Retrouvez-nous sur :

M. Yvon Peurou

président du pôle de compétitivité ID4CAR

JGDE. Vous présidez le pôle de compétitivité ID4CAR dédié à la R&D dans le secteur automobile et les services de mobilité. Quelles sont ses missions ?

Yvon Peurou. Fondé il y a plus de 10 ans, iD4CAR vise à stimuler et renforcer la compétitivité des acteurs des marchés véhicules et mobilités situés en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Les deux régions, avec l’Etat, ont été des partenaires forts qui croient en notre stratégie. C’est ainsi que nous pouvons proposer à nos 320 membres une offre de service articulée autour de l’innovation, des marchés et de la performance industrielle.

Concrètement, nous aidons nos membres à établir leur stratégie, à structurer leurs projets R&D, à identifier des financements et à nouer des partenariats technologiques. 140 projets ont déjà été concrétisés, soit un investissement R&D de plus de 310 M€.

Nous les accompagnons également pour déceler et activer des opportunités d’affaires. Nous présentons les tendances des marchés, assurons des mises en relation B2B et organisons des missions export. Pour exemple, sur les 3 dernières années, la majorité de nos membres PME ont augmenté leur chiffre d’affaires de 20 à 80% !

Enfin, nous apportons un appui à la modernisation des outils de production ainsi qu’à la mutualisation de compétences RH et des achats.

JGDE. L’industrie automobile est présente dans d’autres territoires, en France et à l’étranger. Qu’est-ce qui caractérise le Grand Ouest ?

YP. Ce qui est remarquable, c’est son hétérogénéité et sa vitalité. On retrouve les grands constructeurs et une trentaine d’équipementiers, mais on bénéficie aussi de la présence de constructeurs de véhicules spécifiques : véhicules de secours, caravanning, carrossiers-constructeurs, véhicules blindés… Nous avons aussi plus de 100 agroéquipementiers, et le territoire se place comme le premier producteur et utilisateur d’engins roulants à l’échelle nationale.

Concernant les services de mobilité, le grand ouest jouit d’une expertise historique en matière de technologies télécom et un investissement précoce dans les objets connectés. Cet ensemble technologique associé à la capacité d’expérimentations de nos territoires fait un axe d’excellence et surtout stratégique.

JGDE. Quels domaines d’activités stratégiques couvrez-vous ?

YP. Nous couvrons quatre domaines d’activités stratégiques qui sont représentatifs de nos communautés d’acteurs et apportant des solutions collectives à des problématiques transverses :

  • les « matériaux des véhicules », capable de répondre aux enjeux d’allégement, d’écoconception, …
  • les « systèmes embarqués », pour développer de nouvelles fonctionnalités sur les architectures électrique et électronique, les interfaces véhicules, la commande et la sûreté ;
  • les « véhicules, usages et industrialisation », pour faire émerger de nouvelles architectures de véhicules, des modules innovants et concevoir l’usine du futur ;
  • les « TIC au service de la mobilité », pour améliorer et sécuriser les infrastructures, déployer des solutions énergétiques et optimiser les déplacements.

JGDE. Auriez-vous quelques exemples de projets aboutis ?

YP. Oui, bien sûr ! Même si cela ne permettrait pas d’avoir une image complète du dynamisme de nos 320 membres. Je peux citer, par exemple, un projet porté par Autocruise, basé près de Brest, pour développer des systèmes radar haute performance et des applications d’aide à la conduite de véhicules. Aujourd’hui, 350 000 radars issus de ces développements sont en service, soit un chiffre d’affaires de 30 M€ en 2017. Et la capacité de production devrait tripler d’ici à 2020.

Dans un autre registre, je peux aussi évoquer un projet pour alléger les véhicules grâce à des matériaux composites et des robots de drapage. Il a permis à l’entreprise Coriolis Composites – spécialisée à l’origine dans l’aéronautique – de pénétrer le marché automobile, de nouer des partenariats avec de grands constructeurs et de s’ouvrir à l’international.

