JGDE. Messieurs BIZIEN et ROUÉ, vous co-présidez le GIE Eleveurs de Porcs en France qui regroupe Aveltis et Prestor, cette union fait de vous l’un des leaders du marché. Quelles sont vos missions et vos ambitions ?
L’atomisation des forces de vente à la sortie des élevages de porcs est un handicap auquel il fallait remédier. C’est pourquoi Aveltis et Prestor ont choisi de regrouper leurs forces au sein du GIE Éleveurs de Porcs en France. Le but affiché étant de mieux répondre aux attentes de nos clients les abattoirs et de mieux organiser la mise en marché afin d’obtenir le prix juste. En étant l’acteur principal du Marché du Porc Breton, nous participons à l’élaboration du prix public, gage d’équité entre les éleveurs.
Nous encourageons les liaisons contractuelles entre les éleveurs et les abattoirs. Ces contrats novateurs permettent de lisser la trésorerie des élevages dans un marché volatil comme celui du porc et des matières premières.
Nous ambitionnons de servir au mieux les intérêts de nos adhérents éleveurs qui sont des entrepreneurs ambitieux qui veulent que les couleurs de la Bretagne soient portées le plus haut possible.
JGDE. Le fait régional pour la construction de l’Europe n’exclut en rien ni la concurrence ni la compétitivité. Dans le cadre d’une réglementation omniprésente, comment appréhendez-vous une économie de marché de plus en plus libérale et souvent à maturité ?
Le combat quotidien du chef d’entreprise, c’est son prix de revient. C’est aussi celui d’Eleveurs de Porcs en France.
Dans la filière porcine, on pourrait imaginer que l’Europe après 70 ans d’existence de la PAC soit parvenue à harmoniser ses règles fiscales, sociales, environnementales et sociétales entre l’ensemble des pays membres. À ce stade, il n’en est rien.
La Bretagne est et doit rester en pointe pour le combat de l’harmonisation des règles européennes. L’agriculture, c’est le socle de notre économie, c’est notre combat permanent et celui de nos instances agricoles et politiques. Aujourd’hui, les marchés sont presque tous à maturité et malgré les prévisions de l’OCDE qui voient la consommation de viande augmenter de 50 % d’ici à 2050, on sait que la capacité à produire suivra dans le monde entier.
On se doit donc de se battre pour garder notre place sur le marché export.
JGDE. La géopolitique et les incidences sur le développement de vos marchés. Comment améliorer vos positions ?
Nous ne sommes jamais à l’abri de grosses surprises. Par exemple, l’apparition de la peste porcine africaine dans certains pays de l’Est de l’UE a été catastrophique car immédiatement les portes du marché russe se sont fermées pour l’ensemble du commerce de l’UE. Cet épisode qui aurait dû se régler en appliquant simplement le protocole sanitaire qui régit les relations commerciales UE Russie, s’est vu pollué par l’embargo général mis en place après le problème avec la Crimée.
Les autorités sanitaires européennes et russes n’ont jamais trouvé un consensus acceptable. Ce ne sont pas les problèmes techniques qui coincent, mais bien les intérêts géopolitiques.
Nous avons le sentiment d’être les victimes collatérales de dossiers qui nous dépassent car guidés par de la géo stratégie aux enjeux autant politiques qu’économiques. L’Europe doit être unie pour faire face ensemble aux enjeux du commerce de demain, qu’ils se situent sur le continent américain ou sur le vaste marché asiatique.
En effet, dans la conquête de l’immense marché chinois rien ne devrait nous diviser à l’échelle européenne, de la France et de notre région. Les problèmes régaliens doivent être remisés. Nos compétiteurs américains ne s’encombrent pas beaucoup de philosophie quand il s’agit de faire du business.
Pour ce qui concerne notre GIE Eleveurs de Porc en France, nous sommes convaincus que l’union fait la force.