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Action humanitaire de l’UE : de nouvelles perspectives

Déclarations de Josep Borrell et Janez Lenarčič, & questions-réponses

Josep Borrell Fontelles

Le haut représentant et vice-président, Josep Borrell Fontelles,

a fait la déclaration suivante: «Aujourd’hui, une crise humanitaire dure plus de neuf ans en moyenne, voire plus longtemps. Nombre d’entre elles risquent de sombrer dans l’oubli, comme au Yémen ou en Syrie. Mais l’UE n’oublie pas. L’aide humanitaire est l’un des exemples les plus tangibles de l’action extérieure de l’UE et la preuve de notre solidarité. Le respect du droit international humanitaire doit être plus que jamais au cœur de notre politique étrangère afin de soutenir une action humanitaire fondée sur des principes et de protéger les civils ainsi que les travailleurs humanitaires qui risquent leur vie pour les protéger dans le monde entier.»

Janez Lenarčič

Le commissaire à la gestion des crises, Janez Lenarčič,

a quant à lui déclaré: «Dans un monde où les crises se multiplient rapidement et où les principes de l’aide humanitaire sont remis en cause comme rarement auparavant, la responsabilité de l’UE en tant qu’acteur humanitaire à l’échelle mondiale n’a jamais été aussi importante. Force est de constater à regret que les besoins atteignent un niveau record, mais que la base mondiale des donateurs reste désespérément étroite. Nous devons obtenir de meilleurs résultats, en renforçant l’efficacité et l’impact de notre action humanitaire. Nous devons être en mesure de réagir avec toute la force nécessaire dès que les crises surviennent. Cette nouvelle vision stratégique explique comment l’UE peut intensifier son action pour venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin et montrer la voie à suivre à un moment où la fourniture d’une aide fondée sur des principes est absolument nécessaire.»

Pourquoi la Commission adopte-t-elle une nouvelle communication sur l’action humanitaire de l’UE?

L’aide humanitaire doit faire face à une série inédite de défis, exacerbés par la pandémie de COVID-19. Les besoins humanitaires ont atteint un niveau historique et l’écart entre les ressources et les besoins dans le monde va grandissant. Selon les Nations unies, près de 235 millions de personnes auront besoin d’aide sous l’une ou l’autre forme en 2021, soit une augmentation de 40 % par rapport à 2020 et un quasi-triplement par rapport à 2014. Dans le même temps, les principes fondamentaux sont remis en cause comme rarement auparavant, les attaques contre des civils, des hôpitaux et des écoles ne cessant d’augmenter chaque année. Ces violations du droit international humanitaire rendent l’acheminement de l’aide plus difficile et limitent la capacité des partenaires de l’UE à venir en aide aux personnes dans le besoin. Compte tenu de ces évolutions, la Commission estime qu’il est nécessaire de définir une nouvelle approche stratégique de la manière dont l’UE peut relever ces défis, conformément à son rôle de premier donateur mondial d’aide humanitaire, aux côtés des États membres de l’UE.

Quels sont les principaux objectifs de la communication?

La communication fixe plusieurs objectifs clés visant à répondre aux besoins humanitaires croissants et à soutenir un environnement plus propice à l’acheminement d’une aide humanitaire fondée sur des principes, à savoir:
• continuer à fournir une assistance conformément aux principes éprouvés de l’aide humanitaire;
• veiller à ce que l’aide humanitaire de l’UE puisse être acheminée rapidement et de manière efficiente à ceux qui en ont besoin, en mettant à profit l’innovation et en mobilisant les capacités;
• promouvoir une action humanitaire et des mécanismes de financement souples et efficients, en utilisant des filets de sécurité sociale en espèces, en recourant davantage aux outils numériques et en augmentant les ressources allouées aux intervenants locaux;
• s’attaquer aux causes profondes des crises en établissant un meilleur lien entre les politiques en matière d’aide humanitaire, de développement et de consolidation de la paix, notamment en ce qui concerne le fossé mondial dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la sécurité alimentaire, de la préparation aux catastrophes et de la résilience face au changement climatique;
• se mobiliser en vue de développer la base de ressources disponibles pour l’action humanitaire, en renforçant l’engagement et les alliances de l’UE avec les pays donateurs traditionnels et émergents;
• renforcer l’engagement et le rôle moteur de l’UE afin d’en maximiser l’impact sur l’aide humanitaire;
• renforcer la promotion et le respect du droit international humanitaire au cœur de l’action extérieure de l’UE, notamment en renforçant le devoir de diligence dans l’ensemble des instruments extérieurs de l’UE.
La communication définit un certain nombre d’actions clés proposées pour atteindre ces objectifs et atteindre les buts fixés.

