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Mme. Ditte Juul Jørgensen

Directrice Générale de la DG Energie Commission Européenne (DG ENER)

Ditte Juul Jørgensen

Les enjeux de la politique énergétique européenne pour les cinq prochaines années

Une nouvelle Commission européenne, le gouvernement exécutif de l’Union européenne (UE), est entrée en fonction le 1er décembre 2019, présidée par Ursula von der Leyen. Pendant ce mandat de cinq ans, parmi les priorités politiques, une ressort avec clarté : celle de la lutte contre le changement climatique avec au premier plan les enjeux liés à la transition énergétique.

 

Pour devenir le premier continent climatiquement neutre au monde en 2050, l’Europe devra réduire ses émissions davantage, plus rapidement et de manière responsable, d’au moins 50%, voire 55%, d’ici 2030. Pour arriver à atteindre ces objectifs, la Commission vient de présenter un paquet de mesures globales et cohérentes, le Pacte Vert européen. Étant donné que la production et la consommation d’énergie représentent 75% des émissions de l’UE, il est clair que la politique énergétique européenne aura un rôle central à jouer dans ce Pacte.

En outre, il est primordial que les Européens aient accès à une énergie abordable, sécurisée, fiable et propre. L’inter-connectivité régionale, un marché de l’énergie plus performant ainsi que la recherche et l’innovation sont des aspects essentiels à aborder.

La nouvelle Commission se penchera sur la consolidation d’un marché européen de l’énergie intégré, interconnecté et fonctionnant de manière optimale. Cela contribuera à maintenir des prix bas pour les consommateurs, à augmenter la consommation d’énergie propre et à rendre l’approvisionnement en énergie plus fiable et sécurisé. Il faudra aussi mettre en œuvre toute la législation qui a été adoptée lors du dernier mandat, notamment sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables ainsi que sur le marché intérieur de l’électricité. Une étroite collaboration avec les États membres s’avère nécessaire, ne serait-ce que pour bien définir et mettre en œuvre leurs plans nationaux énergie-climat couvrant les différents secteurs énergétiques et climatiques de façon cohérente pour les dix prochains ans.

L’Europe a aussi reconnu l’importance du principe ‘l’efficacité énergétique d’abord’ et prépare les modalités de sa mise en œuvre. L’amélioration de la performance énergétique des bâtiments et l’accélération des taux de rénovation est une priorité dans ce contexte, compte tenu du potentiel significatif que cela représente dans la lutte contre le changement climatique, la relance de l’activité économique, l’amélioration de la qualité de vie et la diminution de la pauvreté énergétique.

Pour faire face aux besoins accrus en électricité, le potentiel des énergies renouvelables, en particulier offshore, devra continuer d’être exploité. Il s’agit de promouvoir un système électrique flexible et sûr, largement basé sur ces sources variables et d’accélérer le déploiement des énergies propres dans l’ensemble de l’économie. Ceci implique une inter-connectivité accrue et un stockage de l’énergie amélioré, notamment en ce qui concerne la technologie des batteries.

Pour déployer les investissements dans les énergies propres, nous devrons créer les incitations financières appropriées, notamment par le biais d’un nouveau plan d’investissement pour une Europe durable. Cela veut aussi dire investir dans les infrastructures manquantes de notre système énergétique, pour aider l’UE à atteindre son objectif d’interconnexion électrique et à développer davantage de coopération transfrontalière autour des installations et des réseaux d’énergie renouvelable.

Toutes ces politiques doivent toujours prendre en compte et accompagner les personnes les plus vulnérables et exposées à ces transformations, en veillant à ne laisser personne de côté. La Commission mettra en œuvre un nouveau Fonds de transition juste, qui veillera notamment à assister de façon ciblée les régions qui seront les plus touchées par la transition énergétique, telles que les régions charbonnières et les îles européennes.

Dans l’ensemble de nos politiques énergétiques, l’accent sera mis sur la nécessité de placer les consommateurs au cœur de notre système énergétique. Les nouvelles dispositions relatives à l’autoconsommation et aux communautés énergétiques citoyennes permettent aux consommateurs de jouer un rôle accru et direct dans le déploiement des énergies renouvelables et la transition énergétique en général.

Pour ce qui est de la pauvreté énergétique, il faut rappeler que plus de 50 millions de ménages européens n’ont pas les moyens de chauffer correctement leurs maisons. Une priorité sera d’aider les États membres à identifier les domaines qui nécessitent le plus d’aide, en faisant appel à l’Observatoire de la pauvreté énergétique.

La politique énergétique européenne devra aussi aborder la question d’une nouvelle taxe sur les émissions de carbone, ainsi que la révision de la directive sur la fiscalité de l’énergie afin de garantir sa conformité avec nos engagements climatiques. Dans le cadre des efforts plus larges visant à étendre le rôle international de l’euro, nous nous pencherons sur les moyens possibles pour amplifier considérablement l’utilisation de l’euro sur les marchés de l’énergie, étant donné que l’UE est le plus gros importateur d’énergie au monde mais qu’environ 85% de nos importations sont actuellement payées en dollars.

Le gaz continuera à avoir un rôle à jouer en tant que source énergétique de transition vers une économie neutre en carbone, tout en visant à sa décarbonisation progressive grâce au déploiement des gaz renouvelables et à basse intensité de carbone. Quant à l’énergie nucléaire, nous continuerons à nous concentrer sur le renforcement de la sûreté des centrales nucléaires en Europe et à poursuivre le déclassement nucléaire des vielles installations en cours.

Pour conclure, il est clair que le Pacte Vert pour l’Europe est un impératif pour la santé de notre planète et de nos citoyens, mais aussi pour notre économie. Ce Pacte constitue la nouvelle stratégie de croissance de l’Europe, qui aidera à réduire les émissions tout en créant des emplois. Et la politique énergétique européenne est sans doute au cœur de cette nouvelle révolution.

 

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