 

JGDE. Vous intervenez donc non seulement dans des projets touchant aux véhicules proprement dits, mais aussi dans des projets touchant aux services de mobilité. Comment percevez-vous l’évolution de ce marché ?

YP. L’avènement des NTIC ou de la géolocalisation a permis l’émergence d’une économie où il est possible de proposer et de valoriser des services : sièges libres pour un trajet, disponibilité d’un véhicule inutilisé, charge utile dans un camion…

L’information autour de la mobilité aussi se valorise avec les calculs d’itinéraires, la localisation de places de parking, la disponibilité des bornes de recharge, l’accessibilité aux personnalités à mobilité réduite ou l’optimisation des parcours d’une tournée logistique. Cette tendance va se renforcer à moyen terme avec l’apport de plusieurs ruptures technologiques, telles que le véhicule autonome ou l’infrastructure intelligente et connectée.

JGDE. Vous travaillez aussi sur l’usine du futur. Comment l’imaginez-vous ?

YP. La performance de l’outil industriel est un levier de compétitivité puissant. Avec les entreprises et académiques du territoire, nous souhaitons répondre aux contraintes classiques de l’industrie automobile (fortes cadences, haut taux de service, coûts unitaires très bas) tout en prenant en compte les évolutions du marché (personnalisation, montée en gamme, nouveaux matériaux et réduction des émissions de CO2). C’est dans cet esprit que la plate-forme d’innovation industrielle EXELCAR a été créée sous l’impulsion d’ID4CAR, à proximité de l’usine PSA Rennes.

Dans un autre registre, la connectivité et le big data permettent d’optimiser le rendement des machines, la réalité augmentée d’améliorer la formation des opérateurs, la robotique de mettre en œuvre des procédés complexes, la fabrication additive de créer des prototypes et des petites séries,… Une usine pilote, en Bretagne, utilise déjà ces technologies et nous livrera rapidement de premiers enseignements. A terme, c’est toute la filière régionale qui pourra opérer sa mutation vers l’usine 4.0 qui sera agile, respectueuse, efficace et créatrice d’emplois.

JGDE. Vous avez obtenu le label Gold décerné par l’European Cluster Excellence Initiative. Quelles sont vos actions européennes et internationales ?

YP. Nous relayons des appels à projets, participons à des groupes de travail avec la Commission Européenne, assurons le lien avec les associations représentatives à Bruxelles et suivons l’évolution des programmes cadres.

Avec Business France et les autres pôles automobiles français, nous organisons des missions pour développer des partenariats technologiques. Nous proposons aussi à nos membres des missions « business » et des rendez-vous d‘affaires dans les salons et congrès internationaux (ITS, Electric Vehicles, MOVIN’ON). Enfin, nous faisons la promotion du territoire pour attirer des investisseurs et des partenaires.

 

JGDE. Vous êtes également engagés dans le programme européen Horizon 2020 (H2020) à travers le projet SMALL 2. Pouvez-vous nous en parler ?

YP. En 2016, dans le cadre du programme SMALL 2 qui est notamment ciblé sur les usages du big data, ID4CAR a effectivement accompagné le développement d’une start-up sur le marché de la mobilité en France et en Italie. Nous avons aussi participé à un autre projet H2020, à savoir le projet COEXIST (2017-2019) qui étudie l’évolution de la gestion prévisionnelle du trafic dans les villes et la façon d’y intégrer les véhicules autonomes pour créer des infrastructures adaptées. Cela nous apporte des connaissances sur les technologies et usages du futur, que nous diffuserons à nos membres pour leur permettre de se positionner et de prendre un temps d’avance sur leurs concurrents.

 

Pôle iD4CAR
Technocampus EMC²
ZI du Chaffault, Chemin du Chaffault
44340 Bouguenais, France
www.id4car.org

 

Spread the news