La communication indique que l’UE est un donateur humanitaire de premier plan. Quels sont les autres principaux donateurs?

L’ensemble formé par l’Union européenne et ses États membres constitue le premier donateur mondial d’aide humanitaire, représentant quelque 36 % de l’aide humanitaire mondiale. En 2020, les principaux donateurs mondiaux étaient les suivants:
Donateurs mondiaux Montant (en euros) / %

États-Unis : 8 900 010 175 / 35,5 %
Allemagne : 3 633 531 303 / 14,5 %
Commission européenne : 3 000 474 475 / 12,0 %
Royaume-Uni : 1 646 573 000 / 6,6 %
Japon : 1 275 922 645 / 5,1 %
Suède : 735 301 738 / 2,9 %
Norvège : 685 083 770 / 2,7 %
Arabie saoudite : 649 419 915 / 2,6 %
Canada : 637 403 381 / 2,5 %
Pays-Bas : 447 963 657 / 1,8 %

Au sein de l’UE, les cinq principaux contributeurs en 2020 étaient les suivants:
Donateurs des États membres de l’UE Montant (en euros) / %

Allemagne : 3 633 531 303 / 40 %
Suède : 735 301 738 / 8 %
Pays-Bas : 447 963 657 / 5 %
Danemark : 312 589 963 / 3 %
France : 207 728 245 / 2 %

Bien qu’un certain nombre de pays aient accru leur aide humanitaire ces dernières années, y compris certains États membres de l’UE, il est possible d’élargir considérablement la liste des donateurs et de renforcer nettement les contributions des donateurs existants afin de participer à l’effort mondial commun qui s’impose d’urgence.

Comment l’UE prévoit-elle d’accroître la base de ressources disponibles?

L’UE intensifiera sa coopération tant avec les donateurs traditionnels qu’avec les donateurs émergents. Elle intégrera la coopération sur la nécessité d’accroître l’aide humanitaire dans ses dialogues politiques avec les pays tiers concernés et collaborera avec les États membres de l’UE afin d’accroître l’aide humanitaire à la mesure de l’augmentation considérable des besoins.
L’UE tirera également parti des possibilités offertes par la coopération avec le secteur privé en matière de financement humanitaire, en s’appuyant sur les travaux menés dans le cadre de sa coprésidence en cours de l’initiative sur les principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire (2018-2021). En particulier, en 2021, la Commission commencera à piloter un certain nombre de projets avec des partenaires humanitaires combinant des financements publics et privés.

Comment l’UE compte-t-elle s’attaquer aux causes profondes des crises humanitaires?

À elle seule, l’aide humanitaire ne s’attaque pas – et ne peut pas s’attaquer – aux facteurs sous-jacents complexes des conflits et des autres crises. Il convient d’adopter une approche globale, visant à régler les problèmes de gouvernance, à respecter les droits fondamentaux des populations, à prendre en considération les inégalités, à donner accès aux services de base, à la justice, à des perspectives économiques et à la sécurité, ainsi qu’à s’attaquer aux défis en matière de climat et d’environnement. À cette fin, l’UE intensifiera son action visant à établir un lien entre l’aide humanitaire, d’une part, et le développement et la consolidation de la paix, d’autre part, afin d’apporter des solutions à long terme aux urgences humanitaires. Elle applique déjà cette approche axée sur le lien dans six pays pilotes: le Tchad, l’Iraq, le Myanmar/la Birmanie, le Nigeria, le Soudan et l’Ouganda, ainsi que dans plusieurs autres pays connaissant des crises prolongées.

Comment la Commission prévoit-elle d’utiliser des approches numériques innovantes dans le cadre de ses actions humanitaires?

