vous nous présenter des exemples de success stories ou de réalisations emblématiques développées par b<>com ?

VM. b<>com a reçu cette année le Technology Innovation Award au NAB à Las Vegas. C’est l’équivalent du CES pour le monde professionnel et le fait qu’un acteur aussi récent sur la scène mondiale soit reconnu par une association professionnelle américaine est la preuve indiscutable de notre excellence. Les technologies vidéo primées à cette occasion nous ont permis de discuter avec énormément de nouveaux acteurs et des retombées très concrètes seront au rendez-vous rapidement. Certaines sont d’ores et déjà utilisées par la startup bretonne BBright pour enrichir ses produits.

b<>com dispose par ailleurs d’une plateforme 5G unique qui permet de développer le nouveau réseau au niveau européen : ce qui là aussi nous différencie sur la carte mondiale.

Dans le domaine de la santé, nous sommes le partenaire technologique pour le multimédia d’un projet porté par l’IHU de Strasbourg qui vise à inventer une salle de chirurgie du futur centrée sur l’image.

JGDE. Quels sont d’après vous les secteurs à fort potentiel de développement ?

VM. Je ne vous surprendrais pas en parlant de technologies telles que l’intelligence artificielle, la 5G, l’Internet des objets, la réalité virtuelle ou la réalité augmentée. Pour chacune de ces technologies, nous définissons une stratégie pour maximiser l’impact sur des secteurs marchés comme la santé, l’industrie du futur, le divertissement…

JGDE. On parle évidemment beaucoup de transition numérique. Quels sont les atouts de la Bretagne pour réussir cette transition ?

VM. La Bretagne conjugue à la fois une forte expertise dans les technologies numériques et des secteurs marchés forts comme l’économie bleue, l’agriculture et l’agro-alimentaire, les transports, la santé, les énergies renouvelables… Cette rencontre du numérique et de ces secteurs marchés est éminemment favorable à une transition numérique réussie. A noter aussi : la volonté des acteurs des différentes filières et des acteurs politiques de travailler ensemble. La Bretagne dispose aussi du pôle de compétitivité Images & Réseaux qui est à même de faciliter cette transformation numérique incontournable.

 

JGDE. Comment décririez-vous l’Internet du futur ?

VM. L’Internet du futur est celui d’une connectivité ambiante qui permet à chacun d’être connecté partout où il se trouve et d’avoir accès à ce qu’il désire sans se soucier de technologie. C’est un Internet centré sur l’humain.

 

JGDE. Vous présidez par ailleurs le pôle de compétitivité Images et Réseaux, comment ce pôle s’articule-t-il avec l’institut b<>com ?

VM. Images & Réseaux est un animateur et un développeur d’écosystème qui se veut être le plus large possible pour embarquer toute l’économie bretonne dans la transformation numérique. Pour cela, il travaille avec les autres pôles et structures de développement économique régionales en facilitant l’accès à des projets de R&D adaptés au besoin de chacun.

b<>com est un centre de recherche qui a sa propre feuille de route technologique et business et qui à ce titre est un des acteurs de l’écosystème d’Images & Réseaux.

Leurs rôles sont complémentaires et les deux contribuent au rayonnement et à l’attractivité de la Bretagne.

 

Institut B-COM
ZAC des Champs Blancs
1219 avenue Champs Blancs 35510 Cesson-Sévigné, France
www.b-com.com

 

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M. Gérard Le Bihan

directeur général du pôle Images & Réseaux

JGDE. Vous dirigez le pôle de compétitivité Images & Réseaux. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est un pôle de compétitivité et quelle est la spécificité du vôtre ?

Gérard Le Bihan. Les pôles depuis 2005 ont pour objectif majeur le développement économique d’un territoire (Bretagne et Pays de la Loire) sur une thématique donnée (le numérique et ses usages) au travers de la collaboration renforcée entre les acteurs industriels (grand groupe et PME) et académiques (laboratoires publics et écoles / universités). Nous sommes un catalyseur de cette collaboration au travers de nos actions de type usine à projets de R&D collaborative mais aussi de l’accompagnement vers l’usine à produit en subsidiarité avec les autres structures.

JGDE. Vous avez identifié six domaines d’excellence, pouvez-vous nous les présenter ?

GLB. Nous avons délibérément choisi des domaines mettant en avant nos compétences sur les technologies majeures du numérique. Notre territoire, singulièrement la Bretagne (2/3 de nos adhérents), a la chance de disposer sur tous ces domaines de forces industrielles et académiques de classe mondiale. Que ce soit sur les « Réseaux et Internet des objets » (avec la 5G, l’optique les objets connectés), le « Multimédia et le Big Data » (nouveaux formats d’images et de son, intelligence artificielle), la « confiance numérique » (Cyber sécurité), les « réalités mixtes » (réalité virtuelle / réalité augmentée…), le « logiciel » (systèmes d’information, embarqué, outils, nous disposons d’équipes de recherche et d’industriels de pointe. Nous avons rajouté une dimension plus « disruptive » avec « l’utilisateur producteur collaboratif », par anticipation à l’arrivée des plateformes collaboratives qui bouleverse les modèles économiques. Dans l’objectif de l’usine à produit et de notre vision d’une société numérique nous travaillons sur 4 marchés prioritaires mais non exclusifs en lien avec les S3 régionales : le territoire et la maison/bâtiment intelligents, l’e-santé, l’e-éducation.

 

JGDE. Le pôle est doté d’un Agenda 21 et d’un comité de pilotage Développement durable. Que vous apporte cette démarche ?

GLB. Notre réflexion Développement Durable nous a permis de travailler la dimension de projets de R&D avec la prise en compte de critères de labélisation. De vraies innovations ont émergé comme des projets autour du logiciel vert avec la création de startups. Sur la dimension sociétale, nous avons pu alimenter la réflexion stratégique (par exemple nos marchés prioritaires). Ainsi les Smart Grids (Réseaux électriques intelligents), cas d’usage des technologies numériques, sont devenus un axe de travail : implication dans l’interpole « Smart Grid French Cluster » (que je préside depuis 2 ans) et surtout présence dans le projet stratégique SMILE qui fait de nos régions le fer de lance des déploiements en vraie grandeur des solutions françaises SG. Pour le pôle, outre la reconnaissance des compétences, c’est un axe de développement et une affirmation d’un engagement sociétal. Sur la dimension RH, nous avons notamment contribué au montage de NUMERIFEMMES en Bretagne qui veut renforcer la place des femmes dans les métiers du numérique et contribuer à la formation des femmes à la digitalisation de leurs métiers.

JGDE. La dimension internationale n’est pas oubliée et vous relayez régulièrement des appels à projets permettant de déclencher des financements européens. Est-ce que vous proposez des outils d’accompagnement particuliers ?

GLB. Notre implication dans les plateformes technologiques sur les contenus (NEM) ou sur les réseaux (networld2020) nous permet d’influencer les futurs appels à projets. Avec les autres pôles bretons, une action spécifique d’accompagnement des PME vers les projets européens, « Croissance Europe » opérée par les technopoles, a été lancé en 2016 pour les sensibiliser et les préparer au programme Horizon 2020. Enfin, nous labélisons régulièrement des projets européens et apportons toute l’aide nécessaire à leur construction.

 

JGDE. Vous allez plus loin en encourageant l’ouverture à l’international et l’export. Quelles sont vos actions dans ce domaine ?

GLB. Nous nous appuyons sur nos relations avec des clusters en Europe et dans le monde et sur les structures d’accompagnement comme Bretagne Commerce International qui organise les missions régionales. Les pôles numériques définissent avec Business France et la DGE un plan annuel de missions ouvertes à nos adhérents. Nos 2 clubs internationaux par an nous permettent de faire le point marchés / technologies sur des régions du monde comme cette année le smart cities en Asie. Nous avons aussi des projets de coopération internationale avec des objectifs B2B comme ACTONS avec le Québec (croisement numérique/ santé).

JGDE. Images & Réseaux s’est doté d’un club « International » et d’un club « Développementéconomique ». Qui peut y adhérer et quels services proposez-vous ?

GLB. Tous nos adhérents sont membres de fait de ces clubs. Y participent aussi les structures d’accompagnement (par exemple pour l’international les acteurs tels que BCI ou les Conseillers Français du Commerce Extérieur). Ce club est un lieu d’échange et d’information sur les marchés. Pour le club de développement économique, nous associons des « partenaires », cabinets d’accompagnement validés par nos administrateurs PME et les technopoles, qui, au travers d’une offre prémium pour nos adhérents, les aident dans leur développement.

JGDE. Pouvez-vous nous présenter quelques succès stories du pôle ?

GLB. Il y en a bien sûr beaucoup à commencer par les 21 startups issues des plus de 260 projets terminés. Je citerais Télécom santé qui a su au travers de son adhésion bénéficier d’une palette complète des services du pôle : projets collaboratifs « PME », accès aux marchés public du club « dev éco », Pass french Tech en 2015 renouvelé en 2016. Autre exemple d’une ETI bretonne, MVG, qui a développé une diversification vers les terminaux 4G pour des navires grâce à un projet FUI. Dans le domaine du traitement de média, le projet 4EVER a fait avancer les standards internationaux dans le domaine du codage d’image.

JGDE. Le pôle est opérateur du Grand Ouest pour la French Tech. En quoi cela consiste-t-il ?

GLB. Nous opérons ce Pass pour les 7 French Tech du territoire pour identifier et accompagner des entreprises en hyper croissance dans les secteurs du numérique ou l’industrie de façon premium vers les services de 5 partenaires publics du dispositif. I&R organise la sélection des PME avec un jury d’experts et aide à élaborer avec les partenaires un plan d’action d’un an pour permettre aux startups / PME d’amplifier encore leur dynamique.

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Crédit Mutuel Arkéa

M. Ronan Le Moal, Directeur général du groupe Crédit mutuel Arkéa

JGDE. Vous êtes le Directeur général du Crédit Mutuel Arkéa, pouvez-vous nous présenter votre groupe ?

Ronan Le Moal. Classé dans le Top 40 des banques européennes, le Crédit Mutuel Arkéa, qui réunit trois fédérations de Crédit Mutuel (Bretagne, Sud-Ouest et Massif Central) ainsi que trente filiales spécialisées, couvre tous les métiers de la banque-assurance. Né en Bretagne, le Crédit Mutuel Arkéa y conserve ses principaux centres de décision, avec plus de 6 200 emplois (sur un effectif total de 9 000). Cet ancrage territorial – véritable marque de fabrique – n’a pas freiné notre développement. Le groupe est aujourd’hui un groupe très diversifié et continue de s’ouvrir à de nouveaux métiers et marchés. Il est ainsi devenu l’un des leaders de la banque en ligne en Europe, avec Fortuneo et Keytrade Bank. Monext, notre filiale de paiements électroniques, traite plus de deux milliards d’opérations par an dans 26 pays.

JGDE. Quels sont les facteurs clés de votre stratégie ?

RLM. Le Crédit Mutuel Arkéa mise sur son agilité et sa puissance technologique pour saisir les opportunités nées de la transformation de son environnement et des modes de consommation. Parallèlement à nos activités de banque de proximité, nous renforçons nos activités bancaires en marque blanche à destination d’autres établissements financiers ou de la distribution (RCI Bank, Allianz, etc.). Nous poursuivons, par ailleurs, nos partenariats stratégiques avec les Fintechs qui nous permettent d’étendre notre gamme de services et d’apporter la meilleure réponse aux attentes de nos clients.

JGDE. Pouvez-vous revenir sur votre partenariat avec la French Tech Brest+ ?

RLM. Nous souhaitons co-construire un écosystème de l’innovation en associant l’ensemble de nos parties prenantes. Nous sommes, par exemple, partenaires de France Digitale, l’association de référence de l’économie numérique, et de la West Web Valley qui couve les pépites numériques de l’ouest de la France. La French Tech Brest+, dont j’assure la présidence, joue le rôle d’accélérateur en apportant aux startups des ressources essentielles à leur croissance. Elle participe à instaurer un climat de confiance, à favoriser « l’effet réseau » en rapprochant grands groupes et startups, tout en valorisant l’usage du numérique.

JGDE. Quels sont vos projets à venir dans les territoires et les nouvelles technologies ?

RLM. Nous souhaitons rester un interlocuteur de référence pour les acteurs du développement des territoires via notamment nos dispositifs de capital-investissement en faveur des entreprises régionales ainsi que nos investissements thématiques dans l’innovation sociétale ou la filière Mer, dans une démarche de développement durable et responsable. Il est essentiel de préserver les centres de décision et les bassins d’emplois en région. Quant à la technologie, le Crédit Mutuel Arkéa nourrit l’ambition légitime de jouer les précurseurs, d’être un modèle à suivre en privilégiant l’innovation qui apporte une réelle valeur ajoutée à ses 4,1 millions de clients, en termes d’accessibilité, de simplicité, de sécurité et de qualité de service.

 

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M. Yvon Peurou

président du pôle de compétitivité ID4CAR

JGDE. Vous présidez le pôle de compétitivité ID4CAR dédié à la R&D dans le secteur automobile et les services de mobilité. Quelles sont ses missions ?

Yvon Peurou. Fondé il y a plus de 10 ans, iD4CAR vise à stimuler et renforcer la compétitivité des acteurs des marchés véhicules et mobilités situés en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Les deux régions, avec l’Etat, ont été des partenaires forts qui croient en notre stratégie. C’est ainsi que nous pouvons proposer à nos 320 membres une offre de service articulée autour de l’innovation, des marchés et de la performance industrielle.

Concrètement, nous aidons nos membres à établir leur stratégie, à structurer leurs projets R&D, à identifier des financements et à nouer des partenariats technologiques. 140 projets ont déjà été concrétisés, soit un investissement R&D de plus de 310 M€.

Nous les accompagnons également pour déceler et activer des opportunités d’affaires. Nous présentons les tendances des marchés, assurons des mises en relation B2B et organisons des missions export. Pour exemple, sur les 3 dernières années, la majorité de nos membres PME ont augmenté leur chiffre d’affaires de 20 à 80% !

Enfin, nous apportons un appui à la modernisation des outils de production ainsi qu’à la mutualisation de compétences RH et des achats.

JGDE. L’industrie automobile est présente dans d’autres territoires, en France et à l’étranger. Qu’est-ce qui caractérise le Grand Ouest ?

YP. Ce qui est remarquable, c’est son hétérogénéité et sa vitalité. On retrouve les grands constructeurs et une trentaine d’équipementiers, mais on bénéficie aussi de la présence de constructeurs de véhicules spécifiques : véhicules de secours, caravanning, carrossiers-constructeurs, véhicules blindés… Nous avons aussi plus de 100 agroéquipementiers, et le territoire se place comme le premier producteur et utilisateur d’engins roulants à l’échelle nationale.

Concernant les services de mobilité, le grand ouest jouit d’une expertise historique en matière de technologies télécom et un investissement précoce dans les objets connectés. Cet ensemble technologique associé à la capacité d’expérimentations de nos territoires fait un axe d’excellence et surtout stratégique.

JGDE. Quels domaines d’activités stratégiques couvrez-vous ?

YP. Nous couvrons quatre domaines d’activités stratégiques qui sont représentatifs de nos communautés d’acteurs et apportant des solutions collectives à des problématiques transverses :

  • les « matériaux des véhicules », capable de répondre aux enjeux d’allégement, d’écoconception, …
  • les « systèmes embarqués », pour développer de nouvelles fonctionnalités sur les architectures électrique et électronique, les interfaces véhicules, la commande et la sûreté ;
  • les « véhicules, usages et industrialisation », pour faire émerger de nouvelles architectures de véhicules, des modules innovants et concevoir l’usine du futur ;
  • les « TIC au service de la mobilité », pour améliorer et sécuriser les infrastructures, déployer des solutions énergétiques et optimiser les déplacements.

JGDE. Auriez-vous quelques exemples de projets aboutis ?

YP. Oui, bien sûr ! Même si cela ne permettrait pas d’avoir une image complète du dynamisme de nos 320 membres. Je peux citer, par exemple, un projet porté par Autocruise, basé près de Brest, pour développer des systèmes radar haute performance et des applications d’aide à la conduite de véhicules. Aujourd’hui, 350 000 radars issus de ces développements sont en service, soit un chiffre d’affaires de 30 M€ en 2017. Et la capacité de production devrait tripler d’ici à 2020.

