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M. Cristian-Silviu BUŞOI

Député européen (Groupe PPE), Président de la commission ITRE

Cristian-Silviu BUŞOI © JGDE Média Center

Le « Green Deal », un atout pour la compétitivité de notre système industriel

Selon moi, le « Green Deal » européen est le premier pas vers la modernisation du secteur industriel européen en relevant simultanément un double défi : la transition verte et la transformation numérique. Le « Green Deal » façonnera considérablement le nouveau modèle de croissance économique de l’UE pour les décennies à venir, visant à accroître la compétitivité de l’industrie européenne dans un monde de plus en plus limité en ressources qui tente de surmonter le changement climatique. Le leadership industriel sera un facteur clé du contexte géopolitique, car ceux qui fixent les normes de production aujourd’hui sont ceux qui contrôleront les marchés internationaux demain. On estime qu’il faudra jusqu’à 25 ans pour transformer l’industrie européenne conformément aux principes fondamentaux du « Green Deal ». Par conséquent, les décisions institutionnelles de l’UE dans le cadre du mandat actuel sont cruciales pour obtenir un secteur industriel numérique, circulaire et neutre sur le plan climatique d’ici 2050.

Il est primordial de réussir à concevoir une nouvelle stratégie industrielle qui permettra à l’industrie européenne de gérer les défis majeurs de la transformation nécessaires pour faire du « Green Deal » une réussite. Pendant le processus de transition, il sera essentiel de garantir que notre industrie puisse résister à ses concurrents internationaux et continuer à exporter sur les marchés mondiaux, sachant que nos principaux concurrents n’ont pas à supporter le poids financier de tels procédés de transformation. Je considère que la nouvelle politique industrielle de l’UE devrait être financée par une politique de concurrence forte et des fonds de transition importants en faveur des régions industrielles les plus touchées par la transition verte. Ceci se fera par le biais d’un programme de transition juste permettant de poursuivre la consolidation financière. En tant que responsable ENVI du programme Horizon Europe 2021-2027, je voudrais tout d’abord souligner que le succès du « Green Deal » sera directement lié à la force et à la capacité de réalisation du programme de recherche de l’UE. Des investissements appropriés seront essentiels pour stimuler la compétitivité des industries européennes au niveau mondial dans des domaines tels que la robotique, l’intelligence artificielle, le calcul intensif, la 5G, la technologie du cloud, les batteries et l’hydrogène propre. À cet égard, j’aimerais souligner l’importante mission du Conseil européen de l’innovation, qui consiste à combler le fossé qui existe depuis longtemps entre les résultats des recherches et leur déploiement sur le marché.Nous devons assurer que les innovations industrielles de pointe atteignent nos processus de production.

L’un des éléments clés de la transformation numérique de l’industrie européenne consistera en notre capacité à collecter, stocker et traiter des données industrielles au moyen d’algorithmes d’intelligence artificielle. Cela permettra d’accroître considérablement l’efficacité et la productivité industrielles et de renforcer la compétitivité globale de l’industrie européenne. L’Europe peut maximiser ses performances industrielles en combinant ses capacités technologiques et industrielles de manière coordonnée. Elle peut également développer et mettre à jour les infrastructures numériques dans les États membres en finançant adéquatement les instruments communautaires indispensables tels que le « Connecting Europe Facility » et « Digital Europe ». Les volumes élevés de données nécessiteront des mesures inévitables pour assurer la sécurité des données et permettront à l’UE de devenir un pôle mondial majeur de données, ouvrant ainsi d’importantes opportunités pour la numérisation de l’industrie européenne.

Les industries européennes à forte intensité énergétique, telles que l’acier, les produits chimiques et le ciment, restent indispensables à l’économie du continent. La modernisation et la dé carbonisation de ces industries seront essentielles pour atteindre les objectifs de neutralité climatique de 2050 et accroître la compétitivité. Des solutions réalisables ont déjà été prévues dans le cadre de la planification du « Green Deal ». Je tiens à souligner la nécessité d’élargir et de réviser le système d’échange de quotas d’émission de l’UE et, en particulier, de consolider les fonds d’innovation et de modernisation et de poursuivre le développement de technologies et de procédés innovants à faible intensité carbonique. Voici un exemple de ces dernières : la capture et l’utilisation du carbone, la construction et l’exploitation de systèmes de capture et de stockage du carbone et le stockage de l’énergie.
Un secteur industriel propre requiert un accès adéquat au marché. Je considère qu’il est de la plus haute importance de s’attaquer en temps voulu aux obstacles qui entravent le déploiement de produits propres et de veiller à ce que les conditions de concurrence soient équitables pour notre industrie. En effet, notre industrie est souvent confrontée à la concurrence déloyale d’industries de pays tiers.

Permettez-moi de vous rappeler que si l’industrie européenne devra mobiliser de considérables investissements pour le développement technologique et le déploiement des nouvelles technologies, d’autres régions du monde ne seront pas confrontées à de telles contraintes financières. À cet égard, je tiens à rappeler la nécessité d’établir en temps utile le mécanisme frontalier du « Green Deal », afin de réduire le risque de fuite de carbone, de garantir que le prix des importations reflète leur empreinte carbone et de ne pas compromettre la compétitivité mondiale des industries européennes pendant le processus de transition.

Le « Green Deal » vise également à renforcer la transition des matériaux extraits vers les déchets et les matériaux recyclés, qui ne représentent actuellement que 12 % du total des matériaux utilisés. Cette stratégie peut créer un avantage international notable, réduire les coûts de production, diminuer la dépendance de l’industrie européenne à l’égard des importations et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, le processus nécessitera le renforcement de nos efforts pour développer un marché homogène de produits circulaires et neutres sur le plan climatique. Un plan d’action global pour l’économie circulaire, avec des principes clairs, pourrait devenir, comme d’autres politiques de l’UE, un modèle mondial de développement de produits durables, où l’Europe bénéficiera du fait d’être parmi les premiers à agir. Enfin, une transition industrielle réussie vers la neutralité climatique nécessitera un gros investissement à la fois public et privé. À cet égard, je tiens tout d’abord à souligner le rôle décisif que jouera la Banque européenne d’investissement dans les années à venir et, ensuite, à rappeler que la compétitivité industrielle constitue un facteur majeur pour déterminer si les investissements privés sont attrayants.

L’Union européenne sera confrontée à une mission sans précédent, celle d’accroître de manière équilibrée à la fois les investissements privés et la productivité durable et neutre sur le plan climatique.
Pour conclure, je considère personnellement le « Green Deal » comme une nouvelle opportunité pour notre secteur industriel. Il s’agit d’un processus d’évolution industrielle accéléré et inévitable, dans lequel l’UE jouera un rôle de premier plan.

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