Les moyens numériques sont essentiels à la réalisation de transferts en espèces en toute sécurité. Ils jouent aussi un rôle important dans le déploiement de l’apprentissage à distance pour l’éducation en situation d’urgence et dans la mise en place de systèmes d’alerte précoce en cas de catastrophes, d’une surveillance des déplacements et d’évaluations des besoins à distance.
L’UE continuera de promouvoir l’élaboration et l’adoption de solutions innovantes dans le cadre de ses futures actions humanitaires. Plus précisément, elle élaborera des orientations spécifiques sur le recours aux espèces numériques et garantira l’accès des bénéficiaires de l’aide à des solutions numériques dans le cadre de la révision de la politique thématique de l’UE en matière de transferts d’espèces. En outre, la Commission soutiendra, intensifiera et encouragera les investissements dans des solutions éprouvées, présentant un bon rapport coût-efficacité et fondées sur la technologie pour l’aide humanitaire.

Qu’est-ce-que la capacité de réaction humanitaire européenne?

Dans le prolongement du succès du pont aérien humanitaire en 2020 et, plus récemment, des premières livraisons de vaccins par les États membres de l’UE à des pays tiers, une capacité de réaction humanitaire européenne sera mise en place pour aider les États membres et les partenaires humanitaires à fournir rapidement de l’aide. Si nécessaire, cette nouvelle capacité comblera des lacunes temporaires lorsque d’autres organisations humanitaires ou les autorités nationales ne sont pas en mesure d’apporter en temps utile un soutien aux personnes dans le besoin. Elle facilitera le transport et les modalités logistiques en soutenant le déploiement de ressources sur le terrain, comme les vaccins contre la COVID-19. La capacité de réaction humanitaire sera financée par le budget humanitaire de l’UE.

Comment cette communication appuie-t-elle la position de l’UE sur le droit international humanitaire?

Le droit international humanitaire (DIH) limite les effets des conflits armés, protège les civils et constitue également une condition préalable à l’efficacité de l’aide humanitaire. Pour améliorer le respect du droit international humanitaire, l’UE propose de renforcer son cadre de conformité au moyen des instruments extérieurs de l’UE, par exemple en mettant en place un mécanisme de coordination au niveau de l’UE pour assurer un meilleur suivi des violations du DIH dans le monde, faciliter la coordination des acteurs concernés de l’UE et soutenir le renforcement de la diplomatie humanitaire de l’UE à cet égard. L’UE usera de son poids politique et économique ainsi que de tous les instruments extérieurs dont elle dispose pour garantir le respect du DIH, par exemple grâce à une politique de vigilance stricte et au moyen de l’ensemble de ses dialogues politiques, sur la sécurité et sur les droits de l’homme ainsi que des accords commerciaux conclus avec les pays partenaires. Par ailleurs, le DIH continuera d’être pleinement pris en compte dans la politique de sanctions de l’UE, y compris par l’inclusion cohérente d’exceptions humanitaires dans ses régimes de sanctions.

De quelle manière ce projet est-il lié à la réponse de l’UE à la COVID-19 et aux stratégies mondiales de vaccination?

La Commission européenne a déjà placé la réaction de l’UE face à la COVID-19 au cœur de ses priorités humanitaires. Dans l’esprit de l’«équipe d’Europe», elle continuera de s’attaquer aux conséquences de la COVID-19 dans les pays tiers. Dans la perspective du déploiement de vaccins dans les régions fragiles, l’UE reste également disposée à apporter une aide pour l’achat, le stockage, le transport et/ou la distribution d’articles de première nécessité liés à la COVID-19, y compris en ce qui concerne les vaccins, par l’intermédiaire du mécanisme renforcé de protection civile de l’Union et, le cas échéant, de la nouvelle capacité de réaction humanitaire européenne. Ces dernières semaines, les différentes livraisons de vaccins ont démontré la capacité de l’UE à répondre à des besoins urgents: des livraisons ont été effectuées par la Roumanie à la Moldavie, par la France à la Tchéquie et à la Slovaquie et par les Pays-Bas aux Caraïbes; tout cela a été possible grâce au mécanisme de protection civile de l’Union.

Quel est le lien entre la communication et les autres politiques de l’UE?

