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Comité Stratégique de filières

Une coopération publique/privée inédite tournée vers le résultat

À l’heure où Édouard Philippe a assigné au CNI (Conseil national de l’industrie) la mission de relever les enjeux de réindustrialisation et de numérisation pour restaurer la compétitivité de l’industrie française (qui a perdu 1,5 million d’emplois en dix ans), les comités stratégiques de filière (CSF) doivent identifier les enjeux clés de chaque filière. 16 comités stratégiques de filière sont désormais validés par le Premier ministre. Parmi les six qui l’ont été le 28 mai dernier figure le Comité de la filière « Industries pour la construction » porté par l’AIMCC (association des industries de matériaux et composants de construction) et fortement soutenu par l’UNICEM et la filière béton. Mise en perspective du rôle et des enjeux de ce comité stratégique par Hugues Vérité, délégué général de l’AIMCC.

 

 

Entretien avec Hugues Vérité, délégué général de l’AIMCC

À quels enjeux répondent les comités stratégiques de filière ?

Hugues Vérité : Le comité stratégique de filière répond aux enjeux macroéconomiques du Gouvernement, en déclinant les objectifs actuellement décidés et approuvés dans le cadre des lois. L’idée est d’élaborer des projets structurants très opérationnels qui rassemblent des industriels en vue de faire muter un secteur ou plusieurs secteurs, dans une dynamique de compétitivité.

Comment sont organisé chacun des comités stratégiques ?

H. V. : Les comités stratégiques de filières doivent pouvoir associer des industriels dans une gouvernance très resserrée. Cette gouvernance implique un reporting du CSF vis-à-vis du ministre chargé des comités stratégiques des filières, le ministre de l’Économie. Le tout sous couvert de Matignon, qui souhaite que ces projets structurants soient visibles de manière opérationnelle, très rapidement, pour démontrer à nos investisseurs et aux acteurs étrangers partenaires que la France est dans un mouvement positif vis-à-vis de l’industrie. La notion la plus forte, c’est le projet structurant opérationnel démontrant que l’industrie française est innovante, en mouvement et capable d’adresser des problématiques de différenciation de l’offre française vis-à-vis de la mondialisation, tant en défensif qu’en offensif.

S’ouvre aujourd’hui une manière de créer de la politique publique à plusieurs dimensions en associant prioritairement les industriels.

Quelle est, plus spécifiquement, la feuille de route du comité stratégique de filière « Industries pour la construction » ?

H. V. : Dans le cadre de sa mission, le CSF « Industries pour la construction » a défini six projets structurants qui visent à démontrer au Gouvernement français que nous sommes engagés dans l’économie circulaire, dans la numérisation de la filière, dans la « décarbonisation » de l’économie, et tout particulièrement de l’industrie amont vers notre filière aval.

À quoi s’ajoute une dimension internationale de promotion de notre savoir-faire autour de la ville durable et de l’économie circulaire, afin de favoriser l’exportation de nos expertises en la matière. Enfin, la spécificité du CSF étant d’associer les employeurs, État et partenaires sociaux, nous travaillerons sur un volet emploi/ formation et transition professionnelle à dresser avec les partenaires sociaux, et qui vise à mettre en adéquation offre et demande quand notre filière manque de plusieurs milliers d’emplois à court terme.

Quelles sont les prochaines étapes de cette feuille de route ?

H. V. : Nous sommes mobilisés sur l’élaboration d’un projet de contrat de filière très avancé d’ici la fin du mois de juillet pour viser la signature de ce qui pourrait être le premier contrat de filières « new génération » entre le Premier ministre, le ministre de l’Économie, le ministre de la Transition énergétique, le ministre de la Cohésion du territoire, la ministre du Travail et le président du CSF, le 10 septembre prochain.

Quelles en seront les conséquences pour les entreprises ?

H. V. : Les conséquences sont multiples. Premièrement, une visibilité accrue auprès des pouvoirs publics. C’est la reconnaissance que la construction est une industrie. Une reconnaissance d’autant plus symbolique que nous sommes au coeur d’une période de transition énergétique, écologique et environnementale.

Avec des impacts directs et indirects. Directs, parce que le fait d’être labellisé « filière stratégique » permet de présenter aux investisseurs une perspective stabilisée et fondée sur une confiance renforcée par cette vision de l’État. Cela signifie, par exemple, la possibilité d’avoir une mobilisation des cofinancements ou d’accéder à des financements de manière plus aisée pour l’ensemble des entreprises, qui peuvent se targuer d’être les acteurs d’une filière stratégique.

Indirectement, cela permet aussi d’être reconnu par nos partenaires européens comme étant en avance sur la manière de restructurer des secteurs industriels autour de la planification stratégique par l’État, et ce, d’un commun accord entre les industriels eux-mêmes. En termes de politique publique, il me semble que la France donne un ton. Celui de faire de la politique publique par une coopération publique/privée où l’État garde son rôle mais où il est demandé aux entreprises et aux représentants de salariés d’être plus dynamiques, plus créatifs et plus innovants. Dans un pays longtemps considéré comme centralisateur s’ouvre une manière de créer de la politique publique à plusieurs dimensions en associant prioritairement les industriels. C’est innovant et c’est une bonne nouvelle. Et les acteurs de la filière « matériaux de construction » ont su la saisir !

 

Article repris d’UNICEM MAG
Stratégie et Filière

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