Dans un autre registre, je peux aussi évoquer un projet pour alléger les véhicules grâce à des matériaux composites et des robots de drapage. Il a permis à l’entreprise Coriolis Composites – spécialisée à l’origine dans l’aéronautique – de pénétrer le marché automobile, de nouer des partenariats avec de grands constructeurs et de s’ouvrir à l’international.

 

JGDE. Vous intervenez donc non seulement dans des projets touchant aux véhicules proprement dits, mais aussi dans des projets touchant aux services de mobilité. Comment percevez-vous l’évolution de ce marché ?

YP. L’avènement des NTIC ou de la géolocalisation a permis l’émergence d’une économie où il est possible de proposer et de valoriser des services : sièges libres pour un trajet, disponibilité d’un véhicule inutilisé, charge utile dans un camion…

L’information autour de la mobilité aussi se valorise avec les calculs d’itinéraires, la localisation de places de parking, la disponibilité des bornes de recharge, l’accessibilité aux personnalités à mobilité réduite ou l’optimisation des parcours d’une tournée logistique. Cette tendance va se renforcer à moyen terme avec l’apport de plusieurs ruptures technologiques, telles que le véhicule autonome ou l’infrastructure intelligente et connectée.

JGDE. Vous travaillez aussi sur l’usine du futur. Comment l’imaginez-vous ?

YP. La performance de l’outil industriel est un levier de compétitivité puissant. Avec les entreprises et académiques du territoire, nous souhaitons répondre aux contraintes classiques de l’industrie automobile (fortes cadences, haut taux de service, coûts unitaires très bas) tout en prenant en compte les évolutions du marché (personnalisation, montée en gamme, nouveaux matériaux et réduction des émissions de CO2). C’est dans cet esprit que la plate-forme d’innovation industrielle EXELCAR a été créée sous l’impulsion d’ID4CAR, à proximité de l’usine PSA Rennes.

Dans un autre registre, la connectivité et le big data permettent d’optimiser le rendement des machines, la réalité augmentée d’améliorer la formation des opérateurs, la robotique de mettre en œuvre des procédés complexes, la fabrication additive de créer des prototypes et des petites séries,… Une usine pilote, en Bretagne, utilise déjà ces technologies et nous livrera rapidement de premiers enseignements. A terme, c’est toute la filière régionale qui pourra opérer sa mutation vers l’usine 4.0 qui sera agile, respectueuse, efficace et créatrice d’emplois.

JGDE. Vous avez obtenu le label Gold décerné par l’European Cluster Excellence Initiative. Quelles sont vos actions européennes et internationales ?

YP. Nous relayons des appels à projets, participons à des groupes de travail avec la Commission Européenne, assurons le lien avec les associations représentatives à Bruxelles et suivons l’évolution des programmes cadres.

Avec Business France et les autres pôles automobiles français, nous organisons des missions pour développer des partenariats technologiques. Nous proposons aussi à nos membres des missions « business » et des rendez-vous d‘affaires dans les salons et congrès internationaux (ITS, Electric Vehicles, MOVIN’ON). Enfin, nous faisons la promotion du territoire pour attirer des investisseurs et des partenaires.

 

JGDE. Vous êtes également engagés dans le programme européen Horizon 2020 (H2020) à travers le projet SMALL 2. Pouvez-vous nous en parler ?

YP. En 2016, dans le cadre du programme SMALL 2 qui est notamment ciblé sur les usages du big data, ID4CAR a effectivement accompagné le développement d’une start-up sur le marché de la mobilité en France et en Italie. Nous avons aussi participé à un autre projet H2020, à savoir le projet COEXIST (2017-2019) qui étudie l’évolution de la gestion prévisionnelle du trafic dans les villes et la façon d’y intégrer les véhicules autonomes pour créer des infrastructures adaptées. Cela nous apporte des connaissances sur les technologies et usages du futur, que nous diffuserons à nos membres pour leur permettre de se positionner et de prendre un temps d’avance sur leurs concurrents.

 

Pôle iD4CAR
Technocampus EMC²
ZI du Chaffault, Chemin du Chaffault
44340 Bouguenais, France
www.id4car.org

 

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M. Philippe Verdier

président du pôle de compétitivité Cyber

JGDE. Vous présidez le Pôle d’excellence cyber qui est dédié à la cyberdéfense et à la cybersécurité. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ce secteur est en fort développement ?

Philippe Verdier. La cybersécurité est depuis plusieurs années au cœur des préoccupations des responsables de la sécurité. Dire que les systèmes d’informations constituent la colonne vertébrale du fonctionnement des acteurs économiques est un lieu commun qui mérite cependant d’être rappelé tant ces systèmes peuvent servir de vecteur à la réalisation des menaces. La criminalité, même si elle conserve ses visées (vol ou sabotage) a évolué et se développe dans le domaine cyber.
L’actualité des derniers mois apporte des illustrations de plus en plus nombreuses de cette réalité qui n’épargne aucune structure. Les tentatives d’intrusion pour espionnage ou vol de données, la recherche des failles de sécurité pour implantation de virus ou de logiciels de rançon, les tentatives d’attaques massives font désormais partie de l’environnement quotidien et menacent la survie, la compétitivité et le développement des acteurs de la vie économique du pays.

JGDE. Le Pôle d’excellence cyber est relativement récent puisqu’il a été inauguré en 2014. Quels sont précisément ses missions et ses objectifs ?

PV. Bien que récente, la vie du Pôle d’excellence cyber a connu deux périodes. La première, que je qualifierai de pré configuration a permis aux deux membres fondateurs, le ministère des armées et la région Bretagne, de poser les principes de l’action du Pôle et d’organiser l’association que celui-ci constitue de fait depuis 2014. La seconde période ouverte, avec la réunion des instances de l’association en juillet 2016, a permis de concevoir et d’engager l’actuel plan d’action du Pôle.
Le Pôle d’excellence cyber a pour mission de stimuler de façon simultanée l’offre de formation cyber (qu’elle soit initiale, continue, supérieure), la recherche académique et, par mimétisme avec le domaine militaire traditionnel, la « base industrielle et technologique de cybersécurité », avec une attention particulière portée aux PME-PMI innovantes, y compris à l’export.

 

 

Ces trois dimensions sont indissociables à nos yeux et répondent à trois enjeux majeurs, au profit de la communauté nationale de cyberdéfense et de cybersécurité :

  1. Disposer des compétences nécessaires pour répondre aux besoins de développement de la filière : c’est un point fondamental pour l’ensemble des membres du Pôle. C’est pourquoi les premières actions ont été engagées par notre club formation avant même la création de l’association, pour bénéficier sans délais des capacités des organismes de formation partenaires. Pour le futur, les travaux en cours ont pour objet de définir les conditions de mise en œuvre de parcours de formation alliant formation initiale et formation continue, en privilégiant les formations opérationnelles.
  2. Promouvoir la recherche : cette action a débouché dès la phase de configuration sur la création de chaires en adéquation avec les besoins du ministère des armées et des industriels du Pôle. Elle se poursuivra, au-delà de la création de nouvelles chaires, par des actions de déclinaisons opérationnelles des résultats au bénéfice des produits et services innovants et de confiance de demain.
  3. Engager le développement industriel. Cette action vise deux objectifs : définir et mettre en œuvre les mesures de soutien au développement et à la pérennisation des start-ups du domaine ; définir et mettre en œuvre des solutions innovantes de protection à destination des ETI et PME.

JGDE. Qui fait aujourd’hui partie du Pôle d’excellence cyber ?

PV. Le Pôle d’excellence cyber compte à ce jour une trentaine de membres, les deux membres fondateurs, le ministère des Armées et la Région Bretagne, onze grands groupes (Airbus CyberSecurity, Thales, Nokia, EDF, Orange, La Poste, Atos, Cap Gémini, Sopra Stéria, DCNS, DCI) et plus d’une quinzaine de laboratoires, d’universités et d’écoles d’ingénieurs.

Ce qui caractérise la participation au Pôle, c’est l’engagement attendu des membres. C’est la condition sine qua none pour être membre : il faut s’engager au-delà de ses intérêts propres, au service d’une forme d’intérêt général visant à accroître les capacités d’anticipation, de défense et de remédiation du pays.
Cette approche montre combien la dimension nationale est consubstantielle du Pôle et même sa vocation de rayonnement international.

JGDE. Vous évoquez votre dimension nationale et votre vocation internationale. Quel est alors votre rapport avec la Bretagne ?

PV. L’implantation du Pôle d’excellence cyber en Bretagne est naturelle compte tenu des ambitions de ses membres fondateurs.

Le « cœur cyber » du ministère des Armées y bat de très longue date, notamment à DGA Maîtrise de l’information (établissement de la direction générale de l’armement) et à l’École des transmissions. Le Pôle est une opportunité de faire bénéficier l’ensemble des acteurs économiques du pays de ces capacités.
La région Bretagne dispose depuis près d’un demi-siècle d’un tissu académique et industriel particulièrement dense et performant dans des domaines tels que l’informatique, l’électronique, les télécommunications, les mathématiques. Le Pôle est pour elle une opportunité de développement.

Comme je l’ai déjà dit, nous nous inscrivons au service de l’intérêt général de cyberdéfense du pays, l’implantation en Bretagne est une opportunité de partage des compétences et des expériences au-delà des frontières régionales.

JGDE. Pouvez-vous nous parler de la European Cyber Week que vous organisez pour la 2ème fois, du 27 novembre au 1er décembre 2017 à Rennes ?

PV. Organisée par le Pôle d’excellence cyber et ses partenaires, la European Cyber Week propose des conférences techniques, des rencontres d’affaires, une forte dimension recrutement et des événements de haut niveau, adressant tour à tour des enjeux militaires et civils, à destination des entreprises, laboratoires de recherche, institutions et étudiants.

Pour l’édition 2017, ce sont 8 événements majeurs et complémentaires qui vont se succéder. Je vous invite à consulter le site www.european-cyber-week.eu pour en savoir plus et vous inscrire.

Cette semaine, qui a pour vocation de se pérenniser dans le temps et de se développer chaque année un peu plus, illustre parfaitement à la fois les 3 dimensions indissociables (la formation, la recherche, le développement industriel) et l’ADN (le contenu de haut niveau, la culture projet, le travail collaboratif, l’ouverture européenne et internationale) qui président à la dynamique du Pôle d’excellence cyber depuis sa création.

 

Pole Cyber Défense
DGA maîtrise de l’information
BP7, 35998 Rennes cedex 9 France

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SIEPEL

Entretien avec Christophe Cordès, Président de SIEPEL

Historique de l’implantation en Bretagne et activité

Lorsqu’en 1986 les futurs associés, fondateurs de Siepel, alors basés à Paris, recherchent un lieu d’implantation, le choix se porte spontanément sur la Bretagne pour des raisons familiales et aussi par la présence de clients potentiels significatifs (Ministère de la Défense, DCN, DGA…). Quelques mois après la création de l’entreprise, la ville de la Trinité sur Mer proposera des terrains qui seront achetés et un premier bâtiment construit. 30 ans après, SIEPEL dispose d’un hectare de surface foncière hébergeant le siège social et les ateliers de production pour un effectif moyen de 62 salariés.

L’activité de SIEPEL, en perpétuelle évolution sous les effets de la R&D, des exigences normatives et des marchés, se fonde, notamment, sur la fabrication de cages de faraday pour la protection de data centers et PC de commandement, salles de réunion sécurisées (protections électromagnétique et acoustique), pochettes faradisées pour téléphonie mobile et l’ensemble des mesures de contrôle associé à ces produits. A ce titre, SIEPEL est une entreprise spécialisée du domaine de la « Cybersécurité des infrastructures » à destination d’une clientèle publique et privée.

L’exportation représente en moyenne 50% de l’activité globale et en plus d’un bureau de représentation à Taïwan, SIEPEL dispose d’un réseau de plus de 20 agents/distributeurs dans le monde.

Il s’agit d’un marché de niche technologique et la force de l’entreprise réside dans sa capacité de réactivité, flexibilité et d’exigence de qualité associées à la maitrise de la chaine de valeur. Un site de production en Bretagne regroupant toutes les expertises offre aux clients et aux maîtres d’ouvrage un support unique.

PRODUITS PHARES ET PRESTATIONS

La gamme proposée par SIEPEL se compose de produits et services spécialisés pour la sécurisation des infrastructures hébergeant des systèmes d’information (SSI) face aux menaces cyber telles que les attaques et interceptions électromagnétiques.

On peut particulièrement citer :

  • Salles sécurisées, protections électromagnétique & acoustique. Il s’agit de cages de faraday hautes performances avec des finitions de qualité pour héberger des réunions sensibles comportant un niveau de confidentialité élevé ;
  • Cages de faraday dédiées à la protection de systèmes de traitement de l’information et data centers ;
  • Pochettes faradisées pour ordinateurs portables, tablettes, smartphone pour usage en Forensics et également pour la sécurisation de réunions confidentielles nécessitant d’interrompre les communications en temps réel d’appareils électroniques ;
  • Mesures de rayonnements électromagnétiques (pour validation de la conformité des cages de faraday et locaux standards hébergeant des moyens SSI sensibles). En matière de mesures selon la norme EN 50147-1 SIEPEL possède une accréditation COFRAC ;

 

LE LABEL France CYBERSECURITY, LES APPORTS D’UN TEL LABEL

L’attribution d’un label, en l’occurrence deux pour SIEPEL, l’un relatif aux cages de faraday hautes performance (2016) et l’autre aux mesures de rayonnement électromagnétique (2017), permet de valider l’existence d’un véritable savoir-faire technique associé à une expérience significative.

Sur les marchés liés à la sécurisation des données, en particulier pour les projets à l’exportation, il est nécessaire pour une entreprise comme SIEPEL de pouvoir justifier d’une reconnaissance technique nationale. En effet, il s’avère souvent délicat pour nos clients d’être cités en référence, la confidentialité régissant ce type d’application !

De plus, le label France Cybersecurity, attribué majoritairement à des entreprises liées aux logiciels ou services de sécurité informatique, montre l’exhaustivité et la complémentarité des solutions en validant notre domaine de cybersécurité des infrastructures. SIEPEL représente donc bien une brique des applications cyber et le label France Cybersecurity en officialise la portée.

ACTEUR MAJEUR DE LA SECURITE DANS LE CYBER ESPACE, VOS PERSPECTIVES ET ENJEUX A VENIR

Evidemment, l’un des premiers enjeux concerne notre capacité à dépasser les exigences normatives et innover en proposant des solutions de haut niveau associées à des coûts attractifs. L’autre enjeu majeur tient dans notre volonté de maintenir en Bretagne nos activités de R&D et la production.

Les perspectives du marché français demeurent dynamique et il faut pour SIEPEL maintenir sa place en collaborant à la fois avec les donneurs d’ordres, les maîtres d’œuvre mais aussi en tant que support spécialisé auprès des maîtres d’ouvrages qui doivent s’appuyer sur notre expertise unique.

Nous constatons des marges de progression sur les marchés d’exportation et devons veiller à adresser les zones émergentes où la menace cyber est connue et pour l’instant insuffisamment prise en compte.

La Bretagne dispose d’un excellent vivier de PME du domaine de la cybersécurité. Nous allons également envisager des collaborations régionales pour élargir notre offre et contribuer au développement des entreprises de la cybersécurité bretonne.

 

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Europe

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Mme Forough Salami-Dadkhah

vice-présidente du Conseil régional Bretagne chargée de l’Europe et de l’International

Mme Forough Salami-Dadkhah

Vous êtes chargée de l’Europe et de l’International. Pouvez-vous nous indiquer ce qui caractérise votre délégation ?

Forough Salami-Dadkhah. Je suis en charge de plusieurs domaines : la gestion des fonds européens, les relations avec les institutions de l’UE, les relations bilatérales avec d’autres Régions d’Europe et du monde, ainsi que l’aide au développement. Pour une Région comme la Bretagne dont le nom est assez connu, nous recevons beaucoup de demandes de partenariat. Ce que nous recherchons ce sont les situations gagnant-gagnant, quand les intérêts sont partagés. C’est la garantie de partenariats fructueux et durables qui vont au-delà de simple « jumelages ». Par ailleurs, pour la Bretagne qui est probablement la Région la plus pro-européenne de France, un engagement européen fort est naturel.

Avec le Brexit, la dimension européenne de votre délégation est encore plus forte. Comment percevez-vous l’impact de cet événement et cela a-t-il modifié la stratégie européenne de la Région ?

