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Déclaration du Président Karl-Heinz Lambertz

L’avenir de l’Europe dépend de ses régions et de ses villes

Alors que les dirigeants nationaux de l’Union européenne se réunissent aujourd’hui à l’occasion du Sommet européen de Sibiu, ils ont le devoir de proposer beaucoup plus que des paroles symboliques au sujet de la solidarité européenne. Il faudra notamment rappeler que l’euroscepticisme mû par le populisme ne peut pas constituer la réponse adéquate aux défis de la mondialisation, de la crise environnementale et de la persistance des inégalités. Nos dirigeants doivent pour cela proposer une vision d’Europe plus solidaire, plus démocratique, plus juste et plus durable, objectif qu’elle ne pourra atteindre qu’en travaillant avec ses régions et ses villes.

 

Car ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est bien la permanence du modèle européen qui combine un Etat providence, la solidarité et des valeurs communes de liberté, de démocratie et de l’état de droit. Dans ce contexte, les régions et les villes – et chacune de nos communautés! – sont un pilier central de notre démocratie. En effet, tous les niveaux de gouvernement – européen, national, local ou régional – ont une responsabilité partagée pour soutenir ces valeurs fondamentales. N’hésitons pas à nous appuyer sur le million d’élus locaux et régionaux européens pour protéger les valeurs de l’Union européenne.

Par ailleurs, malgré des taux d’emplois record en Europe, de trop fortes disparités territoriales subsistent encore, le taux de chômage des jeunes est inacceptable dans de nombreux pays et trop de gens ont du mal à joindre les deux bouts. Dès lors, il y a lieu de renforcer la dimension sociale de l’UE en plaçant les droits sociaux sur un pied d’égalité avec les droits économiques. Notre Union est bien plus que juste un marché commun. Et qu’il s’agisse du chômage des jeunes ou de l’intégration des migrants, les régions et les villes se trouvent encore en première ligne. L’initiative pour l’intégration du Comité européen des Régions est un exemple éloquent à cet égard qui démontre que, tandis que les gouvernements nationaux livrent bataille au sujet du nombre des migrants, les régions et les villes sont guidées par l’ouverture et le pragmatisme.

Notre monde se réchauffe, la biodiversité se dégrade et, si l’on n’agit pas rapidement, les conséquences seront incommensurables. Quelques Etats membres ont proposé récemment que l’Union européenne devienne «neutre en carbone» d’ici 2050, ce que le Comité européen des Régions, assemblée de 350 dirigeants locaux et régionaux de l’UE, appelle de ses vœux depuis 2015. Il suffit de rappeler la Convention des maires de l’Union, au sein de laquelle 7 500 collectivités locales et régionales ont convenu volontairement de dépasser les objectifs européens en matière de climat et d’énergie, pour prouver que l’ambition locale est un moteur de l’action mondiale en faveur du climat. La crise climatique ne pourra être surmontée qu’en travaillant à l’échelle de l’Union et en investissant aux niveaux régional et local afin de garantir que tous les territoires puissent effectuer cette transition.

L’Union européenne a autant besoin de ses territoires que ses régions et ses villes ont besoin de notre Union. Mais aucune ambition n’est envisageable sans des ressources ambitieuses. Partant, les États membres doivent suivre la proposition du Parlement européen et de notre Comité de doter l’Union d’un budget correspondant à 1,3 % du revenu national brut de l’UE. Ce budget devra soutenir la lutte contre les inégalités économiques, sociales et territoriales tout en ayant à cœur de mener la transition écologique. Le principal instrument pour arriver à ce résultat est la politique régionale de l’Union européenne – la politique de cohésion – qui est la seule politique européenne gérée en partenariat entre tous les niveaux de gouvernement et qui permet donc de répondre aux besoins des Européens là où ils se posent. Sans cohésion, il n’y a pas d’Union possible. C’est pourquoi, notre Comité a lancé l’Alliance pour la cohésion – soutenue aujourd’hui par plus de 12 000 signataires représentant 97% de la population européenne – qui défend une politique de cohésion représentant un tiers du budget de l’Union européenne pour l’ensemble des régions européennes.

La dernière pierre pour construire une Europe plus intégrée et effective est donc de mettre en place une nouvelle méthode de travail donnant aux territoires un plus grand rôle dans le processus décisionnel européen. Il s’agit d’assurer, pour de bon, la proximité de l’Europe avec les gens. Ce dispositif devra aussi être complété par une amélioration de la participation citoyenne au sein de l’UE, notamment à travers un système permanent de consultation des citoyens européens.

L’Union européenne, si elle veut montrer son unité, mieux répondre aux besoins de ses citoyens et veiller à ce que ses lois produisent des effets plus tangibles, a besoin de ses régions et de ses villes. Au moment où les citoyens vont voter pour décider du type d’Europe qu’ils souhaitent, l’UE doit proposer davantage que des mots: elle doit offrir une nouvelle vision qui transforme son mode de fonctionnement en faisant davantage entendre ses territoires. C’est son avenir qui est en jeu.

 

Le Comité européen des régions

Le Comité européen des régions est l’assemblée des représentants des pouvoirs locaux et régionaux des 28 États membres de l’Union européenne. Créé en 1994 à la suite de la signature du traité de Maastricht, il a pour mission d’associer les collectivités régionales et locales au processus décisionnel de l’UE et de les informer de ses politiques. Le Parlement européen, le Conseil et la Commission européenne le consultent à propos des politiques intéressant les régions et les villes. Pour siéger au Comité des régions, ses 350 membres et leurs 350 suppléants doivent tous être, dans leur région ou commune d’origine, soit titulaires d’un mandat électoral, soit politiquement responsables devant une assemblée élue.

 

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