La communication complète et renforce la grande priorité de l’Union européenne visant à faire en sorte que l’Europe soit plus forte sur la scène internationale. Elle traduit l’engagement de l’UE en faveur du multilatéralisme et renforce les priorités institutionnelles générales de la Commission, notamment Next Generation EU. Conformément au pacte vert pour l’Europe, la communication expose la manière dont la Commission mettra davantage l’accent sur les incidences climatiques et les facteurs environnementaux dans sa politique d’aide humanitaire. Pour ce faire, elle soutiendra les efforts déployés par les partenaires humanitaires pour réduire leur empreinte environnementale tout en poursuivant également le processus d’«écologisation» des opérations humanitaires sur le terrain menées par la Commission. Dans le même temps, l’UE continuera de plaider pour qu’une part nettement plus importante des fonds consacrés au climat soit affectée au renforcement de la résilience et de l’adaptation des régions qui en ont le plus besoin. Dans la perspective du plan d’action de l’UE sur l’égalité des sexes, la communication expose également comment la politique humanitaire de l’UE contribuera au programme général de l’UE en matière d’égalité, qui constitue une priorité absolue de la Commission européenne.

Qui a pris part à l’élaboration de la communication?

La Commission européenne a lancé une consultation ciblée avec les États membres et les partenaires humanitaires. En parallèle, elle a également recueilli les réactions de membres de la société civile dans le cadre d’une consultation publique d’un mois qui a eu lieu en décembre 2020. Ces réponses ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la communication.

De quelle manière les points de vue des citoyens de l’UE sont-ils pris en compte dans la présente communication?

La politique humanitaire de l’UE, qui constitue l’une des facettes les plus visibles de l’action extérieure de l’UE, bénéficie d’une forte adhésion de l’opinion publique. Dans la période qui a précédé l’adoption de la communication, la Commission a réalisé une nouvelle enquête Eurobaromètre pour sonder l’opinion publique sur l’aide humanitaire dans les 27 États membres. Les résultats montrent un fort soutien en faveur de l’action humanitaire de l’UE, 91 % des répondants ayant exprimé un avis positif sur les engagements humanitaires financés par l’UE. La nouvelle communication s’appuie sur cet avis pour proposer une série d’actions clés susceptibles de renforcer l’action humanitaire de l’UE.

Quelles sont les prochaines étapes?

La Commission invite le Parlement européen et le Conseil à approuver la communication adoptée et à travailler ensemble sur les actions clés proposées. Dans le cadre de ce processus, le commissaire européen chargé de la gestion des crises, M. Janez Lenarčič, présentera prochainement la communication qui sera examinée avec le Parlement européen, le Conseil et les parties prenantes extérieures.

Contexte

L’ensemble formé par l’Union européenne et ses États membres constitue le premier donateur mondial d’aide humanitaire, représentant quelque 36 % de l’aide humanitaire mondiale.
Aujourd’hui, l’aide humanitaire est confrontée à une série de défis sans précédent. Selon les Nations unies, plus de 235 millions de personnes auront besoin cette année d’une aide humanitaire, ce qui représente 1 personne sur 33 dans le monde. Il s’agit là d’une augmentation de 40 % par rapport aux besoins estimés en 2020 et à un quasi-triplement par rapport à 2014. Parallèlement, le nombre de personnes déplacées de force a également augmenté, atteignant 79,5 millions fin 2019.
Dans le même temps, l’écart entre les ressources et les besoins continue de se creuser. En 2020, les appels humanitaires lancés par les Nations unies ont connu une forte progression, s’élevant au total à près de 32,5 milliards d’euros, record absolu à ce jour, en raison notamment des conséquences de la COVID-19, alors qu’un montant de 15 milliards d’euros seulement a été octroyé à titre de financement. Et ce déficit de financement humanitaire mondial devrait s’accentuer encore cette année, ce qui nécessite clairement une base de donateurs plus large. En 2020, les trois principaux donateurs (les États-Unis, l’Allemagne et la Commission européenne) ont fourni 59 % des fonds humanitaires déclarés dans le monde. Au sein de l’UE, quatre États membres seulement et la Commission européenne représentent environ 90 % de son financement humanitaire.
L’action humanitaire de l’UE continuera d’être menée en respectant strictement les principes humanitaires universels d’humanité, de neutralité, d’indépendance et d’impartialité. Dans le cadre de la prochaine étape, la Commission invite le Parlement européen et le Conseil à approuver la communication et à travailler ensemble sur les actions clés proposées.

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