FSD. Cette décision a été un choc pour nous, d’autant plus que nous avons des relations très étroites avec le Pays de Galles qui est un peu notre Région cousine. L’histoire et la géographie ont fait que la Bretagne a des liens culturels et économiques très forts avec le Royaume-Uni, plus que toute autre Région d’Europe continentale je pense. Paradoxalement, cela a pour l’instant eu pour effet de renforcer notre détermination à soutenir l’intégration européenne, qui nous a semblé menacée par le Brexit. Et dans le même temps cela nous a aussi poussé à resserrer nos liens avec les Gallois afin d’être certains que notre amitié survivra au Brexit. Celui-ci n’a pas encore eu lieu et il est impossible de prévoir comment tout cela va se terminer. Toutefois, mon intime conviction est qu’un jour les Britanniques demanderons à réadhérer à l’Union européenne. Ce jour-là, les Bretons seront heureux de célébrer le retour d’un membre de la famille.

La Bretagne a souhaité ouvrir son propre Bureau de représentation à Bruxelles. Est-ce pour renforcer votre présence et votre influence auprès des décideurs européens ?

FSD. Ce n’est pas vraiment nouveau puisque la Bretagne dispose d’un bureau de représentation à Bruxelles depuis les années 1990, une des premières Régions françaises à le faire. C’était naturel car les Bretons ont toujours été à la fois très européens, et très conscients du fait que s’ils ne se rendaient pas régulièrement à Bruxelles pour se faire entendre, il serait facile d’oublier cette péninsule perdue à l’Ouest du continent. Mais il est vrai que jusqu’à cette année, la Bretagne partageait pour des raisons de coût ses bureaux bruxellois avec d’autres Régions françaises. C’est en fait la fusion des Régions qui a déclenché ce changement, et aussi le fait que les Régions françaises gèrent désormais directement les fonds européens. Cela nous a conduit à inaugurer en début d‘année la Maison de la Bretagne à Bruxelles. Et je pense en effet que cela améliorera la visibilité de nos actions auprès des décideurs européens.

Vous travaillez également pour renforcer l’action de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes Européennes (CRPM). Pouvez-vous nous présenter cette organisation et le rôle qu’y joue la Région Bretagne ?

FSD. La Bretagne y joue un rôle particulier en effet, puisqu’elle en a été un membre fondateur, et qu’elle en abrite le siège à Rennes. C’est un des plus anciens réseaux de collectivités en Europe, fondé en 1973. L’idée de départ est simple : pour les territoires périphériques et/ou maritimes, qui sont éloignés du cœur démographique et économique de l’Europe, il est plus difficile de se faire entendre. Il était donc logique de se regrouper pour exprimer une voix atypique. Afin d’apporter une vraie valeur ajoutée, la CRPM s’est concentrée sur quelques domaines d’action en lien avec le profil de ses membres : les fonds structurels, la politique maritime, les transports. Mais c’est encore plus que cela : en mettant en contact ses 150 membres à travers les territoires parmi les moins connus ou les moins accessibles d’Europe, la CRPM contribue à la prise de conscience que nous, Européens, partageons une culture commune, que nos divergences sont insignifiantes face à nos intérêts communs.

 

Au-delà de l’Europe, vous coopérez avec des collectivités du Sud et soutenez des acteurs régionaux engagés dans la solidarité internationale. Comment la Région intervient-elle dans l’aide au développement ?

FSD. En effet, nous sommes comme beaucoup d’autres Régions d’Europe des acteurs de ce qu’on appelle la coopération décentralisée, c’est-à-dire l’aide au développement par la coopération entre autorités locales, sans passer les autorités nationales. C’est un travail centré sur des projets concrets, complémentaire de l’action menée par les Etats ou l’Union européenne. Par exemple, nous coopérons avec une Région du Burkina Fasso pour développer la filière légumière, ou avec la Région de Grand’Anse à Haïti sur la formation des agriculteurs. Nous agissons essentiellement comme coordonnateur d’acteurs locaux, en grande partie des associations qui font un travail remarquable.

Quelle place accordez-vous à la francophonie et aux valeurs qu’elle porte, par exemple l’égalité hommes-femmes ?

FSD. La francophonie est un atout bien sûr à l’international. C’est toujours plus facile de se comprendre quand on parle la même langue. Toutefois, cela ne doit pas nous limiter aux pays qui parlent le Français car le monde est tellement plus divers. La francophonie n’est donc pas un axe central de notre stratégie internationale. Et n’oublions pas qu’en Bretagne on ne parle pas que le français ! Toutefois, il est vrai que les valeurs prônées par l’organisation de la francophonie, comme la diversité culturelle, l’égalité femmes-hommes, la démocratie, l’état de droit, ont une portée universelle qui nous guide dans notre action à l’international.

Les Bretons ont une identité locale très forte, très enracinée. Est-ce un atout ou un handicap à l’heure de la mondialisation ?

FSD. Je pense que c’est un atout déterminant. Je dirai même que l’enracinement est indispensable pour pouvoir s’ouvrir à la mondialisation. En Bretagne, la force de l’identité permet aux gens de savoir qui ils sont, ce qui leur permet de s’ouvrir aux autres en confiance, sans avoir peur d’être remis en cause. Les Bretons ont toujours été de grands voyageurs et se sont enrichis de l’ouverture au monde via la mer. Ça peut paraître paradoxal mais cette forte identité facilite l’intégration en Bretagne. Quand vous montrez votre volonté de faire vôtre cette identité, sans pour autant renier celles que vous pouvez avoir par ailleurs, alors vous êtes considéré comme Breton, quel que soit votre lieu de naissance ou votre couleur de peau. J’en suis moi-même un excellent exemple. Je suis née et j’ai grandi en Iran. Mais je vis depuis longtemps en Bretagne et je me sens tout autant iranienne que bretonne, française et européenne. Je peux vous assurer que la force de cette identité, elle attire, on nous l’envie. Il n’y a rien de plus moderne.

Pour conclure et revenir aux questions européennes, comment voyez-vous l’avenir de l’Union européenne ?

FSD. Nous faisons face à des défis immenses que seule une union à l’échelle continentale est en mesure de relever : le changement climatique, la régulation du commerce mondial et des mouvements de capitaux, la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, le maintien de la paix en Europe et à son voisinage. Il est illusoire de penser que les Etats-nations divisés seront capables d’y répondre. Je pense qu’une série d’événements récents a fourni un électrochoc à une majorité d’Européens : l’annexion de la Crimée par la Russie, le vote en faveur du Brexit, l’élection de Donal Trump aux Etats-Unis, les attaques terroristes qui se jouent des frontières… La crise financière déclenchée il y a dix ans a ébranlé notre confiance en l’Europe, mais j’ose croire que le mouvement est en train de s’inverser.

 

 

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M. Jacques Le Vagueresse

directeur des affaires européennes et internationales du Conseil régional de Bretagne

Vous dirigez la direction des affaires européennes et internationales (DAEI) qui s’occupent à la fois des coopérations Nord-Sud et de toutes les questions européennes, y compris la gestion des fonds européens. Comment s’articulent et s’équilibrent ces différentes missions ?

Jacques Le Vagueresse. Les deux politiques sont plus complémentaires qu’il n’y paraît ! Certes, les politiques européennes obéissent à des règles très spécifiques et nécessitent beaucoup de rigueur. A l’inverse, les relations internationales et tout particulièrement avec les Pays du Sud, font appel à beaucoup de volontarisme et d’animation pour stimuler efficacement les partenariats. Au final, si les fonds européens mobilisent plus de personnel, les échanges entre services permettent de rester innovant : sur la simplification pour la gestion des fonds européens et sur la nécessité de mettre plus de rigueur parfois dans nos relations internationales afin d’éviter de ne rester que sur de simples relations institutionnelles.

La Région Bretagne compte de nombreux acteurs de la solidarité internationale. Comment les accompagnez-vous ?

JLV. Nous sommes tout juste en train de clôturer un nouveau « round » de concertations avec l’ensemble de ces acteurs. L’objectif est de redéfinir avec eux quels sont d’une part les intérêts de mieux travailler entre eux et d’autre part quel rôle la Région peut avoir pour les accompagner dans leurs projets. L’idée est d’augmenter la qualité des projets présentés et que l’intervention de la Région ait un réel effet levier. Mais au-delà c’est aussi de leur offrir les moyens d’avoir un espace de dialogue et de mise en œuvre de projets en commun.

Vous êtes également un spécialiste de l’innovation et du développement économique. Quelle est la place de l’économie dans la stratégie internationale de la Région ?

JLV. C’est fondamental ! Si l’on veut éviter que les relations internationales ne « tournent en rond » il faut leur injecter des projets en commun concret. Les relations culturelles, touristiques, universitaires sont particulièrement ciblées dans notre stratégie de développement à l’international. Et naturellement l’économie. Dans ce cadre, nous nous appuyons sur les agences de développement de la Région, Bretagne Commerce International et Bretagne Développement Innovation qui nous permettent d’assurer une continuité et une qualité dans les projets à mettre en œuvre.

Vous êtes en première ligne pour observer les conséquences et les opportunités du Brexit. Est-ce que cet événement a un impact sur les coopérations territoriales ?

JLV. Malheureusement oui. Nous constatons dès à présent dans différentes instances de coopération européenne que certaines régions britanniques sont déjà exclues « de facto » des discussions. De nombreuses régions européennes considèrent qu’ils sont déjà partis ! Pour notre part, nous souhaitons d’une part en profiter pour approfondir le lien avec le Pays de Galles et imaginer de nouvelles possibilités de coopération post Brexit. Mais aussi, nous devons anticiper le départ du Royaume-Uni sur les programmes Interreg : nous exigeons ainsi que le programme France Manche Angleterre puisse être intégralement programmé avant la mi-2019 et la rentrée en vigueur du Brexit afin que les partenaires bretons et britanniques ne soient pas pénalisés. Enfin, nous travaillons avec la CRPM pour que post 2020, l’Europe ne nous oublie pas alors même que nous serons un peu périphérique… et que le programme Atlantique par exemple soit renforcé.

 

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Mme Clémentine Gallet

présidente de Coriolis

JGDE. Pouvez-vous nous présenter la société Coriolis Composites, ses marchés, ses débouchés ?

Clémentine Gallet. Coriolis a été créée en 2001 par trois jeunes ingénieurs fraichement sortis d’école. Elle a développé et commercialise une technologie innovante de production de pièces en matériaux composites. Ces matériaux sont utilisés dans l’aéronautique et les transports pour alléger les structures et limiter leur consommation. Coriolis réalise 27M€ de CA sur le marché aéronautique et spatial, dont 80% à l’export. Les robots Coriolis sont utilisés dans les usines des grands avionneurs tels que Airbus, Bombardier ou encore Dassault Aviation ainsi que leurs sous-traitants.

JGDE. Coriolis Composites est une société directement liée à l’industrie de précision. Quelle réponse donnez-vous à la vision générale d’une désindustrialisation de la France, et plus particulièrement des provinces ?

CG. Je vois la désindustrialisation comme une opportunité de revoir les bases de notre industrie. Nous vivons une véritable transformation des usines depuis l’avènement du digital et des robots. En s’appuyant sur des outils de dernière génération, il est de nouveau possible de produire en France en étant compétitif. On le voit avec les usines que nous équipons de nos robots qui gagnent en compétitivité grâce à ces nouveaux équipements.

On le voit avec notre propre développement : notre valeur ajoutée réside dans les composants mécaniques innovants et les logiciels de simulation ultra performants que nous développons. Ces briques technologiques sont un pur produit de la créativité et de l’ingéniosité françaises. Notre localisation à Lorient contribue à cette réussite technologique et innovante, car nous offrons aux jeunes talents la qualité de vie « nouvelle génération » à laquelle ils aspirent, où s’harmonisent travail, loisirs et vie privée.

JGDE. Vous venez d’inaugurer avec le Ministre de l’économie, Monsieur Bruno LE MAIRE, la French Fab. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste ce projet, et l’implication de Coriolis Composites dans sa mise en œuvre ?

CG. Je vais paraphraser notre Ministre en disant que la French Fab c’est offrir une «vitrine de nos savoir-faire industriels, traditionnels comme de pointe» et donner un élan collectif à «l’industrie du futur à la française». Nous avons naturellement rallié le mouvement en apportant 3 pierres : notre histoire et nos technologies, nos besoins d’être mieux représentés en tant qu’industriels pour nos développements futurs (soutien du gouvernement à l’innovation et export) et nos challenges qui nécessitent parfois des conseils de nos pairs ETI et membres de la French Fab.

 

 

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L’aide précieuse de l’Europe

Les fonds européens constituent un levier essentiel dont dispose la Région pour renforcer la création de valeurs, de richesses et d’emplois sur son territoire.

Pour réaliser les objectifs qu’elle s’est fixée en matière de développement régional, l’Union européenne (UE) dispose d’un budget pluriannuel : les fonds structurels et d’investissements (FESI). Pour la période 2014-2020, ils s’élèvent à 960 milliards d’euros, dont 1 milliard d’euros environ en Bretagne. En mars 2017, 319 millions d’euros (M€) avaient déjà été attribués à des porteurs de projets en Bretagne.

Depuis 2014, la Région a pris le relais de l’État en tant qu’autorité de gestion pour la majeure partie de ces FESI (pour un total de 780 M€) : elle administre désormais en totalité le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) et le fonds européen de développement régional (FEDER), un tiers du fonds social européen (FSE) et une enveloppe régionale du fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP).

 

Agriculture

Doté en Bretagne de 368 M€, le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) est le second pilier de la politique agricole commune (PAC). « Il contribue, selon l’UE, au développement des territoires ruraux et d’un secteur agricole plus équilibré, plus respectueux du climat, plus résilient face au changement climatique, plus compétitif et plus innovant. » Dans le cadre du programme de développement rural breton (PDRB), les dispositifs les plus sollicités concernent le soutien aux investissements dans les exploitations agricoles, les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC), l’agriculture biologique et le soutien à l’installation des jeunes agriculteurs. En 3 ans et demi, près de 7 500 dossiers ont été sélectionnés. Plus de 1500 jeunes agriculteurs ont déjà été aidés pour favoriser leur installation. Dans les exploitations, 53 M€ de FEADER ont été engagés pour la modernisation des bâtiments et équipements agricoles ; ce fonds européen a aussi soutenu 32 projets de valorisation de produits agricoles à la ferme. Volet très important en Bretagne, 62 M€ de FEADER interviennent en faveur des mesures agro-environnementales et climatiques qui accompagnent l’évolution des pratiques agricoles et 18,2 M€ soutiennent la conversion et le maintien en agriculture biologique. 3,3 M€ sont déjà engagés pour Breizh Bocage, programme qui favorise le maillage bocager et la reconquête de la qualité des eaux. Le fonds soutient également quatre partenariats européens pour l’innovation impliquant 47 partenaires territoires (4 M€).

Cohésion économique et sociale

Le fonds européen de développement régional (FEDER) a pour vocation de « renforcer la cohésion économique et sociale dans l’Union européenne en corrigeant les déséquilibres entre ses régions ». La Bretagne en bénéficie à hauteur de 307,3 M€. Les projets liés à la recherche, à l’innovation et au développement économique représentent près des 3/4 des fonds engagés à ce jour. Le FEDER a par exemple contribué à la construction à Brest du premier téléphérique urbain de France (5,5 M€), et soutient la création d’un quai Énergies Marines Renouvelables dans le port de cette métropole (15 M€). 8 M€ ont été mobilisés pour créer Breizh Up, un fonds de co-investissement qui vise à renforcer, dès la première levée de fonds, l’apport en capitaux à destination des projets innovants de création d’entreprises. Le FEDER participe à l’extension du projet Triskell, système de transport collectif à l’échelle de toute l’agglomération de Lorient (7 M€) et à la transformation de quatre gares en pôles d’échange multimodaux (Brest, Redon, Vitré et Guingamp). De nombreux projets seront sélectionnés dans les prochains mois, par exemple pour la rénovation thermique des logements sociaux, le raccordement en très haut débit du territoire régional, de nombreux programmes de recherche et d’innovation…

Le Fonds social européen (FSE) attribué à la Bretagne représente 184 M€. 76,8 M€ ont déjà été programmés pour soutenir l’emploi, l’accès à la qualification pour les demandeurs d’emploi, l’insertion professionnelle et la lutte contre la précarité en Bretagne. Il vise aussi à aider les personnes à trouver des emplois de meilleure qualité ou à se reconvertir à n’importe quel moment de la vie. A l’exemple de Michel qui, à 40 ans, a quitté son emploi dans la logistique pour monter son entreprise de menuiserie. Il a pu effectuer une formation en apprentissage à l’AFPA du Finistère, organisme de formation soutenu par la Région et l’Union européenne. Plus de 55 000 personnes ont bénéficié à ce jour de dispositifs soutenus par le Fonds social européen en Bretagne depuis 2014.

