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Mme Sirpa Pietikäinen

Députée Européenne, co-rapporteur du rapport d'établissement d'un cadre pour faciliter l'investissement durable

Plenary session week 11 2017 in Strasbourg – Circular economy

Ce qui importe sont les décisions que nous devons prendre dans le présent, parce que demain il sera trop tard !

Alors que l’UE a pour but de définir des critères d’activités économiques durables, elle doit pouvoir couvrir tous les secteurs.
Cette année, la Business Roundtable des États-Unis a redéfini leur « déclaration d’intention » pour les entreprises comme servant non seulement l’intérêt financier des actionnaires, mais de l’ensemble des parties prenantes.
Pendant des décennies, le principe fondamental a été la primauté des actionnaires. Cette mise à jour, signée par 181 PDG, met l’accent sur le passage à des normes modernes de gouvernance d’entreprise où la durabilité est une exigence fondamentale.
Ça représente un progrès notable dans une juridiction où le changement est dirigé par les entreprises et la société plutôt que par un leadership politique.

En Europe, l’évaluation des conséquences pour le développement durable lors de l’investissement est en train d’être consacrés par la loi. Pour la première fois, le règlement sur les informations à fournir en matière de développement durable se base explicitement sur le principe de considérer la société et l’environnement comme faisant partie de l’obligation fiduciaire des intermédiaires d’investissement.

Avec ces nouvelles règles, les grandes institutions financières seront chargées, dans le cadre de leur gouvernance d’entreprise et leurs politiques de diligence, d’évaluer les éventuels impacts négatifs environnementaux et sociétaux avant d’investir. Ils devront également divulguer toutes ces informations aux investisseurs finaux achetant un produit financier. La prise en compte des indicateurs de durabilité est essentielle pour la création de valeur pérenne des entreprises.

Selon le Sustainable Accounting Standards Board (SASB), jusqu’à 80% de la capitalisation boursière de nombreuses industries provient d’actifs incorporels, notamment la valeur de la marque, les relations clients, le capital humain et, de plus en plus, des facteurs environnementaux et sociaux.

Il est grand temps que les conseils d’administration et les responsables des plus hauts niveaux se rendent compte qu’ils doivent considérer les indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance corporative (ESG) comme partie intégrante de toute opération, gestion des risques et planification stratégique.

La durabilité est à la fois un risque et une opportunité. La future taxonomie de l’UE établira des critères visant à déterminer la durabilité d’une activité économique et donc d’un produit financier.

Conjointement avec la règlementation relative à la divulgation, ces outils doivent être considérés comme des outils essentiels de gouvernance pour prendre des décisions éclairées sur l’environnement opérationnel et les risques.
Une information complète nécessite une taxonomie complète. Lors de l’établissement de critères et de seuils pour ce qui est durable, des indicateurs harmonisés sont normalement pris comme fondement de nouvelles normes. Ceci garantie des méthodes de mesures objectives et scientifiques couvrant le cycle de vie d’un produit financier.

Plutôt qu’une distinction binaire entre activités vertes ou non vertes, une approche plus utile est une taxonomie capable de capturer pleinement l’impact environnemental.
Les produits verts couvrent une fraction des marchés financiers, alors plutôt qu’une taxonomie exclusivement verte, ce qui sera plus utile pour les investisseurs est un référentiel qui couvrirait toutes les activités économiques.

Par-dessus tout, une taxonomie adaptée offre aux entreprises la possibilité de prendre des mesures transitoires et progressives orientées vers la durabilité. Cela permettrait aussi aux investisseurs de suivre l’évolution des entreprises bénéficiaires de leurs investissements.
Si les mesures que nous devons prendre semblent difficiles aujourd’hui, nous devons comprendre qu’elles le seront encore plus demain.
Tout comme la durabilité affecte tous les secteurs, la taxonomie de l’UE doit être élaborée pour tous les acteurs du marché. Bien que la durabilité concerne différents produits financiers et catégories d’actifs, les outils de mesure ne peuvent pas différer entre la gestion d’actifs et les secteurs bancaires.

Un autre défi concerne les langages environnementaux et financiers. Une tâche essentielle pour la nouvelle Commission consistera à établir des indicateurs de durabilité harmonisés, à la fois facilement utilisables par la communauté des investisseurs et facilement déclarables par les entreprises.

Pour utiliser les données de durabilité, les investisseurs ont besoin de modèles comptables qui peuvent les aider à calculer le retour sur investissement, les risques pondérés en matière de durabilité, les modèles d’actualisation, la rentabilité, etc.
En d’autres termes, la comptabilité intégrée. Les informations sur le développement durable ne sont pas distinctes des informations financières ; le reporting et la comptabilité intégrés feront partie des décisions quotidiennes des conseils d’entreprise et des investisseurs.

La révision forte attendue de la Directive Comptable est le cadre adéquat pour traiter de ce sujet. L’UE est chargée de diriger l’élaboration de normes comptables durables, de références de l’industrie et de rapports d’entreprise.

De plus, pour que des normes soient efficaces, elles devraient être internationales. La future mise à jour du Plan d’Action pour la Finance Durable devrait œuvrer en faveur de l’établissement de normes de durabilité dans le cadre des IFRS et de l’IASB, ouvrant ainsi la voie vers des normes internationales.

En fait, notre approche même de la comptabilité doit être transformée, passant de la prévision linéaire au concept de prévision axée sur l’objectif – définissant ainsi où nous voulons être, puis identifiant les politiques et actions qui permettraient de nous y conduire.

L’approche doit être adaptée à l’objectif. Les urgences climatiques et de biodiversité qui se détériorent de façon exponentielle nécessitent de nouvelles méthodes de planification et de prévision.

Au lieu d’approches linéaires ou de planter quelques arbres supplémentaires pour capturer le carbone, nos actions doivent être tout aussi exponentielles afin d’être à la hauteur du défi posé.

Cela s’applique aux entreprises, aux investisseurs et aux législateurs ; la finance durable va au-delà de l’Union des Marchés des Capitaux, couvrant tous les services financiers et toutes les industries.

Plutôt que de simplement parler de la façon dont nous améliorons l’impact sur le développement durable ou réduisons notre empreinte négative sur l’atmosphère, nous devons évaluer si la trajectoire suit une voie durable.

Ce qui importe sont les décisions que nous devons prendre dans le présent, parce que demain il sera trop tard !

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