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Les forêts et le cycle mondial du carbone, Directive relative au changement climatique

Edictée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO

LES PROCESSUS ET LES PROJECTIONS DE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le climat de la terre évolue continuellement sous l’influence de diverses forces naturelles.
Mais, actuellement, des changements importants et rapides ont été observés dans le climat à l’échelle mondiale, conséquence d’un réchauffement mondial causé par les activités humaines qui émettent des gaz à effet de serre piégeant la chaleur. Le réchauffement mondial est associé à une variabilité climatique accrue et, par conséquent, à une fréquence accrue d’événements extrêmes tels que les canicules, les sécheresses graves, les gros orages et aussi la montée du niveau de la mer. Le changement climatique et la variabilité climatique accrue (phénomènes désignés collectivement sous le nom de changement climatique) auront, sans doute, des répercussions économiques, sociales et environnementales étendues.

Pour les gestionnaires forestiers, le changement climatique nécessitera, sans doute, une modification majeure de leur pratique de gestion pour s’adapter à ce changement ou en atténuer les effets.

LES FORÊTS ET LE CYCLE MONDIAL DU CARBONE

Le dioxyde de carbone (CO2) est l’un des principaux gaz à effet de serre, et les modifications du cycle mondial du carbone qui affectent la concentration de CO2 dans l’atmosphère sont d’importance critique pour le climat mondial. Or, les forêts jouent un rôle important, à la fois comme puits et comme source de CO2.

Puits et source de carbone
Un puits de carbone est un réservoir qui absorbe ou piège le carbone de l’atmosphère sous forme de CO2.
Quand les forêts se développent, elles deviennent des puits de carbone. A l’échelle mondiale, les forêts sont responsables d’une grande partie de la quantité de CO2 soustraite de l’atmosphère.

Une source d’émission de gaz à effet de serre est un processus ou une activité qui rejette dans l’atmosphère ce type de gaz. Le déboisement et la dégradation des forêts sont des sources majeures de gaz à effet de serre, car elles causent le rejet dans l’atmosphère du carbone stocké dans les forêts sous forme de CO2 et autres gaz à effet de serre comme le méthane.
La végétation et le sol des forêts contiennent environ la moitié du carbone terrestre de la planète et les éco-systèmes terrestres peuvent séquestrer une plus grande quantité de CO2 qu’à présent. Les forêts absorbent du CO2 par la photosynthèse, stockent ce gaz sous forme de carbone et le rejettent par la respiration, la décomposition et la combustion des plantes. La fonction des puits de carbone d’une forêt augmente avec le taux de croissance de la forêt et avec la durée pendant laquelle elle conserve le carbone. De jeunes forêts vigoureuses peuvent ainsi piéger une grande quantité de carbone pendant la croissance des arbres. Par contraste, la végétation et les sols des vieilles forêts stockent ordinairement de vastes quantités de carbone, mais ces quantités augmentent lentement ou même pas du tout. Les forêts sont également des sources d’émission de gaz à effet de serre, principalement du CO2. Le déboisement et la dégradation des forêts représentent, selon les estimations, 17% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

La végétation et les sols des vieilles forêts stockent ordinairement de vastes quantités de carbone

Le changement climatique et la variabilité accrue du climat ont à la fois des effets directs et indirects sur les forêts et sur les populations qui en dépendent. Par exemple, l’effet conjugué de l’augmentation des températures observée en hiver et de la suppression des feux de forêt a entraîné une augmentation massive des populations de « dendroctones » du pin « lodgepole » au Canada, ce qui a précipité la mort de millions d’arbres. De même, une synergie troublante entre la dégradation des forêts, causée par de mauvaises pratiques d’exploitation du bois d’œuvre, la fragmentation des forêts et la gravité grandissante des sécheresses a rendu de nombreuses forêts de l’Amazonie et de l’Asie du Sud-est plus vulnérables aux risques d’incendie. Dans les régions boréales, comme les régions tropicales, le changement climatique accroît la susceptibilité des forêts aux divers facteurs de stress qui sont présents depuis longtemps, mais qui ne posaient jusqu’à présent qu’une moindre menace. Quand les forêts et les systèmes sociaux associés aux forêts ne peuvent faire face aux facteurs de stress directs et indirects associés au changement climatique, on dit qu’ils sont vulnérables à celui-ci.