Affaires maritimes

Le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) accompagne les pêcheurs et les aquaculteurs vers une plus grande durabilité, aide les populations côtières à diversifier leurs activités économiques et à améliorer leur qualité de vie. Un exemple ? La coopérative des aquaculteurs bretons de Plourin-Lès-Morlaix bénéficie désormais d’un site de reproduction et d’un laboratoire de génétique. Des installations coûteuses, financées en partie par l’Union européenne.

Les fonds européens au plus près des territoires

Afin d’adapter les crédits aux besoins des territoires, plus de 120 millions d’euros de fonds européens sont consacrés aux approches territoriales. Cela concerne les projets soutenus par trois fonds sur quatre (FEDER, FEADER et FEAMP).

Coopération territoriale

Le FEDER participe aussi au cofinancement des programmes de coopération territoriale européenne (CTE). Plus connus sous le nom d’Interreg, ils permettent à des territoires situés sur plusieurs États membres de l’Union, de mener des projets en commun. Objectif : contribuer au développement durable et équilibré de la zone concernée, aux niveaux économique, social et culturel. Ils visent à réduire les « effets de frontières » grâce à des coopérations plus étroites entre les différents acteurs des territoires (entreprises, collectivités, associations…).

Ces programmes représentent une enveloppe de 1,1 milliard d’euros répartis sur quatre zones intégrant la Bretagne : France Manche Angleterre (223 M€), Espace Atlantique (140 M€), Europe du Nord-Ouest (396 M€) et Interreg Europe (359 M€). Au premier semestre 2017, 15 projets de coopération ont été approuvés impliquant 20 structures bretonnes pour un montant total de 6 M€. Le projet VISTA-AR par exemple s’est donné pour objectif de développer un nouveau mode de visite basé sur la réalité augmentée et la réalité virtuelle pour des sites touristiques tels que le château de Fougères (Ille-et-Vilaine) et le projet CAN- Climate Active Neighbourhood engage des villes de cinq pays européens à lutter contre la précarité énergétique dans leurs quartiers prioritaires.

Les programmes sectoriels

Enfin, les Bretons bénéficient des programmes sectoriels de l’UE dans des domaines très variés. Le plus connu est sans doute Erasmus, un programme d’échange d’étudiants, d’apprentis et d’enseignants entre les universités, les grandes écoles européennes et des établissements d’enseignement à travers le monde entier. Il existe également Europe Creative qui concerne les médias et la culture, ou Horizon 2020 qui soutient des projets de recherche et d’innovation. COSME cherche à améliorer la compétitivité des entreprises, tandis que L’Europe pour les citoyens soutient des projets œuvrant au travail de mémoire, à la connaissance réciproque des citoyens européens. LIFE, enfin, est entièrement dédié à la protection des écosystèmes, en particulier le réseau Natura 2000.

 

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M. Pierre Weill

président du pôle de compétitivité Valorial

JGDE. Vous présidez le pôle de compétitivité Valorial. Pouvez-vous nous expliquer qui sont ses membres et quelles sont ses activités ?

Pierre Weill. Valorial est un cluster qui regroupe 320 acteurs de l’agro-alimentaire, industriels et académiques autour d’une mission commune : promouvoir l’innovation au service du développement économique régional. Nous rassemblons ces acteurs de la recherche et de l’industrie qui se côtoient peu. Valorial crée des lieux de rencontres (congrès, ateliers thématiques, symposium, etc…) d’où émergent des projets collaboratifs menant à de nouveaux outils, de nouvelles technologies, de nouveaux concepts de communications, de nouvelles organisations, de nouveaux produits avec « Valorial inside ».

JGDE. Vous intervenez à tous les stades d’un projet, de la veille jusqu’à la promotion. Quelle est la gamme des services à l’innovation que vous proposez ?

PW. Première instance dans la chaîne de l’innovation, le Comité d’Orientation Scientifique et de Prospective industrielle (COSPI) est composé de scientifiques de tous horizons, de la biochimie à la sociologie. Il identifie les thèmes futurs de créations de valeurs en analysant les besoins et les challenges que notre secteur d’activité devra relever. Il s’agit ensuite de créer des connaissances (innovation dite « pré-compétitive »), puis surtout de faire émerger des projets compétitifs associant les meilleurs labos du domaine avec les industriels désireux de se démarquer avant d’accompagner ces consortium privés-publics vers la finalisation d’un projet. Ensuite les projets sont portés à la « labellisation » par un comité d’experts indépendants. Une fois labellisés, les projets d’innovation sont soumis au Comité des financeurs et financés. Valorial accompagne enfin les projets lors de leur réalisation et passe le relais pour leur diffusion ou leur internationalisation à d’autres institutions.

JGDE. Vous organisez même des sessions de « Food Morning » pour expliquer l’apport des réseaux sociaux à l’innovation agroalimentaire. Pouvez-vous nous présenter le concept et sa mise en œuvre ?

PW. L’agro-alimentaire est un secteur traditionnel très important de l’économie française. L’agriculture et son prolongement agro-alimentaire maillent le territoire et perpétuent des siècles de traditions et de liens au terroir en restant la première industrie du pays. Dans ce terreau de la « vieille économie », l’innovation n’est pas une valeur évidente au quotidien. Elle doit pourtant aussi valoriser et maintenir ces traditions patiemment construites et maintenues dans les réseaux de PME qui forment l’essentiel du secteur. L’innovation doit donc être portée, promotionnée et expliquée pour être intégrée. C’est le rôle des « Food’Morning Valorial » qui réunissent aux quatre coins de nos territoires, au plus proche du réseau de l’agro-alimentaire, les PME locales, les chercheurs et les acteurs de la nouvelle économie, qui rencontrent les acteurs de l’activité agri et agro pour imaginer les technologies nouvelles au service de la production de nos repas.

JGDE. Vous avez créé des partenariats étroits avec des acteurs situés en Normandie et dans les Pays de la Loire. Est-ce que cette dimension Grand Ouest vous permet de peser davantage ?

PW. De Rennes la Bretonne, Valorial est à moins d’une heure de la Normandie et des Pays de la Loire. Un coup d’œil à la carte nous situe au cœur de ces trois régions qui portent l’essentiel des activités de la production agri et agro-alimentaire française (40 milliards d’euros, 100 000 emplois directs) et une part très prépondérante des activités nationales de l’élevage et de la pêche. Le tissu académique y est très dense en matière de formation et de recherche. Vu de New York ou de Tokyo, et peut-être aussi de Paris, Valorial est donc au centre de ces trois régions. C’est là que se construira la nouvelle économie agro-alimentaire, au carrefour des traditions et des nouvelles technologies. Le tissu, tant académique qu’industriel, lui donne un poids inégalé au niveau international. De nombreux industriels, leaders mondiaux dans leur domaine, l’ont bien compris et y implantent leur centre de R&D mondiale (Roullier, Diana, Neovia, Avril, Lactalis, etc.) …

JGDE. Dans le même esprit, vous avez des liens étroits avec d’autres acteurs régionaux de référence, comme Act Food Bretagne ou l’association bretonne des entreprises agroalimentaires. Quelles synergies pouvez-vous créer ?

PW. Le tissu de PME et d’ETI, dominant dans l’activité agroalimentaire, a besoin d’innovation. Et les services d’aide à l’innovation ont besoin de simplicité et de synergies, par exemple d’un portail unique qui accueille les projets innovants et les oriente vers les centres techniques d’Act-Food et/ou vers l’innovation collaborative de Valorial, ses modes de labellisation et de financement. La récente implantation de Valorial dans un lieu unique, la Maison de l’Innovation, de l’Alimentaire et de ses Métiers (MIAM) avec le Centre Culinaire, l’Association Bretonne des Entreprises Agro-Alimentaires (ABEA) et Act-Food, illustre cette volonté de synergie et sa mise en œuvre pragmatique.

 

 

JGDE. Valorial s’est doté d’une véritable stratégie internationale qui dépasse le cadre européen. Pouvez-vous nous en présenter les objectifs et les résultats ?

PW. Valorial a une vocation internationale propre à côté des services dédiés à l’aide à l’export. En lien avec les autres pôles agroalimentaires français et les instances régionales, nous tissons des liens forts avec d’autres clusters agroalimentaires situés sur d’autres continents. Des projets internationaux se construisent autour de l’innovation agroalimentaire avec des clusters japonais, américains, européens ou coréens par exemple. De ces liens, des portes s’ouvrent pour la valorisation de nos innovations.

JGDE. Vous avez souhaité regrouper des entreprises et des organismes non alimentaires dans un club « partenaires ». Pourquoi ?

PW. Le Club Partenaires regroupe des entreprises de financement et de conseil aux sociétés agroalimentaires. Leurs compétences sont indispensables à la réussite économique de nos innovations. C’est une originalité de Valorial et une relation « gagnant – gagnant » qui se pérennise et participe aussi au financement du pôle en apportant des ressources privées.

JGDE. On présente souvent la Bretagne comme le 1er bassin agroalimentaire d’Europe. Comment voyez-vous son évolution et son avenir ?

PW. La Bretagne a réussi à construire une économie agroalimentaire très forte et très solide. Elle a vu émerger des entreprises leaders, particulièrement dans les domaines de l’élevage. Aujourd’hui, dans un monde de plus en plus compétitif, ses atouts sont ceux la première région agri et agro de France. Ses traditions et ses compétences académiques en ont fait une région qui regorge de talents humains et d’une main d’œuvre d’excellence. Ses atouts doivent briller dans un contexte de plus en plus compliqué et concurrentiel. Notre gastronomie, nos terroirs, notre « French Paradox » doivent servir de tremplins pour inventer l’activité agro-alimentaire de demain : celle qui saura allier la qualité des produits et l’accessibilité au plus grand nombre.

Impossible de lutter sur le marché mondial avec les pays producteurs de nourriture de base low-cost. Impossible aussi de se cantonner aux productions de luxe et de niche. Entre les deux, la Bretagne innovante va nourrir le monde de concepts et de produits sains et savoureux, accessibles à tous. Conforter et inventer cette vocation, c’est le rôle de Valorial dont la croissance témoigne de la volonté de ses acteurs de (bien) nourrir le monde de demain. La Bretagne a beaucoup d’atouts pour cela. Valorial est fière et consciente d’être l’un de ces plus beaux atouts.

 

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europe.bzh

Le site breton des financements européens

europe.bzh réunit tous les services nécessaires aux porteurs de projets (collectivités, entreprises privées, associations) pour bénéficier d’un financement européen.

L’Union européenne est souvent accusée de bureaucratie et il est vrai que la gestion de certains fonds européens est très complexe. Pour rendre plus aisées les demandes de financement, la Région Bretagne a créé le site europe.bzh. Réalisé en collaboration avec la Préfecture de région, il est cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du programme FEDER/FSE en Bretagne. Il est destiné à toute personne désireuse de s’informer sur les subventions européennes et plus encore aux porteurs de projets susceptibles de les percevoir.

Tout en sobriété et d’une grande facilité de lecture, le site s’ouvre par une page d’accueil qui présente l’actualité la plus récente et donne accès à « L’Europe et nous », une suite de témoignages de Bretons ayant bénéficié des fonds européens. Une initiative de TVR et du conseil régional.

 

Appels à projet

La page d’accueil permet de retrouver en un clic les principales rubriques du site. « Comprendre » présente dans le détail les différents fonds européens structurels et d’investissement (FEDER, FEADER, FSE, FEAMP), la coopération territoriale européenne (Interreg…) et les programmes sectoriels (Life, Erasmus+, Horizon 2020…).

En entrant votre secteur d’activité ou votre profil, la fonction « Rechercher » fournit le financement européen auquel vous pouvez souscrire. Des filtres par fonds permettent d’afficher la liste des dispositifs disponibles en tenant compte de votre recherche personnalisée.

Il est aussi possible d’accéder directement, dans la rubrique « porteur de projets », aux appels à projets en cours dans le cadre des fonds structurels et d’investissement. Le jour où nous avons consulté le site, plus de 20 appels à projets étaient présentés, la plupart sous l’égide du fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) alors en pleine effervescence : « Lutte contre les maladies dans les entreprises aquacoles », « Aide à la création d’entreprise pour les jeunes pêcheurs », « Efficacité énergétique et atténuation du changement climatique »… De son côté, le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) proposait notamment « Soutien aux investissements en matériels agro-environnementaux » ou « Modernisation des bâtiments et équipements associés des exploitations agricoles ». Outre une présentation des objectifs, des actions éligibles, des bénéficiaires, des critères de sélection, des modalités financières et de candidature, le site permet aussi de télécharger tous les documents nécessaires pour remplir une demande de subvention.

Publicité

Le site Europe.bzh propose l’accès à un « kit de communication ». Les bénéficiaires des fonds européens sont en effet tenus de respecter certaines obligations de publicité, mettant en valeur l’investissement européen. Pour les accompagner dans leur démarche, la Région leur propose des outils de communication (logos, autocollants, plaque) et leur donne des conseils pour valoriser leur projet. Le site donne enfin accès à plusieurs ressources documentaires (textes réglementaires et de référence, plaquette « Les fonds européens en Bretagne 2014-2020 »…).

 

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La Maison de la Bretagne à Bruxelles

Pour renforcer sa présence et lui donner plus de visibilité auprès des instances européennes, la délégation permanente de Bretagne dans la capitale belge dispose depuis début 2017 de ses propres locaux, baptisés « Maison de la Bretagne ».

Toujours situé rond-point Schuman, le nouveau lieu est constitué de quatre espaces pensés pour permettre une grande flexibilité des usages : outre les bureaux où travaillent les quatre personnes qui constituent son équipe, la Maison de la Bretagne propose des salles de réunion modulables, un forum destinés aux événements publics, mais aussi un espace de travail pour les acteurs du territoire lors de leurs démarches à Bruxelles. Le lieu est le reflet d’une Bretagne moderne et dynamique. Le mobilier de designers bretons a été mis à l’honneur, tandis que les expositions permettent de faire connaître la Région et ses projets. En 2017, c’est évidemment la mise en service de la ligne Bretagne Grande Vitesse qui est mise en avant.

 

Une passerelle entre la Bretagne et l’Europe

La Maison de la Bretagne a pour mission de porter et défendre les positions et les intérêts de la Bretagne. Elle constitue une passerelle entre la Région et les institutions européennes (Commission européenne, Parlement européen, Comité des Régions…), mais également avec les autres Régions européennes, avec lesquelles elle travaille en réseaux. « Nous accueillons aussi tout au long de l’année des groupes de scolaires, d’étudiants, d’élus locaux, d’acteurs sociaux économiques pour leur présenter le fonctionnement de l’Europe et leur expliquer pourquoi leur Région est présente à Bruxelles. »

La délégation facilite la connaissance de l’actualité et des opportunités européennes par la Région, comme l’attention grandissante portée par la Commission européenne à l’apprentissage dans les programmes de mobilité européenne (Erasmus+).

La Maison de la Bretagne présente les spécificités et initiatives du territoire auprès des institutions européennes, et organise les déplacements des élus de la Région à Bruxelles. « Ainsi, explique Aude Körfer, la Déléguée Permanente, la venue de Thierry Burlot, Vice-Président du Conseil régional chargé de l’environnement, eau, biodiversité et climat, pour expliquer comment la Bretagne est un territoire qui s’est mobilisé pour améliorer la qualité de ses eaux donne aujourd’hui lieu à des sollicitations pour que nous puissions partager auprès d’autres Régions européennes comment le territoire s’est organisé pour travailler et avancer ».

La délégation travaille sur les interactions entre les politiques européennes et les enjeux régionaux, pouvant dépasser le champ des compétences régionales : agriculture, énergie, questions maritimes, transports, innovation, formation… L’avenir de la politique agricole commune tout comme celui des programmes de recherche et d’innovation ou de la politique de cohésion est ainsi suivi au plus près depuis Bruxelles grâce à une veille permanente : contacts réguliers avec la Commission, suivi des travaux du Parlement européen, échanges avec d’autres Régions européennes et avec la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne, etc.

