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M. Edouard Sauvage

Vice-Président de l’association européenne Gas Distributors for Sustainability (GD4S)

Pouvez-vous nous présenter GD4S et son positionnement face au Green Deal Européen ?

GD4S est une association rassemblant six distributeurs européens de gaz (France, Italie, Espagne, Portugal, Roumanie, Irlande), représentant un total de 27,4 millions de consommateurs, soit 20% du marché européen. Les membres de GD4S sont portés par une vision décentralisée, digitalisée et décarbonée du paysage énergétique de demain et sont convaincus du rôle indispensable des distributeurs de gaz pour la concrétiser.
GD4S accueille avec un grand intérêt le Green Deal et l’association partage les objectifs de neutralité climatique et d’utilisation plus efficace des ressources. Le Green Deal est une opportunité unique d’accélération du développement du gaz renouvelable pour une transition énergétique et climatique efficace.

Dans la proposition de Green Deal de la Commission, 4 points essentiels sont développés :

Les ambitions européennes climatiques : comment GD4S peut s’inscrire dans ces ambitions ?

Pour atteindre l’objectif très ambitieux de neutralité climatique en 2050, l’Union européenne gagnera à impliquer les distributeurs de gaz comme des catalyseurs de la transformation du secteur de l’énergie. En effet, plus de 90% des unités de production de gaz renouvelables sont décentralisées et raccordées aux réseaux de distribution. GD4S propose qu’un objectif européen de consommation de gaz renouvelable soit adopté afin d’accélérer la contribution du secteur gazier à la décarbonation. A horizon 2050, le gaz consommé peut devenir totalement renouvelable, grâce à l’exploitation du potentiel européen et à la baisse des consommations.

Une énergie propre, sûre et abordable : comment le gaz peut-il être un vecteur et quelles sont vos attentes en terme de règlementation ?

Le gaz peut devenir renouvelable et bas-carbone grâce au biométhane, au méthane de synthèse et à l’hydrogène vert. Le biométhane, produit à partir de la fermentation de matières organiques, est déjà une réalité aujourd’hui. Le vecteur gaz continuera de jouer un rôle essentiel pour répondre aux variations saisonnières et journalières des besoins en énergie, grâce à la formidable capacité de stockage des réseaux gaz. Par ailleurs, le gaz naturel ou renouvelable, est bien entendu un vecteur privilégié de sortie du charbon.
La Commission inclut à juste titre dans le Green Deal une « stratégie pour une intégration intelligente des secteurs ». C’est une opportunité pour mettre en oeuvre la complémentarité des réseaux de gaz et de l’électricité. Dans la partie amont, celle du « power-to-gas », qui permet de produire et stocker sous forme gazeuse de l’électricité renouvelable excédentaire. Mais aussi dans la partie aval, au plus près des consommateurs, les équipements hybrides de chauffage combinent les atouts du gaz et de l’électricité.
La révision prévue du règlement TEN-E (sur les réseaux européens d’énergies) gagnerait en pertinence en redirigeant les fonds prévus pour soutenir les projets transfrontaliers vers des initiatives plus locales de gaz renouvelable et d’intégration des réseaux.

Développer l’économie circulaire à travers une stratégie industrielle : comment le secteur du gaz peut y contribuer ?

Le biométhane s’insère dans une économie circulaire via l’utilisation des déchets organiques et la production du digestat, un fertilisant organique. L’agriculture, les industries agro-alimentaires et les municipalités gagneraient à être incités par la législation à méthaniser leurs déchets organiques.
Le raisonnement peut être étendu au secteur forestier et ses industries connexes (papeterie, bois) au travers de la pyro-gazéification, une technologie qui produit du biométhane à partir de matière sèche.

Une mobilité intelligente et durable : quels sont les points fort du gaz et quels sont les freins de son développement ?

De par ses atouts, le BioGNV a toute sa place dans un mix énergétique décarboné. Ce carburant écologique répond aux enjeux de pollution et de la qualité de l’air, et contribue efficacement à la décarbonation du secteur du transport. Le calcul des émissions de gaz à effet de serre d’un véhicule doit reposer sur une analyse du cycle de vie (ACV), méthode qui prend en compte la fabrication du véhicule, son usage et son recyclage. Une étude de l’IFPEN*, montre qu’en ACV et sur de nombreux segments, le BioGNV présente un meilleur bilan carbone que l’électrique.

Pour résumer, quelles sont vos attentes, au niveau législatif, pour que les distributeurs de gaz soient un des acteurs majeurs du Green Deal Européen ?

Les futures propositions législatives doivent acter le potentiel des gaz renouvelables et lever les barrières à leur développement massif. Cette énergie décentralisée, renouvelable et stockable constitue un atout majeur pour l’atteinte de la neutralité carbone. Ainsi, la mise en place d’un objectif spécifique de gaz renouvelable en Europe permettrait de donner une visibilité aux investisseurs, et une direction claire aux Etat-membres et collectivités locales. Un financement innovant et démultiplié s’avère également indispensable pour obtenir un changement à la hauteur des enjeux dans toute l’Europe.

*IFP Energies nouvelles, « Étude ACV des véhicules roulant au GNV et BioGNV », septembre 2019.

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