Retrouvez-nous sur :

M. Daniel CALLEJA-CRESPO

Directeur général Environnement Commission Européenne

Pourriez-vous nous présenter les tâches et responsabilités de la DG Environnement (Commission Européenne) ?

La direction générale de l’environnement est le département de la Commission européenne qui est responsable de la politique de l’UE en matière d’environnement. Elle vise à protéger, préserver et améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures. Elle propose et met en œuvre des politiques qui garantissent un niveau élevé de protection de l’environnement et qui préservent la qualité de vie des citoyens de l’UE. Elle veille également à ce que les États membres appliquent correctement la législation environnementale de l’UE et représentent l’Union européenne sur le plan environnemental dans les négociations internationales.

 

Quels sont les principaux défis politiques actuels de l’Europe concernant l’environnement ?

Malgré les progrès significatifs de ces dernières décennies et malgré les politiques ambitieuses en matière de climat et d’économie circulaire, de nombreuses évolutions se font toujours dans la mauvaise direction. Des problèmes tels que la perte rapide de la biodiversité, l’utilisation non durable des ressources et l’accélération du changement climatique sont plus menaçants que jamais.
Nous devons répondre aux facteurs systémiques à l’origine des problèmes environnementaux, tels que la production et consommation à forte intensité de ressources, la demande croissante de transports et l’urbanisation continue. Si nous répondons à ces facteurs systémiques nous pourrons atteindre l’envergure du changement nécessaire. Le principal défi consistera à « intégrer » la politique et les considérations environnementales dans les domaines qui l’affectent le plus – par exemple, l’agriculture, la pêche, la politique industrielle, l’énergie, les transports, la recherche, le commerce, etc.
L’Accord Vert Européen proposé par la Commission en décembre 2019 est la réponse de l’Europe non seulement aux défis climatiques et environnementaux croissants, mais aussi aux défis sociaux qu’ils entraînent. Il s’agit d’une stratégie de croissance reposant sur la justice et l’équité, réunissant tous les secteurs de l’économie de l’UE en faveur des personnes, de la prospérité et de la planète.
Hormis le climat, trois éléments de l’Accord Vert sont particulièrement importants pour la DG Environnement. Nous proposerons en 2020 une nouvelle Stratégie européenne de la biodiversité visant à protéger, restaurer et intégrer la biodiversité. Nous voulons présenter des objectifs mondiaux pour protéger la biodiversité, ainsi que des engagements pour lutter contre les principales causes de perte de biodiversité dans l’UE, complétés par des objectifs mesurables.
Le nouveau plan d’action pour l’économie circulaire suivra début mars 2020, accompagnant la Stratégie industrielle de l’UE. Le plan introduira la circularité dans le courant principal, avec un accent particulier cette fois sur la construction, les textiles, l’électronique et les plastiques. L’objectif est de transformer ces secteurs à forte consommation énergétique en véritables systèmes circulaires. Le nouveau plan d’action soulignera l’importance d’une bonne conception, soutenabilité et durabilité. Il fournira également aux consommateurs des informations fiables et vérifiables sur les produits et services.
Le troisième élément environnemental majeur de l’Accord Vert est une ambition zéro pollution pour un environnement non toxique. L’accord fournira un ensemble de mesures pour prévenir et remédier à la pollution de toute origine, y compris les émissions et les produits chimiques.

 

Les outils réglementaires et fiscaux sont-ils aujourd’hui suffisants pour réduire les émissions polluantes industrielles ?

L’UE possède la législation environnementale la plus complète et la plus avancée au monde. Le cadre réglementaire est donc en place. Cependant, ces lois doivent être convenablement mises en œuvre et ce n’est pas toujours le cas. L’une des tâches de ma DG est de veiller à ce que les États membres appliquent les lois qu’ils ont approuvées. Dans ce contexte, la Commission pourrait ouvrir une procédure d’infraction contre les États membres et même amener l’affaire devant les tribunaux pour s’assurer du respect des lois au niveau de l’UE.
Les instruments politiques existants devraient conduire à de nouvelles réductions des émissions industrielles. La décarbonisation de l’industrie sera le principal moteur de la réduction des émissions industrielles. Cependant, pour réussir, les objectifs environnementaux doivent être intégrés dans d’autres domaines politiques. L’intégration de technologies et de processus plus efficaces et plus propres dans les secteurs industriels européens est essentielle pour garantir une réduction continue des rejets polluants et une amélioration des performances environnementales et climatiques.
Les principaux objectifs et avantages des taxes environnementales sont de réduire la pollution et l’utilisation des ressources. Il existe également plusieurs avantages secondaires : par exemple, ces taxes contribuent à une société plus saine et donc à des coûts de santé plus bas, elles déclenchent des éco-innovations qui génèrent de la richesse et des emplois, tandis que la large diffusion de technologies respectueuses de l’environnement soutient des systèmes de production et de consommation viables.
L’application de taxes sur les pollueurs a jusqu’à présent été principalement une affaire nationale, mais la Commission souhaite un processus décisionnel plus équitable et a proposé que les questions de fiscalité environnementale dans l’UE soient décidées à la majorité.

 

Quelles réformes attendez-vous du nouveau commissaire pour se conformer aux accords de Paris ?

La Commission proposera la première « Loi Climatique » européenne d’ici mars 2020 pour inscrire l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050 dans la législation.
D’ici l’été 2020, la Commission présentera un plan visant à porter de manière responsable l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE pour 2030 à au moins 50% et à 55% par rapport aux niveaux de 1990. Pour réaliser ces réductions supplémentaires des émissions de GES, la Commission, d’ici juin 2021, examinera et proposera également de revoir, si nécessaire, tous les instruments politiques liés au climat. Cela comprendra le système d’échange de quotas d’émission, y compris une éventuelle extension du système d’échange de quotas d’émission européen à de nouveaux secteurs. Cela comprendra également les objectifs des États membres visant à réduire les émissions dans les secteurs en dehors du système d’échange de quotas d’émission, ainsi que la réglementation sur l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie. La Commission proposera de modifier la loi sur le climat pour l’actualiser et ainsi la mettre à jour.
La durabilité doit également être intégrée dans toutes les politiques de l’UE, car nous devons également prêter attention à la cohérence et aux synergies entre nos différentes actions. Il faut que tous les secteurs, y compris l’énergie, les transports et l’agriculture, contribuent à l’objectif de neutralité climatique.

 

Quel sera votre rôle pour soutenir la politique développée par la nouvelle commission ?

Mon travail en tant que directeur général de la DG Environnement est de soutenir pleinement le commissaire Sinkevičius dans la mise en œuvre de l’Accord Vert Européen en réduisant les émissions, en protégeant la biodiversité, en améliorant la santé de nos citoyens et en garantissant la durabilité de notre économie. La DG Environnement effectuera la recherche, rédigera des propositions et négociera avec d’autres institutions et États membres. Nous serons également en contact étroit avec les États membres pour nous assurer que la législation adoptée est pleinement conforme à ce qui est requis et est effectivement appliquer sur le terrain.
En outre, il m’appartient de veiller à ce que les préoccupations environnementales soient prises en compte dans d’autres domaines politiques tels que le climat, l’énergie, l’agriculture, l’océan, les transports, la recherche et le commerce. À cette fin, je participe aux propositions politiques formulées par d’autres services de la Commission.

Spread the news