 

Un travail réactif et prospectif

L’équipe de la maison de la Bretagne se doit, dans certains cas, d’être très réactive : trouver au plus vite une information, transmettre des propositions d’amendements au niveau du Comité des Régions où la Bretagne compte deux représentants : Gérard Lahellec (Région Bretagne) / Nathalie Sarrabezolles (Département du Finistère). D’autres dossiers sont dans un temps d’action plus long et demandent parfois des années de travail. « Nous sommes amenés à travailler de façon prospective sur l’évolution des politiques, précise Aude Körfer : cela est essentiel pour permettre à la Région de se positionner et de nourrir ses propres politiques et stratégies. Cela fait maintenant deux ans que la Délégation travaille en grande partie sur l’après 2020 ».

 

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Agriculture

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M. Jacques Jaouen

président de la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne

JGDE. L’agriculture et le secteur agroalimentaire constituent des piliers essentiels pour l’économie et l’emploi en Bretagne. Pouvez-vous nous indiquer ce que représente aujourd’hui ce secteur d’activité ?

Jacques Jaouen. Avec 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l’agriculture, près de 20 milliards pour la transformation agroalimentaire et environ 135 000 emplois directs dans le secteur, l’agriculture et l’agroalimentaire sont effectivement des socles de l’économie régionale. A cela s’ajoutent les très nombreuses activités induites, dans le transport (routier, maritime, ferroviaire…), l’entreposage, la maintenance, la fabrication d’équipements divers…

JGDE. Quelles sont les filières d’excellence et que représentent les marchés à l’export ?

JJ. La Bretagne est en premier lieu une terre d’élevage. La région est en tête des classements des régions françaises de diverses productions animales. Ainsi, nous produisons 57% de la production porcine française, 21% en veaux, 32% en volailles de chair, 43% des œufs de consommation, 23% du lait conventionnel ou encore 21% du lait bio. Mais cela ne doit pas faire oublier que la Bretagne est également une région légumière de premier plan qui produit 84% des choux fleurs français, 79% des artichauts, 79% des échalotes, 34% des épinards ou encore 30% des tomates ! Les acteurs de la région visent tous les marchés, les marchés de proximité, le marché intérieur français mais également l’export vers des pays avec lesquels des flux existent de longue date, mais aussi de nouvelles destinations vers lesquels ils recherchent des relais de croissance.

En 2016, les exportations agricoles et agroalimentaires se sont élevées à plus de 4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont un peu plus du tiers sont des viandes et produits à base de viande. Ces exportations représentent 35,4 % des exportations bretonnes toutes activités confondues, un socle là aussi !

JGDE. Dans le même temps, c’est un secteur qui est confronté à beaucoup de difficultés. Quel regard portez-vous sur son évolution ?

JJ. L’essor de l’agriculture bretonne s’est appuyé sur des politiques nationales et une PAC qui encourageaient le développement de la production et la modernisation des entreprises. Avec leur tempérament conquérant et leur attachement à leur territoire, les agriculteurs et les entreprises agro-alimentaires ont répondu présents. Les acteurs économiques ont su convaincre les pouvoirs publics de la nécessité de désenclaver notre région à l’extrême Ouest pour lever les difficultés de distance et de logistique. Les agriculteurs ont aussi investi dans la formation pour progresser et prendre en main leur destin. Tout cela a porté ses fruits.

L’entrée des produits agricoles dans les échanges mondiaux, l’élargissement de l’Europe, l’arrivée de nouveaux concurrents sur les marchés agricoles, la montée en puissance des questions environnementales sont venus interroger et bousculer un modèle de développement basé sur de nombreux actifs sur des petites et moyennes entreprises à responsabilité familiale. La Bretagne agricole et agro-alimentaire a dû opérer une transformation pour rester un bassin de production qui compte dans les échanges commerciaux européens. Les chiffres précédemment cités montrent que les acteurs économiques et les collectivités territoriales ne lâchent rien dans ce contexte plus malmené.

 

JGDE. Dans ce contexte, quel rôle peuvent jouer les Chambres d’Agriculture ?

JJ. Les périodes de transformation sont toujours douloureuses et peuvent rencontrer des résistances ou des difficultés pour prendre les virages nécessaires. Notre double mission, consulaire pour représenter et défendre l’intérêt général d’un secteur d’activité sur son territoire, et notre mission de conseil et d’accompagnement permettent d’accompagner au plus près des acteurs dans cette transformation. Il s’agit à la fois de recherche et développement pour réussir le défi d’une agriculture économiquement, humainement et écologiquement intensive, en d’autres termes un agriculture et un secteur agro-alimentaire multi performants, il s’agit d’études prospectives sur les filières, il s’agit de formation pour les futurs agriculteurs, les futurs salariés , de la formation continue, il s’agit de proposer l’accompagnement stratégique aux porteurs de projets. Enfin, les chambres d’agriculture ont une organisation territoriale avec un maillage de proximité qui rend les collaborateurs accessibles facilement.

JGDE. On observe globalement une montée en puissance des circuits courts et un engouement des consommateurs pour les productions locales et de saison, surtout dans des territoires à forte identité comme la Bretagne. Comment accompagnez-vous ce phénomène ?

JJ. Les chambres d’agriculture sont dotées d’une équipe régionale réparti sur tout le territoire pour accompagner tous les porteurs de projets « de l’idée au projet ».Elles sont mobilisées sur l’ambition Breizh Alim du Conseil Régional de Bretagne. La dynamique lancée montre que ces nouvelles attentes peuvent trouver des réponses concrètes qui rapprochent les producteurs, en filière longue ou courte, et les consommateurs.

Indéniablement, l’identité Bretonne catalyse et donne de la puissance au projet, du producteur au consommateur, en passant par les entreprises de transformation. Les chambres d’agriculture seront un acteur majeur et un facilitateur de cette dynamique.

JGDE. En parallèle, on note aussi une demande croissante de productions biologiques. Que pensez-vous du développement de l’agrobiologie ?

JJ. Ce développement correspond à des attentes des consommateurs, en matière d’alimentation, et de modes de production des aliments qu’ils consomment : préservation des ressources naturelles, de la biodiversité. Il faut entendre cette évolution, et l’accompagner en terme d’offre en accompagnant les producteurs qui souhaitent convertir leur système. Il faut aussi accompagner la structuration de la filière pour que les producteurs se rémunèrent. Nous sommes présents sur ces différents sujets, qui doivent concilier la viabilité économique et sociale des projets d’entreprise et les évolutions des attentes sociétales.

JGDE. Les agriculteurs sont très actifs dans la transition énergétique et écologique. Les enjeux sont à la fois environnementaux, sociaux et économiques. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est en Bretagne ?

JJ. Les Chambres d’agriculture de Bretagne ont commencé à travailler sur la transition énergétique en 2006. La priorité a très vite été fixée aux économies d’énergie qui permettent de réduire les charges, de rendre les exploitations plus autonomes. Différents programmes d’aides les ont accompagnées depuis 2009. Ils concernent toutes les filières : lait, porc, volailles, productions sous serre. Nous avons également investi dans des outils expérimentaux pour développer le concept de « bâtiment d’élevage basse consommation ».

La seconde priorité était de contribuer au développement des énergies renouvelables en France. Nous travaillons à 2 échelles : celle de l’exploitation pour diversifier le revenu des exploitations ou accroître leur autonomie par l’autoconsommation, et celle des territoires pour inscrire nos exploitations dans la transition énergétique des territoires ruraux. Le développement de ces projets n’a pas été aussi rapide qu’on l’aurait voulu, notamment en raison de la conjoncture économique. Pourtant, les projets sont toujours plus nombreux : bois énergie, photovoltaïque, méthanisation…

Enfin, nous nous sommes attelés à la question du changement climatique. L’agriculture est le premier producteur de gaz à effet de serre de la région Bretagne et doit donc prendre sa part dans l’atténuation du changement climatique. Cette question est transversale et les réponses sont celle de l’agro-écologie. Elle rejoint donc d’autres attentes sociétales et environnementales.

Vient aujourd’hui le dossier de l’adaptation de l’agriculture au changement climatique qui est évidemment d’une importance stratégique.

 

JGDE. Comment imaginez-vous l’agriculture du futur ?

JJ. La demande alimentaire est croissante. Mais cette évolution de la demande est plurielle, entre ceux qui dans le monde ne mangent pas encore à leur faim, ou ne bénéficient pas d’une alimentation équilibrée, qui sont d’ailleurs souvent des paysans, entre ceux qui mangent à leur faim, voire davantage, pour qui les attentes qualitatives sont différentes. La consommation de protéines animales est interrogée par certains, le bilan carbone des produits alimentaires, la préservation des ressources naturelles. L’agriculture est concernée au premier chef par la transition énergétique, elle est source de solutions sur cet enjeu. Il faudra nourrir 9 milliards d’habitants en 2050, une population désormais majoritairement dans les villes. La terre et l’eau sont des facteurs de production rares dans certaines régions qui concentrent une population importante et en croissance.

Dans son livre « nourrir les hommes » et son plaidoyer pour une agriculture écologiquement intensive, l’agro-ecomiste Michel Griffon propose des pistes pour concilier l’intensification des facteurs de production et la préservation des ressources naturelles. La recherche, l’innovation, l’interconnaissance entre les technologies de pointe et des technologies plus traditionnelles sont source de solution. La Bretagne est capable d’être pionnière pour écrire cette nouvelle histoire, en accueillant et accompagnant des projets diversifiés, et des entreprises conquérantes sur tous les marchés, en proximité, et dans le monde.

ZAC Atalante Champeaux
Rue Maurice le Lannou 35042 Rennes, France
www.bretagne.synagri.com

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M. Jean-François Jacob

président de SICA de St Pol de Léon

JGDE. Vous présidez la SICA de St Pol de Léon, pouvez-vous nous expliquer comment la SICA de St Pol de Léon est devenue le 1er groupement français de producteurs de légumes et de produits horticoles ?

La SICA, Société d’Initiatives et de Coopération Agricoles, est née d’une réflexion poussée sur l’observation des marchés et le développement du territoire. Elle voit le jour en 1961, sous l’impulsion d’un groupe de jeunes agriculteurs, dont Alexis GOURVENNEC, convaincu que l’union et la solidarité des paysans constituent leur meilleure planche de salut. L’agriculture est alors en pleine mutation et le marché dominé par des négociants-expéditeurs privés, au détriment des producteurs. Les prix sont fixés de manière arbitraire et individualisée. Les producteurs décident donc de prendre leur destin en main en créant un marché au cadran de légumes pour instaurer des relations transparentes entre producteurs et équitables avec les négociants. : une première en France.

La SICA réalise rapidement que la prospérité de son activité implique la création d’une véritable filière structurée, maîtrisée d’amont en aval par les producteurs. Les paysans investissent donc aussi dans la création de structures de recherche.

Parallèlement la marque Prince de Bretagne est lancée en 1971 avec dans la foulée une équipe marketing chargée de décrypter les tendances pour mieux coller aux attentes des consommateurs, de promouvoir les produits et la marque auprès des clients, avant, en 1994, l’ouverture de l’ISFFEL proposant une formation de chef de rayon.

Face aux effets pénalisants à l’export de la position excentrée de la Bretagne, les producteurs osent ensuite un pari risqué : Faute de candidat au lancement d’une ligne transmanche pour assurer le transport de leurs produits vers le Royaume Uni, ils s’embarquent dans la création d’une compagnie de transport maritime. Et leur audace paie car la Brittany Ferries est aujourd’hui la 1ère compagnie de ferries en Manche et sur la façade Atlantique.

Avec ses 1 000 producteurs, 230 000t de légumes et plus de 10 000 références en horticulture d’ornement, la SICA a développé un attachement fort pour la région qui lui a permis de nourrir ses ambitions. Par l’action de ses producteurs, elle a participé au désenclavement du territoire en pesant notamment sur l’amélioration du réseau autoroutier breton, sur la création d’un port en eau profonde à Roscoff, sur l’implantation d’un pôle universitaire à Brest ou encore le lancement de la compagnie aérienne Brit’Air. Avec Brittany Ferries, elle a aussi contribué à la notoriété et au développement touristique du Finistère et de la Bretagne.

 

La SICA a donc imprimé son histoire dans les esprits et occupe aujourd’hui la place de leader français dans le domaine de la production légumière et horticole. Elle pèse 80 % de son bassin d’emplois.

JGDE. Pouvez-vous nous parler d’AGRIVAL, que vous présidez également, et qui a pour objectif de traiter de manière commune les végétaux terrestres et marins ?

La SICA a toujours fait le choix du mouvement en privilégiant une stratégie offensive de diversification et d’innovation : Après l’avoir appliqué aux produits eux-mêmes elle a naturellement étendu ce principe à la diversification des activités avec aujourd’hui la valorisation des co-produits de la culture végétale et des algues puisque nous disposons d’un réservoir de richesses naturelles.

C’est ainsi que dès 2010, AGRIVAL s’intègre aux activités stratégiques de la SICA dont la volonté est de s’engager dans une démarche environnementale et écologique de valorisation des produits issus de l’agriculture locale, en phase avec l’attachement des producteurs au développement durable.
Avec AGRIVAL, le groupe SICA s’est adjoint les compétences d’une entreprise innovante spécialisée dans la fabrication d’ingrédients naturels d’origine végétale issus des exploitations et destinés aux secteurs de l’alimentation humaine, de la nutrition animale, de la cosmétique ou encore de la nutraceutique.

Pour diversifier ses activités, AGRIVAL s’est engagée dans un nouveau défi : celui de se tourner vers l’océan pour y prélever, au cœur des algues, d’autres molécules d’intérêt. Le groupe SICA est ainsi devenu partenaire de plusieurs projets collaboratifs avec pour cible des marchés nombreux et porteurs : ceux de la nutrition humaine et animale, l’industrie de la cosmétique, la santé humaine, animale et végétale, etc…

JGDE. Dans votre domaine d’activité, la région Bretagne fait figure de proue. Pouvez-vous expliquer pourquoi et qu’elles sont les propriétés intrinsèques de la région amenant à ce constat ?

Pour contourner le lourd handicap de la péninsularité de la Bretagne, les bretons en général, et les producteurs en particulier, ont toujours été contraints de se poser en visionnaires, c’est-à-dire d’avoir la capacité d’anticiper, d’avoir l’intuition de l’avenir, pour se réinventer en permanence et ainsi se donner les moyens de préserver le leadership et la compétitivité de leur région.

J’ai démontré précédemment comment la SICA et ses producteurs ont ainsi œuvré collectivement au développement économique et touristique du territoire afin que la Bretagne s’impose en acteur incontournable dans le paysage économique français et européen.

Aujourd’hui le monde économique accélère à l’échelle internationale avec des révolutions techniques et technologiques au service des populations. Et l’alimentation de ces populations, leurs exigences, leur attente de bien-être sont à notre portée.

Nous avons anticipé cette alimentation du futur qui se dessine déjà actuellement puisque nous sommes leaders sur les 3 minerais de notre territoire : le légume, l’horticulture et les produits de la mer, notamment à travers l’algue. Car la plus grande révolution des 20 prochaines années ne viendra pas de l’industrie mais bien de la valorisation du végétal dans l’alimentation, la santé, le bien-être.

Pour le consommateur nous devons être des producteurs de saveur, de sécurité et de rêve alimentaires, de sources de bienfaits pour la santé et notre filière dans son ensemble est prête à y répondre.

Nous avons déjà amorcé cette dynamique avec AGRIVAL par la valorisation des produits végétaux. Aujourd’hui nous croyons au développement du mariage des produits de la terre avec ceux de la mer dans l’émergence de nouveaux aliments associant des saveurs terre-mer en phase avec les nouvelles attentes en termes de goûts. C’est dans cet objectif de mutualiser avec les filières Légumes, Horticulture et Mer que nous travaillons déjà en association avec des spécialistes de la recherche et du milieu marin.

Nous allons donc, en complément de nos métiers de base, inscrire notre minerai dans l’alimentation du futur.

