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Economie sociale et handicap : une formule gagnante à promouvoir.

Arrêt sur image à l’occasion de la Journée européenne des entreprises de l'économie sociale

Par Yannis Vardakastanis, président du Forum Européen des Personnes Handicapées.

Il y a sept mois, les mandataires des 28 États membres ont adopté à Stockholm le texte connu sous le nom de « Socle européen des droits sociaux » et se sont ainsi engagés à respecter un ensemble de vingt principes et droits : du droit à un salaire équitable au droit à la protection de la santé, de la formation tout au long de la vie, d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, de l’égalité entre les femmes et les hommes au revenu minimum.

Bien que nous considérions que les dirigeants européens auraient pu être plus ambitieux en traduisant ces déclarations en initiatives législatives et de politiques publiques plus concrètes et plus facilement applicables, nous ne pouvons que saluer la reconnaissance explicite que « les personnes handicapées ont droit à une aide au revenu leur permettant de vivre dans la dignité, à des services leur permettant de participer au marché du travail et à la société, ainsi qu’à un environnement de travail adapté à leurs besoins ». L’étape suivante consistera à passer à l’action et que les 28 États membres commencent à prêcher par l’exemple. Il ne faut surtout pas oublier que les personnes handicapées représentent 15 % de la population européenne.

La célébration de la Journée européenne des entreprises de l’économie sociale le 4 juin sera une bonne occasion pour se pencher sur le rôle actuel du secteur et celui qu’il pourra jouer dans l’avenir pour aider à atteindre ces objectifs, avec l’accent mis sur la création d’emploi. Actuellement le secteur emploie 14 millions de personnes, soit 6,5 % de la population de l’Union européenne. Les entreprises de l’économie sociale (y compris les coopératives, les associations mutuelles, d’autres types d’associations et d’autres formes nouvelles d’entreprises sociales) ont traditionnellement été très sensibles à l’emploi parmi les personnes handicapées. Dans certains pays, ces organisations emploient jusqu’à trois fois plus de personnes handicapées que les sociétés traditionnelles. De plus, les chiffres montrent que les entreprises de l’économie sociale sont plus résistantes en temps de crise.

Il n’est pas nécessaire d’être un expert en économie pour comprendre que le secteur a un énorme potentiel sous-exploité qui n’a pas encore été reconnu ni soutenu par les responsables politiques. Même si le Conseil de l’Union européenne a publié ses conclusions sur « La promotion de l’économie sociale en tant que vecteur essentiel du développement économique et social en Europe » en décembre 2015, deux ans plus tard les même dirigeants ont oublié à Stockholm de reconnaître l’importance de l’économie sociale pour faire du Socle européen des droits sociaux une réalité.

La décision récente de Social Economy Europe, l’organisation qui regroupe et représente le secteur au niveau européen, d’explorer activement et systématiquement de nouveaux chemins pour que les entreprises puissent étendre leur contribution à l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail est sans doute une bonne nouvelle. D’ailleurs, cette décision est une preuve additionnelle de l’engagement vers une véritable Europe sociale. D’après les derniers calculs, l’Europe compte plus de trois millions d’entreprises de l’économie sociale. Si, au cours des prochaines années, la moitié d’entre-elles arrive à accueillir un travailleur handicapé, il s’agira déjà d’un énorme succès.

En cette journée de célébration en Europe, je voudrais rappeler aux dirigeants nationaux et européens que cela relève de leur responsabilité de créer l’ambiance politique et législative permettant d’accomplir ces ambitions. Avant tout, il sera nécessaire d’adopter des stratégies ambitieuses au niveau européen pour l’économie sociale et les personnes handicapées. Pourtant, cela ne suffira pas. Il faudra aussi assurer le soutien financier nécessaire. Le nouveau Cadre financier pluriannuel, avec la révision des fonds structurels européens et la politique de cohésion au sens large, représente une opportunité unique pour les politiques de joindre l’acte à la parole. Il ne faut surtout pas la rater.

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