Le rythme du changement climatique varie à petite échelle et à grande échelle géographique et, de façon générale, augmente avec l’éloignement de l’équateur. Localement, le rythme et la direction du changement climatique varient avec la topographie et avec la proximité de vastes masses d’eau. Les espèces forestières et les communautés forestières sont d’une résistance et d’une résilience variables au changement climatique et diffèrent également par leur capacité d’adaptation. Pour faire face au changement climatique, les espèces devront s’adapter à des conditions nouvelles ou migrer vers des zones où les conditions conviennent mieux. La capacité à migrer d’une espèce dépendra de sa capacité à se disperser et de la connectivité à un habitat adapté. Les risques de perte d’espèces et de perturbations de l’écosystème varient selon les lieux et le temps.

La CCNUCC distingue cinq types de puits de carbone dans les forêts :

  • la biomasse au-dessus du niveau du sol,
  • la biomasse en-dessous du niveau du sol,
  • les détritus végétaux,
  • le bois mort
  • et le sol lui-même.

Il est préoccupant que, ni le climat ni les espèces ne répondent de façon linéaire à un changement des conditions, mais, au contraire, tendent à réagir de façon brutale au passage de certains seuils ou de certains points de basculement. Les gestionnaires forestiers doivent garder ceci à l’esprit, tout en sachant que ces seuils sont difficiles à prédire.

Les sociétés et les populations qui y vivent diffèrent par leur vulnérabilité au changement climatique. Les sociétés les plus vulnérables sont celles qui sont déjà affectées par la pauvreté et qui n’ont que des possibilités limitées d’emploi ou de génération de revenu et dont les moyens d’existence dépendent directement de l’agriculture pluviale ou des forêts.

L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ET L’ATTÉNUATION DE SES EFFETS DANS LE SECTEUR FORESTIER

Face au changement climatique, il existe deux principales formes de réponse : l’adaptation et l’atténuation des effets de ce changement.
Ce sont les deux aspects d’une même médaille : l’atténuation des effets s’adresse aux causes du changement climatique et l’adaptation cherche à remédier à son impact. Dans le secteur forestier, une adaptation au changement climatique englobe les changements apportés aux pratiques de gestion destinées à diminuer la vulnérabilité des forêts au changement climatique et les interventions visant à réduire la vulnérabilité des populations humaines au changement climatique. Les stratégies d’atténuation des effets du changement climatique dans le secteur forestier se classent en quatre catégories :

  • réduire les émissions dues au déboisement,
  • réduire les émissions dues à la dégradation des forêts, améliorer les puits de carbone forestiers
  • et substituer les produits.

La substitution comprend l’utilisation de bois à la place des combustibles fossiles pour la production d’énergie et l’utilisation de fibres ligneuses à la place de matériaux tels que le ciment, l’acier et l’aluminium, dont la production émet des quantités bien plus grandes de gaz à effet de serre.

Adaptation et atténuation
L’adaptation au changement climatique consiste à prendre des mesures d’ajustement, dans les systèmes naturels et humains, en réponse à des impacts effectifs ou attendus du changement climatique, pour éviter des dégâts ou pour exploiter les possibilités qui s’offrent.

L’atténuation des effets du changement climatique comprend les mesures qui aident à stabiliser ou à réduire la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ces mesures comprennent celles qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre causées par l’homme ou à réduire la concentration de gaz à effet de serre de l’atmosphère.

La végétation et les sols des vieilles forêts stockent ordinairement de vastes quantités de carbone

En bref, l’adaptation cherche à remédier aux risques et aux effets du changement climatique, tandis que l’atténuation vise les causes anthropogènes du changement climatique.