Les vraies innovations sont celles que l’on n’attend pas : imaginons ainsi, pourquoi pas, de proposer un artichaut aux crevettes, des légumes aux algues, …
Dans notre stratégie nous avons foi en la Bretagne car pour notre domaine d’activité, elle centralise tous les éléments nécessaires pour assurer les révolutions du végétal : des hommes et femmes déterminés, les structures, une filière organisée, le matériel végétal et marin. C’est cette concentration exceptionnelle de moyens qui fait de la Bretagne un territoire unique qui nous permettra probablement demain d’être leader mondial sur certaines activités innovantes.

 

 

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Jean Floc’h

La force d’un groupe agro-alimentaire breton

Depuis plus de 40 ans, le groupe agroalimentaire JEAN FLOC’H s’est créé une solide réputation dans le domaine de la transformation de la viande.

Avec un CA consolidé de 600 millions, la marque bretonne JEAN FLOC’H s’impose sur les principaux marchés : grande distribution, restauration, industriel, boucher charcutier et export avec 30 % du chiffre d’affaires pour ce dernier. Basé au cœur du bassin d’élevage, chacun de ses 12 sites est dédié à une activité : viande, charcuterie, conserves, surgelés et solutions culinaires. Cette organisation est pour ses clients l’assurance d’une maîtrise technique de pointe, d’une sécurité alimentaire sans faille et d’une réactivité optimale pour tous ses produits.

Face à l’évolution des modes de consommation qui font la part belle aux produits élaborés mais aussi face à la concurrence européenne, le groupe vise l’excellence en terme de niveau d’industrialisation de ses outils (mécanisation, robotisation) avec une moyenne d’investissement annuel de 10 millions d’euros. Il engage également d’importants moyens portant sur l’innovation produits : en perpétuelle évolution, la très large gamme de produits Jean Floc’h se veut notamment soucieuse du clean label, de la réduction du sel et de l’équilibre nutritionnel.

Des origines à aujourd’hui, l’ambition du groupe JEAN FLOC’H est claire : créer durablement des richesses humaines et économiques pour les agriculteurs, les salariés et la Bretagne. Conscient de sa responsabilité sociétale, il a à cœur de s’investir dans la vie de son territoire de par son engagement dans plusieurs organisations professionnelles telles que « Produit en Bretagne ». Il est également cofondateur d’un centre de production d’énergie renouvelable unique en Europe (LIGER). Le dynamisme de ses activités en fait aujourd’hui un opérateur incontournable de la filière porcine française.

 

 

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M. Philippe Bizien et M.Guillaume Roué

Coprésidents d’Eleveurs de Porcs en France

JGDE. Messieurs BIZIEN et ROUÉ, vous co-présidez le GIE Eleveurs de Porcs en France qui regroupe Aveltis et Prestor, cette union fait de vous l’un des leaders du marché. Quelles sont vos missions et vos ambitions ?

L’atomisation des forces de vente à la sortie des élevages de porcs est un handicap auquel il fallait remédier. C’est pourquoi Aveltis et Prestor ont choisi de regrouper leurs forces au sein du GIE Éleveurs de Porcs en France. Le but affiché étant de mieux répondre aux attentes de nos clients les abattoirs et de mieux organiser la mise en marché afin d’obtenir le prix juste. En étant l’acteur principal du Marché du Porc Breton, nous participons à l’élaboration du prix public, gage d’équité entre les éleveurs.

Nous encourageons les liaisons contractuelles entre les éleveurs et les abattoirs. Ces contrats novateurs permettent de lisser la trésorerie des élevages dans un marché volatil comme celui du porc et des matières premières.

Nous ambitionnons de servir au mieux les intérêts de nos adhérents éleveurs qui sont des entrepreneurs ambitieux qui veulent que les couleurs de la Bretagne soient portées le plus haut possible.

JGDE. Le fait régional pour la construction de l’Europe n’exclut en rien ni la concurrence ni la compétitivité. Dans le cadre d’une réglementation omniprésente, comment appréhendez-vous une économie de marché de plus en plus libérale et souvent à maturité ?

Le combat quotidien du chef d’entreprise, c’est son prix de revient. C’est aussi celui d’Eleveurs de Porcs en France.

Dans la filière porcine, on pourrait imaginer que l’Europe après 70 ans d’existence de la PAC soit parvenue à harmoniser ses règles fiscales, sociales, environnementales et sociétales entre l’ensemble des pays membres. À ce stade, il n’en est rien.

La Bretagne est et doit rester en pointe pour le combat de l’harmonisation des règles européennes. L’agriculture, c’est le socle de notre économie, c’est notre combat permanent et celui de nos instances agricoles et politiques. Aujourd’hui, les marchés sont presque tous à maturité et malgré les prévisions de l’OCDE qui voient la consommation de viande augmenter de 50 % d’ici à 2050, on sait que la capacité à produire suivra dans le monde entier.

On se doit donc de se battre pour garder notre place sur le marché export.

JGDE. La géopolitique et les incidences sur le développement de vos marchés. Comment améliorer vos positions ?

Nous ne sommes jamais à l’abri de grosses surprises. Par exemple, l’apparition de la peste porcine africaine dans certains pays de l’Est de l’UE a été catastrophique car immédiatement les portes du marché russe se sont fermées pour l’ensemble du commerce de l’UE. Cet épisode qui aurait dû se régler en appliquant simplement le protocole sanitaire qui régit les relations commerciales UE Russie, s’est vu pollué par l’embargo général mis en place après le problème avec la Crimée.

Les autorités sanitaires européennes et russes n’ont jamais trouvé un consensus acceptable. Ce ne sont pas les problèmes techniques qui coincent, mais bien les intérêts géopolitiques.

Nous avons le sentiment d’être les victimes collatérales de dossiers qui nous dépassent car guidés par de la géo stratégie aux enjeux autant politiques qu’économiques. L’Europe doit être unie pour faire face ensemble aux enjeux du commerce de demain, qu’ils se situent sur le continent américain ou sur le vaste marché asiatique.

En effet, dans la conquête de l’immense marché chinois rien ne devrait nous diviser à l’échelle européenne, de la France et de notre région. Les problèmes régaliens doivent être remisés. Nos compétiteurs américains ne s’encombrent pas beaucoup de philosophie quand il s’agit de faire du business.
Pour ce qui concerne notre GIE Eleveurs de Porc en France, nous sommes convaincus que l’union fait la force.

 

 

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Laboratoires Goëmar

Entretien avec Jean-Marie Joubert, Directeur Général des Laboratoires Goëmar

JGDE. Les Laboratoires Goëmar sont spécialisés dans les technologies de bioperformance® dédiées au secteur agricole. Pouvez-vous nous présenter votre société, ses activités, et ce qu’est exactement la bioperformance® ?

Jean-Marie Joubert. La société « Laboratoires Goëmar » est installée depuis plus de 40 ans à Saint Malo. Créer autour des produits à base d’algues, elle est aujourd’hui centrée sur des produits utilisés en Agriculture.

La société a intégré le groupe Arysta LifeScience en 2015, groupe spécialisé dans la protection des plantes. Au sein de Arysta Lifescience, Goëmar, spécialiste des technologies de la Bioperformance, développe, fabrique et commercialise des produits de Biocontrôle (Vacciplant, Carpovirusine, Ostrinil), et de Biostimulants (GoActiv, homologué en France additif agronomique à base de filtrat d’algues) des plantes. Tous les produits sont issus du milieu naturel, algues récoltées en Bretagne, et microorganismes. Ce sont des produits sans classement de toxicité.

Les produits de Biocontrôle permettent de protéger les plantes contre les attaques d’insectes ou contre les maladies parasitaires.

Les produits Biostimulants activent les processus biologiques des plantes qui permettent de déplafonner les rendements des plantes.

Ces technologies associées avec des solutions conventionnelles de protection ou de nutrition des plantes permettent de répondre aux objectifs de valorisation des productions en accord avec les évolutions réglementaires et sociétales. Elles apportent plus de sécurité alimentaire, environnementale, plus de garantie que les produits vendus séparément, c’est ce que l’on appelle l’Agro-Performance Responsable.

JGDE. A l’heure où les normes de production alimentaire sont pointées du doigt avec la ratification du CETA, ou les difficultés à l’interdiction du glyphosate, quelles solutions concrètes apporte un laboratoire comme Goëmar ?

JMJ. L’intérêt d’être associé à un groupe Agrochimique permet de combiner des solutions conventionnelles avec des produits de Biocontrole avec des produits de Biocontrôle pour diminuer la toxicité des produits de synthèse.

De même pour la nutrition des plantes, le fait d’utiliser des Biostimulants permet de stimuler les fonctions biologiques des plantes et donc d’augmenter les rendements sans apport supplémentaire d’engrais.

Le fait d’intégrer le groupe Arysta nous donne une plus grande perspective pour développer nos produits. Là où Goëmar vendait ses produits dans 40 pays, Arysta apporte une plus grande dimension avec la possibilité de les développer dans plus de 120 pays. Même si la volonté règlementaire favorable aux produits de Biocontrôle et Biostimulants est différente entre les pays du monde, l’impulsion, notamment en Europe est bien lancée.

JGDE. Votre appartenance au groupe Arysta LifeScience vous donne une dimension internationale ; quels sont les projets de développement que vous souhaiteriez nous présenter ?

JMJ. A ce jour, toutes les maladies ou ravageurs ne peuvent pas être combattus par des produits de Biocontrôle, faute de solutions. Le groupe investit donc pour formuler de nouveaux produits, tant en nutrition innovante qu’en protection des plantes par des moyens de Biocontrôle.

De nombreux projets sont en gestation dans nos laboratoires, aussi bien en traitement des semences qu’en protection foliaire.

Notre laboratoire de saint Malo contribue activement à ces recherches en conditions contrôlées (phytotrons, serres) et ensuite dans notre station d’expérimentation à Beaulieu sur Layon.

 

Laboratoires Goëmar
Parc Technopolitain Atalante,
35435 Saint-Malo, France
Tél. : +33 (0)2 99 19 19 19
www.goemar.com

 

 

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Adventiel

M. Jean-Yves Le Damany, Président d’ADVENTIEL et M. Jean du Puytison, Directeur Général d’ADVENTIEL

M. J.Y. Le Damany

JGDE. Pouvez-vous nous présenter votre société (son histoire, sa composition, votre positionnement territorial, vos marchés) ?

Créé peu avant 1970, ADVENTIEL, recensait à l’origine les données de l’identification animale. La mise en place d’un système d’information génétique en 1999 a permis de réaliser d’autres prestations toujours centrées sur la gestion de base de données et d’applicatifs destinés à l’amélioration génétique des ruminants. Coopérative basée à Rennes, ADVENTIEL s’est ouvert à l’économie de marché en 2007 car ses adhérents se sont organisés comme de véritables entreprises. La mise en place d’une stratégie de diversification lui a permis d’exporter ses compétences auprès de clients du secteur de l’agriculture.

En 2012, le territoire s’est élargi au Grand Ouest, et l’entreprise prend un nouvel essor en 2015 avec le rapprochement des ARSOE Manche-Atlantique et de Bretagne, et la naissance du Groupe ADVENTIEL. Véritable expert dans les systèmes d’information du monde de l’agriculture, alliant technologie et innovation, le Groupe compte près de 200 salariés, en recrute 40 nouveaux par an, et réalise un chiffre d’affaire de 22 M€.

La raison d’être du Groupe ADVENTIEL est d’accompagner les entreprises du vivant dans leur transformation, en proposant des solutions digitales sur-mesure. L’ambition du Groupe est d’atteindre les 30 m€ de chiffre d’affaire à fin 2020, et de poursuivre son effort de recrutement dans les 5 ans qui viennent.

M. J. du Puytison

JGDE. Quels sont les facteurs clés de votre stratégie de différenciation ?

Peu d’entreprises de services numériques disposent d’autant d’expertise métier dans le domaine de l’agriculture. ADVENTIEL mise sur l’accélération de l’innovation numérique, et sur une forte expertise métier pour devenir un partenaire incontournable des entreprises qui pensent que l’innovation par les usages permettra à ses clients d’augmenter la valeur ajoutée apportée aux agriculteurs.

La gouvernance ADVENTIEL est constituée d’un groupe d’administrateurs éleveurs qui parie sur le long terme et raisonne avec les valeurs de l’entreprise :

  • l’audace au travers de l’innovation permanente et collaborative, un Innov’Space gagné en 2017 avec un prototype de chatbot pour les éleveurs,
  • le professionnalisme grâce aux méthodes déployées,
  • l’expertise et l’expérience acquises avec ses clients, véritable socle des prestations proposées,
  • la compétitivité, car c’est chaque jour que les équipes s’exposent à la concurrence,
  • l’éthique grâce à son modèle de gouvernance et une forte volonté de transparence avec ses clients, un pragmatisme et un parler-vrai renforcés par la culture de son Conseil d’Administration.

JGDE. Quels sont vos projets à venir dans les territoires et les nouvelles technologies ?

Nous voulons continuer à innover, et nous nous engageons dans l’acquisition de compétences autour de la conception et la mise en œuvre de plateformes d’échanges de données. Nous travaillons sur plusieurs projets en partenariat avec certains acteurs majeurs du monde agricole bien implantés en Bretagne. Ces projets sont dans la continuité des services que nous offrons à nos clients depuis plusieurs années mais l’arrivée des objets connectés, et par conséquence, l’augmentation drastique de la volumétrie des données, impose de s’appuyer sur des ressources différentes et disponibles sur le marché. Les ressources dont je parle sont les compétences, les infrastructures, dont celles offertes par le cloud et les technologies.

Nous resterons offensifs et à l’écoute des entreprises bretonnes pour lesquelles l’innovation numérique est un enjeu que nous partageons, avec à l’esprit, d’apporter in fine, de la valeur ajoutée aux agriculteurs.

Le marché des filières agricoles et de l’agro-alimentaire est immense, et les stratégies de digitalisation sont une des préoccupations des entreprises. Notre ambition est de nous inscrire, de manière très volontariste, dans cette démarche très porteuse pour nos Clients et pour les agriculteurs.

 

 

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Commerces & Industries

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M. Jean-François Garrec

Président de la CCI Bretagne

JGDE. Le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie a fortement évolué ses dernières années. Comment s’est-il réorganisé en Bretagne ?

Jean-François Garrec. 2016 a vu s’achever une mandature décisive pour les Chambres de Commerce et d’industrie de Bretagne. La loi de 2010 a conduit notre réseau à se réorganiser, avec une nouvelle répartition des missions entre les échelons régional et territorial et une baisse de nos ressources. Notre nouveau schéma directeur a consacré une CCI de région (CCIR) et quatre CCI territoriales (CCIT), soit une par département, au lieu de sept auparavant. Nous avons également adopté notre Schéma Régional d’Organisation des Missions pour nous repositionner aux côtés des acteurs économiques régionaux, dont l’Etat et le Conseil régional. La CCIR est force de propositions sur la stratégie de développement et l’élaboration de dispositifs d’accompagnement des entreprises, et les CCIT les mettent en œuvre en tenant compte des besoins et des spécificités locales.

JGDE. Dans ce contexte, quelles sont les missions de la Chambre régionale que vous présidez ?

JFG. La CCI de Région est l’établissement régional des CCI de Bretagne. Elle représente les intérêts de plus de 123 000 ressortissants. Ses missions s’articulent autour de 3 grands axes : la stratégie en produisant une vision économique et prospective ; l’influence et la présence auprès de nos partenaires et des pouvoirs publics ; l’information avec un rôle de centre de ressources pour les CCIT afin de développer les compétences, apporter des services à valeur ajoutée et mettre en synergie les dynamiques territoriales.

JGDE. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’économie bretonne ?

JFG. La situation économique s’éclaircit. Le bilan 2016 nous montre que la Bretagne se positionne au deuxième rang des régions françaises en termes de taux de chômage (8,5% contre 9,8% au niveau national), avec une progression de l’emploi de 1,4% alors que la moyenne nationale est de 1,2%. 2017 a bien commencé. Près d’un quart des entreprises anticipent une hausse de leur activité et 44% prévoient une stabilité. Les perspectives d’embauches sont deux fois plus nombreuses que les réductions d’effectifs.

