La Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement en Île-de-France (DRIHL) a été créée en 2010 afin de construire et rénover des logements pour tous et de lutter contre l’habitat indigne. En 2015, dans le cadre d’un dossier des Cahiers d’Administration consacré au logement social en Île-de-France, Jean-Martin Delorme dresse un bilan et les perspectives en la matière, notamment au travers du Grand Paris.
Pouvez-vous présenter la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement ? Quelles sont ses missions ?

La DRIHL a été créée par décret du 25 juin 2010. Sa création manifeste la volonté de l’État d’adapter ses réponses dans le domaine de l’hébergement et du logement à la situation particulière de l’Île-de-France. Notre action s’inscrit dans une stratégie partagée avec
l’ensemble des partenaires, publics, associatifs et privés, et elle est fondée sur deux principes.
Tout d’abord, construire et rénover des logements pour tous. Pour accroître la production et ainsi réduire la pénurie, notamment pour les ménages les plus pauvres, la DRIHL gère le budget en faveur du développement et de l’amélioration de l’offre en Île-de-France.
Elle gère également les crédits de l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah) pour les aides à l’habitat privé. Dans le cadre du Grand Paris, elle travaille, en partenariat avec la Direction régionale et interdépartementale
de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France (DRIEA) à la définition des objectifs de logement sur les territoires concernés. Afin d’améliorer la vie des ménages déjà logés, elle met en œuvre la rénovation urbaine. Pour le parc privé, elle pilote le Programme de rénovation énergétique de l’habitat. Elle a également mis en place une stratégie régionale de lutte contre l’habitat indigne.
Notre second principe est de mettre à l’abri, d’héberger et de loger les plus démunis. Il s’agit de leur permettre d’être aidés en cas d’urgence et de veiller à leur orientation vers les structures les plus adaptées à leur situation.
On constate une très forte augmentation des demandes d’hébergement, et l’État héberge aujourd’hui chaque nuit 63 000 personnes en Île-de-France, dont la moitié dans des hôtels. Afin de favoriser l’accès au logement des personnes démunies, la DRIHL met en place des passerelles entre les services en charge de l’hébergement et ceux qui gèrent l’accès des ménages à l’habitat social ou aux dispositifs transitoires. Nous sommes en charge des dossiers de relogement des ménages DALO (droit au logement opposable).
Pouvez-vous dresser un bilan de vos activités depuis la création de la DRIHL en 2010 ?
Il serait trop long de faire ici la liste des projets menés par les équipes de la DRIHL, auxquelles je tiens à rendre ici hommage. Nos principaux efforts ont consisté à structurer et à professionnaliser le secteur de l’hébergement d’urgence et d’insertion, en mettant en œuvre les services intégrés d’accueil et d’orientation qui, dans chaque département, orientent les personnes vers les structures adaptées à leurs besoins et initient un parcours pouvant les conduire vers le logement.
Nous mettons également en place un accompagnement social pour les familles hébergées à l’hôtel afin de garantir leur parcours d’insertion et augmentons le relogement des ménages qui est déclaré prioritaire et urgent par les commissions de médiation DALO, en modernisant la gestion et le traitement des dossiers pour raccourcir les délais, en mobilisant le parc de logements sociaux du contingent préfectoral réservé pour les mal-logés et en convainquant les autres réservataires de s’acquitter de leurs obligations de relogement.
Nous instaurons des parcours d’accès à l’habitat, notamment par le développement de l’intermédiation locative, mais aussi par la mobilisation de places de logements adaptés et accompagnons les objectifs de construction dans le cadre du Grand Paris afin d’atteindre chaque année le pourcentage de 30 % de nouveaux logements sociaux fixés par le SDRIF. La DRIHL a un site Internet facilement identifiable dans un moteur de recherche et j’invite vos lecteurs à le regarder s’ils souhaitent plus d’ informations sur notre action.
Pouvez-vous dresser un état des lieux du logement social en Île-de-France ?
On dénombre dans la région 1 191 500 logements locatifs sociaux, soit 27 % du parc social français. Ce parc représente 23 % des résidences principales et accueille 24 % des ménages franciliens, soit près de 3 millions de personnes. La part de logements neufs est devenue très majoritaire en 2013, puisqu’elle représente 80 % du total.
91 200 logements locatifs sociaux ont été proposés à la location en 2012 dont 75 000 remis en location et 16 200 mis en service. Le taux de rotation dans le parc social francilien est de 6,4% et 33 % des ménages y habitant bénéficient d’une aide au logement.
Le nombre de demandeurs de logement social s’élève à 550 000 (dont près d’un tiers sont des ménages déjà locataires du parc HLM) ; 65 % des recours DALO se situent en Île-de-France.
Pouvez-vous présenter des contrats de développement territo- rial (CDT) et leur impact en matière de logement ?
Les contrats de développement territorial résultent de la loi Grand Paris. Ils sont fondés sur un projet de développement économique et urbain coélaboré par les collectivités locales et l’État et définissent « … les objectifs et les priorités en matière d’urbanisme, de logement, de transports, de déplacements et de lutte contre l’étalement urbain, d’équipement commercial, de développement économique, sportif et culturel, de protection des espaces naturels, agricoles et forestiers et des paysages et des ressources naturelles.» En matière de logement, la loi précise que les CDT « participent à l’objectif de construire chaque année 70000 logements géographiquement et socialement adaptés en Île-de-France… ».
Les périmètres des CDT résultent d’une démarche volontaire de la part des collectivités concernées et chaque contrat recouvre un bassin de vie important.
Pour les quinze contrats validés, la production annuelle de logements attendus représente, à terme, environ 25 000, soit 36 % de l’objectif régional de 70 000.
Quels sont vos priorités et projets pour les prochains mois ?
Dans les mois qui viennent, la DRIHL sera mobilisée par plusieurs sujets, notamment la contribution à la mise en œuvre de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPTAM) du 27 janvier 2014, et notamment du Comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH) qui sera co-présidé avec le Conseil régional.
Dans ce cadre, il s’agira pour nous de rédiger le diagnostic qui devra précéder l’élaboration du schéma régional de l’habitat et de l’hébergement. Ce document, qui devra être partagé par l’ensemble des partenaires siégeant au CRHH, notamment la Métropole du Grand Paris, est déterminant pour la gouvernance des politiques publiques, puisqu’il fixe non seulement les objectifs à atteindre, mais aussi leur déclinaison territoriale. Il doit également contenir les modalités de suivi et d’évaluation des actions conduites.
Dans le cadre du CRHH, nous mettrons également en œuvre, sur instruction de la ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité, le plan DALO spécifique à l’Île-de- France. Nous nous attacherons également à poursuivre les démarches engagées afin d’ améliorer les conditions d’accueil et d’accompagnement social des familles hébergées à l’hôtel. Enfin, nous renforcerons l’action conduite en direction des élus en faveur du développement de l’offre de logements, en leur démontrant la réalité de l’adage « maire bâtisseur, maire réélu » les chiffres le montrent !