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Erosion du littoral, un phénomène mondial

une cartographie normalisée de l’évolution du trait de côte est en cours

L’érosion du littoral est un phénomène naturel et/ou anthropique qui se produit en de nombreux endroits du monde. La légère montée des océans ou des phénomènes de rééquilibrage isostatique peuvent induire un recul du littoral non compensé par l’engraissement local, de même que la disparition (à cause d’un nettoyage trop actif) de végétaux stabilisant les vases, dunes ou arrière-plages, ou encore une diminution des apports terrigènes en sable à la suite de la construction de nombreux barrages dans les bassins-versants des fleuves.

Pour répondre aux besoins d’états de lieux et de prospective face, notamment, au dérèglement climatique et à la montée de la mer, une cartographie normalisée de l’évolution du trait de côte est en cours.

LE PHÉNOMÈNE

La mobilité des dunes, des estuaires et du trait de côte est naturelle. Elle résulte de l’action combinée des vagues, du vent, des courants et des flores fixatrices des sables et vases là où elles existent.

Elle est plus importante sur les substrats mous (sable) et il est possible que le nettoyage des plages, en détruisant les laisses de mer qui servaient de nourriture aux microorganismes vivant dans le sable, y contribuent, de même que le réchauffement climatique, en augmentant le niveau de l’eau et la force des aléas climatiques.

– Les aménagements portuaires ou de digues ont, parfois, des effets spectaculaires par les modifications des courants qu’ils induisent.

– Les gravières sous-marines peuvent aussi avoir des effets différés en termes de mouvements de sédiments.

– Des pompages ou drainages peuvent aussi indirectement modifier l’érosion de certaines falaises en y produisant des phénomènes de solifluxion ou des effets plus vifs du gel/dégel et des sécheresses (alternances de retraits et gonflements, par exemple).

– Sur les plages et face aux dunes, certains ouvrages de protection (épis, par exemple) se sont eux-mêmes montrés capables de modifier les courants et de sur-creuser des plages ou des vasières plus en aval.

– La destruction des mangroves est un des principaux facteurs de ce recul en zone tropicale.

– Localement, des évènements tels que les tsunamis peuvent emporter des portions entières de littoraux.

Déjà, en 2006, l’IFEN estimait que :

  • 25% du trait de côte reculaient, alors que seuls 10% engraissaient et ce, malgré les ouvrages de défense contre l’érosion des plages et bancs de galets ;
  • 25,9% des côtes érodées étaient des zones urbanisées ou commerciales ou artificialisées ;
  • 9,7% étaient des terres labourées ;
  • 17,4% sont des plages et dunes.

 

Du point de vue du pourcentage des plages stables, dégraissant ou engraissant, le phénomène semble stable depuis 20 ans sur tout le littoral métropolitain, mais l’ampleur des reculs et avancées semble augmenter.

Ainsi, en Aquitaine, le trait de côte a reculé sur plusieurs zones de 10 mètres ou plus, en raison des vents et d’une houle inhabituellement forte fin 2013-début 2014. Du 14 décembre au 8 janvier, la hauteur de houle a atteint ou dépassé quatre mètres 60% du temps ; c’est « un phénomène qui ne s’est jamais pro- duit » en Aquitaine, selon les spécialistes. Le Conservatoire du littoral et des espaces lacustres a ainsi perdu une quantité significative de terrains.

Les aménagements portuaires ou de digues ont, parfois, des effets spectaculaires par les modifications des courants qu’ils induisent

La Normandie connaît une importante érosion de son littoral, en grande partie liée à l’anthropisation. 60% des plages normandes tendent à reculer. L’érosion du littoral est la plus active entre la baie du Mont Saint-Michel et le cap de la Hague, à l’Ouest du département de la Manche : le recul peut y atteindre cinq mètres par an en moyenne. Sur les falaises de craie de Seine-Maritime, le recul est de 20 cm/an en moyenne.

Dans le Nord-Pas-de-Calais, où 70% environ du trait de côte est en régression, un « Plan littoral d’action pour la gestion de l’érosion » (PLAGE) a été mis en place, avec le Syndicat mixte de la Côte d’Opale.

La loi Littoral est une loi française visant à encadrer l’aménagement de la côte pour, notamment, la protéger des excès de la spéculation immobilière.

Le Grenelle de la Mer a estimé qu’elle était insuffisamment appliquée, mais souligne aussi un « manque de coordination entre les communes d’une même partie du littoral concernée par ledit processus physique : la création d’épis ou d’autres ouvrages de défense contre la mer sur une commune ayant des conséquences sur les communes voisines devrait, pour être efficace, s’inscrire dans une démarche globale et cohérente. Les risques littoraux (érosion, submersion…) ne sont pas pris en compte dans les SCOT. Le risque corrélatif d’ensablement ou d’envasement de certaines zones est également décrit et invite à cette vision globale et de réseaux de suivi pour évaluer ces risques ». Le Centre d’études techniques maritimes et fluviales (CETMEF) peut aider les collectivités quant aux aspects techniques.

Le Grenelle de la Mer suggère aussi de mieux « apprécier l’impact de l’extraction des granulats sur l’évolution du trait de côte et sur les écosystèmes », soulignant que, « compte tenu de la raréfaction des ressources terrestres, cette activité est amenée à se développer (actuellement : 1% de granulats marins au regard de la production totale de granulats en France, à comparer avec les 20% en Grande-Bretagne et les 40% aux Pays-Bas). Les conditions de l’exploitation doivent être très strictes au regard de l’impact sur les milieux marins et littoraux et autorisée sur des zones restreintes, afin que son dévelop- pement économique et durable puisse faire l’objet d’une programmation ».

GUIDES ET GESTION DES RISQUES

Concernant l’évaluation du niveau de risque, les méthodes de caractérisation des aléas littoraux ont beaucoup évolué en intégrant les progrès de la modélisation et une caractérisation des zones de vulnérabilité.

• En Europe, alors qu’environ 70 des 455 millions d’habitants vivent sur le littoral (soit 16% de la po- pulation) et que de plus en plus de gens veulent y vivre ou finir leurs jours, un guide a été produit en 2004 à la suite du projet « Eurosion », soutenu par la Commission européenne, sur la protection des biens et des personnes contre les ondes de tempête, l’intrusion d’eaux marines, la pollution par les engrais, pesticides et autres polluants apportés en mer par les fleuves et les crues, et pour la réhabilitation des services éco-systémiques fournis par les écosystèmes littoraux.

• En France, un guide de la gestion du trait de côte (avec une version numérique) a été élaboré par le ministère chargé de l’Ecologie en 2010 pour faciliter l’aide et la décision, via une méthodologie de choix et de mise en œuvre d’options de gestion du trait de côte, et une description des techniques de défense contre la mer (et de leurs limites). Il s’inscrit dans un projet de stratégie nationale de gestion du trait de côte, intégrant une gestion plus « naturelle » ou un recul stratégique et une défense contre la mer prenant en compte le changement climatique.

 

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