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L’ADEME ÎLE-DE-FRANCE, pour un Grand Paris acteur de la transition énergétique

Entretien avec Joëlle Colosio, Directrice Régionale Île-de-France de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME)

Parce que les enjeux en termes d’efficacité énergétique et environnementale de la Métropole ne peuvent être relevés qu’avec la coopération pleine et entière des acteurs concernés, collectivités locales et particuliers compris, la Direction Régionale Île-de-France de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) favorise les performances de chacun, à travers des actions transversales.

Quels sont les enjeux aux-quels l’ADEME doit permettre de répondre sur le territoire métropolitain du Grand Paris ?

Joëlle Colosio

Le territoire du Grand Paris rassemble l’ensemble des potentiels sur lesquels l’ADEME est amenée à travailler dans le cadre des actions que nous conduisons pour accompagner les territoires dans la mise en œuvre de la transition énergétique. Nos actions s’articulent autour de trois grands axes.

Premier axe: l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables, car l’Île-de-France, dépendante à 90% de son approvisionnement énergétique, constitue un important importateur de ressources. D’où notre politique incitative à la recherche d’efficiences, dans le sens de la sobriété, et notre objectif de faire progresser la part des usages des énergies renouvelables dans le mix énergétique francilien. Sur le Grand Paris, il importe de prioriser les énergies renouvelables, toutes n’ayant pas en effet la même valeur sur ce territoire. La géothermie profonde, puissante ressource locale, mérite d’être privilégiée sur les zones où elle est disponible. En 2014, nous avons accompagné quatre opérations de géothermie profonde, soit 24 108 équivalent logements raccordés et 52 082 tonnes de C02 évitées. Dernièrement, la commune de Villejuif s’est engagée dans le forage d’un nouveau puits, la centrale géothermique allant alimenter son réseau de chaleur urbain. Nous poursuivons et amplifions cette priorisation en fonction des lieux, tout en travaillant sur le potentiel d’énergies fatales, dites encore énergies de récupération, qui doit être la première ressource à mobiliser. Nous nous efforçons ainsi d’intervenir le plus en amont des projets. Pour ce faire, nous mettons à disposition des collectivités notre outil « EnR’Choix ». Il permet de poser un diagnostic et de les accompagner dans l’élaboration de leurs schémas stratégiques de développement énergétique à partir d’énergies renouvelables. A cet égard, la gestion du fonds chaleur constitue un levier d’action important pour nous permettre de substituer les énergies fossiles par les énergies renouvelables, en rendant celles-ci compétitives par rapport aux énergies fossiles.

Notre deuxième axe d’intervention vise les villes et les territoires durables, intervention se déclinant à différents niveaux. Nous favorisons les démarches intégrées d’aménagement et de mobilité. Nous accompagnons des projets de construction et de rénovation du bâti exemplaires en matière d’efficacité énergétique car le bâti consomme 36 % d’énergie en France. L’ADEME travaille également sur les changements de comportement, notamment en matière de mobilité durable, dans l’objectif de recentrer la ville sur la ville, ce qui nous conduit à accompagner des projets de reconversion de friches urbaines exemplaires et d’initier des expérimentations en matière de nouvelles mobilités. Nous nous appuyons sur nos relais que sont les Points Rénovation Info Service et, également, sur des chargés de mission dans les collectivités, certaines d’entre elles se regroupant pour mettre à disposition des administrés un conseiller en énergie partagé (Voir publication ci-dessous disponible sur demande). Par ailleurs, en 2015, près d’une quarantaine de collectivités franciliennes s’engageront dans des projets de territoires à énergie positive pour la croissance verte ; plusieurs d’entre elles sont sur le territoire métropolitain du Grand Paris.

Enfin, troisième axe, et non des moindres: l’ancrage de l’économie circulaire, le Grand Paris constituant un réel creuset puisqu’il génèrera 40 millions de tonnes de déchets de chantier supplémentaire sur dix ans.

Comment contribuez-vous à déployer l’économie circulaire sur le Grand Paris ?

Le secteur du BTP génère une part très importante de déchets. Il s’agira de travailler sur l’ensemble de la palette que l’on peut définir comme œuvrant à la mise en place de l’économie circulaire. Cette palette comprend entre autres l’éco-conception, l’économie de la fonctionnalité, l’écologie industrielle territoriale, les changements de comportements, la prévention des déchets. Il s’agit d’un cercle vertueux centré sur l’approche « cycle de vie » privilégiant l’approche systémique dans une dynamique de préservation des ressources. Par exemple, dans le cas des chantiers du Grand Paris, au-delà du recyclage des déchets, l’innovation portera sur la réutilisation et le remploi des matériaux dans la construction afin d’en augmenter leur durée de vie.

Il s’agit là d’une économie réellement vertueuse puisqu’elle crée de l’emploi local et favorise la modification des comportements, sans compter la création de dynamiques nouvelles entre entreprises et collectivités.

Quelles offres d’accompagnement proposez-vous aux collectivités pour bâtir durablement ?

L’impulsion est donnée par les appels à projets que nous lançons tout au long de l’année pour voir la réalisation de projets précurseurs. La sélection des lauréats est faite par des jurys auxquels participent les services de l’Etat, la Région, souvent co-lanceur et co-financeur des appels à projets, et des experts du domaine.

Pour les particuliers, notre action, plus indirecte, s’amplifie au travers de nos Points Rénovation Info Service, qui s’appuient également sur les plateformes locales de la rénovation énergétique ; de nouvelles structures d’accompagnement de A à Z des particuliers. Deux de ces plateformes à l’échelle de département sont en fonctionnement dans l’Essonne et en Seine-Saint-Denis et une prochaine verra le jour très prochainement sur Paris. Il s’agit là d’un enjeu fort pour démultiplier le nombre de rénovations énergétiques de bâtiment, dont plus de 60% sont en copropriété sur le Grand Paris. En ce sens, l’outil «CoachCopro®» favorise la réussite du projet de rénovation par les copropriétaires.

Quels sont vos challenges pour 2015, année charnière en termes d’adaptation au changement climatique, avec notamment la tenue de la conférence Paris Climat COP 21 ?

La signature du Contrat de Plan État-Région 2015-2020, dont le volet transition énergétique et écologique constitue un axe fort pour les six prochaines années, permettra le démarrage d’un nouveau cycle de réalisations majeur. Le rythme de rénovation du bâti sera accéléré avec des actions ciblées en ce sens. Nous commencerons par ailleurs à engager des actions en matière d’écologie industrielle et territoriale. Enfin, notre action portera sur l’accompagnement des territoires engagés dans une programmation « zéro gaspillage – zéro déchets ».

 

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