JGDE. Vous dirigez le pôle de compétitivité Images & Réseaux. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est un pôle de compétitivité et quelle est la spécificité du vôtre ?
Gérard Le Bihan. Les pôles depuis 2005 ont pour objectif majeur le développement économique d’un territoire (Bretagne et Pays de la Loire) sur une thématique donnée (le numérique et ses usages) au travers de la collaboration renforcée entre les acteurs industriels (grand groupe et PME) et académiques (laboratoires publics et écoles / universités). Nous sommes un catalyseur de cette collaboration au travers de nos actions de type usine à projets de R&D collaborative mais aussi de l’accompagnement vers l’usine à produit en subsidiarité avec les autres structures.
JGDE. Vous avez identifié six domaines d’excellence, pouvez-vous nous les présenter ?
GLB. Nous avons délibérément choisi des domaines mettant en avant nos compétences sur les technologies majeures du numérique. Notre territoire, singulièrement la Bretagne (2/3 de nos adhérents), a la chance de disposer sur tous ces domaines de forces industrielles et académiques de classe mondiale. Que ce soit sur les « Réseaux et Internet des objets » (avec la 5G, l’optique les objets connectés), le « Multimédia et le Big Data » (nouveaux formats d’images et de son, intelligence artificielle), la « confiance numérique » (Cyber sécurité), les « réalités mixtes » (réalité virtuelle / réalité augmentée…), le « logiciel » (systèmes d’information, embarqué, outils, nous disposons d’équipes de recherche et d’industriels de pointe. Nous avons rajouté une dimension plus « disruptive » avec « l’utilisateur producteur collaboratif », par anticipation à l’arrivée des plateformes collaboratives qui bouleverse les modèles économiques. Dans l’objectif de l’usine à produit et de notre vision d’une société numérique nous travaillons sur 4 marchés prioritaires mais non exclusifs en lien avec les S3 régionales : le territoire et la maison/bâtiment intelligents, l’e-santé, l’e-éducation.
JGDE. Le pôle est doté d’un Agenda 21 et d’un comité de pilotage Développement durable. Que vous apporte cette démarche ?
GLB. Notre réflexion Développement Durable nous a permis de travailler la dimension de projets de R&D avec la prise en compte de critères de labélisation. De vraies innovations ont émergé comme des projets autour du logiciel vert avec la création de startups. Sur la dimension sociétale, nous avons pu alimenter la réflexion stratégique (par exemple nos marchés prioritaires). Ainsi les Smart Grids (Réseaux électriques intelligents), cas d’usage des technologies numériques, sont devenus un axe de travail : implication dans l’interpole « Smart Grid French Cluster » (que je préside depuis 2 ans) et surtout présence dans le projet stratégique SMILE qui fait de nos régions le fer de lance des déploiements en vraie grandeur des solutions françaises SG. Pour le pôle, outre la reconnaissance des compétences, c’est un axe de développement et une affirmation d’un engagement sociétal. Sur la dimension RH, nous avons notamment contribué au montage de NUMERIFEMMES en Bretagne qui veut renforcer la place des femmes dans les métiers du numérique et contribuer à la formation des femmes à la digitalisation de leurs métiers.
JGDE. La dimension internationale n’est pas oubliée et vous relayez régulièrement des appels à projets permettant de déclencher des financements européens. Est-ce que vous proposez des outils d’accompagnement particuliers ?
GLB. Notre implication dans les plateformes technologiques sur les contenus (NEM) ou sur les réseaux (networld2020) nous permet d’influencer les futurs appels à projets. Avec les autres pôles bretons, une action spécifique d’accompagnement des PME vers les projets européens, « Croissance Europe » opérée par les technopoles, a été lancé en 2016 pour les sensibiliser et les préparer au programme Horizon 2020. Enfin, nous labélisons régulièrement des projets européens et apportons toute l’aide nécessaire à leur construction.
JGDE. Vous allez plus loin en encourageant l’ouverture à l’international et l’export. Quelles sont vos actions dans ce domaine ?
GLB. Nous nous appuyons sur nos relations avec des clusters en Europe et dans le monde et sur les structures d’accompagnement comme Bretagne Commerce International qui organise les missions régionales. Les pôles numériques définissent avec Business France et la DGE un plan annuel de missions ouvertes à nos adhérents. Nos 2 clubs internationaux par an nous permettent de faire le point marchés / technologies sur des régions du monde comme cette année le smart cities en Asie. Nous avons aussi des projets de coopération internationale avec des objectifs B2B comme ACTONS avec le Québec (croisement numérique/ santé).
JGDE. Images & Réseaux s’est doté d’un club « International » et d’un club « Développementéconomique ». Qui peut y adhérer et quels services proposez-vous ?
GLB. Tous nos adhérents sont membres de fait de ces clubs. Y participent aussi les structures d’accompagnement (par exemple pour l’international les acteurs tels que BCI ou les Conseillers Français du Commerce Extérieur). Ce club est un lieu d’échange et d’information sur les marchés. Pour le club de développement économique, nous associons des « partenaires », cabinets d’accompagnement validés par nos administrateurs PME et les technopoles, qui, au travers d’une offre prémium pour nos adhérents, les aident dans leur développement.
JGDE. Pouvez-vous nous présenter quelques succès stories du pôle ?
GLB. Il y en a bien sûr beaucoup à commencer par les 21 startups issues des plus de 260 projets terminés. Je citerais Télécom santé qui a su au travers de son adhésion bénéficier d’une palette complète des services du pôle : projets collaboratifs « PME », accès aux marchés public du club « dev éco », Pass french Tech en 2015 renouvelé en 2016. Autre exemple d’une ETI bretonne, MVG, qui a développé une diversification vers les terminaux 4G pour des navires grâce à un projet FUI. Dans le domaine du traitement de média, le projet 4EVER a fait avancer les standards internationaux dans le domaine du codage d’image.
JGDE. Le pôle est opérateur du Grand Ouest pour la French Tech. En quoi cela consiste-t-il ?
GLB. Nous opérons ce Pass pour les 7 French Tech du territoire pour identifier et accompagner des entreprises en hyper croissance dans les secteurs du numérique ou l’industrie de façon premium vers les services de 5 partenaires publics du dispositif. I&R organise la sélection des PME avec un jury d’experts et aide à élaborer avec les partenaires un plan d’action d’un an pour permettre aux startups / PME d’amplifier encore leur dynamique.