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M. Edouard Fritch

Président de la Polynésie française

La Polynésie française est un archipel de l’Océan Pacifique, composé de 118 îles réparties sur une surface océanique aussi grande que l’Europe. Sa zone économique exclusive (ZEE), qui constitue une vaste aire marine gérée de 5 millions de km2, fait de la France la deuxième puissance maritime mondiale, derrière les Etats-Unis. Les deux tiers des 276.000 habitants vivent sur l’île de Tahiti.
D’un point de vue institutionnel, la Polynésie française, Pays d’outre-mer, bénéficie d’une très large autonomie au sein de la République. Elle dispose d’un exécutif avec un président élu qui nomme les membres de son gouvernement et d’une assemblée qui vote les lois et délibérations. Les domaines de compétences du Pays sont très larges, l’Etat ne conservant, pour l’essentiel, que les domaines régaliens comme la sécurité, la police, la défense, la monnaie, la nationalité, les libertés publiques, la politique étrangère ou l’immigration. Pour tout le reste, la Polynésie « se gouverne librement et démocratiquement » selon l’article premier du statut d’autonomie.
Depuis le Brexit, la Polynésie française, avec la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna restent les seules collectivités d’outre-mer dans le Pacifique rattachées à l’Union européenne.
Les deux piliers de l’économie polynésienne reposent sur le tourisme et l’économie bleue. La Polynésie française s’inscrit dans le cadre d’un tourisme raisonné et a accueilli 290.000 visiteurs en 2019. Le tourisme haut de gamme est un des principaux vecteurs de cette économie, sans écarter toutefois l’hébergement en petite hôtellerie familiale et dans les pensions de famille, au plus près de la population.
Notre industrie touristique, qui a vécu des heures difficiles au cours de ces dix dernières années est à nouveau en expansion, accompagnée notamment par l’arrivée de deux nouvelles compagnie aériennes (United Airlines et French Bee). Ce regain du tourisme se traduit également par l’ouverture de nouvelles unités hôtelières ou la reprise d’établissements fermés, ainsi que par la croissance des offres d’hébergement Airbnb ou encore l’augmentation des touchées des navires de croisières.
C’est dans ce contexte de croissance que s’inscrit le projet dénommé « Le Village Tahitien », sur l’île de Tahiti, vaste projet d’hébergement touristique et de services associés (restauration, loisirs, commerces, marina…). Après un appel à manifestation d’intérêt, des investisseurs locaux ont présenté leurs projets et les lots doivent être attribués à la fin du premier semestre 2020.
Le deuxième pilier de l’économie polynésienne repose sur les ressources de la mer. La production de perles noires de culture est la deuxième ressource propre du Pays, suivie par la pêche.
La Polynésie a cette particularité dans le Pacifique de n’avoir aucun accord de pêche avec des pays étrangers. La pêche dans la ZEE est interdite à tout armement ne battant pas pavillon polynésien. Tous les navires qui traversent notre ZEE sont surveillés en temps réel par satellite. Ainsi, nous préservons la ressource et nos navires pêchent à la palangre environ 9000 tonnes par an, ce qui constitue un prélèvement tout à fait supportable.
Les Polynésiens sont attachés à leur environnement maritime. Ainsi, depuis 2002, la Polynésie est devenue le plus grand sanctuaire au monde pour les mammifères marins (baleines, dauphins…) et d’autres espèces comme les tortues marines et les requins sont également protégés.
Mais l’environnement maritime peut s’avérer être une menace. La Polynésie française, comme les Etats insulaires du Pacifique sud, est directement impactée par le réchauffement climatique (montée et réchauffement des eaux, salinisation…).
C’est ainsi que notre pays s’était fait le porte-parole des îles du Pacifique lors de la COP 21 pour contenir le réchauffement en dessous de 2°, après que les pays membres du Polynesian Leaders Group (qui regroupe les pays polynésiens) aient signé en juillet 2015 la « Déclaration de Taputapuatea » (Polynesians against Climate Threats) qui appelle les Nations à unir leurs efforts pour la protection de l’océan et de l’environnement.

La Polynésie française participe activement aux travaux régionaux de l’agenda climatique du Forum des Iles du Pacifique, notamment pour ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique et l’adaptation de nos îles et de nos sociétés à ses effets néfastes.
Les dirigeants du Forum considèrent en effet que le changement climatique est la première menace à laquelle nos pays doivent faire face. De ce fait, la Déclaration de Boé à l’occasion du 49ème sommet du Forum à Nauru en 2018, constitue un appel à la communauté internationale.
Les thématiques communes de réflexion régionale sont nombreuses. Tous les pays océaniens sont concernés par l’augmentation du niveau de la mer et son réchauffement, la perte de territorialité, les dérèglements météorologiques, les sécheresses, les cyclones, les inondations, les migrations climatiques ou encore le risque de perte de zones économiques exclusives si des atolls venaient à disparaitre.
Au plan purement local, la Polynésie française a adopté en septembre 2015 un Plan climat-énergie qui confirme la volonté des autorités de développer les énergies renouvelables, réduire la production de gaz à effet de serre, et valoriser une attitude énergétique et climatique exemplaire.
Par ailleurs, dans le cadre du Plan de transition énergétique adopté en novembre 2015, l’ambition de la Polynésie est d’atteindre 75% d’EnR en 2030 contre 37% aujourd’hui.
La Polynésie française reste très ancrée dans sa culture et dans la promotion de ses langues qui sont enseignées à l’école. Elle est toutefois résolument tournée vers l’avenir et l’ouverture au monde. Grâce à deux câbles sous-marins elle est reliée à l’ensemble de la planète. Ces câbles se prolongent par une desserte intérieure qui relie les différents archipels que sont les Iles-sous-le-Vent, les Tuamotu et les Marquises. La desserte de l’archipel des Australes est à l’étude.
Les liaisons numériques s’avèrent un lien indispensable de développement quand on sait que certaines îles sont distantes de près de 1500Km de l’île de Tahiti.
Ce focus sur la Polynésie française vous permettra, je l’espère, de mieux appréhender les enjeux auxquels notre collectivité, distante de près de 12.000 km de sa métropole et du continent européen, est confrontée et les solutions que nous apportons pour un développement durable et harmonieux.

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