De manière structurelle, les difficultés importantes du secteur agricole touchent tout le monde car la transformation agro-alimentaire est le premier secteur industriel et le plus présent à l’export (35% des volumes). En outre, ces établissements sont d’importants pourvoyeurs d’emplois locaux et conditionnent la vitalité de toute la région. C’est aussi le cas de la pêche qui représente plus du quart des navires français et qui relève d’importants défis de transformation.
Enfin, nous devons intégrer les transitions numériques, énergétiques et environnementales. Avec des projets d’énergies marines renouvelables et près de 40 000 emplois dans le secteur du numérique, la Bretagne est solidement armée.

JGDE. Vous rappelez souvent que l’international est un enjeu important pour les entreprises, y compris pour les PME. Est-ce que les entreprises bretonnes exportent bien ?

JFG. Les performances dans ce domaine restent en deçà des espérances. Avec 4,2% de la richesse nationale et seulement 2,4% des exportations, la Bretagne présente une ouverture à l’international relativement faible. Nous comptons un peu plus de 3 500 entreprises à l’export, soit seulement 2,9% du total national.
Avec Bretagne Commerce International, outil commun aux CCI et à la Région, nous proposons aux entreprises une large offre de services. En 2016, plus de 2 200 entreprises ont bénéficié d’informations ou ont été accompagnées sur les marchés étrangers.

JGDE. Pensez-vous que le Brexit puisse créer des opportunités nouvelles ?

JFG. Il est complexe d’envisager des opportunités pour la Bretagne dans un contexte d’incertitudes qui nous dépassent très largement.

Le Royaume-Uni est récemment devenu notre 3ème pays partenaire à l’export et le 8ème à l’import. Les importations en provenance du Royaume-Uni ont plutôt baissé alors que nos exportations ont progressé pour atteindre 859 millions d’euros. Elles ne représentent toutefois que 1% du PIB régional, ce qui minore les risques économiques du Brexit. Du côté des investissements, le poids du Royaume-Uni est plus contrasté : avec 50 établissements et près de 3 700 emplois, le pays se classe troisième derrière les Etats-Unis et l’Allemagne.

 

JGDE. La qualité des infrastructures de transport et des équipements est un facteur important d’attractivité. Les CCI de Bretagne sont très engagées dans ce domaine…

JFG. La situation périphérique de la Bretagne est un atout, lorsque, alliée à d’autres caractéristiques, elle attire des touristes. Elle peut aussi altérer les échanges avec l’extérieur. Dans ce contexte, une bonne connexion avec le reste de l’Europe et du monde est vitale. Aujourd’hui, nous sommes l’une des principales destinations touristiques françaises, la première ou l’une des premières régions en termes de productions agricoles et agroalimentaires ainsi que dans les filières électronique-informatique-télécommunications, automobile, construction et réparation navales. Pour maintenir cette excellence, les CCI gèrent des infrastructures et des équipements cruciaux : 7 aéroports, 14 ports de commerce, 23 ports de pêche et criées, 7 ports de plaisance, soit un total de 53 équipements quand nos homologues des autres régions en gèrent entre 2 et 15.

JGDE. Quels sont pour vous les principaux projets structurants qui permettront d’assurer le développement de l’économie bretonne ?

JFG. La LGV inaugurée en juillet 2017 constitue un atout dans la connectivité avec Paris et les autres métropoles européennes. Mais la partie occidentale de la région n’en bénéficie pas pleinement et le projet « LNOBPL », réduisant les temps de trajet de Brest à Rennes, Quimper à Rennes et Nantes à Rennes, est indispensable. En complément, la diffusion des outils et usages numériques pour le transfert de données, est aussi un vecteur de création et de développement d’activités. Le programme Bretagne Très Haut Débit est essentiel. Enfin, une plus grande autonomie énergétique et la sécurisation de l’approvisionnement en électricité sont nécessaires à toute activité économique. Les investissements prévus par le Pacte Electrique Breton pour conforter le réseau de distribution et pour l’émergence de l’éolien marin ou hydrolien sur le pourtour maritime doivent être mis en œuvre rapidement.

 

JGDE. Lors de votre assemblée générale en juin dernier, vous avez validé un partenariat renforcé avec le Conseil régional. Que contient-il ?

JFG. La responsabilité des régions dans le développement économique, la formation professionnelle et l’aménagement du territoire a été considérablement renforcée depuis deux ans : le Conseil régional définit désormais les stratégies et orientent les interventions et les financements. Il est l’interlocuteur naturel des CCI.

C’est pourquoi nous avons travaillé avec lui pour concevoir et mettre en œuvre des politiques de développement, d’aménagement et de formation, selon 2 objectifs : une coopération renforcée sur la base d’objectifs partagés à l’échelle régionale ; la mise en œuvre du schéma régional de développement économique dans les territoires.

Dans ce cadre, notre offre de services concerne l’information et l’animation des espaces d’activités économiques, l’appui à la création d’entreprise, le financement, l’accompagnement à l’international, le soutien au commerce, l’information économique, la formation des collaborateurs des EPCI et l’orientation des jeunes vers les métiers.

 

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M. Gilles Falc’Hun

l’accompagnement sur mesure de BCI

Depuis plus d’un quart de siècle, Bretagne Commerce International (BCI) favorise l’ouverture de l’économie bretonne à l’international. Entretien avec Gilles Falc’Hun, président du directoire de l’association régionale.

JGDE. Quelles sont les missions de BCI et de quels moyens disposez-vous pour les mener à bien ?

Gilles Falc’Hun. BCI est une association qui regroupe 800 entreprises bretonnes. Elle a deux missions principales. Elle permet, d’une part, à toutes les entreprises bretonnes, quelle que soit leur taille, adhérentes ou non, de structurer et d’accélérer leur projet de développement à l’international. Elle favorise, d’autre part, l’attractivité de la Bretagne, en soutenant les entreprises étrangères qui souhaitent investir dans la région. Pour ce faire, nous disposons d’un budget d’un peu plus de 4 M€. 3,2 M€ sont apportés par la Région, le reste l’est par les CCI, à travers la prise en charge des salaires des personnes à notre disposition dans les CCI territoriales. Au total, BCI compte une quarantaine d’emplois. Nous avons aussi un réseau de plus de cent partenaires résidant dans plus de cent pays. Nous sommes partenaires pour la région et le représentant de l’agence Business France Invest.

JGDE. Grâce à votre maillage territorial très dense, vous connaissez bien les entreprises et pouvez répondre efficacement à leurs besoins. Quels sont les principaux freins à leur développement international et quelles solutions apportez-vous ?

GF. Le problème se pose surtout pour les primo-exportateurs, ceux qui veulent se lancer à l’international. Les PME, nombreuses en Bretagne, n’ont pas toujours la ressource humaine pour identifier les opportunités à l’étranger. Outre des réunions d’information récurrentes tout au long de l’année, BCI leur offre un accès à de nombreux services en ligne, et peut leur proposer un accompagnement sur mesure. Nous faisons aussi la promotion de la Bretagne en participant à une quarantaine de salons un peu partout dans le monde sous le pavillon France. Un système de convention permet de réduire les coûts d’accès pour les entreprises à ces manifestations, mais aussi d’organiser des missions individuelles ou collectives à l’étranger. La Région a également mis en place une aide pour permettre aux entreprises d’embaucher le leur premier responsable export.

JGDE. Intervenez-vous également dans la recherche et l’accueil d’investisseurs étrangers ? Comment cela se passe-t-il ?

GF. Depuis une dizaine d’années, la Région nous a confié une mission d’approche des investisseurs étrangers. Les cent correspondants de la BCI répartis dans le monde sont chargés d’approcher les entreprises intéressées. Une équipe de BCI se charge de faciliter leur accueil en Bretagne en les informant sur les localisations possibles, ou encore les aides dont elles peuvent bénéficier. Ce soutien se fait en toute discrétion, car les entreprises recherchent souvent simultanément dans plusieurs régions (française ou européennes). La Bretagne peut, là encore, s’appuyer sur une équipe compétente et structurée, qui sait éviter de mettre en concurrence les différents territoires bretons.

JGDE. En tant que PDG du groupe Sill Entreprises (agroalimentaire), vous avez été consacré « Meilleur Entrepreneur français » de l’année en 2016. Quel conseil donneriez-vous à un jeune entrepreneur qui voudrait se lancer à l’international ?

GF. Avec la faible croissance que connaissent la France et l’Europe, une entreprise qui veut se développer ne peut ignorer l’international. Certes, l’export est plein de chausse-trappes : réglementation, coûts, etc. Pour autant, il ne faut pas avoir peur de se lancer, à condition de se renseigner au préalable, de bien choisir ses partenaires et de pouvoir compter sur un réseau de compétences et de services comme celui de BCI.

 

Bretagne Commerce International
35 Place du Colombier 35000 Rennes
www.bretagnecommerceinternational.com

 

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3 success stories

venues de l’étranger

Une Américaine, deux Japonaises. Une nouvelle implantation, une extension d’activité, une relocalisation. Trois exemples de la qualité de l’accompagnement sur mesure que Bretagne Commerce international prodigue aux entreprises étrangères.

Ce n’est pas tous les jours qu’une entreprise relocalise en France son activité d’un pays à bas coût. En 2009, le groupe multinational américain Cummins Filtration, présent à Quimper depuis 1981, licenciait 58 salariés et délocalisait une partie de sa production en Turquie. En 2016, ce fabricant de filtres pour moteur rapatrie cette ligne de production pour la remonter dans son usine bretonne. Avec à la clé, la création d’une vingtaine d’emplois. Soutenue à hauteur de 400 000 euros par la Région et Quimper Bretagne Occidentale, Cummins s’est engagée à investir 2,7 millions d’euros dans son site de Quimper, assortis d’un programme de recherche et développement sur trois ans destiné à répondre aux normes antipollution les plus strictes. Un gage de pérennité.

175 embauches

L’équipementier automobile Sanden Manufacturing Europe, filiale du japonais Sanden Inc, fabrique des compresseurs pour la climatisation à Tinténiac (35). Fort de 934 salariés, le groupe compte créer en deux vagues 175 postes supplémentaires suite à l’élargissement de sa gamme dans l’automobile, mais aussi à sa diversification dans les vitrines réfrigérées pour la distribution. « L’entreprise nous a sollicités, explique Vincent Chamaret, directeur de BCI, pour réunir le plus d’information possible sur l’évolution de ce marché en plein développement. » D’ici à 2020, 75 % des meubles frigorifiques de plusieurs grandes enseignes alimentaires devront en effet disposer de portes, ce qui doit permettre une baisse significative de la consommation d’énergie.

Katsuobushi

La réussite la plus emblématique est sans doute l’installation de la société coopérative Makurazaki à Concarneau. Créée il y a deux ans, aujourd’hui en pleine production avec ses 15 salariés, elle est la première usine de fabrication européenne de katsuobushi. Ce condiment, très prisé au Japon, est fabriqué à base de bonite pêchée dans l’Océan Indien par l’armement CFTO de Concarneau. Le poisson est ensuite cuit, fumé, séché puis découpé à la main en petits copeaux. Très onéreux (100 € le kilo), le produit est destiné à agrémenter les soupes et bouillons des restaurants japonais haut de gamme en Europe.

Deux artisans japonais ont formé sur place les salariés afin qu’ils appliquent à la lettre la méthode ancestrale de fabrication tout en respectant les règles sanitaires européennes. Le projet a en effet été détecté par Bretagne Commerce International lors d’un séjour au Japon. « Le pays, explique Vincent Chamaret, son directeur, ne pouvait exporter son katsuobushi sur notre continent, car il n’y était pas fumé selon les normes de l’Union européenne… La seule solution consistait donc à s’installer en Europe, et la Bretagne l’a emporté après plusieurs mois de négociations ».

Le Club des investisseurs étrangers en Bretagne

Créée en juin 2016 par BCI, cette structure informelle invite, une à deux fois par an, les entreprises étrangères installées sur le territoire breton à échanger et s’informer sur des thèmes transversaux, communs à des secteurs très divers. « Par exemple, explique Vincent Chamaret, directeur de BCI, nous avons fait venir une spécialiste de Business France sur les nouvelles modalités d’application du visa «passeport-talent», destiné notamment aux créateurs d’entreprise, aux investisseurs économiques et aux travailleurs hautement qualifiés ».

 

 

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M. Hervé Balusson

Fondateur et PDG d’OLMIX GROUP

JGDE. Depuis 1995, OLMIX se présente comme le spécialiste des solutions naturelles algo-sourcées, pour l’hygiène, la nutrition et la santé des plantes, des animaux et des Hommes. Pourriez-vous nous présenter votre groupe, son histoire, et revenir sur votre marotte : ‘’ Faire encore mieux avec moins’’ ?

Hervé Balusson. Olmix Group est aujourd’hui un groupe qui va réaliser plus de 150 M€ de CA sur 2017 avec environ 800 collaborateurs. Le groupe s’appuie sur des expertises technologiques développées depuis 1995 et des solutions naturelles, sans recours à des procédés chimiques, et utilise la puissance des algues et des molécules algales pour proposer des produits innovants à très forte valeur ajoutée axés sur 3 domaines d’activité :

  • Animal Care : gammes pour le bien-être, la nutrition et la santé animale avec des technologies réduisant significativement l’usage des antibiotiques
  • Plant Care : gammes qui améliorent les fonctionnalités qui conditionnent le développement du sol et de la plante en limitant l’usage des engrais et des pesticides, et avec des biostimulants foliaires
  • Human Care : gammes pour la nutraceutique et l’agroalimentaire pour limiter l’utilisation d’additifs chimiques

Nous ne sommes qu’au début des possibilités apportées par les molécules algales pour répondre aux enjeux de sécurité alimentaire dans le respect de l’Homme, de l’animal et de l’environnement.

JGDE. à partir de 3 ressources (les argiles, les oligo-éléments et les algues), vous mettez sur le marché des produits efficaces et rentables ; quelles sont vos qualités pour assurer de telles innovations et surtout d’en réaliser la production ?

HB. Déjà, nous avons choisi dès l’origine de nous installer au cœur de la région Bretagne et à proximité des côtes atlantiques qui bénéficient des meilleures conditions pour obtenir des algues d’un niveau qualitatif exceptionnel sur le plan mondial, avec une matière première non polluée et abondante. Nos argiles proviennent également de carrières réputées pour la qualité et la régularité des approvisionnements. Par ailleurs, nos terres bretonnes sont aussi connues pour être des terres d’élevage et de culture.

Notre savoir-faire repose sur nos capacités à mixer les éléments naturels, tels les extraits d’algues, les argiles, à en valoriser tant les matières sèches que les liquides et à tester en temps réel auprès de notre écosystème, en lien avec les centres de recherche (tels le CNRS de Roscoff, l’INRA, …) et d’être capable d’améliorer sans cesse nos « recettes » attendues par le marché.

Nous avons toujours eu le souci de nous doter de nos propres équipes de recherche et de développement et nos propres équipes industrielles pour concevoir nos lignes de production et maîtriser toutes nos étapes de fabrication en intégrant de fortes exigences dans la qualité de nos produits et services.

 

JGDE. Le groupe OLMIX est aujourd’hui très présent à l’international et opère une politique de transfert de compétences plutôt active. Pourriez-vous revenir sur ces deux aspects stratégiques de votre développement ?

HB. Nos technologies sont mises au service de l’animal, de la plante et de l’Homme et sont par définition développées pour s’adapter à tous les continents sans aucune restriction.

C’est depuis l’origine, en 1995, que nous raisonnons toujours comme si la Terre ne faisait qu’un et que nous avons construit un réseau partout dans le monde. Nous sommes ainsi implantés aujourd’hui sur 27 pays avec un rayonnement sur plus de 100 pays.

Nous sommes en forte croissance et sommes capables de proposer à nos collaborateurs d’accompagner notre croissance et de leur proposer de porter haut et fort les couleurs et les valeurs « d’Omix Group » sur tous les continents. Dans la majorité des cas, nos filiales sont dirigées par des cadres ayant intégré le groupe à Bréhan.

Nous avons également créé la Breizh Algae School pour faire venir et revenir nos clients, nos partenaires ainsi que les collaborateurs le plus souvent possible pour échanger et partager sur les nouveautés du groupe et les besoins du marché et ainsi toujours cultiver et diffuser l’ADN et la philosophie d’Olmix Group.

Enfin, le groupe s’est doté d’outils numériques à la pointe de la communication, ce qui permet à nos équipes d’être toujours « connectés » aux évolutions attendues par les éleveurs, par les agriculteurs et surtout les consom’acteurs du monde entier !

