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M. Markus BEYRER

Directeur Général de BUSINESS EUROPE

Markus J. Beyrer

“We must now look outward, to ensure that Europe becomes more competitive on the world stage in order to create the prosperity that businesses and citizens aspire to.”

 

 

Quel rôle pour les entreprises européennes dans la transition énergétique ?

Le monde de l’entreprise joue bien évidemment un rôle central. Tous les acteurs industriels et entrepreneuriaux sont mobilisés, qu’il s’agisse des producteurs d’énergie, mais également des entreprises « énergivores » ou encore celles qui développent des nouvelles technologies ou services par exemple pour réduire la consommation d’énergie. D’une manière générale, les entreprises sont de plus en plus conscientes de leurs propres responsabilités à produire et consommer l’énergie de manière plus efficace, notamment pour répondre à l’enjeu mondial qu’est le changement climatique. Et même si les défis actuels auxquels l’Europe doit faire face sont nombreux, la question de la transition énergétique et climatique revient très régulièrement lors de mes rencontres avec des responsables d’entreprises à travers toute l’Europe.

 

Comment concilier compétitivité et transition énergétique ?

C’est en effet une équation délicate, qui fait l’objet de nombreuses discussions au niveau européen et qu’il n’est pas simple de résoudre. Si une politique européenne énergétique et climatique ambitieuse est nécessaire, elle engendre également des contraintes et des coûts importants, notamment pour les entreprises. Si les entreprises de pays tiers comme les Etats-Unis, la Chine ou la Russie ne sont pas soumises aux mêmes normes, cela affaibli la compétitivité des entreprises européennes engagées sur un marché mondial de plus en plus concurrentiel. On le voit par exemple à travers le prix de l’électricité qui a augmenté, en moyenne, de 18% en Union européenne entre 2008 et 2015 et qui est aujourd’hui plus élevé qu’aux Etats-Unis, qu’en Russie ou qu’en Corée du Sud. Cette situation impacte la compétitivité des entreprises européennes énergivores. Résoudre l’équation n’est donc pas simple, mais des solutions existent. Il faut par exemple aller vers plus de cohérence dans certaines politiques européennes pour éviter les surcoûts liés au millefeuilles législatifs. Il faut également convaincre les pays tiers d’aligner leurs ambitions climatiques avec celle de l’Europe car la réponse doit être globale. Enfin, il faut une politique « ultra » ambitieuse en matière de recherche et d’innovation. Avec un marché mondial des technologies bas carbone qui devrait atteindre entre 1000 et 2000 milliards d’euros en 2030, les entreprises européennes innovantes sont en pôle position.

 

Mise en œuvre de l’accord de Paris, où en est-on ?

Tout d’abord l’accord de Paris est un bon accord. BusinessEurope qui suit depuis de très nombreuses années les négociations climatiques internationales s’est fortement mobilisé en amont pour exprimer le soutient de l’industrie européenne à un accord ambitieux. Et nous avons salué l’accord dès le 12 décembre 2015. Malheureusement, les progrès sur sa mise en œuvre sont mitigés. Il y a tout d’abord le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris. C’est une décision que l’on regrette fortement car l’accord de 2015 avait enfin permis de définir un cadre pour que tous les pays avancent dans la même direction. Le retrait des Etats-Unis pose évidemment la question de notre capacité collective à atteindre l’objectif de 1,5-2°C. Il est néanmoins essentiel que tous les (autres) pays restent mobilisés. L’autre point inquiétant concerne les difficultés à trouver un accord sur le « rulebook ». Ce document doit définir des règles du jeu communes entre tous les pays signataires pour mettre en œuvre l’accord. Les négociations durent déjà depuis environ deux ans et on voit qu’il y a encore des points de tensions. Par exemple, sur les règles de transparence pour les émissions de CO2 et comment les comptabiliser. Ces règles du jeu communes sont importantes pour créer de la confiance entre les pays, mais également pour les entreprises car plusieurs dispositions les concernent directement comme par exemple la mise en place de marché carbone. Il est essentiel que les négociations aboutissent au plus tard à la COP24 en Pologne à la fin de l’année.

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