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M. Gaston Tong Sang

Président de l’assemblée de la Polynésie française, Maire de Bora Bora

Nos îles font face à un challenge climatique majeur, cela est désormais une évidence partagée par tous. Ce défi majeur dont la globalité et l’intensité sont parfois difficiles à apprécier, connaît une réalité bien plus évidente pour les 118 îles de notre vaste territoire : la multiplication des catastrophes naturelles et l’accroissement de leur intensité et de leur récurrence.
Aussi la question se pose : en ces temps de changements majeurs de notre environnement, appelant à une transformation de nos modes de vie, comment garantir des conditions de vie optimales à nos populations de l’ensemble des archipels polynésiens ? Comment leur éviter, en cas de catastrophe majeure, de se retrouver isolés, sans aide, sans ressources et impacter ainsi notre économie, déjà sensible aux soubresauts des contextes géopolitiques ?
Je suis persuadé que l’engagement quotidien de chaque communauté est nécessaire pour garantir une adaptation aux menaces actuelles qui se font de plus en plus fréquentes.
Cet engagement communautaire est, fort heureusement, naturel en Polynésie française. Notre population est par nature, et historiquement, résiliente. Nos ancêtres nous ont transmis cette résilience après des générations à naviguer sur le vaste océan Pacifique. Après avoir atteint le rivage et découvert, au fil des siècles, de nouvelles terres à peupler, ils ont développé une résilience naturelle due à la nécessité de s’adapter dans un environnement à l’espace et aux ressources limitées. Malgré ces contraintes, ils ont développé une civilisation florissante et qui s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui.
Mon expérience en tant que président de l’assemblée de la Polynésie française et maire de Bora Bora et les nombreuses fonctions que j’ai eu l’honneur d’occuper au niveau du Pays depuis les 30 dernières années me conduisent à penser que l’action publique est, à l’évidence, un élément clé de ce support apporté aux communautés exposées.
L’assemblée de la Polynésie française est un acteur majeur et incontournable de la stratégie énergétique et d’adaptation au changement climatique développée sur le plan local.
Et pour cause, elle est le lieu de définition et d’approbation de la politique énergétique du pays. Les commissions législatives assurent un rôle fondamental en ce qu’elles constituent un lieu d’écoute des acteurs concernés, d’échange avec le gouvernement au sujet de la stratégie énergétique et de définition de l’ensemble des outils réglementaires nécessaires.
Cela passe tant par la préparation d’un cadre général visant à des objectifs ambitieux quant à l’utilisation des énergies renouvelables à un horizon proche, qu’à la mise en œuvre de dispositifs fiscaux encourageant le développement et l’innovation en matière énergétique.
Sur ce plan, la Polynésie française est déjà un modèle en la matière avec plus de 30 % de son électricité produite via des sources renouvelables. Mais il s’agit là des prémices d’un avenir énergétique bien plus ambitieux. La Polynésie française entend développer un panel de solutions innovantes répondant aux exigences d’un futur où l’énergie se trouvera dans le multimodal plus que dans la dépendance à une seule source de production. Ceci est encore plus vrai dans un environnement insulaire tel que le nôtre.
Au niveau climatique, encore plus que la mise en œuvre de règles ambitieuses en matière de préservation des écosystèmes et de préparation aux changements à venir, c’est l’exemplarité et le travail de pédagogie vis-à-vis des populations qui engagera le pays dans une voie progressiste et efficace.
En effet, plus que de la réglementation, ce sont les changements de comportements en matière de consommation, de modes de vie, qui seront clés dans le futur pour nos communautés. Les aides et autres dispositifs pouvant être mis en place ne seront pas suffisants si tous les acteurs concernés ne décident pas d’un commun accord de changer et de faire évoluer leurs pratiques.
Au stade où nous en sommes aujourd’hui, l’adaptation de nos sociétés devient en effet la priorité devant la lutte contre un changement climatique désormais inéluctable.
Ces changements de comportement doivent avant tout être adoptés par les représentants du peuple pour montrer le chemin, réduire les peurs et influencer positivement nos concitoyens. C’est ainsi que l’assemblée s’est engagée dans une politique de dématérialisation des documents parlementaires, souvent générateurs de nombreuses impressions papiers. De même, nous avons lancé en 2019 une politique de réduction des déchets plastiques par la distribution de gourdes en aluminium à destination de tous les élus.
Les changements sont bien souvent longs et laborieux, mais lorsqu’ils sont initiés par les leaders, ils sont inspirants et sont assimilés avec plus d’aisance et de facilités par les citoyens alors plus enclins à suivre le mouvement.
Le défi qui s’offre à nos institutions est majeur, mais il est tout aussi passionnant car il positionne les élus que nous sommes au cœur des possibles solutions. Et je suis confiant en la capacité des élus polynésiens, héritiers d’une longue tradition et d’une culture ancestrale de résilience et d’adaptation, à relever ce noble défi.

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