 

Vive le Sans Pesticide, le Sans Antibiotique et le Sans Additif chimique Grâce aux Algues pour nos générations futures !

 

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Pêche

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M. Olivier Le Nezet

Président du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins de Bretagne

JGDE. La pêche maritime et l’élevage marin constituent des piliers historiques et emblématiques de l’économie bretonne. Pouvez-vous nous donner quelques chiffres pour montrer ce que représente aujourd’hui ce secteur d’activité ?

Olivier Le Nezet. La pêche professionnelle bretonne représente 5000 professionnels, de la pêche à pied à la pêche au large, et 1 200 navires. Cela en fait la première région française de pêche.

Au-delà des performances économiques, avec une production de l’ordre de 500 M€, c’est un secteur vital pour l’économie du littoral de la Bretagne et l’une des vitrines culturelles et touristiques de notre région.

JGDE. Vous présidez le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins de Bretagne. Quelles sont ses missions ?

OLN. Le CRPMEM de Bretagne est un organisme professionnel créé par la loi. Il représente les intérêts du secteur, et les élus de la profession qui siègent à son Conseil disposent de véritables pouvoirs en matière de gestion des ressources halieutiques dans la bande côtière. Leurs décisions s’imposent à l’ensemble de la profession. Le comité participe activement au développement d’une pêche durable et à la protection de l’environnement littoral et marin. Il est également impliqué dans la formation professionnelle maritime et la promotion de la sécurité en mer.

JGDE. Vous insistez régulièrement sur la protection de l’environnement car les pêcheurs sont souvent en première ligne pour observer l’évolution du milieu marin et participer à sa préservation. Quelles sont vos actions dans ce domaine ?

OLN. Nous sommes très investis dans le domaine de l’environnement marin et littoral et nous militons pour un milieu propre, sain et productif. La qualité de l’eau et du milieu en général favorise le développement des ressources halieutiques exploitées par les pêcheurs. C’est pourquoi le CRPMEM est opérateur sur un site Natura 2000 dans le Finistère, qu’il siège au conseil de gestion du parc naturel marin d’Iroise et qu’il travaille en partenariat avec l’Agence française pour la biodiversité sur les analyses de risque « Pêche », l’équivalent des évaluations d’incidence Natura 2000 pour la pêche.

Si le CRPMEM œuvre pour le développement durable de la pêche, il est opposé en revanche à toute forme d’écologie punitive ou à des mesures environnementales non concertées ou décidées sans expertise objective. Nous estimons que la protection de l’environnement ne doit pas se faire selon une logique qui exclue a priori les pêcheurs mais, au contraire, en leur donnant les moyens d’assurer la compatibilité entre la production de ressources naturelles de qualité et la préservation du milieu. Nos expériences récentes réalisées en ce sens ont pu démontrer l’efficacité de cette gestion pragmatique de l’environnement marin.

JGDE. Vous travaillez aussi beaucoup avec le monde de la recherche. Pouvez-vous nous présenter des exemples de projets sur lesquels vous collaborez ?

OLN. Avec l’Association Grand Littoral Atlantique (AGLIA), les comités des pêches bretons ont lancé un vaste programme d’étude des effets des dragues sur les bancs de Maerl. L’interlocuteur scientifique est l’Université de Bretagne Occidentale (programme DECIDER). Nos collègues du comité du Finistère ont lancé il y a plusieurs années un vaste programme de restauration du stock de langoustes rouges avec l’IFREMER. Un autre est en cours pour étudier le stock de coquilles en Baie de Saint-Brieuc avec le Comité des Côtes d’Armor. Le CRPMEM est également très investi sur la gestion de la ressource en algue sauvage présente sur nos côtes. Deux programmes d’évaluation de la biomasse disponible sont actuellement portés par le comité : SEPALG avec l’IFREMRR et le Museum d’histoire naturelle de Concarneau, et Biomasse algues avec la station biologique de Roscoff, Agrocampus Ouest et le Parc naturel marin d’Iroise.

Ce sont des exemples, mais il y a toujours un programme ou un partenariat en cours avec un ou plusieurs organismes scientifiques. Au quotidien, les comités bretons travaillent avec ces organismes pour la gestion de nombreux stocks. Et l’IFREMER est toujours convié à nos réunions.

 

JGDE. Il semble que vous intervenez également dans le développement des énergies marines renouvelables (EMR). Comment vous positionnez-vous par rapport à cette nouvelle activité ?

OLN. Très honnêtement, le développement des EMR peut s’avérer être une contrainte pour la pêche d’autant plus que les espaces maritimes sont de plus en plus convoités par un grand nombre d’autres activités : extractions de granulats, déversements des vases draguées dans les ports, circulation maritime, pose de câbles sous-marins, conséquences du BREXIT, etc.

Mais la Bretagne est une région en déficit énergétique. Il est apparu difficile au CRPMEM de faire obstacle au développement d’énergies propres. En revanche, les comités bretons sont exigeants sur le choix des implantations des fermes d’éoliennes et ont toujours demandé qu’elles soient installées dans les secteurs les moins contraignants pour la pêche, et en tenant compte des contraintes liées à d’autres activités. Cela doit passer par une concertation accrue et une prise en compte réelle des contraintes pour la pêche, et ce au stade le plus précoce des projets de développement d’EMR.

JGDE. Directive Cadre sur la Stratégie pour le Milieu Marin, financements communautaires : l’Union européenne est un partenaire important pour les filières que vous représentez…

OLN. Oui, plusieurs directives ont, ces dernières années, accéléré le mouvement vers la planification spatiale maritime. Le CRPMEM est vigilant sur leur mise en œuvre : d’une part pour veiller à un bon équilibre entre préservation de l’environnement et développement économique durable, et d’autre part pour que la pêche ne devienne pas la variable d’ajustement de cette politique. Le piège, pour la pêche, serait de se retrouver figée pour toujours sur des cartes : ce n’est pas possible dans un milieu en constante évolution qu’est la mer.

JGDE. Quels sont les atouts de la Bretagne pour rester parmi les régions leader du secteur et quelles recommandations préconisez-vous pour assurer la pérennité et le développement de vos filières ?

OLN. En dehors de son poids économique et de son attache culturelle, la pêche bretonne a la chance d’être diversifiée et polyvalente. Même si la flotte s’est singulièrement réduite, elle a toujours su s’adapter pour faire face aux enjeux. Elle dispose de quotas importants et assure une présence sur de nombreux secteurs. C’est pourquoi la Bretagne est en première ligne sur la question du BREXIT et de ses conséquences potentielles sur la pêche.

Les patrons pêcheurs sont désormais des chefs d’entreprise à part entière, leur vision a beaucoup évolué par rapport aux générations précédentes.

Le CRPMEM estime que l’état des stocks halieutiques, en nette progression, incite à l’optimisme. Il faudra, pour garder sa place, que la pêche bretonne assure le renouvellement des navires et des marins : cela passe par un haut niveau d’innovation et de formation. Mais également par plus de visibilité offerte aux entrepreneurs, tant sur la disponibilité des capacités de pêche (jauge, puissance, quotas) que sur les conditions de financement des projets. Pour cela, il faut redonner confiance aux investisseurs.

 

JGDE. Comment imaginez-vous la pêche du futur ?

OLN. Je pense que la pêche a un futur et qu’il peut être florissant. Il faut que les instances européennes accompagnent les mutations et les transitions (écologiques, énergétiques, économiques) sans perdre de vue qu’au cœur de cette filière, il y a des femmes et des hommes qui partent en mer pour nourrir les populations. C’est à cette condition que les marins retrouveront confiance vis-à-vis de l’Europe en laquelle ils ont placé beaucoup d’espoir, et que l’on évitera de nouveaux BREXIT.

 

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M. dominique charles

Directeur de Bretagne Truite

JGDE. Vous êtes le Directeur de Piscicultures de Bretagne, pouvez-vous nous présenter votre société, (son histoire, sa composition, ses marchés) ?

Dominique Charles. Bretagne Truite a été créée en 1996, est l’outil industriel qui transforme et commercialise la production de truites de la Coopérative des aquaculteurs Bretons reconnue OP en 2001 (29) Plouigneau. Elle regroupe 29 piscicultures en Bretagne et 2 en Normandie.

La Bretagne avec ses rivières de qualité en eaux vives est le territoire de prédilection des salmonidés. C’est dans les années 80 que la pisciculture c’est principalement développée dans le Finistère.

Bretagne Truite transforme 4 800 Tonnes de truites dont 60% de très grandes truites (3kg), principalement destinées au marché de la fumaison , 30% de truites de moins de 1.5kg pour le marché en Frais de la GMS et 10% de Bio soit un CA H.T. total de 22M€ et un effectif de 32 salariés.

Bretagne Truite vend 90% de ses produits en France et 10% à l’export. Elle commercialise 50% de ses truites sur la Bretagne pour la fumaison principalement.

JGDE. La truite représente une réelle alternative au saumon, et la demande ne cesse de monter en France, et à l’étranger. Quelles stratégies mettez-vous en placer pour concilier augmentation de la production et maintient de la qualité ?

DC. Bretagne Truite a toujours joué la carte de la qualité. Pour ce faire la Coopérative s’est dotée d’une structure de production d’œufs embryonnés « Sarl Milin Nevez », qui produit des embryons pour les adhérents de la Coopérative. Depuis plusieurs années en partenariat avec le SYSAAF (35) Rennes (Syndicat des Sélectionneurs Avicoles et Aquacoles Français) et l’INRA (29) Sizun, elle travaille sur divers programmes de recherches nationaux « VEGEAQUA », « RE-SIST »,
« SG-Truite »et Européens comme « FISHBOOST ».

Après avoir pu améliorer l’efficacité alimentaire des poissons, cette implication en Recherche et Développement, nous permet aujourd’hui de sélectionner nos truites principalement sur la résistance aux maladies.

Afin de répondre à la demande croissante de la consommation, nous devons évoluer pour concilier augmentation de la production et respect de l’environnement. Pour ce faire, la Coopérative vient de recruter son directeur technique pour accompagner les producteurs sur les nouveaux modèles d’élevages en « eau recirculée » qui viendront compléter l’offre de production.

 

JGDE. La production bio représente les marchés de demain pour de nombreuses filières de production alimentaire. Qu’en est-il dans la pisciculture ?

DC. Bretagne Truite et la Coopérative ont démarré la production de truite BIO en 2010 avec un site. En 2017 deux jeunes pisciculteurs se sont installés en Bio, ce qui porte à six le nombre de sites Bio avec une prévision 2019 de 600Tonnes. Bretagne Truite dans le cadre de sa démarche d’aquaculture durable s’intègre parfaitement dans cette démarche « BIO » recherchée par le consommateur. Nos principaux marchés sont la Truite fumée, le frais emballé pour la GMS et les marchés traiteurs, ce qui nous permet de répondre à cette production qui reste saisonnalisé.

 

PISCICULTURES DE BRETAGNE
Zone Industrielle de Kerbriant
29610 PLOUIGNEAU
www.bretagne-truite.fr

 

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Tourisme

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Mme Anne Gallo

présidente du Comité Régional du Tourisme de Bretagne

JGDE. La Bretagne figure régulièrement en haut des classements des destinations touristiques. Quel est le poids économique et social du secteur pour la région ?

Anne Gallo. Avec 12,8 millions de touristes accueillis en 2016 pour 96,4 millions de nuitées, la Bretagne est l’une des principales destinations touristiques françaises. Le tourisme représente 8,1% du PIB et 57 600 emplois directs et indirects, soit 4,8% de l’emploi régional.

JGDE. Vous présidez le Comité Régional du Tourisme (CRT). Pouvez-vous nous présenter ses missions et son mode de gouvernance ?

AG. Le CRT Bretagne est un outil de développement et de promotion du tourisme régional. Organisme fédérateur pour l’ensemble des acteurs du tourisme de la région, il est financé par le Conseil régional pour déployer la stratégie touristique et « affirmer la Bretagne comme une destination touristique d’exception ». Ses statuts associatifs assurent une gouvernance partagée entre les acteurs institutionnels et leurs opérateurs d’une part, les acteurs privés et associatifs d’autre part.

JGDE. Vous êtes également vice-présidente du Conseil régional chargée du tourisme, du patrimoine et des voies navigables. Quelles sont les complémentarités entre ces trois domaines ?

AG. Pour conduire les objectifs de repositionnement et de reconquête touristique que vise le Conseil régional, il a paru nécessaire d’associer les services du tourisme, de la valorisation du patrimoine, de l’inventaire du patrimoine et des voies navigables. Cela permet de mieux organiser la synergie des politiques patrimoniales et touristiques, de repositionner et de relancer les politiques du patrimoine et des voies navigables et de faire converger les intérêts des différents acteurs. L’objectif final est d’asseoir une attractivité touristique renouvelée.

Le tourisme prend appui et s’enrichit de l’identité de la Bretagne, de ce qui fait l’art de vivre ensemble, de ses paysages, de ses voies d’eau, de son patrimoine, de sa créativité artistique. La Bretagne reste ainsi l’une des régions les plus attractives en accueillant près de 20 000 nouveaux habitants par an. C’est évidemment un défi majeur, mais surtout un facteur d’enrichissement et d’activité économique.

Nos politiques régionales du tourisme, du patrimoine et des voies navigables permettent enfin aux Bretons eux-mêmes de découvrir et de faire découvrir les richesses de leur région. Ils peuvent participer, à leur mesure, à leur préservation, en enrichissant l’art de vivre et la sociabilité régionale.

JGDE. La Région a renouvelé sa stratégie touristique en identifiant 10 destinations. Comment s’est opéré ce choix ?

AG. La Bretagne avait besoin d’une organisation nouvelle et adaptée pour gagner en lisibilité et en performance, intégrant l’évolution des besoins des clientèles et des prestataires, le tout au service d’une meilleure efficacité économique.

La Stratégie touristique des Destinations, proposée par la Région en 2012, est issue de l’étude MORGOAT 2005 qui a mis en évidence 10 grandes Destinations et zones de flux. Il s’agit d’univers géographiques distincts, avec leur attrait propre.

Les 10 Destinations touristiques constituent le cœur du contrat de Destination Bretagne lancé par le ministère des Affaires étrangères, qui fait de la Bretagne l’une des 22 marques françaises promues à l’international. Ce sont des territoires de projets qui, dans une approche partenariale « publique – privée », soutiennent des stratégies intégrées de développement et de diversification touristique.

Elles sont de fait la maille locale de structuration et de développement touristique et les EPCI ont un rôle central à jouer.

 

JGDE. La clientèle européenne et internationale est très importante. Quels sont les outils de promotion que vous déployez pour la capter et la fidéliser ?

AG. Il nous semble essentiel, dans la conjoncture actuelle, de conforter nos actions de valorisation sur les traditionnels marchés européens de proximité et d’aborder les marchés lointains à fort potentiel.

Quatre approches sont utilisées sur les marchés de proximité : les campagnes d’image ; les campagnes tactiques, en soutien des liaisons aériennes ou maritimes ; les partenariats avec des territoires voisins ; le travail auprès des réseaux de distribution et des tour-opérateurs.

Pour les marchés lointains, soit nous nous inscrivons dans le cadre de partenariats économiques globaux, par exemple sur le marché australien où les actions s’inscrivent dans le cadre d’un accord intergouvernemental France – Australie, soit nous nous intégrons dans des opérations globales de promotion de la France. C’est le cas sur les marchés chinois, canadien et américain.

JGDE. Un récent rapport du CESER pointait les possibles conséquences du Brexit sur l’économie bretonne. Avec plus de 600 000 visiteurs britanniques par an, le tourisme semblait particulièrement impacté…

AG. Les Britanniques constituent la principale clientèle touristique étrangère de notre pays. En Bretagne, c’est une clientèle essentielle, avec 635 000 touristes pour 5,6 millions de nuitées, soit 35% de la clientèle étrangère bretonne.

Immédiatement après le vote du 23 juin 2016, la question du tourisme est apparue comme une préoccupation majeure. L’issue des négociations est incertaine et il est difficile d’imaginer l’impact économique global. Nous estimons toutefois qu’à long terme, la clientèle britannique restera la principale clientèle étrangère de la région. Il est donc pour nous primordial de maintenir les efforts pour l’attirer, d’autant que, nous constatons depuis plusieurs années une baisse de cette clientèle en France. C’est une tendance plus préoccupante que le Brexit, qui nous oblige à nous réinterroger sur notre offre.

 

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