Les mesures d’atténuation des effets du changement climatique, notamment dans les forêts, doivent être prises d’urgence pour aider à réduire l’action anthropogénique, c’est-à-dire causée par l’homme, sur le système climatique, mais ces mesures ne commenceront à avoir un effet sur la température mondiale moyenne de surface que dans plusieurs décennies. Pour cette raison, les mesures d’adaptation au changement climatique, dans les forêts, seront indispensables pendant de nombreuses années encore pour garantir la continuité de la fourniture de biens produits par les forêts et de services rendus par l’écosystème forestier.

EN CONCLUSION

Les forêts fournissent un large ensemble de biens et de services en tant qu’écosystèmes, qui sont importants pour le bien-être des hommes, la sécurité alimentaire, l’atténuation de la pauvreté et la préservation des moyens d’existence. Le changement climatique, quand il est associé à un déboisement, à la dégradation des forêts ou à une pression démographique, menace la continuité de la fourniture de ces biens et services par les forêts. Bien qu’on ne connaisse pas avec certitude l’ampleur et le calendrier des impacts du changement climatique sur les écosystèmes forestiers, on dispose déjà d’informations scientifiques suffisantes pour prendre les premières mesures dès maintenant.

• Le changement climatique devrait affecter la distribution des types de forêt et des essences d’arbres, la productivité de la forêt, l’état des sites et des sols, la structure des peuplements d’arbres et les modifications des régimes de perturbations causées par l’incidence, la gravité et l’impact des feux de forêt, des espèces invasives, des infestations d’insectes, des maladies, des inondations, des sécheresses, des températures extrêmes, des glissements de terrain et des marées de tempête.

• Le changement climatique, par conséquent, pose aux gestionnaires forestiers un problème majeur, potentiellement redoutable. En modifiant les plans et pratiques de gestion forestière, cependant, ils peuvent ralentir le rythme du changement climatique, aider la société à s’y adapter, préserver un grand nombre des autres valeurs de la forêt et garantir que la forêt continue à fournir en grand nombre des biens et des services d’écosystème.

• Les mesures à prendre pour assurer l’adaptation des forêts au changement climatique sont compatibles et sont souvent identiques aux pratiques de gestion durable des forêts, de façon à répondre aux besoins économiques, sociaux et environnementaux des différents acteurs. Par exemple, la préservation de la diversité de composition et de structure des forêts est judicieuse face aux nombreux risques biotiques et abiotiques, notamment ceux associés au changement climatique.

• Les pratiques de gestion durable des forêts peuvent aider à réduire la vulnérabilité économique, sociale et environnementale des forêts et des populations qui en dépendent, en produisant des avantages multiples et, en particulier, la fourniture de biens et de services éco-systémiques et culturels.

• Les programmes d’atténuation des effets du changement climatique commencent à se mettre en place ; ils peuvent aider à réduire le coût des mesures prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du fait du déboisement et de la dégradation des forêts et pour accroître le stock de carbone séquestré par les forêts.

• Les gestionnaires forestiers doivent peser le coût et les avantages des diverses options en matière d’adaptation aux effets du changement climatique et d’atténuation de ses effets et déterminer celles de ces options qui sont les plus facilement réalisables, étant donné la capacité technique disponible et l’appui que peuvent y apporter les politiques suivies.

• Pour répondre au changement climatique, il est indispensable de disposer de systèmes fiables de suivi des forêts et de communication de l’information. Ces systèmes permettront de déclencher sans retard des alertes en cas d’événements extrêmes et d’impact grave du changement climatique, ainsi qu’une information utile sur l’efficacité des mesures d’intervention envisagées par la gestion.

• Pour élaborer une stratégie face au changement climatique, il est important d’allier un suivi des forêts à l’utilisation des connaissances existantes sur les impacts possibles du changement climatique dans l’évaluation de la vulnérabilité et du risque.

• Ces opérations de suivi nécessiteront, sans doute, des ressources techniques et humaines supplémentaires. Les stratégies et des mesures précises face au changement climatique différeront selon l’endroit, selon la productivité de la forêt, selon les objectifs de la gestion locale et selon l’étendue et la nature des impacts attendus du changement climatique. Les gestionnaires forestiers doivent continuer à s’efforcer de comprendre les périls et les possibilités liés au changement climatique.

 

 

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